samedi 22 février 2020

L'armée vietnamienne offre du matériel de prévention du coronavirus à l'APL chinoise (22/02/2020)

Il est des petits gestes qui entretiennent l’amitié. En ce début 2020, les tensions entre Hà Nội et Pékin relatives aux différends territoriaux en mer de Chine méridionale s’estompent quelque peu devant une triple réalité : la présidence vietnamienne de l’ASEAN, les enjeux que représentent pour le régime de Hà Nội les préparatifs du treizième Congrès national du Parti communiste vietnamien, et une actualité internationale sur laquelle plane la menace de pandémie de coronavirus (Covid-19), qui touche au premier plan la Chine.
Tout en prenant des mesures intérieures pour réduire les risques de propagation du virus sur son territoire, le Viêt Nam, jouant la carte de la solidarité internationale et régionale, affiche sa proximité avec son grand voisin. Ainsi, le 22 février 2020, un détachement du service de santé des armées a offert du matériel de lutte contre le Coronavirus à l’armée chinoise. Pour rehausser l’importance de cette action, qui s’est déroulée au poste frontière international de « l’Amitié », dans la province de Lạng Sơn, le général de brigade Nguyễn Xuân Kiên, directeur du service de santé des armées, s’est personnellement déplacé en compagnie de l’attaché de défense chinois au Viêt Nam pour remettre quelques caisses de matériel au service de santé de l’armée chinoise. Cette démarche s’est inscrite dans le prolongement d’une action similaire, menée deux jours plus tôt au poste frontière de Móng Cái par les autorités civiles de la province de Quảng Ninh. 
Plus que la nature du matériel offert, qui n’a d’ailleurs pas été divulguée, l’on retiendra l’aspect symbolique de cette action, ordonnée par le général de corps d’armée Nguyễn Chí Vịnh, vice-ministre de la défense, chargé des relations internationales. Par-delà une ampleur somme toute limitée, à l’image des quelques actions concrètes de coopération menées ponctuellement sur la frontière terrestre et maritime entre les deux pays (patrouilles conjointes de garde-frontière, patrouilles dans le golfe du Tonkin), cette touche de solidarité est une pierre blanche dans les échanges souvent fluctuants qui jalonnent la relation entre Hà Nội et Pékin. La dynamique semble bonne en ce début d’année, même si l’on ne saura effacer cette petite impression que les autorités vietnamiennes tentent d’acheter, à la hauteur de leurs moyens (plus humains que matériels) une pax diplomatica avec la Chine en cette année si importante pour le régime de Hà Nội, comme c’est le cas tous les cinq ans.

"Défendre la Patrie, une mission sacrée"! Appel du contingent 2020 (10 au 13/02/2020)

Du 10 au 13 février 2020, le ministère vietnamien de la défense a procédé à l’unique phase de conscription annuelle. Intervenant comme chaque année après les festivités du Tết, elles-même précédées du retour à la vie civile du contingent incorporé deux ans auparavant (depuis que le pays est revenu à un service militaire de deux ans, entré en vigueur le 01 janvier 2016), cette opération d’ampleur nationale a mis en avant l’important maillage territorial de l’armée, et notamment les commandements militaires des provinces, districts, et communes, ainsi que les sept régions militaires.
Cette étape clé de la vie de ces communautés territoriales, mais aussi pour les unités qui accueillent ces jeunes, a été très largement médiatisée, comme de rigueur dans ce pays dont le régime est passé maître en matière de campagne d’émulation : durant une semaine, une multitude de reportages, à tous niveaux (local jusque national), ont exalté dans la plus pure tradition patriotique cette véritable transfusion de sang neuf depuis le peuple jusqu’au sein de l’armée « populaire » vietnamienne - mais aussi vers des unités du ministère de la sécurité publique. 
Trà Vinh, 13 février 2020.
« Enthousiasme, élan national, ébullition dans chaque famille, district ou commune, fierté des jeunes recrues partant remplir leur mission de défense de la patrie », les propos élogieux n’ont pas manqué pour saluer la réussite de ces quatre journées de mobilisation. Comme de coutume, ces mots ont été accompagnés de fleurs, remises aux conscrits lors de leur passage de la symbolique « porte de gloire » (cổng vinh quang) par les autorités locales et parfois par les plus hautes autorités militaires du pays, qui avaient quitté leurs états-majors (*) pour aller au contact de ces jeunes forces vives de la nation dont beaucoup quittaient leur famille pour la première fois et pour longtemps (deux ans). Ponctuellement, les « heureux élus » se sont vu remettre un pécule pouvant atteindre 3 à 5 millions de đồng (150 €).
A Đà Nẵng (G), masque obligatoire pour tous.
A Hải Phòng (D), le contre-amiral Nguyễn Trọng Bình, jeune adjoint au chef de l'état-major général des armées, joue la carte de la confiance (11 février 2020).
Revers de la médaille, ces cérémonies ont certes réveillé tôt des centaines de localités dans l’ensemble du pays mais se sont toutes terminées très vite, comme si chaque organisateur, lui aussi sensible à ces messages d’émulation, voulait battre des records de vitesse : moins d’une demie-heure n’offre guère de temps pour de réelles festivités ni pour des adieux sereins, et les bus de l’armée n’attendent pas. Il est cependant aussi vrai que, dans bien des localités, les mesures de précaution face au risque de pandémie de coronavirus ont fonctionné à plein régime et n’ont pas encouragé les organisateurs à faire durer les effusions, surtout avec des participants arborant un masque sur le visage ! Les communes se sont donc rapidement vidées de cette jeunesse appelée, voire résignée, à faire son devoir de service des armes de la nation. En effet, cet « élan national » ne s’est pas caractérisé par une mobilisation de millions de jeunes, mais par une ponction locale, bien calibrée et préparée par les autorités de contact. L’immense vivier de candidats potentiels (que l’on peut estimer à près de 20 millions de jeunes hommes et femmes) produit un contingent très condensé, avec certainement de profondes inégalités, comme on peut en déduire en comparant les bilans du recrutement dans les deux grandes métropoles que sont Hà Nội et Hồ Chí Minh-Ville) et celui des autres provinces (**). 
Le GCA Phan Văn Giang à Bạc Liêu (13 février 2020)
Manuel d'instruction de défense et de sécurité,
classe de première.
Certes, l’on comprend aisément que les jeunes citadins sont plus à même de se sentir concernées par la seconde « mission sacrée » qui incombe à tout Vietnamien, à savoir contribuer à l’édification de la Patrie, laissant sans regret aux jeunes ruraux le soin d’être retenus pour participer à la défense de cette Patrie, durant 24 mois. Le système scolaire vietnamien ayant le grand mérite d’inculquer dès l’école primaire et surtout au collège et au lycée de solides connaissances sur le monde militaire (au travers notamment des programmes d’éducation de défense, incontournables au lycée et en université), c’est sans réelle surprise la masse des jeunes ayant quitté le système scolaire très tôt, essentiellement par manque de ressources et par nécessité familiale, qui constitue ce creuset dans lequel l’armée puise des forces pour compléter ses rangs déjà en bonne partie professionnalisés. L’on est ainsi bien dans un système largement inégalitaire, mais comment pourrait-il en être autrement, sur le simple plan comptable, avec une armée d’environ 350 000 hommes (et femmes) pour un pays de plus de 96 millions d’habitants. S’il est évident que l’armée ne peut s’offrir le luxe (si tant est que c’en soit un) d’incorporer d’immenses bataillons de recrues chaque année, les méthodes pour passer au travers du crible sont plus questionnables (corruption, influence, mais aussi cursus scolaire,…). « Selon que vous serez riche ou pauvre, vous échapperez à la conscription ou quitterez vos familles pour deux ans ! », un tel slogan entacherait d’une marque indélébile les « portes de gloire » dressées sur les places communales…
Désormais intégrés dans leurs unités d’accueil, ces jeunes recrues vont y apprendre les rudiments de la rude vie militaire. Si la grande majorité d’entre eux sera cantonnée à des fonctions élémentaires, certains, volontaires ou sélectionnés pour leurs aptitudes techniques, serviront des systèmes d’arme sophistiqués, pour lesquels leurs deux ans passés sous les drapeaux seront précieux. C’est enfin parmi eux que les cadres de l’armée pourront identifier des profils intéressants pour des carrières plus longues, tandis que les autres rejoindront, lors de leur retour à la vie civile, les structures des unités de réserve.
Combien de ces jeunes élèves effectueront leur service militaire
dans une quinzaine d'années?...
(*) Pour les observateurs avertis, cette période de conscription offre une occasion précieuse pour actualiser les connaissances sur la pyramide de commandement de l’armée vietnamienne. 
(**) Le culte de la discrétion (voire du secret) qui entoure ces questions de ressources humaines se traduit par une grande difficulté pour évaluer le nombre de soldats effectivement recrutés et leur profil. Aucun bilan officiel global n’est divulgué sur cet appel sous les drapeaux. Le long travail mené pour dresser ces bilans conduit pour sa part La Rue des Soldats à conserver la discrétion sur ses chiffres. 

mercredi 19 février 2020

Première escale en 2020: les Britanniques à Hải Phòng (19 au 25/02/2020)

Le 19 février 2020, le bâtiment océanographique et hydrographique britannique HMS Enterprise (H-88) a entamé une escale de six jours à Tân Vũ, le port militaire de Hải Phòng.
Ce bâtiment, de dimensions modestes (94 mètres de long, déplacement de 3 470 tonnes) et servi par un équipage de 72 marins, avait quitté son port-base de Portsmouth à l’été 2019 pour une campagne qui l’a déjà conduit jusqu’au Japon. 
Désormais en face de transit retour vers l’Angleterre, il a entamé ce qui est la seconde escale britannique au Viêt Nam en 18 mois, après celle effectuée à Hồ Chí Minh-Ville du 03 au 06 septembre 2018 par le bâtiment de transport de chalands de débarquement HMS Albion.
Si les autorités britanniques n’hésitent pas à communiquer sur leur attachement à la liberté de circulation maritime, notamment dans ces eaux si stratégiques de la mer de Chine méridionale, le but principal de la mission du HMS Enterprise est de procéder à des relevés hydrographiques qui alimenteront les bases de connaissances britanniques sur le Pacifique et les zones sillonnées.
L’ambassadeur Gareth Ward, accompagné de son nouvel attaché de défense - la colonelle Beatrix Walcot, en poste depuis octobre 2019 -, a comme à son habitude profité de l’événement pour se faire mettre en valeur par les médias (de son ambassade en premier lieu) et mettre en valeur l’expertise hydrographique de la Navy auprès des autorités locales. Le capitaine de frégate Cecil Ladislaus, pacha de l’Enterprise, a fait les honneurs de son bâtiment aux autorités civiles (comité populaire de Hải Phòng) et militaires (de la 1e Région maritime, de la 3e Région militaire, des garde-frontières) locales.
Dans un second temps, les autorités britanniques ont été reçues par le numéro deux du comité populaire de la ville et par le contre-amiral Trần Thanh Nghiêm, commandant en chef adjoint et chef de l’état-major de la marine).
Cette escale n’est que la première de l’année au Viêt Nam. Loin de n’attirer plus les bâtiments étrangers, le pays connaîtra un pic de fréquentation début mai, à l’occasion de la revue navale internationale que la marine populaire vietnamienne organisera pour célébrer le 65e anniversaire de sa création (07 mai). Le nombre d’escales autorisées par le Viêt Nam par pays et par an étant contingenté, il est probable que les ports vietnamiens, à l’exception de Cam Ranh, connaissent des périodes de grand calme en 2020. 

mercredi 12 février 2020

Le Singapore Airshow, étape incontournable pour les autorités militaires vietnamiennes (11/02/2020)

Les salons d’armement sont des événements incontournables de ce monde dont tous les dirigeants affirment, avec une conviction qui ne convainc que les marchands d’armes, vouloir apporter leur pierre à la paix internationale. L’Asie du sud-est n’échappe pas à la règle, comme en atteste ce premier grand rendez-vous de l’année qu’est le Singapore Airshow, qui fait tous les deux ans la part belle aux équipements des armées de l’air dans la région et bien au-delà.
En cette année de présidence vietnamienne des instances de l’ASEAN, c’est donc tout naturellement que le général de corps d’armée Nguyễn Chí Vịnh, vice-ministre de la défense, chargé des relations internationales, a fait le déplacement dans la cité-Etat à la tête d’une petite délégation dans laquelle l’on notait la première apparition de l’ex-commandant en chef de l’armée de l’air et de la défense anti-aérienne, le général de division Lê Huy Vịnh, dans son nouvel uniforme d’adjoint au chef de l’état-major général des armées.
Outre les incontournables entretiens protocolaires, durant lesquels les généraux Vịnh ont invité leurs interlocuteurs (le secrétaire permanent à la défense Chan Heng Kee et le secrétaire d'État à la défense Heng Chee How, ainsi que le général de corps d’armée Melvyn Ong, chef d’état-major des armées) à honorer de leur présence les différents rendez-vous de la diplomatie de défense aséanienne qui seront organisés en 2020 au Viêt Nam, la délégation a sillonné les allées du salon au sein duquel les plus grands groupes industriels sont représentés – au bémol de quelques groupes, chinois notamment, contraints de s’abstenir par mesure de prévention sanitaire en raison de la pandémie de coronavirus.
Le général Nguyễn Chí Vịnh, la colonelle supérieure Đỗ Mai Khanh, attachée de défense vietnamienne à Singapour, 
et l’ambassadrice du Viêt Nam à Singapour Tào Thị Thanh Hương.
Si la délégation vietnamienne a été largement photographiée devant le stand d’Airbus, avec notamment son fleuron d’appareil de transport qu’est l’A-400M, bien connu des militaires vietnamiens depuis l’étape hanoienne de la mission PEGASE menée par l’armée de l’air française du 26 au 29 août 2018, aucun indice d’un intérêt plus concret de l’armée de l’air vietnamienne pour ces matériels de haute technologie n’a filtré. Une longue tradition dans ce monde de l’industrie de défense, comme l’illustre l’annonce publiée le 29 janvier dans les médias russes, puis reprise par la presse spécialisée occidentale et en dernier lieu par les médias vietnamiens, de la signature « en 2019» d’un contrat d’achat de 12 chasseurs d’entraînement Yak-130 auprès de la Russie, estimé à 350 millions de dollars. Une annonce qu’aucune autorité du ministère de la défense vietnamien n’a encore confirmée, et qui ne le sera certainement que lorsque les premiers appareils viendront à être livrés par An-124 ou IL-76.
Concentration des moyens humains (délégation bicéphale, avec les deux généraux Vịnh), interactions avec les plus hautes autorités singapouriennes sur fond d’agenda aseanien, contacts avec des grands groupes internationaux, en toute discrétion mais devant les objectifs des médias nationaux, tous les ingrédients d’une mission réussie sont rassemblés. Il ne reste (surtout) plus qu’à voir se concrétiser cette nouvelle étape de la modernisation de l’armée de l’air vietnamienne, avec la livraison des premiers Yak-130.

Moscou, première destination de l'année pour le général Ngô Xuân Lịch (04-09/02/2020)

Comme son absence aux cérémonies du 90e anniversaire du Parti communiste vietnamien le laisser penser, le général d’armée Ngô Xuân Lịch, ministre de la défense, s’est absenté du pays durant une semaine pour se rendre en Russie, à la tête d’une importante délégation comprenant notamment les commandants en chef de la marine (vice-amiral Phạm Hoài Nam) et de l’armée de l’air et de la défense sol-air (le général de brigade aérienne Vũ Văn Kha, qui effectuait ainsi sa première visite à l’étranger, en Russie de surcroît, depuis sa prise de fonctions début janvier), et l’incontournable général de division Phạm Ngọc Hùng, directeur du Département général n°2, le puissant service de renseignement militaire. 
Le GBA Kha salue le général Shoigu; à sa gauche, le GDI Hùng.
Après un premier jour (04 février) placé sous le signe des entretiens à l’ambassade du Viêt Nam (ambassadeur, communauté vietnamienne, anciens combattants) et d'activités mémorielles, le ministre a été reçu par son homologue, le général d’armée Serguei Shoigu, avec lequel il a signé une déclaration d’intention sur la poursuite de la relation bilatérale de défense pour le quinquennat 2020-2025.
Dans un troisième temps, la délégation s'est rendue à Saint Petersburg, où elle a rencontré des vétérans de l'assistance soviétique à l'armée vietnamienne, et certainement loin de l'attention des médias, rencontré les marins vietnamiens en formation dans cette grande garnison de la marine russe. 
Au bilan, cette visite était incontournable pour de multiples raisons : les deux pays viennent de célébrer le 70e anniversaire de l’établissement de leurs relations diplomatiques, le régime de Hà Nội a soufflé sa 90e bougie, et les deux pays ont placé les années 2019 et 2020 sous le signe de l’amitié. 
Enfin, 2020 devrait se terminer par la visite du général Shoigu au Viêt Nam à l’occasion du 10e anniversaire de l’ASEAN Defense Ministerial Meeting Plus (ADMM+), dont les travaux se dérouleront du 01 au 04 novembre à Hà Nội, soit deux mois avant que le Parti communiste vietnamien ne renouvèle ses instances dirigeantes.
Les signes sont donc clairement montrés d’un ancrage fort entre Hà Nội et Moscou, en cette année charnière pour les instances dirigeantes vietnamiennes. Avec une armée dont la mission première est la défense du régime communiste, il est en effet important pour Hà Nội de rappeler, tant vers son opinion interne que vers les observateurs internationaux, que la relation entre « pays frères » ne s’altère pas après sept décennies. Le terrain est donc préparé pour une transition en souplesse entre générations dirigeantes vietnamiennes, dont l’acte réflexe est de faire le déplacement à Moscou autant que de besoin.


mardi 4 février 2020

Le couple Moscou-Hà Nội, une relation faite pour durer

A l’occasion du soixante-dixième anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre le Viêt Nam et la Russie (ex-Union soviétique), le 30 janvier (1950-2020), le capitaine de vaisseau supérieur (CVS) Roman Boitsov, attaché de défense russe à Hà Nội, a été longuement interviewé par les médias vietnamiens.

Dans un exercice similaire à celui auquel avaient été conviés plusieurs attachés de défense occidentaux à l’occasion du soixante-quinzième anniversaire de la fondation de l’armée populaire vietnamienne (22 décembre 2019), mais avec plus d’emphase en raison des liens historiques qui unissent ces «armées-sœurs », bras armés des partis communistes au pouvoir dans les deux pays, le CVS Boitsov a mis en valeur quelques événements-clés de l’année écoulée : 
-   Des rencontres entre hautes autorités : deux déplacements à Moscou du général de corps d’armée Phan Văn Giang, chef de l’état-major général des armées (avril et août) ; les visites croisées des directeurs des Départements généraux Politique des ministères de la défense (en juin pour le général d’armée Lương Cường, et en octobre pour le général de corps d’armée Kartapolov), et la cinquième édition du Dialogue stratégique de défense Viêt Nam - Russie, en décembre à Nha Trang. 
Pour marquer d’un signe fort le début de cette année 2020 (mais aussi année lunaire Canh Tý), le général d’armée Ngô Xuân Lịch, ministre de la défense, a entamé le 03 février ce qui sera probablement sa dernière visite officielle de son mandat en Russie (03 au 09 février), ce qui a excusé son absence remarquée des célébrations du quatre-vingt-dixième anniversaire de la fondation du Parti communiste (03 février), à Hà Nội. 
-     Sans entrer dans le détail - forcément confidentiel - des activités de coopération, le CVS Boitsov s’est limité à en citer un nombre - 50 en 2019 -, un volume relativement modeste sur le plan comptable mais qui masque la profondeur de la relation entre Moscou et Hanoi. Ainsi, l’attaché de défense a rappelé deux événements-phares de l’année écoulée :
     - Le premier est la participation, du 03 au 17 août, de l’armée vietnamienne aux Army Games et notamment au Tank Biathlon, durant lequel les tankistes vietnamiens ont montré de remarquables progrès par rapport à leur première - et médiocre - performance en 2018. Des résultats qui suggèrent que les tankistes sélectionnés pour représenter leur pays appartiennent à l’unité qui a été équipée des premiers ­T-90, livrés par la Russie fin 2018 et au tout début 2019. La preuve que l’entraînement porte ses fruits, au moins sur le champ de bataille de ces olympiades de l’amitié russe ! A cet égard, le CVS Boitsov a invité le ministère vietnamien de la défense à rejoindre le corpus de pays volontaires pour accueillir une épreuve des Army Games 2020, du 23 août au 05 septembre. La proposition pourrait être saisie par les Vietnamiens, avec cependant comme bémol la difficulté d’accueillir une épreuve de ce redoutable challenge à une période de l’année très dure sur le plan du climat. Elle atteste en revanche de la crédibilité dont bénéficie l’armée vietnamienne dans le concert des nations alliées de Moscou, et de la volonté russe de pousser son rayonnement, derrière celui de « ses » olympiades terrestres, jusque sur les bords de la mer de Chine méridionale. 
     - Le second événement mis en exergue est la première escale effectuée dans un port russe par un bâtiment de la marine populaire, en l’occurrence la frégate de classe Gepard­ 016 - Quang Trung, qui a participé le 28 juillet au rassemblement naval organisé à Vladivostock en l’honneur du 323e anniversaire de la marine russe. Cette escale, la plus au nord jamais effectuée par un bâtiment vietnamien dans l’océan Pacifique, a confirmé la capacité des équipages des quatre frégates à se lancer dans des déploiements loin de leur base de Cam Ranh.
L’attaché de défense a évoqué une soixantaine d’activités de coopération pour l’année 2020, là aussi un chiffre difficile à confirmer. 

Pour autant, les fondations de la relation bilatérale demeurent solides : la Russie demeure LE partenaire de Hà Nội, sans réel challenger. A un an du treizième Congrès national du Parti communiste vietnamien, cette situation va se poursuivre, Hà Nội n’ayant pas pour coutume de modifier un partenariat avec un pays-« frère » dans un tel contexte, où le Parti resserre ses rangs autour de l’idéologie et du dogme. 
Ainsi, les annonces, fin janvier 2020 par la presse russe, de la signature fin 2019 d’un contrat d’achat de 12 avions d’entraînement Yak-130, confirment à nouveau la relation spéciale qui lie l’armée vietnamienne, dans toutes ses composantes, à l’industrie de défense russe et aux formations afférentes à ces équipements. De même, le fait que le général Lịch effectue, à la tête d’une importante délégation, son premier déplacement de l’année 2020 à Moscou illustre parfaitement cette tendance : pérenniser la relation de confiance, présenter certains officiers récemment promus dans le très haut état-major au « grand frère » russe, afin que des liens personnels se créent dès le début de cette année durant laquelle se mettra en place la nouvelle équipe amenée à prendre les rênes de la défense vietnamienne pour cinq ans, au début 2021.
La direction est donnée, vers Moscou en ce début d'année. Viendra dans un second temps l'heure de faire un voyage similaire, à Pékin, dès lors l'esquisse de la nouvelle équipe dirigeante du ministère de la défense et du haut état-major aura été bien mûrie.