vendredi 10 août 2018

Décès d'un sous-marinier vietnamien lors d'une mission d'entraînement (08/12/2017)

L’événement n’avait jusqu’alors pas été divulgué. Le 09 août 2018, le lieutenant de vaisseau Nguyễn Hữu Thi, officier systèmes d’armes du sous-marin de la classe Kilo HQ-185 Khánh Hòa (quatrième Kilo de la brigade sous-marine 189, entré en service le 1er août 2015), s’est vu conférer à titre posthume le statut de « martyr ». Un statut conféré durant ces dernières années aux aviateurs décédés dans des accidents en service, et qui permet notamment à leurs familles de bénéficier de quelques avantages matériels au titre de la reconnaissance de la nation.
Au regard de la discrétion qui entoure la montée en puissance opérationnelle de cette jeune force sous-marine, très dépendante de l’expertise et du conseil russe, aucun détail n’a filtré sur les circonstances techniques de ce décès, survenu lors d’un entraînement en mer, le 08 décembre 2017. L’on ne peut exclure une participation du Khánh Hòa aux derniers préparatifs de la campagne de tirs que plusieurs bâtiments de la marine, dont pour la première fois un Kilo, allaient conduire le 19 décembre 2017, quelques jours avant la journée anniversaire de l’armée populaire vietnamienne (22 décembre). Confidentialité oblige, l’incident a été passé sous silence.
Né en 1985 dans la province de Thanh Hóa, Nguyễn Hữu Thi s’était engagé dans la marine en 2004, à Cam Ranh. A l’issue de quatre années de scolarité à l’Ecole navale (Nha Trang), il avait rejoint à nouveau la grande base de la 4Région maritime avec une qualification d’officier spécialiste en guidage de missiles.
Au début de la décennie 2010, alors que la marine commençait à recruter des volontaires pour constituer les équipages des Kilo en cours de construction dans les chantiers navals russes, il avait suivi un stage de russe à Hà Nội, puis un cours d’acquisition des connaissances sur la composante sous-marine. A l’été 2013, il a formellement quitté les bâtiments de surface pour rejoindre la brigade 189, au sein de laquelle il a intégré le premier équipage devant servir le quatrième des six Kilo de cette unité. Officier systèmes d’armes, il a poursuivi sa formation collective à Cam Ranh puis en Russie (prise en main du futur Khánh Hòa), avant de confirmer son parcours lors de l’admission du sous-marin au service actif sous le pavillon de la marine vietnamienne. Il servait donc sur ce bâtiment depuis au moins trois ans lorsque l’accident qui lui a coûté la vie est survenu. 
Son décès a très certainement porté un coup dur à la capacité opérationnelle de l’équipage, dans un contexte où le recrutement et la formation d’un vivier de sous-mariniers est long et très exigeant, surtout dans un pays qui n’a aucune tradition en la matière.
La chape de plomb qui a entouré cet accident, dont on ignore s’il a fait d’autres victimes, tend à souligner le fait que seuls les deux premiers Kilo de la brigade 189 (HQ-182 et HQ-183) ont une réelle capacité à opérer de manière autonome (même si l’on ignore si leurs équipages sont rompus à la mise en œuvre de l’armement embarqué, et même si le second équipage affecté à chaque bâtiment est pleinement opérationnel).
En tout état de cause, les risques inhérents au métier de sous-marinier rendent d’autant plus vital pour la brigade 189 de se doter d’une composante sauvetage de sous-marin. La mort en service du lieutenant de vaisseau Nguyễn Hữu Thi peut avoir eu pour conséquence directe une impulsion dans ce domaine, avec le lancement, fin mai dernier, de la construction à Hải Phòng d’un navire spécialisé dans le sauvetage de sous-marins, qui devrait prendre place dans l’ordre de bataille de la marine vietnamienne à l’horizon été 2020.

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