vendredi 28 octobre 2016

Visite de délégations américaines à Hanoi

Cette fin octobre semble propice aux visites officielles au Viêt Nam, notamment depuis les Etats-Unis.
Ainsi, le 26 octobre, le général de division Phan Văn Giang, chef d’état-major général des armées, a accueilli l’amiral Harry B. Harris, commandant les forces américaines dans le Pacifique (USPACOM). En l’absence de nombreux responsables du ministère de la défense, dont le général Ngô Xuân Lịch, en visite à Kuala Lumpur, il s’est agi de la première prise de contact direct entre les deux hommes. Ces derniers ont échangé sur le plan de coopération bilatéral, marqué notamment par l’accueil régulier à Hawaii de délégations vietnamiennes et par le pilotage par PACOM des campagnes d’assistance humanitaires Pacific Angel, qui visent régulièrement le Viêt Nam.
Dix jours auparavant (17 octobre), une autre délégation américaine, dirigée par Mme Cara Abercrombie, adjointe au sous-secrétaire d’Etat à la défense chargé de l’Asie du sud et du sud-est, avait été reçue à Hanoi, cette fois par le général de corps d’armée Nguyễn Chí Vịnh, vice-ministre de la défense, chargé des relations extérieures, à l’occasion du septième dialogue bilatéral de défense.
Une session qui a dressé un bilan positif de la coopération de défense, essentiellement au profit du Viêt Nam. Ainsi, le général Vịnh s’est montré très satisfait du soutien américain en matière de dépollution de sites toujours marqués par les conséquences de la guerre. En particulier, les travaux de réhabilitation de terrains près de l’aéroport de Đà Nẵng sont entrés dans une nouvelle phase (inaugurée le 18 octobre en présence de l’ambassadeur Ted Osius - cf. ci-dessous), témoins de l’aide efficace apportée par l’ennemi d’autrefois.
Une assistance qui se veut multiforme, et collant au mieux aux aspirations du partenaire vietnamien (formations en matière d’opérations de maintien de la paix, formations aux secours en mer, médecine militaire, etc.). A la fin de leur journée de travail, les membres de la délégation américaine avaient été brièvement reçus par le général Lịch.

Ces visites maintiennent le contact entre partenaires qui, malgré les déclarations du président Obama (22 mai) sur la levée de l’embargo sur les armes létales, ne semblent pas avoir élevé en quelques mois le niveau de leur coopération. Une situation qui résulte certainement dans la difficulté pour Hanoi de s’offrir le coûteux matériel américain, sa volonté de ne pas se lier trop étroitement à une technologie trop occidentale, mais aussi dans la personnalité du général Lịch, d’abord plus difficile d’accès que son prédécesseur.

jeudi 27 octobre 2016

Premier déplacement du général Ngô Xuân Lịch en Malaisie

Du 25 au 27 octobre 2016, le général d’armée Ngô Xuân Lịch, ministre vietnamien de la défense, a effectué sa première visite officielle en Malaisie. Accompagné d’une très importante délégation, dans laquelle figuraient plusieurs vice-ministres et membres de l’état-major général des armées, il a été accueilli par son homologue, M. Hishammuddin Hussein (ci-dessus), puis reçu par le premier ministre Najib Tun Razak (ci-dessous).
Les discussions ont confirmé les grandes orientations de la diplomatie de défense vietnamienne, avec une priorité sur le renforcement des relations bilatérales avec les pays riverains de la mer de Chine méridionale, visant à garantir un environnement stable, propice au développement des activités économiques. Si ce déplacement de trois jours n’a pas donné lieu à de grandes déclarations, il confirme néanmoins l’effort que le général Lịch place sur le renforcement des relations avec les partenaires aséaniens de l’armée vietnamienne. Des partenaires qu’il sera amené à retrouver dans le cénacle plus élargi de l’ADMM, lors de réunions dans lesquelles il devrait notamment escompter compter recueillir les fruits de ses entretiens bilatéraux pour gagner le soutien de ses homologues sur des questions sensibles, telle que la prévention des provocations chinoises en mer de Chine méridionale (certes en baisse ces derniers temps).
Photo souvenir à la base aérienne de Subang, devant l'un des trois A-400M
de l'armée de l'air malaisienne

lundi 24 octobre 2016

Escale (garde-côtes) indienne à Đà Nẵng (23 - 27 octobre 2016)

Le 23 octobre 2016 en début de matinée, l’INS Samrat (CG-47), bâtiment indien des gardes-côtes, a entamé une escale de 4 jours à Tiên Sa, le port militaire de Đà Nẵng. Ce bâtiment effectue sa seconde escale au Viêt Nam (*). En effet, en décembre 2012, il avait déjà fait relâche à Hô Chi Minh-Ville. Jusqu’au 27 octobre, son équipage de 120 hommes participera à des activités de cohésion avec les autorités civiles et militaires de la grande ville du Centre (siège de l’état-major de la 3e Région maritime, de la 5e Région militaire et d’un Commandement de la police maritime) ainsi qu’à un exercice de sauvetage en mer.
Accueil du capitaine de vaisseau DS Saini, pacha du Samrat
Caractéristiques générales : longueur : 105m ; largeur : 13 m ; déplacement : 2 300 tonnes ; emport d’un hélicoptère Chetak.
(*) La précédente escale d’un bâtiment indien à Tiên Sa avait eu lieu en septembre 2015 (destroyer INS Sahyadri).

Première escale chinoise à Cam Ranh (22 au 26 octobre 2016)

Le général de corps d’armée Nguyễn Chí Vịnh avait lancé, le 30 mars dernier, l’invitation à la marine chinoise d’effectuer une escale dans la base internationale de Cam Ranh. Ces mots, prononcés quelques semaines après un Congrès national du Parti communiste vietnamien qui avait vu l’investiture surprise d’une équipe dirigeante au profil pro-chinois, toujours placée sous la houlette du secrétaire général Nguyễn Phú Trọng, sonnaient déjà comme un signe précurseur d’une fin de deux années de tensions entre les deux voisins, riverains de la très contestée mer de « l’Est ».

Alors que plusieurs marines qui transitent dans ces eaux ont déjà mouillé dans la rade de Cam Ranh, ce sont cette fois trois bâtiments battant pavillon chinois qui y sont accueillis, du 22 au 26 octobre, pour une visite riche en symboles : première escale chinoise dans la grande rade, premier task group aussi important à y être accueilli (trois bâtiments et quelque 750 marins), et frémissements d’un renversement de la donne en mer de Chine méridionale avec un président philippin – Rodrigo Duterte – qui semble tourner le dos à l’allié – américain - de toujours et, contre toute attente, se prendre d’intérêt pour une relation nouvelle avec Pékin – et ce malgré le rendu du tribunal arbitral permanent sur la plainte déposée en 2012 par Manille contre l’accaparement chinois de près de 80 % de la mer de Chine méridionale (12 juillet 2016).  
 
Les frégates Xiang Tan (531) et Zhou Shan (529), ainsi que le ravitailleur Chao Hu (890), formant la 23e task force d’escorte, achèvent un déploiement opérationnel qui les a menés dans le golfe d’Aden où ils ont participé à la sécurisation des flux maritimes face à la menace posée par la piraterie locale. Le capitaine de vaisseau supérieur Wang Hongli, adjoint au commandant de la flotte de l’Est, a été accueilli par les autorités de la 4e région maritime, devant la presse et, pour l’occasion et - toujours - le symbole, un petit groupe de porteurs de drapeaux aux couleurs d’une amitié vietnamo-chinoise qui doit reprendre des couleurs.

Peu d’images et de déclarations cependant, pour une escale somme toute annoncée tardivement (pour ne pas irriter une opinion publique toujours marquée par les images des navires de pêche vietnamiens régulièrement harcelés sur leurs zones d’activités par les pêcheurs chinois, ainsi que par les provocations chinoises en mer de « l’Est » ?) et qui n’a pas donné lieu à un important déplacement d’autorités de premier plan.

L’on y verra surtout une volonté de Hanoi de ne pas exagérer l’importance de cette escale, et de la placer au même rang que celles conduites par les autres marines qui ont eu accès à Cam Ranh depuis le début de l’année. Pour sceller ce léger réchauffement, l’on sera donc tout particulièrement attentif au prochain déploiement des frégates vietnamiennes, fleurons de la marine populaire. Une campagne qui les mènerait jusque sur les côtes chinoises pourrait être un indicateur plus lourd de la restauration d’un niveau de confiance proche de celui qui était en vigueur au début 2014.

samedi 22 octobre 2016

Entrée en service du patrouilleur de haute mer de la police maritime CSB 8004

Moins d’un mois après l’admission au service du patrouilleur de haute mer de la police maritime CSB 8005 (25 septembre 2016 à Đà Nẵng), le CSB 8004, le troisième bâtiment de la classe DN 2000 construit au Viêt Nam en partenariat avec les chantiers navals néerlandais Damen, a été à son tour livré à la police maritime lors d’une cérémonie organisée à Hải Phòng dans les chantiers navals Hồng Hà / chantiers navals Z-189 (Département général des industries de défense), chargés de sa construction.

La cérémonie a été présidée par le général de brigade Nguyễn Quang Đạm, commandant en chef de la police maritime, qui s’est vu remettre la « clé » du bâtiment par le directeur des chantiers navals.
Le bâtiment avait été mis à l’eau le 27 novembre 2015, un an après la pose de sa quille (22 novembre 2014). Le 16 septembre dernier, il avait été aperçu au large de Hải Phòng, engagé dans un premier exercice d’appontage d’un hélicoptère (un EC-155 B1 Dauphin de la compagnie Viêt Nam Helicopters-Nord) sur son pont arrière - premier exercice de cette ampleur jamais observé sur un tel patrouilleur. Il a désormais rejoint la 1e région de police maritime (état-major à Hải Phòng).

Avec désormais quatre bâtiments de cette classe, disposant – au moins théoriquement – de cette capacité d’allonge que confère l’embarquement d’un hélicoptère, la police maritime confirme sa modernisation et affirme ses capacités de projection en mer de « l’Est », au plus près des flottilles de pêcheurs qu’elle peut être amenée à secourir en cas de condition de mer difficile voire à soutenir en cas de prise à partie par les pêcheurs et/ou les agences maritimes chinoises.

Funérailles officielles des officiers décédés dans le crash de leur hélicoptère le 18 octobre

Les funérailles des trois officiers décédés dans le crash de leur EC-130 T2 le 18 octobre ont donné lieu à un nouvel élan de sympathie, images déjà trop souvent vues depuis près de deux ans. Le 21 octobre, les obsèques officielles du commandant Dương Lê Minh et des capitaines Đặng Đình Duy et Nguyễn Văn Tùng se sont déroulées au funérarium d’Hồ Chí Minh-Ville, en présence des autorités civiles et militaires locales, de leurs familles et de nombreux proches.
Témoignage de cette solidarité dans la douleur, l'épouse du lieutenant-colonel Lê Văn Nghĩa,
mort aux commandes de son Su-22 le 16 avril 2015, était présente avec ses enfants
Outre leur promotion au grade supérieur, les trois officiers ont été décorés à titre posthume et se sont vus décerner le titre de « martyr », qui accentue l’hommage de la nation à ces hommes morts dans l’exercice de leur mission.
Hommage du général de brigade Hà Tiến Dũng, commandant l'Unité 18 (VNH-South)
A l’issue, les corps ont été tranférés vers les lieux d’ancrage des familles des défunts (Khánh Hoà, Hà Nam et Thanh Hoá), où ils reposeront dans les cimetières militaires locaux.

Depuis 2014, il s'agit du quatrième accident d'hélicoptère:
- Le 07 juillet 2014, un Mi-171, appartenant au régiment 916 de l’armée de l’air (division 371), s’était écrasé près de Hanoi alors qu’il participait à une séance de sauts d’entraînement au profit de parachutistes (une vingtaine de tués).
- Le 28 janvier 2015, un UH-I Iroquois (immatriculation 7912) appartenant lui aussi au régiment d’hélicoptères 917, s’était s’est écrasé près de Hô Chi Minh-Ville. Les quatre membres d’équipage, dont le chef de la division des vols du régiment 917, avaient trouvé la mort.
 - Le 26 mars 2015, un Mi-8 (immatriculation 7850) du régiment 917 (division 370) s'était écrasé à l'atterrissage sur l’aéroport militaire de l’île de Phú Quý (province de Bình Thuận) - pas de victime.

jeudi 20 octobre 2016

Découverte de l'hélicoptère accidenté près de Vũng Tàu

Le 19 octobre 2016 en fin de matinée, les équipes de recherche de l’hélicoptère EC-130 T2 numéro 8632 qui s'était écrasé la veille dans la région du mont Bao Quan, dans le district de Tân Thành, près de Vũng Tàu, ont retrouvé l’épave de l’appareil et les corps des trois officiers qui effectuaient une mission d’entraînement.
Le même jour, le général de brigade Hà Tiến Dũng, commandant l’Unité 18 (structure militaire correspondant à la Compagnie Vietnam Helicopters South) a signé la Décision 832/QĐT-IG, qui promeut au grade supérieur les trois officiers décédés (*).

Les funérailles du commandant Dương Lê Minh et des capitaines Đặng Đình Duy et Nguyễn Văn Tùng auront lieu le 21 octobre au funérarium du ministère de la défense à Hồ Chí Minh-Ville.

(*) Ces promotions à titre posthume des militaires décédés en service sont désormais systématiques. Elles permettent notamment aux familles des victimes de bénéficier d’un soutien matériel de l’Etat.

Escale canadienne à Hô Chi Minh-Ville

Le 18 octobre 2016, la frégate de la classe Halifax HMCS Vancouver (FFH-331) a entamé une escale de quatre jours à Hô Chi Minh-Ville. Le bâtiment avait quitté son port-base d’Esquimalt le 13 juin dernier pour un déploiement de plusieurs mois en Asie-Pacifique.
Du 26 juin au 04 août, il a participé à l’exercice RIMPAC 2016, organisé par les Etats-Unis entre la Californie et Hawaii. Poursuivant son déploiement dans le cadre de sa mission Westploy 2016, axée sur l’établissement de partenariats avec les nations de la région Asie-Pacifique, il a participé du 12 au 24 septembre à l’exercice Kakadu, au large de l’Australie, puis fait route jusqu’à Jakarta (Indonésie), et Hô Chi Minh-Ville, étape la plus lointaine de sa campagne.
Le 21 octobre, il entamera son transit retour vers le Canada, jalonné par deux autres escales, à Brisbane (Australie) et Auckland (Nouvelle-Zélande).

mardi 18 octobre 2016

Les attachés de défense, au pas de tir !

Le 18 octobre 2016, les attachés de défense accrédités à Hanoi ont été conviés à un challenge de tir au pistolet organisé par le Département des relations extérieures (DRE) du ministère de la défense. Une activité que les militaires vietnamiens avaient placée, avec un peu d’avance, dans le cadre du 72e anniversaire des forces armées populaires (22 décembre), et qui se voulait mixte : 18 attachés de défense ou attachés militaires, représentant 12 pays (*), ont été associés à 27 Vietnamiens, membres du DRE et du Centre national de formation aux opérations de maintien de la paix. Les équipes, composées de trois Vietnamiens et de deux tireurs étrangers, se sont affrontées dans des tirs de rapidité (dix cartouches par tireur).
 
Par-delà la victoire, l’événement a été l’occasion pour les participants de fouler les installations du champ de tir national de Miếu Môn, près de la capitale, déjà utilisé pour les compétitions internationales, et de tester le K-54, pistolet de dotation dans l’armée hôte.
 
(*) Australie, Birmanie, Cambodge, Corée du nord, Cuba, Etats-Unis, France, Inde, Laos, Malaisie, Pologne, Russie.

Crash d'un hélicoptère EC-130 dans le sud du Viêt Nam

L’année noire se poursuit pour l’armée de l’air vietnamienne. Le 18 octobre 2016 vers 08 heures, un hélicoptère EC-130 T2 de l’antenne Sud de la Compagnie nationale des hélicoptères (Vietnam Helicopters-South) s’est écrasé lors d’un vol d’entraînement, à une vingtaine de kilomètres de Vũng Tàu, siège du centre d’entraînement de la compagnie, d’où il avait décollé 20 minutes plus tôt.
 
Cet appareil, immatriculé 8632 (cf. cliché ci-dessus), effectuait un vol d’entraînement avec trois officiers à bord (un instructeur et deux élèves-pilotes (*)). Evoluant dans une zone légèrement montagneuse et à l’important couvert végétal, l’appareil a probablement été victime d’une erreur de pilotage voire de mauvaises conditions météorologiques.

L’hypothèse d’un défaut d’entretien est peu probable. Cet hélicoptère polyvalent, pouvant transporter sept personnes, avait en effet été livré le 12 mars 2015 par Eurocopter à VNH-S. Cette compagnie, spécialisée dans des missions de formation, mais aussi dans les missions de liaison dans une région très dynamique, à la croisée entre la grande métropole Hô Chi Minh-Ville et les champs pétrolifères et gaziers de la mer de Chine méridionale, est réputée pour la haute qualification de ses pilotes et équipements (**).
Les recherches de l’appareil, menées par les hommes de la 7e Région militaire et supervisées par le général de corps d’armée Võ Văn Tuấn, adjoint au chef d’état-major général des armées, ont été interrompues par la tombée de la nuit.

(*) L’instructeur est le capitaine supérieur Dương Lê Minh (à gauche ci-dessous). Le 29 avril 2005, son père, le colonel Dương Văn Thanh, alors commandant en chef adjoint du régiment 910 de l’armée de l’air, s’était tué lors d’un vol d’entraînement aux commandes de son L-39 (numéro 8732).
 
Les deux élèves-pilotes sont les lieutenants:
- Đặng Đình Duy (au centre ci-dessus - né en 1991 dans la province de Hà Nam);
 
Nguyễn Văn Tùng (à droite ci-dessus - originaire de Thanh Hóa, il est lui aussi âgé de 25 ans. Marié, il est père d’un garçon).

(**) VNH est aussi identifiée par le ministère de la défense sous la dénomination de brigade 18.

mardi 11 octobre 2016

Fin de construction des deux derniers Su-30MK2 pour l'armée de l'air vietnamienne

Le 08 octobre 2016, la presse russe s’est fait l’écho de la fin de la construction des deux derniers chasseurs multirôles Su-30 MK2 d’un lot de 12 appareils, commandé par l’armée de l’air vietnamienne en août 2013 pour quelque 600 millions de dollars.
Ces avions, devant lesquels ont posé les ingénieurs et techniciens des usines Gagarin (KNAAPO) de Komsomolsk-sur-l’Amour, portent les immatriculations 8593 et 8594 (numéros de série 88624 et 88625). Ils sont les derniers Su-30 MK2 à être produits par les usines Gagarin, qui doit désormais se focaliser sur la production des Su-35.
 
Toujours selon la presse russe, les deux appareils devraient être livrés avant la fin du mois. Leur acheminement s’effectuera très probablement par un An-124-100 M de la compagnie Volga-Dnepr, comme pour les précédentes livraisons.
 
Au bilan, sur la centaine de Su-30 MK2 produite par la firme russe depuis 1999, 37 l’auront été pour le Viêt Nam, soit la flotte la plus importante exportée (devant la Chine - 25 avions). Sur ce nombre, seuls 36 auront été effectivement livrés. En effet, en février 2012, un appareil (numéro de série 87722) avait été endommagé lors d’un vol d’essai en Russie, et n’avait donc pas été livré.
 
De 2004 à 2012, le Viêt Nam a passé trois commandes pour un total de 24 appareils (immatriculations 8531 à 8542 et 8571 à 8582). En août 2013, Hanoi a signé un dernier contrat portant sur 12 appareils. Ceux-ci ont été livrés en plusieurs lots : 8583 à 8586 à la fin 2014 ; 8587 et 8588 en août 2015, 8589 et 8590 fin décembre 2015, et 8591 et 8592 en février 2016. Le 14 juin dernier, l’un de ces appareils (numéro 8585) s'était crashé en mer, au large de Vinh, lors d’un vol d’entraînement. L’un des deux membres d’équipage était mort dans l’accident.
 
Le parc de Su-30 MK2 s’élèvera donc, avec la livraison du dernier lot, à 35 appareils, implantés sur trois bases aériennes : la première dans le sud du pays (régiment 935 à Biên Hòa, province de Đồng Nai), et les deux autres dans le nord (régiment 923 implanté à Thọ Xuân, province de Thanh Hóa ; régiment 927 basé à Kép, province de Bắc Giang). Ces deux derniers appareils rejoindront très vraisemblablement Kép, dont les infrastructures sont en cours de modernisation.

samedi 8 octobre 2016

Un discrète mais très médiatisée escale américaine à Cam Ranh

Equipage de l'USS Franck Cable à l'accostage
Le 02 octobre 2016, une journée après avoir quitté Đà Nẵng, le destroyer lance-missiles USS John S. Mc Cain (DDG-56) a fait escale dans la base navale de Cam Ranh. Le bâtiment, qui avait fait escale quatre jours dans le grand port du Centre, d’où il avait participé à des interactions avec la marine populaire, a été rejoint pour l’occasion par le bâtiment ravitailleur de sous-marins USS Franck Cable (AS-40), au terme d’une traversée de la mer de Chine méridionale en provenance de la base navale philippine de Subic.
L'USS John S. McCain
L’information, brièvement annoncée le 03 octobre par le département d’Etat américain, a aussitôt donné lieu à un emballage médiatique, les agences de presse non-vietnamiennes ne tarissant pas de dithyrambes sur « le retour américain à Cam Ranh », « la première escale américaine à Cam Ranh depuis deux décennies », etc., allant jusqu’à qualifier cette escale de conséquence directe de l’annonce, tout aussi médiatisée, du président Obama, sur la « levée totale de l’embargo sur les armes létales » (mai 2016, depuis Hanoi). En écho et plus sobrement, la presse vietnamienne a - comme souvent - publié de nombreux articles, basés sur des traductions de ceux des agences internationales. Et au bilan, après que tant d’encre a coulé, l’on est toujours sans information réelle sur les motifs de cette escale. En particulier, les autorités militaires vietnamiennes, fidèles à leur culte du devoir de réserve, n’ont pas accordé d’interview, laissant ainsi sur leur faim les impatients et les convaincus que la donne avait subitement changé en mer de Chine méridionale.

Seule voix plus concrète (peut-être trop concrète ?) dans cet abîme de suppositions, celle de la consule générale américaine à Hô Chi Minh-Ville, Mme Mary Tarnokwa, qui dès le 03 octobre publiait sur son compte Facebook quatre photos de cette escale, et confirmait que la présence des deux bâtiments à Cam Ranh s’inscrivait dans la conclusion de cette semaine d’activités navales conjointes (Naval Engagement Activity) dans les eaux de la 3e région maritime. Tout suggère que, à l’image des droits d’accès à la rade de Cam Ranh dont bénéficie la marine américaine en cas d’impératif technique (autorisation de relâche pour réparation) – tout comme tout bâtiment confronté à un incident technique important.

Le sentiment qui prévaut est que certes la Navy a retrouvé un droit d’accès lors à Cam Ranh lors d’un déploiement opérationnel, mais pas plus ni moins que les autres marines croisant dans la région. Depuis son inauguration, en mars dernier, la « base internationale de Cam Ranh » a ainsi accueilli des bâtiments singapourien, japonais (deux fois), français, et russe. Rien d’étonnant à ce que la marine américaine y soit accueillie, sur un pied d’égalité avec les autres marines. L’on conservera aussi à l’esprit que le général de corps d’armée Nguyễn Chí Vịnh, vice-ministre de la défense, chargé des relations internationales, a aussi invité (30 mars 2016) la marine chinoise à faire relâche à Cam Ranh.

Ainsi, loin de valoir un tel buzz médiatique – qui a tout aussi rapidement cessé, faute de matière - cet événement confirme plutôt d’ambition vietnamienne de faire de Cam Ranh le principal port d’accueil des marines partenaires.

mardi 4 octobre 2016

La Russie toujours au chevet d'Hồ Chí Minh

Il n’avait pas accompagné le général Ngô Xuân Lịch à Hawaii pour le sommet des ministres de la défense ASEAN-Etats-Unis. Le général de corps d’armée Nguyễn Chí Vịnh, resté à Hanoi, a accueilli le 03 octobre 2016 le directeur de l’institut de recherches médicales de Moscou, Igor Vasilievich Mayveychuk, à la tête d’une mission sans impact militaire direct mais au symbole incontestable de l’attachement indéfectible des régimes russe et vietnamien : conseiller et former le corps médical chargé de garantir la parfaite conservation de la dépouille d’Hồ Chí Minh. Une mission de la plus haute importance, tant les dirigeants du régime communiste ne pourraient accepter que les effets du temps portent préjudice au rayonnement éternel du père de la nation, depuis son mausolée de la place Ba Đình.

Premier déplacement du général d’armée Ngô Xuân Lịch sur le sol américain

On savait le nouveau ministre vietnamien de la défense peu adepte des longs déplacements, de surcroît en terre occidentale. Il aura donc fallu près de six mois depuis son élection et une réunion des ministres de la défense de l’ASEAN avec leur homologue américain, Ashton Carter, pour que le général Ngô Xuân Lịch prenne l’avion pour les Etats-Unis, en fait l’avant-poste américain dans le Pacifique : Hawaii.
S’inscrivant dans le prolongement des sommets de l’ASEAN qui ont été organisés fin septembre à Vientiane (Laos), ce sommet « informel » des ministres de la défense, qui s’est tenu du 30 septembre au 02 octobre 2016, notamment à bord de l’USS Missouri, a abordé les questions juridiques relatives à la lutte anti-terroriste, à la sécurité maritime et aux facteurs d’insécurité non traditionnels et notamment l’impact des catastrophes climatiques sur la sécurité. Deux ans après la première réunion de ce type (*), A. Carter a milité en faveur du développement de capacités aséaniennes de secours d’urgence, telles l’acquisition de compétences permettant de générer rapidement un pont aérien humanitaire. Une initiative intéressante, que peu de pays sont capables de mettre en œuvre de manière autonome, et qui doit permettre aux nations de renforcer leur coopération – en lien étroit avec les Etats-Unis, qui confirment ainsi leur intention d’être présents durablement dans la sous-région.

Enfin, en marge d’activités qui ont consisté en diverses présentations de matériels - statiques et dynamiques - dans les infrastructures de l’US Pacific Command (*), le général Lịch a eu plusieurs entretiens bilatéraux, avec ses homologues malaisien, singapourien et thaïlandais.
Entretien avec le ministre malaisien de la défense, Datuk Seri Hishamuddin Hussein (au centre) 
(*) Le premier sommet avait été organisé en avril 2014, à l’initiative du secrétaire d’Etat à la défense Chuck Hagel.

dimanche 2 octobre 2016

Corée du sud : un soutien très ciblé à l'armée de l'air vietnamienne

Le geste est fort (et) généreux. Le 27 septembre 2016, au siège de l’état-major de l’armée de l’air et de défense antiaérienne vietnamienne, M. Lee Hyuk, ambassadeur de Corée du sud au Viêt Nam, a remis au général de division Lê Huy Vịnh, commandant en chef de l’armée de l’air, des bourses d’études à trente enfants d’aviateurs morts en service commandé ou originaires de familles défavorisées.
 
Cette action, la troisième du genre menée au nom de l’armée de l’air sud-coréenne, est modeste sur le plan financier (10 300 dollars, pour des bourses variant de 150 à 680 dollars) mais a obtenu un impact médiatique et sentimental fort et durable. A défait de soutenir directement et matériellement la modernisation de l’armée de l’air vietnamienne, Séoul a choisi d’apporter une contribution dans un segment d’aide intéressant, car ciblant directement ses bénéficiaires. Un bel exemple d’une aide humaine – et non humanitaire – réussie, qui permet en retour à Séoul de bénéficier d’une cote de sympathie élevée dans l’armée populaire.

samedi 1 octobre 2016

Une escale russe inhabituelle à Hô Chi Minh-Ville

Le 21 septembre 2016, les spotters guettant les activités aériennes sur l’aéroport international Tân Sơn Nhất (Hô Chi Minh-Ville) ont eu la surprise de découvrir un Be-200, bombardier d’eau géant fabriqué par la société russe Beriev, sur le tarmac. L’appareil portait les couleurs russes, ce qui exclut l’hypothèse d’une livraison à l’armée de l’air vietnamienne.
Pour autant, les propriétés de cet appareil hors normes (32 m de long pour une envergure de 32,80 m ; capacité d’emport de 64 passagers et de 8 tonnes de fret ou 12 tonnes d’eau ; autonomie de 3 850 km à vide ou 1 700 km avec près de 8 tonnes de fret) font du Be-200 un avion taillé sur mesure pour un pays comme le Viêt Nam, largement ouvert sur la mer et disposant de possessions loin de ses côtes continentales, à l’image de l’archipel des Spratley.
 
Si aucun signe d’un achat de cet appareil par l’armée de l’air vietnamienne n’est tangible, la Russie ne cache pas son intérêt pour un contrat avec le Viêt Nam. Depuis octobre 2014, six hydravions DHC-6 400 Twin Otter achetés par le Viêt Nam à la société canadienne Viking Air sont basés à Cam Ranh, au sein de la brigade aéronavale 954. Ces appareils, au gabarit modeste (capacité d’emport : une tonne de fret et moins d’une vingtaine de passagers) effectuent régulièrement des liaisons vers les Spratley dans le cadre de visites d’autorités, de relèves de personnel, de ravitaillement et d’évacuations sanitaires. Maniables et souples d’emploi, leur capacité d’emport est cependant largement inférieure à celle du Be-200.
Le premier des six DHC-6 vietnamiens
Dans une dynamique de modernisation de ses capacités de projection dans son vaste espace maritime, l’armée vietnamienne aurait donc à gagner en se dotant d’un de ces appareils, qui lui permettrait s’accroître significativement son potentiel de ravitaillement des unités basées sur les îles des Spratley.
Une possibilité que les Russes ont certainement bien perçue, et qui justifie peut-être l’intérêt de cette escale à Hô Chi Minh-Ville.