mercredi 29 mai 2019

Le ministre chinois de la défense reçu à Hanoi (27-29/05/2019)

Du 27 au 29 mai 2019, le général d’armée Wei Fenghe, ministre chinois de la défense, a été reçu à Hanoi. Dans un contexte actuellement apaisé entre les deux pays, et à quelques jours de l’ouverture de la session annuelle du Shangri-La Dialogue (Singapour, du 31 mai au 02 juin), cet événement a permis au ministre chinois et à son homologue vietnamien, le général d’armée Ngô Xuân Lịch, de soigner leur image de dirigeants œuvrant en faveur de la paix et la stabilité régionale.
Comme de coutume, tapis rouge et garde d’honneur ont été déployés pour accueillir cet hôte de marque, qui effectuait sa seconde visite au Viêt Nam depuis sa prise de fonctions, au printemps 2018. Après avoir été accueilli par le général Lịch et une partie de son haut état-major, le général Wei Fenghe a participé à une réunion de travail au cours de laquelle le contexte sécuritaire régional a été passé en revue et les principaux axes de coopération pour l’année à venir ont été discutés. Parmi ceux-ci l’on retiendra notamment les relations entre marines, armées de l’air et défense sol-air, et garde-frontières, les liens entre départements généraux chargés des industries de défense, et les opérations onusiennes de maintien de la paix - avec en corolaire l’approfondissement des relations entre services de santé des armées. En outre, sous l’égide des deux ministres, plusieurs accords ont été signés (formation d’officiers vietnamien en Chine en 2019-2020, partenariat entre les instituts de la défense nationale).
En marge de ces entretiens, le général Wei Fenghe et sa délégation se sont vu proposer un programme d’activités circonscrit à la capitale : l’incontournable cérémonie au mausolée d’Hồ Chí Minh, une visite à l’Institut de la défense nationale et un déplacement à l’hôpital militaire 108. A cette occasion, la délégation chinoise a offert quelques équipements médicaux destinés à être employés dans des opérations de secours d’urgence, notamment en cas de catastrophe naturelle. 
Un geste qui s’inscrit dans le prolongement des enseignements que le général Wei Fenghe a pu retirer de sa participation, du 19 au 21 novembre 2018, aux cinquièmes rencontres « d’amitié » sino-vietnamiennes, qui s’étaient déroulées de part et d’autre de la frontière, dans les provinces de Cao Bằng et du Guangxi, et durant lesquelles un exercice conjoint basé sur un scénario de catastrophe naturelle avait été mené.
Enfin, le général Lịch, qui sera de facto en charge de coordonner et d’organiser les événements relevant de l’actualité de défense de l’ASEAN en 2020, année de la présidence de l’Association par le Viêt Nam, a officiellement invité son homologue à participer au prochain sommet des ministres de la défense de l’ASEAN élargie (ADMM+), et à envoyer des bâtiments à la revue navale internationale qui marquera, en mai 2020 au large de Nha Trang, l’anniversaire de la marine populaire vietnamienne.
Autant de signes qui peuvent laisser augurer une période de calme prolongé entre les deux pays, qui célèbreront en 2020 le soixante-dixième anniversaire de leurs relations diplomatiques. 
Seule ombre au tableau de cette visite réussie, le ministre chinois de la défense n’a visiblement pas été reçu par le secrétaire général du Parti communiste vietnamien et président de la république Nguyễn Phú Trọng, rencontre pourtant systématique lors de visite d’une autorité de ce rang. La réception du général Wei Fenghe par la seule Mme Nguyễn Thị Kim Ngân, présidente de l’assemblée nationale, a forcément relancé les questionnements sur l’état de santé du numéro 1 du pays, préoccupante depuis la mi-avril. La brève publication de quelques photos dans les médias vietnamiens, suite à la participation (ou une simple apparition, bien mise en scène) de  M. Trọng à une réunion du bureau politique du comité central du Parti communiste vietnamien (14 mai, ci-dessous), n’avait pas fait taire les inquiétudes sur la capacité du chef de l’Etat à assumer ses fonctions. Cette situation, sur laquelle ni le Parti ni le porte-parole du gouvernement ne font fait de commentaire, la santé du chef de l’Etat relevant du secret d’Etat, est amenée à perdurer.


samedi 25 mai 2019

Le général Nguyễn Chí Vịnh invité au sommet des chefs d'état-major de l'UE (19-22/05/2019)

Cela commence à devenir une habitude. Un an après avoir figuré parmi les invités de marque du sommet des chefs d’état-major des armées (CEMA) des 28 Etats membres de l’Union européenne (UE), du 14 au 16 mai 2018 à Bruxelles, le général de corps d’armée Nguyễn Chí Vịnh, vice-ministre de la défense, chargé des relations internationales (ci-dessous au premier rang), a été à nouveau invité à prendre part au sommet de printemps, organisé du 19 au 22 mai 2019.
Tout comme il l’avait fait l’an passé, le général Vịnh a dressé un point de situation de l’engagement vietnamien dans les opérations de maintien de la paix (OMP) des Nations unies, durant lequel il a mis en valeur l’engagement du Viêt Nam en faveur de la paix dans le monde et l’attachement de Hanoi à la parole donnée. Ainsi, il a rappelé le déploiement, en octobre 2018, d’un détachement médical au Soudan du sud, et confirmé que le détachement devant relever ce contingent (63 membres du service de santé des armées) est en cours de formation à Hanoi.
La présence aux côtés du général Vịnh du désormais général de brigade Hoàng Kim Phụng, commandant le Département des OMP / Centre de préparation aux OMP du ministère de la défense (Viêt Nam Peacekeeping Center - VNKPC) et cheville ouvrière de la montée en puissance de la composante OMP vietnamienne, a illustré l’engagement sur le long terme du Viêt Nam dans cet effort au service de la communauté internationale. Même si le volume de troupes mis à la disposition des Nations unies par Hanoi est encore faible, les CEMA européens ont reconnu que la dynamique vietnamienne en faveur des OMP est bien lancée, et que le VNPKC s’inscrit bien dans un cadre international (accueil de stagiaires de l’ensemble de la communauté onusienne, sur des thématiques particulières).
Le général d’armée Claudio Graziano, président du comité militaire de l’Union européenne, a bien noté le fait que, le 26 avril 2019 à Bangkok, le général Phụng, au nom du Viêt Nam, s’était vu remettre pour an la présidence de l’Association des centres de formation aux OMP de la zone Asie-Pacifique, une première pour le pays depuis sa participation aux OMP onusiennes en 2014 et son adhésion à cette association qui regroupe quelque 21 Etats (ci-dessous).
A cet égard, l’on ne peut exclure que l’état-major de l’Union européenne décide de répondre favorablement à la demande vietnamienne de pérenniser la relation entre Hanoi et Bruxelles et insère prochainement un officier au sein du VNPKC, qui devra être à même de percevoir les besoins vietnamiens et de les relayer vers Bruxelles. 
Cette approche multilatérale sera nouvelle, Hanoi étant jusqu’à présent très engagé au niveau bilatéral, avec notamment l’Australie qui a largement contribué au succès de la projection du détachement médical jusqu’au Soudan du sud et qui renouvellera cette opération en octobre prochain, pour la relève du personnel du Rôle 2 de Bentiu.

mercredi 22 mai 2019

Le Lê Quý Đôn de retour à Nha Trang (18/05/2019)

Le 18 mai 2019, le voilier-école Lê Quý Đôn (numéro d’immatriculation 286) a rejoint son port base de Nha Trang, et achevé sa campagne de fin de scolarité de la 59promotion d’élèves officiers de l’Ecole navale. Plus d’un mois après avoir pris la mer (15 avril), et après deux étapes à Singapour et Jakarta et 2 600 milles parcourus, le navire emblématique de l’Ecole navale a donc terminé son troisième déploiement depuis son admission au service actif, le 10 mars 2016.
Le voilier a été accueilli par le capitaine de vaisseau supérieur Phan Văn Diễn (à droite ci-dessus), adjoint au commissaire politique de l’Ecole navale, qui a remis le traditionnel bouquet de fleurs de bienvenue au capitaine de vaisseau supérieur Nguyễn Đức Nam, directeur adjoint de l’Ecole navale, et laissé un peu dans l’ombre le lieutenant de vaisseau supérieur Cao Xuân Long, pacha du Lê Quý Đôn. Pour autant, tout l’équipage a été collectivement félicité et 13 marins ont été mis à l’honneur pour leur engagement dans le succès de la mission. Pour leur part, les 97 élèves-officiers ont reçu l’insigne de « marin du grand large », attestant de leur participation avec brio à une campagne en haute mer.
Enfin, pour boucler symboliquement la boucle de la mission, les élèves et leur encadrement ont participé à une cérémonie au pied du monument en l’honneur de Trần Hưng Đạo, vainqueur de la bataille de Bạch Đằng en 1288 (destruction de la flotte chinoise), devant lequel ils s’étaient recueillis un mois plus tôt, avant de prendre la mer.

lundi 20 mai 2019

La frégate Quang Trung représente le Viêt Nam au salon IMDEX 2019 (Singapour, 14-16/05/2019)

Du 14 au 16 mai 2019, Singapour a organisé, sur le site de la base navale de conférences de Changi, la douzième édition de l’International Maritime and Defense Exhibition (IMDEX). Ce salon naval, qui est organisé tous les deux ans, a rassemblé des participants d’une trentaine de pays, dont 16 ont été représentés par leur chef d’état-major de la marine. 

Pour la seconde fois consécutive, la marine populaire vietnamienne a envoyé un bâtiment de premier rang participer à cet événement phare en Asie-Pacifique. Alors qu’en mai 2017 la frégate lance-missiles 011 - Đinh Tiên Hoàng, première frégate de la classe Gepard inscrite à l’ordre de bataille de la brigade navale 162, avait représenté le Viêt Nam à IMDEX - et surtout à la revue navale qui avait marqué les 50 ans de la marine singapourienne -, c’est cette fois la frégate lance-missiles 016 - Quang Trung, commandée par le capitaine de frégate Hoàng Anh, qui s’est prêtée à cet exercice de représentation mais aussi d’acculturation au sein de la communauté navale de l’ASEAN et des principales grandes puissances navales mondiales. 
La frégate embarque un Ka-28 de la brigade aéronavale 954.
L'on notera l'absence de prolongation du hangar de protection de l'hélicoptère,
qui reste donc encore vulnérable aux intempéries.
Un exercice qui n’est pas anodin, car l’état-major de la marine vietnamienne travaille déjà à l’organisation d’une revue navale internationale au large de Nha Trang en mai 2020, année qui sera marquée du sceau de la présidence de l’ASEAN par le Viêt Nam et du soixante-cinquième anniversaire de la marine populaire vietnamienne (7 mai). Toutes les occasions sont ainsi bonnes pour acquérir de l’expérience dans l’organisation d’un tel événement, dont toutes les séquences doivent être parfaitement rôdées - hors caprices de la météo. Ainsi, comme c’est désormais le cas pour chaque déploiement de frégate vers des eaux étrangères, la campagne du Quang Trung a été placée sous la supervision d’un adjoint au commandant en chef de la 4e Région maritime (RM), en l’occurrence le capitaine de vaisseau supérieur Nguyễn Văn Ngân. Enfin, les événements protocolaires jalonnant le salon IMDEX ont justifié la présence, non plus du commandant en chef de la marine comme ce fut le cas en 2017 - le vice-amiral Phạm Hoài Nam - mais du contre-amiral Phạm Văn Vững, commissaire politique de la marine (et donc de facto numéro 2 de cette composante).
08 mai 2019: le Quang Trung prend la mer, avec en fond de tableau un sous-marin Kilo en surface.
Après avoir quitté son port-base de Cam Ranh le 8 mai, la frégate a rejoint les eaux singapouriennes le 12 mai et participé aussitôt à un exercice conjoint avec les représentants de 11 autres marines (Australie, Brunei, Chine, Corée du sud, Etats-Unis, Inde, Indonésie, Japon, Philippines, Singapour, Thaïlande), axé sur la pratique en commun des procédures opérationnelles. La frégate a notamment évolué au sein d’un groupe naval commandé par le destroyer américain USS William P. Lawrence et dans lequel avaient été assignés des bâtiments américain, indien, indonésien et japonais.
Tous les bâtiments ont rejoint Singapour le 13 mai au soir.
Les 14 et 15 mai, le contre-amiral Vững et ses officiers accompagnateurs ont pris part à l’inauguration du salon IMDEX, aux échanges sur la sécurité maritime internationale, et à la célébration du dixième anniversaire de la création de l’Information Fusion Centre (IFC), centre créé en avril 2009 sur le base navale de Changi et au sein duquel les marines de la région et leurs grands partenaires sont représentées par des petits détachements de liaison qui travaillent en commun à la coordination de la sécurité maritime dans cette région clé pour le trafic de marchandises et de ressources énergétiques, mais aussi vitale pour des pays qui dépendent beaucoup de l’exploitation des ressources halieutiques, ce qui donne lieu à des frictions liées à la surpêche mais aussi à la pêche illégale - domaine dans lequel les pêcheurs vietnamiens ne se distinguent pas par leur respect des lois en vigueur.
Les officiels vietnamiens ont participé à toutes les activités prévues au programme du salon : conférences, visites des stands des industriels toujours nombreux à proposer leurs offres aux Etats de cette région qui sont tous engagés dans la modernisation de leurs flottes (marines et garde-côtes), et entretiens bilatéraux en marge des séances plénières afin de continuer de prendre le pouls des centres de préoccupation des voisins du Viêt Nam et de mieux préparer la présidence vietnamienne de l’ASEAN.
Entretiens avec le lieutenant-colonel Gary Ow, directeur du Salon,
et avec le vice-amiral MS Pawar, nouveau numéro 2 de la marine indienne.
Mission à nouveau réussie, tant pour l’équipage du Quang Trung qui a côtoyé de près de nombreux partenaires et effectué un déploiement dans des conditions de mer parfois agitées, que pour les représentants du ministère de la défense et de la marine qui ont une nouvelle fois répondu présents dans un grand événement régional, au cours duquel ils ont pu s’enrichir des échanges avec de nombreux acteurs locaux, régionaux et internationaux. 
Un motif de satisfaction donc, surtout à deux semaines de l’ouverture de la session 2019 du Shangri-La Dialogue, toujours à Singapour, qui verra toutes les grandes puissances de l’Asie-Pacifique échanger sur les questions de sécurité durant trois jours (31 mai au 02 juin 2019).




vendredi 10 mai 2019

Première visite d'un ministre vietnamien de la défense au Canada (05-12/05/2019)

Le 7 mai 2019, le Viêt Nam a franchi le cap du 65anniversaire de la fin de la bataille de Điện Biên Phủ, qui reste dans la mémoire commune soigneusement nourrie du peuple vietnamien la « mère des victoires ». Pour autant, et comme cela fut le cas pour le 44e anniversaire de la « libération » de Saïgon (30 avril), l’événement n’a donné lieu à aucune festivité particulière. L’on y verra essentiellement la marque des mesures d’économie, qui conduisent les dirigeants du pays à ne célébrer que les grands millésimes de ces victoires, tous les dix ans, et encore avec un faste qui diminue au fur et à mesure que les années passent et surtout que l’insertion du pays au sein de la communauté internationale s’affermit.
Ainsi, pour cette année 2019, si la presse a bien sûr relaté, dans ses rubriques « histoire » et «idéologie », les combats menés par les forces communistes face à l’occupant français, aucun haut dirigeant de l’armée populaire vietnamienne n’a fait le déplacement dans la célèbre cuvette. Pis même, alors que le régime sortait à peine de la période de deuil décrétée suite au décès de l’ex-président Lê Đức Anh, et que le ministre japonais de la défense achevait sa première visite au Viêt Nam, le général d’armée Ngô Xuân Lịch, ministre de la défense, a quitté Hanoi le 4 mai pour se rendre au Canada. 
Il y a entamé une visite d’une semaine (05 au 12 mai), la première jamais effectuée par un ministre vietnamien de la défense dans ce pays. Le 06 mai, il a été accueilli à Ottawa par son homologue,  Harjit Singh Sajjan, qui s’était pour sa part rendu au Viêt Nam pour la première fois du 04 au 06 juin 2018.
Après un accueil et un dépôt de gerbe sur la tombe du soldat inconnu, les deux ministres ont participé à une séance de travail. 
Dans des échanges visiblement chaleureux, les deux dirigeants ont passé en revue les questions d’actualité régionale et des crises internationales dans lesquelles l’armée vietnamienne envoie des soldats sous béret bleu (Soudan du sud, république Centrafricaine), avec en toile de fond l’engagement canadien à aider le Viêt Nam à consolider ses connaissances sur le milieu des opérations de maintien de la paix en environnement onusien, et à progresser dans la maîtrise de la langue anglaise (offre de bourses d’études au Canada, pour des jeunes officiers vietnamiens).
Au regard de cette visite exceptionnelle, les deux ministres ont signé un protocole d’accord visant à approfondir la relation bilatérale de défense
Troisième depuis la droite, le général de division Phạm Ngọc Hùng accompagne quasi systématiquement
le ministre de la défense lorsque le général 
Nguyễn Chí Vịnh est retenu par une autre mission (*).
Sans grande originalité - mais le général Lịch n’est pas adepte des surprises -, les grands axes de coopération entre ces deux pays séparés par un océan que peu de détachements militaires traversent (rares escales canadiennes au Viêt Nam) sont axés sur la mise à profit de ces rares opportunités pour développer des échanges sur les questions de sécurité maritime et de secours en mer. Par ailleurs, et certainement avec à l’esprit l’engagement américain en faveur de la lutte contre les conséquences des années de guerre qui ont durablement marqué le sol et les habitants, le général Lịch a demandé que le Canada s’engage aussi dans ce long processus qui vise à dépolluer les régions contaminées par les bombardements et les épandages de défoliants, dont les traces sont encore visibles plus de 40 ans après la fin de la guerre. Enfin, la délégation vietnamienne – dans laquelle l’on a pu remarquer la présence du général de division Phạm Ngọc Hùng, directeur du Département général numéro 2 (renseignements militaires) – a évoqué la coopération en matière de cybersécurité, un sujet très sensible pour les autorités vietnamiennes qui font le constat d’une hausse des tentatives de pénétration des réseaux officiels. Si la Chine est souvent citée comme la menace première pour ces réseaux numériques, Hanoi reste vigilant face à l’activisme qui peut se développer sur les réseaux sociaux, au Viêt Nam mais aussi parmi les importantes communautés de la diaspora – dont celle implantée au Canada (plus de 240 000 personnes selon le recensement de 2016).

(*) Le général de corps d’armée Nguyễn Chí Vịnh, vice-ministre de la défense, chargé des relations internationales, n’a pas accompagné le général Lịch. En effet, avait rejoint Cuba le 04 mai à la tête d’une délégation devant participer au dialogue de politique de défense annuel, à La Havane.

mercredi 8 mai 2019

Escale australienne à Cam Ranh (07-11/05/2019)

Le 07 mai 2019, le porte-hélicoptères de la classe Canberra HMAS Canberra (immatriculation 02) et la frégate lance-missiles de classe Adélaïde HMAS Newcastle (numéro 06) ont accosté à la base internationale de Cam Ranh pour une escale de quatre jours. 
Les deux bâtiments, avec à leur bord quelque 800 militaires des trois armées, appartiennent à un groupe naval comprenant quatre bâtiments (avec les HMAS Success et Parramatta) qui avait quitté Fremantle le 11 mars dans le cadre de l'opération Indo-Pacific Endeavour (IPE)19. Leur déploiement est jalonné d’escales et d’interactions avec les marines de l’Inde et du Sri-Lanka, d’Indonésie, de la Malaisie, de Singapour, de la Thaïlande et du Viêt Nam. 
Pour sa troisième édition, la mission IPE visite pour la première fois le Viêt Nam. Le commodore Richard Owen, commandant le groupe naval, et les pachas des bâtiments, ont été accueillis par le capitaine de vaisseau Đỗ Minh, l’un des adjoints au commandant en chef de la 4Région maritime. 
Le commodore Owen (à G) et la capitaine de frégate Anita Sellick, pacha du  Newcastle.
Les militaires australiens, outre des échanges d’expertise sur les questions de secours en mer et de code de conduite lors des rencontres entre bâtiments, participeront à des activités de rayonnement jusqu’à Nha Trang.
Cette escale est la première de l’Australie au Viêt Nam en 2019. Sur les sept escales effectuées depuis le début de l’année dans les ports vietnamiens, quatre ont déjà eu lieu à la base navale internationale de Cam Ranh.

Première visite au Viêt Nam du nouveau ministre japonais de la défense (02-05/05/2019)

Deux mois après avoir accueilli à Tokyo le général de corps d’armée Phan Văn Giang, chef d’état-major général des armées (04 mars 2019), le nouveau ministre japonais de la défense, M. Takeshi Iwaya, a effectué du 02 au 05 mai 2019 son premier déplacement au Viêt Nam depuis sa prise de fonctions, le 02 octobre 2018.
Alors que les dirigeants du pays rendaient hommage au général d’armée Lê Đức Anh, ex-président de la république décédé le 22 avril, M. Iwaya a été accueilli par son homologue, le général d’armée Ngô Xuân Lịch, entouré des principaux commandeurs des forces armées vietnamiennes. A cette occasion, les deux dirigeants ont effectué un tour d’horizon des questions régionales, et signé une feuille de route récapitulant les grandes orientations en matière de coopération pour l’année en cours. 
Cette visite n’a pas apporté d’élément nouveau sur le plan d’une relation bilatérale aux axes d’efforts solides (*), mais a surtout permis à M. Iwaya de se faire connaître des dirigeants vietnamiens, y compris le premier ministre Nguyễn Xuân Phúc (rencontré le 04 mai) à moins d’un mois du Shangri-La Dialogue (Singapour) et à quelques mois de la prise de présidence des instances de l’ASEAN par le Viêt Nam, pour un an (2020). 
(*) Participation aux travaux de dépollution des zones encore contaminées par les défoliants et les bombes durant la guerre du Viêt Nam, soutien à la montée en puissance des détachements se préparant à être projetés en opérations de maintien de la paix sous béret bleu, renforcement des capacités des forces navales vietnamienne (marine populaire et police maritime) dans leur mission difficile de contrôle de la mer « de l’Est », relation en matière d’industrie de défense, cyberdéfense, et bien sûr solidarité dans les instances régionales et internationales.

lundi 6 mai 2019

Funérailles du général d'armée Lê Đức Anh, ex-président de la république (03/05/2019)

Sept mois après le décès du général d’armée Trần Đại Quang (21 septembre 2018, à 62 ans), un autre (ex-) président de la république socialiste du Viêt Nam s’est éteint. Le 22 avril 2019, le général d’armée Lê Đức Anh est décédé à Hanoi dans sa 99année.
Né le 1er décembre 1920 dans le village de Lộc An (province de Thừa Thiên Huế, Centre), Lê Đức Anh a rejoint très jeune la résistance contre la colonisation française, en 1937 puis, un an plus tard, a adhéré au Parti communiste vietnamien (PCVN).
Après la révolution d’août 1945 puis la déclaration d’indépendance (2 septembre 1945), il a gravi les échelons de la hiérarchie militaire en combattant dans le sud du pays (chef d’état-major de la 7puis de la 8Région militaire (RM) et de la zone spéciale de Saigon, puis chef d’état-major du Commandement sud, enfin sous-chef opérations puis chef du bureau personnel de l’état-major général de l’armée populaire vietnamienne).
Durant le conflit contre les Américains, il a continué de marquer de son empreinte les opérations dans le Sud. Ainsi, de 1964 à 1974, il a été commandant en chef adjoint et chef d’état-major des forces de libération du sud, puis commandant en chef de la 9RM.
En juin 1974, promu général de division (à 54 ans), il a été commandant en chef adjoint de la campagne Hồ Chí Minh, qui a conduit à la prise de Saigon par les troupes communistes. Une fois le pays réunifié sous la coupe du régime de Hanoi, le général Anh a conservé son assise dans le Sud (commandant en chef de la 9puis de la 7RM, avec une promotion au rang de général de corps d’armée en 1980).
Sa progression s’est poursuivie sur fond d’intervention vietnamienne contre le régime des Khmers Rouges. En 1981, il est nommé vice-ministre de la défense et commandant des forces d’intervention au Cambodge puis, après avoir été élu au bureau politique du PCVN (1982), est promu général d’armée (1984) et nommé chef d’état-major général des armées (1986). En février 1987, il accède au poste de ministre de la défense. Enfin, en septembre 1992, il est élu président de la république, poste qu’il conservera durant une mandature. En septembre 1997, il commence son retrait du devant de la scène politique en étant nommé conseiller du bureau politique du comité central du PCVN, jusqu’en avril 2001, lorsqu’il cesse officiellement toute fonction officielle, à 81 ans.
Le général Anh est l’une des dernières figures historiques des guerres d’indépendance du pays, qui a connu en quelque 50 années quatre conflits (contre les Français, les Américains, les Chinois et au Cambodge) qui ont modelé le Viêt Nam d’aujourd'hui. Chef militaire qui a connu la victoire, il a aussi dû faire face à la surprise, à l’image de l’attaque menée par la Chine le 14 mars 1988 contre un détachement de soldats vietnamiens effectuant des travaux sur le récif Johnson Sud (Gạc Ma pour les Vietnamiens), dans l’archipel des Spratley (*). Une véritable forfaiterie aux yeux du peuple vietnamien, qui continue, plus de trente ans plus tard, à donner lieu à des poussées d’humeur anti-chinoise à chaque anniversaire de ce tragique événement.
Pour autant, le général Anh, dans ses fonctions présidentielles, a été un artisan de la normalisation des relations avec Pékin, ainsi qu’avec les Etats-Unis (juillet 1995).
Place Ba Đình, Hanoi, 03 mai 2019.
Un seul être (vous) manque... Dix jours après son décès, des funérailles nationales ont été organisées le 03 mai : drapeaux en berne, levée du corps et hommage national à Hanoi, puis transport du cercueil par avion à Hồ Chí Minh-Ville où le général Anh a été inhumé.
Hanoi: En tête de cortège, le Premier ministre Nguyễn Xuân Phúc et la présidente de l'assemblée nationale Nguyễn Thị Kim Ngân.
Arrivée du corps à Hồ Chí Minh-Ville;
Présence du général d'armée 
Phạm Văn Trà (83 ans, ministre de la défense de 1997 à 2006).

Les nombreux témoignages d’hommage à l’ancien résistant et chef de l’Etat, qui a servi son pays et le PCVN durant plus de 80 années, ont fait la une des médias d’Etat. Le cortège des hauts dignitaires du pays, s’inclinant devant leur ancien camarade, a donné lieu à de sobres clichés, qui ont soudain fait apparaître au grand jour l’absence de l’homme que le pays et les observateurs se seraient attendus à voir en tête de cortège : Nguyễn Phú Trọng, secrétaire général du PCVN et président de la république. Une absence passée sous un silence assourdissant, qui replace au premier plan des interrogations l’état de santé du double numéro un du pays, jugé préoccupant depuis qu’il a été subitement hospitalisé lors d’un déplacement dans la province de Kiên Giang (Sud), le 14 avril. Les explications données le 25 avril par la porte-parole du gouvernement, Mme Lê Thị Thu Hằng, mettant en cause "une surcharge de travail et un changement soudain de conditions climatiques" n’auront convaincu personne. A 75 ans, le secrétaire général du PCVN, qui cumule ces fonctions avec celles de président de la république depuis le décès du général Quang, aurait dû faire acte de présence en tête des caciques du régime réunis autour du défunt général Anh. 
Même si les autorités vietnamiennes peuvent continuer de fustiger des réseaux sociaux adeptes de la propagation de fausses nouvelles, l’ensemble du peuple vietnamien n’a pu que constater que le chef de l’Etat semble durablement empêché d’exercer pleinement ses fonctions. Coup du sort ou retour de l’Histoire, M. Trọng doit se souvenir qu’il affirmait, lorsqu’il avait été réélu secrétaire général du PCVN (27 janvier 2016), qu’il ambitionnait de n’exercer qu’un demi second mandat. Une barre qui est désormais franchie depuis près d’un an, et qui semble bien peser sur ses épaules, telle une palanche portant d’un côté la charge de numéro un du Parti, et de l’autre celle de chef de l’Etat.
Derrière les visages de marbre s’inclinant devant le corps du général Anh, nul doute que les esprits étaient bien tournés vers cette question de succession à la tête du PCVN et de l’Etat, si tant est que Nguyễn Phú Trọng venait à ne pas pouvoir reprendre ses fonctions. Une situation complexe, qui pourrait, à un an et demi du treizième congrès national du PCVN, résulter en la nomination d’intérimaires à ces fonctions capitales, dont les titulaires sont issus d’un méticuleux et impitoyable processus de sélection.

(*) Le détachement vietnamien était engagé dans des travaux visant à matérialiser l’appartenance de cet atoll au Viêt Nam (construction d’une borne). Intervenant depuis plusieurs bâtiments de guerre, les militaires chinois débarquèrent sur l’atoll mais furent repoussés par les soldats vietnamiens. Faisant usage de leurs armes de bord, les Chinois ont réduit la résistance vietnamienne (64 Vietnamiens tués et deux bâtiments de transport coulés). 
Moins de deux mois après cette attaque, le général Anh s’était rendu sur l’île de la Grande Spratley (Trường Sa Lớn pour les Vietnamiens) le 7 mai 1988, où il avait juré de défendre cet archipel, «morceau de terre et de mer sacré de notre patrie ».

vendredi 3 mai 2019

Crash d'un Su-22 à Yên Bái (23/04/2019)

Le 23 avril 2019 à 14h30, un Su-22 M4 appartenant au Régiment 921 (*) s’est écrasé à l’atterrissage sur l’aéroport de Yên Bái (nord-ouest de Hanoi). L’appareil, qui porte le numéro 5858, était piloté par le lieutenant-colonel Phan Thanh Hải. Ce pilote expérimenté achevait un vol d’entraînement lorsqu’il a rencontré un problème au moment d’atterrir, ce qui l’a conduit à s’éjecter. L’appareil a terminé sa course hors piste, mais ne semblait pas profondément endommagé (il a été rapidement extrait par un engin lourd de dépannage).
Ce crash - le premier de l’année – est le second d’un appareil de ce régiment en moins d’un an. Le 26 juillet 2018, le Su-22 numéro 8551 s’était écrasé lors d’un vol d’entraînement dans la province du Nghệ An. Le pilote et son copilote étaient décédés dans l’accident, qui avait été imputé officiellement à une très mauvaise météo. Sa conséquence immédiate avait été le maintien au sol de tous les Su-22. Les vols n’avaient repris que le 17 août 2018, en commençant par le Régiment 937, basé à Phan Rang (Sud).

Au total, cinq crashs de Su-22 se sont produits en treize ans (2006, 2009, 2015, 2018 et donc avril 2019).

(*) Le Régiment 921 (connu sous le nom d’Unité à l’Etoile Rouge - Đoàn không quân Sao Đỏ) est le descendant de la première unité d’appareils de combat de l’armée de l’air vietnamienne. Fondée le 03 février 1964 (lors d’une cérémonie organisée en Chine, dans le contexte de guerre contre les Américains), l’unité était placée sous le commandement du commandant Đào Đình Luyện, qui allait par la suite atteindre les plus hautes fonctions dans sa carrière (commandant en chef de l’armée de l’air, puis vice-ministre de la défense et chef d’état-major général des armées).
Ce régiment est l’une des trois grandes formations de la Division 371 de l’armée de l’air. Après avoir longtemps stationné à Hanoi, il a été transféré sur l’aéroport militaire de Yên Bái à la fin 2018. Il y avait entamé sa première session de vols le 22 novembre 2018, avec comme axe d’effort – au moins sur le plan de la communication – la sécurité des vols d’entraînement et la qualité de la formation des pilotes.

jeudi 2 mai 2019

Première escale du Lê Quý Đôn en Indonésie (01-04/05/2019)

Le 29 avril 2019, le voilier-école Lê Quý Đôn (numéro d’immatriculation 286) a franchi l'équateur, donnant l'occasion à l'équipage et surtout aux élèves-offices de la 59ème promotion de l'Ecole navale de recevoir leur attestation de franchissement de la "Ligne", après avoir sacrifié aux activités de traditions qui marquent pareil événement.
1er mai, soit quatre jours après avoir quitté Singapour, le voilier a accosté à Tanjung Priok, le port de Jakarta, où il entamé une escale de cinq jours. Les cadets et leur encadrement y ont été accueillis par le corps diplomatique vietnamien en poste dans la capitale indonésienne et le commodore Denih Hendrata, commandant la base navale numéro 3.
Tout comme à Singapour, les marins vietnamiens feront visiter leur voilier, visiteront des unités de la marine indonésienne au sein desquelles ils participeront à des échanges sur la situation régionale - marquée notamment par de nombreuses interceptions, y compris avec usage de la force, de bateaux de pêche vietnamiens dans les eaux territoriales indonésiennes -, et découvriront la vie des marins indonésiens. 

Depuis son entrée en service, le voilier-école de la marine vietnamienne aura donc sillonné d’ouest en est et du nord au sud la mer de Chine méridionale, avec des escales aux Philippines (Manille), au sultanat de Brunei, au Cambodge (Sihanoukville), en Thaïlande (Sattahip), à Singapour et en Indonésie. De quoi conférer au bâtiment et à ses équipages successifs une belle expérience et à la marine populaire une aura de marine qui se modernise tout en conservant les valeurs de la marine traditionnelle.