mercredi 29 juillet 2020

Prise de fonctions des nouveaux commandants en chef de la marine, des garde-frontières et de la 3e RM (28/07/2020)

Deux semaines après avoir été nommés vice-ministres de la défense (14 juillet 2020), le vice-amiral Phạm Hoài Nam et les généraux de division Hoàng Xuân Chiến et Vũ Hải Sản ont passé le témoin, le 28 juillet, à leurs successeurs aux postes de commandants en chef de la marine, des garde-frontières et de la 3e Région militaire.
Comme nous l’annoncions dans notre post précédent, ces successions n’offrent aucune surprise. Elles permettent au premier adjoint de chaque commandant en chef partant d’accéder à la fonction suprême, assurant ainsi une continuité dans le suivi des dossiers de chaque composante mais aussi dans la progression des jeunes élites : le commandement de la marine revient au CA Trần Thanh Nghiêm (ci-dessous à droite), premier sous-marinier à accéder à ce poste. Celui des garde-frontières revient au GBR Lê Đức Thái, et celui de la 3e RM au GBR Nguyễn Quang Ngọc.
Les passations de commandement se sont déroulées à Hải Phòng (état-major de la marine et de la 3e RM), sous la présidence du général de corps d’armée Phan Văn Giang et du GDI Nguyễn Tân Cương, ainsi qu’à Hà Nội (commandement des garde-frontières) sous celle du GCA Nguyễn Chí Vịnh.
Le GDI Hoàng Xuân Chiến (à gauche), ex-commandant en chef des garde-frontières,
a déjà troqué ses épaulettes (vertes) contre celles (dorées) du haut état-major.
Le GDI Nguyễn Tân Cương (au centre), probable futur chef d'état-major général des armées, 
préside la passation de commandement de la 3e RM.


mardi 21 juillet 2020

Nominations dans le haut état-major, poursuite de la relève de générations en amont du 13ème Congrès national du PCVN (14/07/2020)

Dans une actualité dans laquelle la pandémie de COVID-19 continue de mobiliser les énergies mais aussi l’attention des médias, l’institution militaire vietnamienne continue de se mettre discrètement en ordre de marche pour se présenter, relève de génération de dirigeants effectuée, en rangs unis au treizième Congrès national du Parti communiste vietnamien (PCVN), en janvier prochain. Toutes les formations des armées, directions et services achèvent désormais d’organiser leurs congrès internes, qui visent à sélectionner leurs représentants du Parti, qui à leur tour éliront en fin d’année la vingtaine de hauts dirigeants de l’armée qui siègeront au sein du Comité central du PCVN pour le mandat 2021-2026 et occuperont les postes sommitaux de l’institution. 
Comme dans toute armée, la relève des générations de commandeurs continue de s’opérer. Ainsi, le 09 juin 2020, une première vague de nominations a été entérinée par le premier ministre Nguyễn Xuân Phúc. Parmi la vingtaine de nouveaux arrivants aux postes de haute responsabilité, l’on note les relèves :
- du directeur du Département général technique : le général de division (GDI) Lê Quý Đạm est remplacé par son premier adjoint, le général de brigade (GBR) Trần Minh Đức
- et du commandant en chef de la 9e Région militaire (RM) : le GBR Nguyễn Xuân Dắt a succédé au  GDI Nguyễn Hoàng Thủy.

Le 14 juillet 2020, dans une étape de niveau supérieur, le premier ministre a signé les décisions nommant trois nouveaux vice-ministres de la défense. Cet événement, qui s’inscrit dans le même processus (départ de la génération 1954-1958), place au sommet de la pyramide trois hommes expérimentés, tous membres titulaires du comité central du PCVN depuis 2016, et pour lesquels ces nominations représentent leur poste terminal. Il s’agit (de gauche à droite sur la photo ci-dessous):
- du GDI Vũ Hải Sản (59 ans), commandant en chef de la 3e RM ;
- du GDI Hoàng Xuân Chiến (lui aussi âgé de 59 ans), commandant en chef des garde-frontières ;
- et du vice-amiral Phạm Hoài Nam (53 ans), commandant en chef de la marine. 
Ces trois officiers ont reçu leur charge des mains du général d’armée Ngô Xuân Lịch, ministre de la défense, le 20 juillet.
Ces nominations sont dans l’ordre des choses. Le général Sản, qui a commandé une RM jouxtant la Chine, apporte cette connaissance essentielle qu’est celle du principal partenaire et rival de Hà Nội. La présence du général Chiến confirme quant à elle l’importance des garde-frontières dans la structure de défense vietnamienne. Enfin, l’ascension de l’amiral Nam salue un brillant parcours de carrière tout autant qu’elle confirme la place-clé de la marine sur l’échiquier militaire du pays. Entré en service à 17 ans, ce surfacier formé en ex-Union soviétique et qui y a vécu l’effondrement du bloc de l’Est a effectué toute sa carrière opérationnelle à Cam Ranh, où il a commandé la très importante 4e Région maritime (2012-2014) avant de se voir confier le commandement de la marine (été 2015). Son parcours, qui s’est dessiné dans l’ombre du puissant VAE Nguyễn Văn Hiến, n’a pas été égratigné par la disgrâce de ce dernier (*).
Les noms des vice-ministres devant quitter leurs fonctions n’ont pas été annoncés, laissant aux nouveaux nommés une période de prise de fonctions. Il est probable qu’il s’agit des GCA Bế Xuân Trường, Trần Đơn et Lê Chiêm, qui ont tous entamé leur mandat en octobre 2015 et qui sont désormais eux aussi atteints par leur limite d’âge de service. Leur départ de l’institution pourrait s’opérer discrètement, l’armée vietnamienne n’étant pas coutumière de cérémonies d’adieux aux armes.
Se pose désormais la question de la relève du GCA Nguyễn Chí Vịnh qui occupe ses fonctions depuis plus de dix ans et dont le poids – historique de par son père, décisionnel pour la même légitimité et ses anciennes fonctions de directeur du très puissant Département général n°2, et pour la diplomatie de défense en raison de son exceptionnelle longévité dans ses fonctions – en font un incontesté pilier du ministère de la défense. Or à ce jour, force est de constater qu’aucun jeune haut dirigeant ne présente tous les atouts qui se concentrent dans la personne de l’emblématique général Vịnh. Certes, celui qui présente le meilleur profil "international" semble être le GBR Hoàng Kim Phụng, cheville ouvrière du Département des opérations de maintien de la paix et qui participe à la quasi-totalité des rendez-vous internationaux du général Lịch ou du général Vịnh ; mais de là à briser les codes de la promotion interne il y a un pas que l’institution ne semble pas prête à franchir – mais une bonne surprise ne peut être éludée…
A cette incertitude près, le toilettage et rajeunissement du « haut du tableau » devrait se poursuivre, à l’automne, par les annonces des derniers grands mouvements attendus : le départ du général d’armée Ngô Xuân Lịch, dont le mandat à la tête du ministère de la défense a véritablement figé l’APVN sur ses grands partenariats, Russie en tête, ne devrait pas – sauf surprise qui ne peut jamais être exclue dans ces hautes instances si fermées – déboucher sur l’élection du directeur du Département général politique (dont l'actuel directeur est techniquement trop âgé pour accéder à la fonction suprême). Le parcours ascensionnel du GCA Phan Văn Giang, chef de l’état-major général des armées, devrait se poursuivre, offrant ainsi au jeune GDI Nguyễn Tân Cương le poste de CEMGA, avec un fort potentiel d’accès à celui de ministre de la défense à l’horizon 2026. 
A un échelon moindre, le commandement de la marine reviendra très probablement à une autre étoile montante de cette composante : le contre-amiral Trần Thanh Nghiêm, actuel commandant adjoint et chef de l’état-major de la marine. Ce très jeune officier général a été le premier commandant en chef de la brigade (sous-marine) 189, dont il a eu la lourde charge de mener à bien la coordination de la montée en puissance, très attendue par les Vietnamiens (car fruit de très importants investissements durant de nombreuses années) mais qui demande du temps (composante créée quasiment à partir de rien). Sauf anicroche, son parcours vers les plus hautes fonctions est quasi gravé dans le marbre.
Le commandement des garde-frontières reviendra au GBR Lê Đức Thái, précédemment premier adjoint du général Chiến, tandis que le GBR Nguyễn Quang Ngọc (52 ans) prend tout aussi logiquement la suite du général Sản à la tête de la 3RM, avec un potentiel de progression certain.

(*) La disgrâce de Nguyễn Văn HiếnLe vice-amiral puis général de corps d’armée Nguyễn Văn Hiến est l’homme qui a lancé puis conduit le processus de modernisation de la marine vietnamienne, depuis le début des années 2000 (il a commandé cette composante de 2004 à 2015) jusqu’à son accession à la retraite, au printemps 2016 en tant que vice-ministre de la défense. Il est notamment à l’origine du développement de la très coûteuse composante sous-marine, qui a conféré à la marine populaire un nouveau statut parmi les marines sud-est asiatiques.
Ce remarquable parcours a cependant été détruit par l’implication de l’amiral Hiến dans une affaire de vente illégale de terrains immobiliers appartenant au ministère de la défense à Hồ Chí Minh-Ville, avec utilisation de ses fonctions officielles à des fins d’enrichissement personnel. Le Parti, que le secrétaire général Nguyễn Phú Trọng tient à mobiliser dans un combat contre la corruption, a tranché dans le vif. Le 21 juin 2019, le bureau politique du Comité central du PCVN a révoqué l’amiral Hiến de toutes les fonctions qu’il a occupées au sein du Parti et demandé des sanctions disciplinaires. Le 03 septembre 2019, le Premier ministre Nguyễn Xuân Phúc l’a révoqué de ses fonctions d’ex-commandant en chef de la marine et de vice-ministre de la défense
Enfin, le 21 mai 2020, il a été inculpé pour fraude et condamné à quatre années de prison.
21 mai 2020: "Accusé"!


mercredi 8 juillet 2020

A défaut de contacts directs, le ministère vietnamien de la défense adepte de la diplomatie virtuelle

Dans ce monde de la diplomatie de défense largement impacté par la pandémie de COVID-19, le Viêt Nam a perdu de nombreuses opportunités de montrer, notamment à l’attention de sa propre opinion publique, son dynamisme – très relatif en réalité, car reposant essentiellement sur le bon vouloir de partenaires souvent très lointains. L’année 2020, qui devait être marquée d’une pierre blanche avec la présidence vietnamienne de l’ASEAN, s’est d’ores déjà transformée en année grise, que Hà Nội tente de sauver tant bien que mal. Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’ASEAN organisé par visioconférence (26 juin), report en août de la revue navale initialement prévue le 7 mai pour donner du faste au 65eanniversaire de la marine populaire vietnamienne – un report qui se transformera en annulation faute de participants et en raison du spectre du souvenir de l’escale de l’USS Theodore Roosevelt à Đà Nẵng début mars, report des relèves de plusieurs officiers insérés dans les états-majors onusiens au Soudan du sud et en république Centrafricaine, les occasions de mettre en valeur la place de l’armée vietnamienne sur la scène internationale ont chuté drastiquement. Certes il ne faut pas oublier l’implication totale de l’armée dans la lutte et la prévention de la pandémie sur le territoire national, avec en fer de lance la task force dirigée par le général de corps d’armée Trần Đơn, mais le temps des rencontres directes d’autorités a cessé depuis début mars. Depuis la réception du général d’armée Koji Yamakasi, chef d’état-major des armées japonaises (2 mars 2020), le ministre de la défense et ses grands commandeurs n’ont rencontré aucun partenaire majeur.
Avec un ministre de la défense - général d’armée Ngô Xuân Lịch - à nouveau totalement absent de la scène diplomatique militaire, et plus à l’aise dans sa peau d’ex-commissaire en chef des armées pour se concentrer sur la préparation du 13e Congrès national du Parti communiste vietnamien (PCVN), c’est donc le général de corps d’armée Nguyễn Chí Vịnh, vice-ministre de la défense, chargé des relations internationales, qui s’est vu incomber la tâche de rétablir le contact avec les partenaires internationaux du pays. Une mission dont les effets ont progressivement transparu dans les médias, sous forme de brefs comptes rendus de visioconférences, très probablement toutes à l’initiative de Hà Nội et essentiellement dans le cadre de sa présidence, en 2020, de l’ASEAN. Contraint de développer de nouveaux canaux de communication, le ministère vietnamien de la défense a visiblement réussi cet exercice technique. Tous les reportages, réalisés par le service de communication des armées, mettent en scène le général Vịnh, entouré de quelques grands adjoints (systématiquement son directeur des relations extérieures, le général de division Vũ Chiến Thắng, ponctuellement le directeur du Département des opérations de maintien de la paix, le général de brigade Hoàng Kim Phụng) et de quelques officiers d’état-major, ainsi que de représentants de l’ambassade du pays concerné.
Le GDI Chiến Thắng (2ème à gauche) et le GBR Phụng (2ème à droite). Visioconférence avec le GAR Graziano (président du comité des chefs d'état-major de l'UE)
Dans son tour d’horizon des grandes capitales, le général Vịnh a ainsi successivement approché : Tokyo (10 juin), le président du Comité des chefs d’état-major de l’Union européenne (12 juin), Canberra et Ottawa (16 juin), Londres (22 juin), Washington (1er juillet), Moscou et Wellington (3 juillet), Séoul (06 juillet). Manquent à ce tour d’horizon Paris et Berlin, voire Rome (mais le général Graziano, dans ses fonctions à l’Union européenne, a certainement été approché sous sa double casquette, européenne et italienne), probablement en raison de la difficulté d’harmoniser des agendas et/ou par manque de ressources humaines véritablement consacrées, dans ces capitales, aux relations avec l’Asie du sud-est.
L’on retiendra de ces divers entretiens :
  • Un ciel sans nuages avec la Russie, ou aucun haut dirigeant vietnamien n’a cependant pu faire le déplacement à l’occasion de l’anniversaire de la victoire sur le fascisme ; pour autant, les militaires vietnamiens se préparent à participer à l’édition 2020 des Army Games, qui se tiendront - sauf contrainte majeure due à la pandémie de COVID-19 - du 23 août au 05 septembre dans dix pays (Arménie, Azerbaidjan, Biélorussie, Chine, Inde, Iran, Kazakhstan, Mongolie, Russie, Uzbekistan) ;
  • La volonté de Hà Nội de resserrer les liens avec Bruxelles, et notamment d’obtenir le soutien de l’EMUE et/ou de nations membres pour soutenir l’insertion de quelques militaires dans une opération européenne (EU Training Mission) ;
  • Une relation sans grand enthousiasme avec Washington, en cette année pourtant marquée par le 25e anniversaire du rétablissement des relations bilatérales (12 juillet 1995) ; pourtant, la posture de présence militaire américaine en mer de Chine méridionale a de quoi satisfaire le Viêt Nam, qui est à nouveau confronté à une présence chinoise pesante jusque dans ses eaux territoriales revendiquées (incidents avec entre flottilles de pêche ; consolidation des bastions chinois tels que Fiery Cross Reef) ;
  • Un lien fort avec Tokyo, où le général Nguyễn Chí Vịnh s’était rendu juste avant que n’éclate au grand jour la réalité de la pandémie de Covid-19 afin d’obtenir le soutien aux activités du Viêt Nam durant son année de présidence de l’ASEAN, et avec Séoul, qui apporte son appui aux efforts d’équipement de la police maritime ; il en est de même avec New Delhi, partenaire historique de Hà Nội ;
  • Une grande satisfaction quant à l’aide reçue de Canberra, de Wellington mais aussi de plus en plus de Londres en matière de formations linguistiques et d’adaptation à l’insertion dans les opérations onusiennes de maintien de la paix. Ces entretiens se sont ainsi déroulés quelques jours après la conclusion de plusieurs stages linguistiques longs, durant lesquels plusieurs dizaines d’officiers ont été formés :
    • par les Australiens : Ainsi, le colonel Paul Foura, l’attaché de défense australien à Hanoi, a remis le 26 juin à l’unité 871 (école des langues, qui appartient au Département général Politique) à 143 stagiaires leur diplôme de fin de stage. L’occasion pour le chef de la mission de défense de rappeler que plus de 2 500 militaires vietnamiens ont bénéficié depuis vingt ans de cours d’anglais et que chaque année quelque 300 officiers participent à des formations en Australie ou au Viêt Nam (à Hà Nội, Hồ Chí Minh-Ville et Nha Trang). Un niveau qu’aucune nation occidentale n’est capable d’atteindre et qui fait de l’Australie LE partenaire de confiance du Viêt Nam. Ce partenariat devrait perdurer, à l’aune de la revue stratégique de défense que le premier ministre Scott Morrison a présentée le 1er juillet et qui indique clairement l’intention de Canberra de porter l’effort sur l’Asie du sud-est afin d’y contrebattre au plus loin l’influence chinoise, menace stratégique pour les intérêts de l’Australie.
    • par les Britanniques, qui ont procédé le 19 juin à la remise de diplôme aux stagiaires de toutes armes qui, pendant plus de cinq mois, ont suivi les cours délivrés par le British Council ; un programme de 400 heures de cours, qui fait ses preuves pour la huitième année. 
      • Mais aussi par les Néo-Zélandais, que le général Vịnh a remerciés pour leur aide dans le rapatriement de deux stagiaires dans un contexte sanitaire difficile. 

    Au bilan,  il ressort de ces entretiens, qui ont visé à préparer la courte réunion (7 juillet par visioconférence) de l’ASEAN Defense Senior Officials’ Meeting élargie à huit partenaires - Australie, Chine, Corée du sud, Etats-Unis, Inde, Japon, Nouvelle-Zélande, Russie) (*) - plusieurs grandes tendances : 
    • la solidité du lien entre militaires vietnamiens et russes (communication fluide, passé commun, futur vietnamien qui se construit dans la relation présente avec Moscou) ; 
    • un certain flou sur la relation avec les Etats-Unis, imputable d’une part à l’imprévisibilité de l’administration Trump mais aussi au manque de lisibilité d’un général Lịch peu enclin à froisser Pékin quitte à continuer d’avaler les couleuvres que lui infligent ses interlocuteurs chinois ; 
    • la mollesse de la relation entre Etats aseaniens (chacun dépendant au moins économiquement de la Chine, et donc collectivement pusillanimes face aux provocations de Pékin en mer de Chine méridionale) ; 
    • enfin, le bon placement des anglo-saxons emmenés par l’Australie, particulièrement efficients avec leur axe d’effort placé sur l’appui à l’insertion dans la communauté internationale anglophone et dans la sphère des opérations onusiennes de maintien de la paix, en milieu anglophone. 
    • Dans ce cadre, la partie sera difficile pour l’UE, qui semble pourtant faire de l’Asie du sud-est une de ses priorités (et d’en sous-traiter la réalité des actions de coopération à ses Etats-membres, malgré leurs capacités limitées), face à la cohésion et la cohérence des actions des partenaires occidentaux de proximité, Australie en tête depuis longtemps.

    La donne ne devrait pas changer à court terme, d’autant plus que les enjeux du Congrès du PCVN (relève de génération de dirigeants) ne militent pas pour une atteinte aux équilibres. L’on y verra pour preuve l’absence de contact, même virtuel, entre le général Vịnh et le haut état-major chinois. L’intention a peut-être été évoquée, mais le silence qui l’a accueillie ou le peu d’empressement à y donner suite témoigne de la volonté de Pékin de faire peser un sentiment d’inquiétude sur sa relation pourtant historique avec son voisin, afin de contraindre les instances dirigeantes du PCVN à faire le « bon choix » dans la sélection de sa future équipe dirigeante.

    (*) Ouverte par le général Lịch, qui s’est rapidement éclipsé pour laisser le général Vịnh à la manœuvre, la réunion a sans surprise fait le constat que le temps n’était pas encore venu pour les participants de se retrouver physiquement. Pour autant, le général Vịnh a évoqué l’espoir qu’une fenêtre d’opportunité se dessine « en août » pour que le sommet de l’ADSOM+ soit officiellement organisé. L’avenir dira si ce volontarisme se concrétise, mais il est permis d’en douter.