mercredi 26 juin 2019

Premier déplacement du général Lương Cường à Moscou (18-22/06/2019)

S’il est un déplacement incontournable pour tout numéro deux du ministère vietnamien de la défense, c’est bien celui à Moscou. Pourtant, il aura fallu plus de trois ans au général d’armée Lương Cường, successeur depuis le 15 avril 2016 du général d’armée Ngô Xuân Lịch à la tête du Département général politique (DGP) du ministère de la défense, pour effectuer son premier déplacement chez le  « grand frère » russe. 
Sans doute y verra-t-on la marque de l’emprise sur les questions dogmatiques que conserve le général Lịch, dont le costume de ministre de la défense est toujours empesé par ses cinq années de «commissaire politique en chef des armées » (2011-2016), fonctions qui continuent de prendre le dessus sur les aspects opérationnels et relationnels de sa fonction. La récente promotion du général Cường au rang de général d’armée (15 janvier 2019) n’y a rien changé, la patte du ministre cantonne son directeur du DGP à la scène nationale et à un rôle obscur - pourtant inhérent à cette fonction. Des responsabilités certainement difficiles à porter sur le long terme, comme peut en témoigner le net empâtement du général Cường depuis trois ans… 
Ce premier déplacement du général Cường en terre moscovite a donc eu lieu du 18 au 22 juin 2019, et a été présenté par les médias officiels comme un jalon supplémentaire de l’excellence de la relation bilatérale en cette année croisée (2019-2020) du Viêt Nam en Russie et vice-versa.
Le 19 juin, la délégation vietnamienne - nombreuse comme toujours - a été accueillie par le général d’armée Valery Vassilievitch Gerasimov, chef d’état-major général des armées (ci-dessus), puis a participé à la réunion de travail clé de ce déplacement avec le général de corps d’armée Andrey Valeryevich Kartapolov, chef du Département général politique du ministère russe de la défense (ci-dessous). 
Ce dernier n’a pas manqué de rappeler que son département avait été récemment recréé (30 juillet 2018), justifiant cette mesure par le besoin des armées de voir leur rôle indissociablement soudé aux directives politiques du régime de Moscou. Une façon aussi en somme de légitimer, en effet miroir, la prédominance du DGP au sein de l’architecture du ministère vietnamien de la défense.

Alignement politique faisant loi, les deux délégations ont signé une lettre d’intention manifestant leur souhait de voir les relations entre DGPs formalisées dans un memorandum d’entente, qui devrait placer l’accent sur les activités typiques de la branche politique des armées communistes : lutte contre les activités subversives des ennemis des régimes de Moscou et Hanoi, lutte contre les adeptes de l’« évolution pacifique », défense d’un esprit de lutte révolutionnaire, renforcement de la place de l’armée comme garante de la pérennité des régimes communistes, sans oublier la poursuite des échanges culturels comme vecteurs d’émulation en faveur de la défense des régimes au pouvoir. 
Pour illustrer ces liens, la délégation vietnamienne a été amenée à visiter une université militaire, un musée de l’armée, l’état-major de la 2Division d’infanterie mécanisée, où à chaque fois l’aspect idéologique a été mis en valeur dans les présentations. Puis, restant dans l’aspect mémoriel, et comme c’est le cas lors de chaque visite de délégation vietnamienne de haut rang en Russie, le général Cường a participé à une cérémonie au pied du monument à la mémoire d’Hồ Chí Minh, puis a rencontré des anciens combattants soviétiques qui avaient participé à l’effort de guerre de Hanoi contre l’occupation américaine. A cette occasion, le chef du DGP et certains de ses accompagnateurs se sont vu décerner une médaille commémorant cette grande solidarité de frères d’armes. 
A droite, le général de division (depuis mai 2019) Lâm Quang Đại, commissaire politique de l’armée de l’air et de la défense antiaérienne. Il est l’un des rares commissaires politiques à avoir effectué toutes ses années d’officier subalterne en tant que pilote, après avoir été formé en Union soviétique. Un parcours qui lui vaut certainement d’avoir été mis à l'honneur par cette décoration.
Enfin, il a participé à la cérémonie de fin d’année scolaire de l’Ecole navale (académie navale Kouznetsov) à Saint-Pétersbourg durant laquelle plusieurs officiers vietnamiens ont reçu leur diplôme de fin de scolarité - une rare image témoignant de la présence de contingents de jeunes officiers vietnamiens en écoles de formation russes.
Au terme de cette visite forcément réussie, la délégation vietnamienne - qui n'aura pas rencontré le ministre de la défense Serguei Shoïgu - s’est envolée pour la Biélorussie, seconde étape de son déplacement dans cette partie du monde qui nourrit toujours des liens de solidarité indéfectibles avec le régime de Hanoi.

lundi 24 juin 2019

Huitième session du dialogue politique de défense entre la Corée du sud et le Viêt Nam (18-22/06/2019)

A peine rentré d’Allemagne, le général de corps d’armée Nguyễn Chí Vịnh, vice-ministre de la défense, chargé des relations internationales, s’est rendu à Séoul du 18 au 22 juin 2019 à la tête d’une importante délégation.
Dans l’agenda très chargé du plus grand voyageur du ministère vietnamien de la défense, qui multiplie actuellement les déplacements et les réceptions de délégations, cette mission en Corée du sud correspondait à la huitième édition du Dialogue politique de défense entre les deux pays. A peine six mois après l’édition précédente, qui s’était déroulée le 10 décembre 2018 à Hồ Chí Minh-Ville, le général Vịnh a été accueilli par le nouveau vice-ministre de la défense, M. Park Jae-min, qui a succédé en mai 2019 à M. Suh Choo-suk, qui avait co-présidé les deux précédentes éditions de ce groupe de travail.
L’ordre du jour, comme lors de chaque réunion de ce niveau, a consisté en des échanges sur les questions de sécurité régionale (péninsule coréenne, affirmation de puissance chinoise en mers de Chine orientale et méridionale), en un renouvèlement de l’engagement mutuel à se soutenir dans les grandes instances internationales, et bien sûr en la revue des activités de coopération bilatérale.
A nouveau, la délégation vietnamienne, dans laquelle figurait bien sûr le général de brigade Hoàng Kim Phụng, directeur du Département des opérations de maintien de la paix (OMP) du ministère de la défense, a été demandeuse de l’expertise sud-coréenne en matière d’OMP. A cet égard, tout ce fut le cas huit jours plus tôt en Allemagne, la délégation vietnamienne a pu visiter le Centre national de préparation aux OMP. Elle a aussi été reçue à la Defense Acquisition Program Administration (DAPA) et au sein du groupe industriel de défense Hanwha, spécialisé - pour sa composante défense - dans des systèmes de communication, de surveillance, de détection et de défense antiaérienne (voir ci-dessous).
Enfin, au terme de son séjour, le général Vịnh a été reçu par le ministre de la défense, Jeong Kyeong-doo, auquel il a transmis une invitation du général d’armée Ngô Xuân Lịch, ministre vietnamien de la défense, à se rendre à Hanoi.

dimanche 23 juin 2019

94ème anniversaire de la journée de la presse révolutionnaire (21/06/2019)

"Cán bộ báo chí cũng là chiến sĩ cách mạng. Cây bút, trang giấy là vũ khí sắc bén của họ".
Les journalistes sont aussi des soldats révolutionnaires. 
Le stylo et la feuille de papier sont leurs armes affûtées. 
                                                                                                       (Hồ Chí Minh)

Les années ont passé depuis la création du Thanh Niên en 1925. La technologie a progressé, le stylo et le carnet ont fait place à l'ordinateur et à l'Internet, mais le message est toujours vivant.
La presse vietnamienne est indéfectiblement dédiée à la mise en valeur des qualités du bộ đội, le soldat défenseur de la Patrie et du Parti. 

vendredi 21 juin 2019

Le chef d'état-major de la marine thaïlandaise reçu au Viêt Nam (17-18/06/2019)

Les 17 et 18 juin 2019, l’amiral Luechai Ruddit, commandant en chef de la marine royale thaïlandaise, a effectué son premier déplacement au Viêt Nam. Un an et demi après la réception de son prédécesseur - l'amiral Naris Pratoomsuwan (25 au 28 janvier 2018) - à Hanoi,  cette visite est dans l’ordre des choses, d’une part car la Thaïlande passera le relais de la présidence de l’ASEAN au Viêt Nam en janvier 2020 et qu’à ce titre il incombera au ministère vietnamien de la défense de prendre aussi la tête, pour un an, de toutes les instances militaires de l’Association, d’autre part car ces deux pays qui partagent une frontière entièrement maritime dans le golfe de Thaïlande ont donc des préoccupations communes en matière de contrôle de leurs espaces maritimes.
Comme de coutume, l’amiral Luechai Ruddit a été dans un premier temps accueilli par son homologue, le vice-amiral Phạm Hoài Nam, au siège de l’état-major de la marine, à Hải Phòng (17 juin). Les deux commandeurs, qui sont amenés à se rencontrer régulièrement dans les événements maritimes organisés dans la région, et en particulier lors des salons d’armement et revues navales auxquelles la marine populaire vietnamienne participe de plus (envoi d’une, voire de deux, frégates Gepard), ont dressé un bilan positif de la relation entre les deux marines. 
Cette relation se tisse et se renforce autour de la problématique commune du contrôle de ces eaux du golfe de Thaïlande très fréquentées, que ce soit par les pêcheurs légaux mais aussi illégaux, par des trafiquants de tous ordres et des adeptes de la piraterie maritime. Les deux chefs d’état-major ont ainsi salué le bon fonctionnement d’un canal de communication direct entre leurs centres de contrôle, qui permet de déconflicter des situations parfois tendues. De même, ils se sont prononcés en faveur de la poursuite des patrouilles conjointes régulières, qui franchiront en 2019 le vingtième anniversaire de leur lancement, en 1999, en application de l’accord du 09 août 1997 délimitant la frontière entre les deux pays dans le golfe de Thaïlande. Ces patrouilles, menées officiellement deux fois par an dans un secteur vaste d’environ 6000 km2, sont autant d’occasions de renforcer la connaissance mutuelle entre marins vietnamiens et thaïlandais lors de missions d’affirmation de présence, de sauvetage en mer, de lutte contre la piraterie, et d’échange régulier d’informations - ce qui n’empêche pas des accrochages ponctuels entre pêcheurs et garde-côtes ou marines locales.
Dans un second temps, l’amiral Luechai Ruddit a été reçu le 18 juin à Hanoi par le général de corps d’armée Phan Văn Giang, vice-ministre de la défense et chef de l’état-major général des armées. Il a assuré que la Thaïlande apportera au Viêt Nam tout le soutien dont il pourra avoir besoin dans le difficile exercice qu’est la présidence de l’ASEAN. En particulier, sur le volet naval, il a rappelé que la marine thaïlandaise est disposée à partager toute son expérience de l’organisation d’une revue navale avec la marine populaire vietnamienne, qui a déjà annoncé qu’elle organisera un tel événement début mai 2020 au large de Nha Trang.
Pour sa part, le général Giang a profité de cette visite pour partager avec l’amiral Luechai Ruddit ses préoccupations sur le sort des pêcheurs vietnamiens qui sont interceptés dans les eaux territoriales thaïlandaises. Il a concédé que certes ces pêcheurs n’ont pas à se livrer à la pêche illégale dans les eaux des pays voisins, mais appelé à un traitement humain de ces hommes poussés loin de leurs côtes pour traquer des ressources halieutiques qui se raréfient et éviter les prises à partie par les pêcheurs chinois et leurs bâtiments d’escorte, dont la violence donne régulièrement lieu à des accrochages qui se concluent parfois par le naufrage de chalutiers.
L’amiral Luechai Ruddi a bien pris acte de la demande vietnamienne, manifesté l’attachement de son pays au respect de la dignité humaine, mais bien précisé que les pêcheurs en infraction tombaient sous la coupe de la législation thaïlandaise. Une situation qui se reproduit aussi en Indonésie et en Malaisie, qui font de la lutte contre la pêche illégale l’une de leurs priorités.
Au bilan, alors que les commandants en chef de la marine thaïlandaise ne restent pas plus de deux ans en fonction, contrairement à la grande longévité des amiraux vietnamienne, cette visite s’inscrit donc dans la logique de renforcement des solidarités entre partenaires aséaniens, sur fond d’intérêts sécuritaires communs et sans profondes divergences de vues.

jeudi 20 juin 2019

Déplacement du général Nguyễn Chí Vịnh en Allemagne (10-15/06/2019)

Moins d’un mois après s’être déplacé à Bruxelles pour participer au sommet des chefs d’état-major de l’Union européenne (19 au 22 mai 2019), le général de corps d’armée Nguyễn Chí Vịnh, vice-ministre de la défense, chargé des relations internationales, s’est à nouveau rendu en Europe, du 10 au 15 juin, avec cette fois comme destination l’Allemagne.
A la tête d’une petite délégation dans laquelle l’on a pu noter la présence de l’incontournable «monsieur opérations de maintien de la paix (OMP) » du ministère vietnamien de la défense - le général de brigade Hoàng Kim Phụng, commandant le Département OMP / Centre vietnamien de préparation aux OMP (ci-dessous, deuxième depuis la droite) -, il a été accueilli par le secrétaire d’État à la défense, Peter Tauber (ci-dessus), avec lequel il a passé en revue les grandes thématiques relatives à la sécurité internationale, puis dressé le bilan du partenariat de défense entre Hanoi et Berlin. 
Un partenariat qui, à l’approche du quarante-cinquième anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre Hanoi et la république fédérale d’Allemagne (23 septembre 1975), semble en voie d’approfondissement, comme en atteste l’annonce par le général Vịnh de l’accord du ministère vietnamien de la défense pour l’ouverture d’un poste d’attaché de défense allemand permanent à Hanoi. En effet, depuis l’ouverture de missions de défense en 2003, le Viêt Nam dispose d’un attaché de défense résident en Allemagne tandis que l’attaché de défense allemand accrédité au Viêt Nam est basé en Thaïlande.
A l’heure où des pays peuvent être tentés de réduire, pour des considérations essentiellement financières, leur réseau d’attachés de défense et de multiplier les postes d’attachés de défense responsables de la coopération avec plusieurs pays - donc de fait incapables de concentrer leurs efforts sur leur seul pays de résidence - l’ouverture d’un tel poste par l’Allemagne au Viêt Nam doit être perçue, non comme un signe d’un engagement accru de l’Union européenne aux côtés de ce pays qui continue de placer l’effort sur la modernisation de son outil de défense, mais bien comme une volonté de la seule Allemagne d’occuper les vides créés par l’effritement de la présence d’autres nations. Ainsi, tandis que la France, qui continue de cultiver cette amitié avec son grand voisin d’outre-Rhin, communique à haute voix sur sa nouvelle stratégie indo-pacifique, Berlin monte discrètement en gamme dans cette région où son pragmatisme peut lui valoir une intéressante cote de confiance. Une belle étude de terrain et une marque d’audace que l’on peut saluer. 
Il reste donc à Berlin de transformer l’essai, ce qui devrait se traduire par la préparation de la signature d’un protocole d’accord sur la coopération en matière de défense - exercice qui offrira de beaux jours aux juristes allemands… - mais aussi par l’approfondissement des relations sur des thèmes d’intérêt commun entre Hanoi et Berlin, tels que l’acquisition par le Viêt Nam de compétences en matière d’OMP onusiennes, de formations en médecine militaire, des domaines dans lesquels l’expertise allemande n’est plus à démontrer. 
Sans surprise, la délégation vietnamienne a donc été reçue à Berlin au Zentrum für Internationale Friendenseinsätze (ZIF), le centre allemand de préparation aux OMP. A cette occasion, le général Vịnh a manifesté son intérêt pour la participation de troupes vietnamiennes à des missions européennes en Afrique
Un propos qui semble cohérent avec la participation, deux ans de suite, du général Vịnh au sommet des chefs d’état-major de l’Union européenne à Bruxelles, et qui pourrait laisser entrevoir de nouvelles pistes de partenariat, cette fois dans des opérations de formation (UE Training Missions) en Afrique (Mali et surtout république Centrafricaine, où quelques officiers vietnamiens sont insérés au sein de l’état-major de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique - MINUSCA). Une piste de réflexion, sur laquelle nul doute que l’Allemagne va se positionner, dans un premier temps en renforçant ses liens entre le ZIF et le DOMP vietnamien.

mardi 18 juin 2019

Crash mortel d'un avion d'entraînement de l'Ecole de l'air (14/06/2019)

Le 14 juin 2019 à 09h35, un Yak-52 de l’Ecole de l’air vietnamienne s’est écrasé sur le territoire de la commune de Suối Tân, dans le district de Cam Lâm (province de Khánh Hòa). 
L’appareil, qui portait l’immatriculation 09, appartenait au Régiment 920, unité basée à Cam Ranh et spécialisée dans l’apprentissage au vol sur avion à hélice (*). Il avait décollé à 09h10 avec à son bord l’élève-pilote - qui portait le grade de sergent - Đào Văn Long et le capitaine supérieur Lê Xuân Trường, son officier instructeur, pour un vol d’entraînement.
Au premier plan, l'avion qui s'est écrasé.
Aucun survivant. Le crash s’est produit dans une zone de cultures en terrasses près d’un lac de retenue d’eau. Le capitaine supérieur Trường est mort lors de l’impact au sol, tandis que l’élève-pilote Long, qui avait réussi à sauter en parachute avant que l’avion ne s’écrase puis s'embrase, est décédé lors de son transfert vers le poste de secours de la commune.
Les causes de ce crash ne sont pas officiellement connues. Si l’on prend en compte le fait que le sergent Long s’est éjecté, l’on ne peut exclure un incident technique. L’instructeur pourrait avoir décidé de rester seul aux commandes de l’appareil, dans un ultime geste qui prend désormais des couleurs d’acte héroïque. En effet, le général de brigade Bùi Tố Việt, commissaire politique adjoint de l’armée de l’air et de la défense sol-air, a annoncé que les premiers résultats de l’enquête sur les causes du crash avaient fait apparaître une défaillance du moteur alors que l’appareil terminait son vol d’entraînement.
C’est à nouveau toute l’armée de l’air vietnamienne qui est frappée par ce deuil, qui touche l’école de formation des jeunes pilotes.
Le capitaine supérieur Trường était né à Hanoi, il y a 35 ans, dans une famille de militaires (son père était conducteur dans l’armée de terre, et sa sœur aînée travaille comme civile de la défense à l’Ecole de l’air). Sa jeune épouse, Nguyễn Thị Hằng (28 ans), travaille comme civile de la défense au service de restauration du régiment 920. Elle aussi appartient à une famille de militaire - son père, le colonel Nguyễn Văn Tài, a été élève au sein de la première promotion formée à l’Ecole de l’air. Mme Hằngse retrouve désormais veuve avec deux fillettes (cinq ans et trois mois). So mari avait été formé sur Yak-52 et sur L-39, et comptait 1133 heures de vol. Pilote de troisième échelon, il allait franchir un palier au cours de l’année et accéder au 2nd échelon. En tant qu’instructeur, il avait participé à sept sessions de cours et avait formé 15 élèves pilotes sur Yak-52.
L’élève-pilote Đào Văn Long était lui aussi né Hanoi, il y a presque 21 ans. Célibataire, ce très jeune pilote ne totalisait que 15 heures de vol effectif - pour 46 décollages aux commandes d’un Yak-52. Il n’en était donc qu’au début de sa phase de qualification sur avion à hélice.
Comme c’est le cas à chaque fois qu’il y a mort en service commandé, les deux militaires ont été promus - le 16 juin, sur décision du ministre de la défense - au grade supérieur à titre posthume (commandant pour Lê Xuân Trường et sous-lieutenant pour Đào Văn Long), ce qui permettra notamment à leur famille de percevoir une modeste indemnité. Le commandant Trường a quant à lui été élevé au rang de pilote de second échelon.
Après une cérémonie d’hommage rendu par leurs camarades et leurs proches à Cam Ranh, les dépouilles des deux officiers ont été transférées à Hanoi, où leurs funérailles ont eu lieu le 17 juin. 

(*) Deux autres unités-écoles sont basées à Nha Trang : les régiments 910 (équipé de L-39) et 915 (spécialisé dans la formation au vol sur hélicoptère).
(**) Ce crash est le second de l’année, mais le premier mortel. Le 23 avril 2019, un Su-22 M4 du Régiment 921 s’était écrasé à l’atterrissage sur l’aéroport de Yên Bái (nord-ouest de Hanoi). Le pilote avait réussi à s’éjecter.

dimanche 16 juin 2019

Escale japonaise à Cam Ranh (14-17/06/2019)

A peine le groupe naval canadien disparu à l’horizon, c’est cette fois un imposant groupe naval japonais qui a accosté le 14 juin 2019 à la base internationale de Cam Ranh pour une escale de quatre jours.
Le destroyer porte-hélicoptères JS Izumo (DDH-183), fleuron de la marine nippone avec ses 284 mètres de long et 27 500 tonnes, revient à Cam Ranh où il avait fait escale en mai 2017 dans le cadre de la mission Pacific Partnership 2017. Pour l’occasion, l’Izumo est cette fois accompagné du JS Murasame (DD-101), destroyer de la classe Murasame (154 mètres de long, 17 mètres de large, déplacement de 6 000 tonnes).  
L’accueil de ces bâtiments de premier rang, aux imposantes dimensions, confirme à nouveau l’excellence des relations militaires entre Hanoi et Tokyo, mais aussi la capacité de la grande base en eau profonde à accueillir des navires de guerre majeurs en toute sécurité - et discrétion. La marine mais aussi les garde-côtes nippons sont coutumiers des escales au Viêt Nam, une tendance qui ne cesse d’être réaffirmée dans les entretiens entre hautes autorités militaires. 
En 2018, une frégate lance-missiles vietnamienne a quant à elle fait relâche au Japon, dans ce qui constituait un premier déploiement de la marine populaire jusque dans les eaux nipponnes. La frégate 015-Trần Hưng Đạo a ainsi été pionnière, avec deux escales à Yokosuka puis Sakai. Enfin, les marins vietnamiens et japonais se rencontrent de plus en plus régulièrement, en raison de la participation vietnamienne désormais régulière à de nombreux événements maritimes en Asie, depuis l’Inde jusqu’en Corée du sud. Ces occasions sont mises à profit par les marins vietnamiens - et notamment ceux de Cam Ranh, port-base de toutes les frégates vietnamiennes (brigade 162) - pour créer des liens, renforcer des synergies, et pour apprendre aux côtés de partenaires régionaux et des grandes puissances maritimes, afin non seulement d’acquérir des compétences opérationnelles mais aussi en matière d’organisation d’événements maritimes majeurs, à l’image de la revue navale que le Viêt Nam organisera en mai 2020 à Nha Trang, durant son année de présidence de l’ASEAN.
Ce sont donc plus de 600 marins qui ont été accueillis à Cam Ranh. Le contre-amiral Hiroshi Egawa, commandant la 1Flottille d’escorte, et les pachas des bâtiments ont été reçus par les autorités civiles et militaires de la province de Khanh Hoà et notamment par le commandement de la 4Région maritime.
Contrairement à l’importante opération de communication menée par les marins canadiens durant leur récente escale, les Japonais optent pour une posture discrète lors de leurs escales, même si leurs activités (visite de leurs bâtiments par les autorités locales, rencontres sportives, excursion touristique, échange d’expériences) sont similaires à celles offertes à la plupart des bâtiments qui font escale dans le pays. 
La passerelle de l'Izumo.
L’on y verra surtout une volonté de ne pas trop médiatiser des activités bilatérales qui pourraient être scrutées de près par la Chine et être considérées comme défavorable au fragile équilibre de la relation entre Hanoi et Pékin dans ces eaux très disputées de la mer de Chine méridionale.
Au bilan, cette escale est la dixième effectuée en 2019 au Viêt Nam, et la seconde de bâtiments japonais (du 06 au 09 mars, le groupe-école, composé des destroyers de la classe HatsuyizukiJDS Setoyuki etJDS Shimayuki, avait fait escale à Đà Nẵng / Tiên Sa). Six d’entre elles ont se sont déroulées à Cam Ranh, qui connaît bien cette année une fréquentation en hausse (six escales accueillies).

vendredi 14 juin 2019

Première escale canadienne à la base navale internationale de Cam Ranh (10-13/06/2019)

Du 10 au 13 juin 2019, un groupe naval de la marine canadienne, composé de la frégate de la classe Halifax NCSM Regina (FFH 334) et du bâtiment ravitailleur MV Asterix (NRU) ont fait escale à la base navale internationale de Cam Ranh. 
Cette escale est la première effectuée par la marine canadienne au sein de la grande base en eau profonde, qui cherche à devenir un hub pour les escales de bâtiments de guerre étrangers au Viêt Nam – un véritable défi car les marines qui fréquentent les eaux vietnamiennes apprécient de varier leurs destinations, d’une part pour des raisons d’influence et d’image (montrer le pavillon dans des ports différents offre une bien meilleure visibilité que plusieurs escales dans cette base très protégée et aux accès étroitement contrôlés), d’autre part pour remettre à jour leurs bases de données sur ces ports, enfin pour offrir aux équipages l’opportunité de découvrir des sites différents.
Ainsi, le MV Asterix - accompagné de la frégate de classe Halifax NSCM Calgary (FFH-335) - avait déjà fait escale au Viêt Nam, à Tiên Sa, le port militaire de Ðà Nẵng, du 26 au 30 septembre 2018
Le capitaine de frégate Jacob French, pacha de la frégate et commandant le déploiement (au centre ci-dessus), et le capitaine de corvette Vincent Pellerin, commandant du MV Asterix (à droite), ont été accueillis par les autorités civiles et militaires de la province de Khánh Hoà, et notamment les représentants de la 4Région maritime, en présence de Mme Deborah Paul, ambassadrice du Canada au Viêt Nam.
Réception à l'état-major de la 4e RM, puis par le vice-président du comité populaire de la province.
Respectant une coutume bien rôdée, les équipages (240 marins pour le Regina et 81 pour le MV Asterix) ont mis à profit l’escale pour apporter une belle pierre à l’édifice de la relation bilatérale avec le Viêt Nam en contribuant à améliorer les infrastructures d’un orphelinat tenu par des religieuses. Coups de peinture, spectacle musical et un don au nom de la fondation Boomer's Legacy laisseront une trace durable du passage des marins canadiens, qui ne se sont pas contentés d’une escale touristique et logistique.
Des entretiens avec des étudiants de la province de Khánh Hoà (ci-dessous) et une traditionnelle rencontre sportive avec les militaires de la base navale ont constitué d'autres jalons sur un programme empreint de convivialité, fort utile à la diffusion d'une image très positive du Canada auprès des populations et des autorités locales.
A gauche, Mme Deborah Paul, une ambassadrice bien présente aux côtés de ses militaires.
Le 13 juin, en reprenant la mer, les deux bâtiments ont effectué un exercice avec la frégate lance-missiles de classe Gepard 011- Đinh Tiên Hoàng (reconnaissable à son hangar pour hélicoptère modifié).
Au bilan, cette escale est la première - et probablement la seule - du Canada au Viêt Nam en 2019.

Sur les neuf escales effectuées depuis le début de l’année dans les ports vietnamiens, cinq (avec un total de dix bâtiments) ont déjà eu lieu à la base navale internationale de Cam Ranh, soit déjà plus que pour toute l’année 2018 (quatre, pour un total de huit bâtiments).







samedi 8 juin 2019

Le Viêt Nam fera son retour au Conseil de sécurité des Nations unies en 2020 (07/06/2019)

Le 07 juin 2019, le Viêt Nam a été élu membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU) pour l’exercice 2020-2021. Il succèdera au Koweit, qui siège depuis janvier 2018. La candidature vietnamienne, qui avait déjà été soutenue par le groupe des pays de la zone Asie et Pacifique siégeant à l’assemblée générale des Nations unies (AGNU), a obtenu une majorité des votes écrasante, digne d’un scrutin vietnamien : 192 des 193 membres de l’AGNU se sont en effet exprimés en faveur du retour du Viêt Nam au CSNU, douze ans après un premier mandat (2008-2009) qui scellait la réintégration du pays au sein des plus hautes instances de la communauté internationale.
Le vice-ministre des affaires étrangères Lê Hoài Trung (dte),
chef de la délégation vietnamienne à la session de l'AGNU.
Cette victoire, car c’en est une pour le régime de Hanoi, au moins vis-à-vis de son opinion nationale, permettra au Viêt Nam de bénéficier d’une année 2020 riche sur le plan diplomatique, avec en outre la présidence – pour un an – de l’ASEAN. Les dirigeants vietnamiens ne manqueront pas de trouver dans l’accession à ces hautes responsabilités un moyen de justifier la légitimité du régime communiste, qui sera engagé dans cette année dans les travaux terminaux de la préparation du treizième congrès national du Parti communiste vietnamien (PCVN), exercice méticuleux de passage au crible d’une mandature de cinq ans et d’identification d’une nouvelle génération de dirigeants, capable de prendre le relais en 2021 de celle qui, atteinte par sa limite d’âge d’exercice des hautes responsabilités, s’effacera du devant de la scène nationale.  
Ainsi, les médias vietnamiens se sont fait rapidement l’écho de la diffusion d’un message de félicitation attribué au secrétaire général du PCVN et président de la république Nguyễn Phú Trọng, dont l’absence depuis près de deux mois de la scène nationale et internationale ne cesse d’inquiéter sur son état de santé. Un message d’une quinzaine de lignes, dont on ne peut réellement confirmer qu’il émane bien du numéro un vietnamien, et au contenu très convenu, sans réelle personnalité hormis celle du régime de Hanoi : derrière la fierté de retrouver un siège de membre non-permanent au CSNU, l’on voit surtout le PCVN réaffirmer la justesse de sa ligne directrice, que ce soit sur la scène internationale mais aussi intérieure.

Il est cependant indéniable que l’engagement de Hanoi en faveur des Nations unies est une tendance lourde, qui s’est matérialisée militairement par la projection, en 2014, des premiers officiers vers deux théâtres d’opération de maintien de la paix (OMP), le Soudan du sud puis la république Centrafricaine. A ce jour, trente officiers y ont servi ou y servent encore dans des fonctions d’officiers d’état-major ou d’officiers de liaison. A ces officiers projetés individuellement s’ajoute depuis la fin octobre 2018 un premier contingent engagé groupé - le détachement du service de santé des armées qui a pris la responsabilité de l’hôpital militaire de campagne de Bentiu, au Soudan du sud.

Le général de corps d'armée Nguyễn Chí Vịnh, vice-ministre de la défense, chargé des relations internationales mais aussi président du comité chargé de superviser les travaux de montée en puissance de cette composante OMP du ministère de la défense, a salué le 07 juin, lors d’un colloque organisé à Hanoi pour célébrer le cinquième anniversaire de la projection du premier Vietnamien en OMP onusienne, l’ampleur du travail accompli par son ministère et par l’équipe du général de brigade Hoàng Kim Phụng, emblématique directeur du Département OMP / Centre national de préparation aux OMP. La concomitance entre cette réunion et le vote de l’AGNU en faveur du Viêt Nam est tout sauf fortuite, et donne à l’armée populaire vietnamienne toute sa légitimité dans cette victoire diplomatique.

En outre, le ministère de la défense n’hésite pas à se montrer volontariste quant au respect des grandes causes défendues par les Nations unies, et en particulier le souhait d’accroître la représentation féminine des troupes de maintien de la paix. Un objectif déjà atteint par le contingent vietnamien - dix femmes servent au sein du Rôle 2 de Bentiu, et leur nombre sera encore plus important dans le détachement qui se prépare à prendre la relève, fin 2019, du premier contingent déployé au sein de la Mission des Nations unies au Soudan du sud – MINUSS).
Enfin, le retour du Viêt Nam au CSNU sera certainement vu avec intérêt par la Russie et la Chine, qui peuvent compter sur leur proximité historique avec Hanoi pour faire pencher la voix vietnamienne du CSNU en leur faveur sur des dossiers sur lesquels ils auront à se prononcer.

samedi 1 juin 2019

Une frégate française en escale à Hồ Chí Minh-Ville (28/05 - 03/06/2019)

Le 28 mai 2019, la frégate de défense aérienne Forbin (D-620) a accosté au port de Hiệp Phước (Hồ Chí Minh-Ville), pour une escale de cinq jours. Cette frégate furtive, de classe Horizon, est en service depuis 2008. Elle est actuellement déployée au sein de l’escorte du porte-avions Charles de Gaulle dans le cadre de la mission Clémenceau. Le porte-avions est quant à lui en escale à Singapour, où il accueillera la ministre des armées, Mme Florence Parly, en marge du Shangri-La Dialogue, rendez-vous annuel des plus hautes autorités en charge des questions de sécurité et de défense pour la zone Asie-Pacifique.

Le Forbin, placé sous le commandement du capitaine de vaisseau (CV) Thomas Fraïoli, est le plus grand navire de guerre français (153 mètres de long pour 20 de large ; déplacement de plus de 7000 tonnes) à faire escale au Viêt Nam.

Le pacha du bâtiment a été accueilli par le capitaine de vaisseau supérieur Lê Nam Sơn (ci-dessus à gauche), l’un des adjoints au commandant de la brigade navale 125 (2Région maritime - RM), et les représentants du bureau des relations extérieures du ministères de la défense, de la 7eRégion militaire, du commandement militaire d’Hồ Chí Minh-Ville, et des autorités civiles de la grande métropole du Sud. Du côté français, le lieutenant-colonel Marc Razafindranaly, attaché de défense, a fait le déplacement depuis Hanoi et a accompagné M. Floréani, consul général de France à Hồ Chí Minh-Ville.
Dans un second temps, le CV Fraïoli et une délégation de l’équipage ont été reçus par le capitaine de vaisseau supérieur Huỳnh Vĩnh Tuyến (ci-dessous à droite), l’un des cinq adjoints du commandant en chef de la 2RM. Une réception par les autorités civiles a conclu ce volet protocolaire.
Un pacha qui fait sa propre communication (LinkedIn)

Tranchant quelque peu avec la médiatisation habituelle de ces rares escales, la communication sur la présence du Forbin à Hồ Chí Minh-Ville a été très réduite. Rares articles, un petit reportage vidéo sur l'arrivée du bâtiment (cliquez ici pour découvrir le charme de l'accent du sud), quelques clichés dans la presse locale, rien dans la communication de l’ambassade… Profil bas ou ambiance discrétion, l’on regrettera que la France, qui se veut une nation qui compte en Asie-Pacifique, adopte une image aussi furtive que cette frégate sur un écran radar, surtout pour une visite dite « d’amitié ». La concomitance de la présence à Hanoi du ministre chinois de la défense (en visite officielle du 27 au 29 mai) n’empêchait en rien de réserver à cette première escale du Forbin au Viêt Nam la couverture médiatique qu’elle méritait. 
Incontournable rencontre sportive internationale.
Au bilan, cette escale du Forbin est la vingt-deuxième d’un bâtiment français au Viêt Nam.
Pour 2019, il s’agit de la huitième escale dans les ports vietnamiens (avec un total de 13 bâtiments), et la seconde à Hồ Chí Minh-Ville.