mercredi 30 novembre 2016

Brigade sous-marine 189 : à l'Ouest, du nouveau!

Septembre 2016
Contrairement à ses cinq bâtiments-frères, le sixième sous-marin de la classe Kilo construit par la Russie au profit de la marine populaire vietnamienne a achevé ses essais à la mer dans la plus grande discrétion médiatique. Après avoir été remis officiellement à l’état-major de la marine, là aussi lors d’une cérémonie qui a échappé aux yeux de la presse, le bâtiment est désormais sur le point d’entamer son transit vers son futur port d’attache, Cam Ranh. En effet, la barge semi-submersible Rolldock Storm, qui a déjà transporté un Kilo jusqu’au Viêt Nam [1], a rejoint la rade de Saint Petersburg le 29 novembre. Elle a très vraisemblablement entamé les opérations de chargement du HQ-187 Bà Rịa-Vũng Tàu, et entamera son voyage de six semaines vers la mer de Chine méridionale dès les formalités administratives achevées.

Construit depuis le 28 mai 2014 par les chantiers navals de l’Amirauté, le sous-marin avait été mis à l’eau le 28 septembre 2015, puis avait entamé ses essais à la mer le 17 décembre 2015, avec un équipage russe puis avec son futur équipage vietnamien.

En février dernier, les chantiers navals russes avaient annoncé que le Bà Rịa-Vũng Tàu serait remis à la marine populaire en novembre/décembre, et qu’il rejoindra son port-base en janvier 2017. Ces annonces se confirment donc. Si le Rolldock Storm suit la même cinématique que celle affichée par les autres barges (Rolldock Sea et Rolldock Star) lors des acheminements des cinq autres Kilo (transit en Manche, passage dans les Açores, franchissement du cap de Bonne Espérance puis soit du détroit de Malacca ou des détroits indonésiens, courte escale à Singapour – durant laquelle le navire coupera son Automatic
Identification System
- AIS), le navire devrait livrer sa précieuse cargaison en rade de Cam Ranh pour la mi-janvier 2017, permettant ainsi à la brigade sous-marine 189 d’être enfin au complet avant le Tết [2].


[1] Du 18 mai au 30 juin 2015, le navire avait acheminé le quatrième Kilo (HQ-185 Khánh Hòa) jusqu’à Cam Ranh.
[2] Le 28 janvier 2017 : passage de l’année du Singe (Bính Thân) à celle du Coq (Đinh Dậu).

Quatrième dialogue de défense Japon - Viêt Nam (29 novembre)

Première rencontre au Japon entre le général Vịnh et la nouvelle ministre de la défense japonaise, Mme Tomomi Inada
L’agenda des déplacements à l’étranger du général de corps d’armée Nguyễn Chí Vịnh, vice-ministre de la défense, chargé des relations internationales, reste très chargé en cette fin d’année. Après la Chine et la France, il s’est rendu le 29 novembre 2016 à Tokyo pour co-présider, avec son homologue japonais, M. Ro Manabe, la quatrième session du dialogue politique de défense entre les deux pays.

Même si cette session a été organisée près de deux ans après la précédente (29 janvier 2015 à Hanoi[1]), elle a permis à la délégation vietnamienne de saluer le net renforcement des relations bilatérales de défense durant la période écoulée, et leur satisfaction d’obtenir l’assurance du soutien d’une grande puissance asiatique sur le dossier complexe de la liberté de circulation en mer de Chine méridionale. Les demandes de Hanoi trouvent en effet un écho favorable à Tokyo, soucieux d’une part de garantir la sécurité des approvisionnements énergétiques de l’archipel, d’autre part de repousser le plus loin de ses eaux territoriales les rivalités de (grandes) puissances. Ainsi, un déport du champ de rivalité de la région des Senkaku vers les marches sud de la mer de Chine méridionale ne peut que satisfaire le Japon. C’est dans ce cadre que les deux années écoulées ont vu une densification des relations bilatérales de défense, comme l’ont illustré au moins trois déplacements du général Vịnh à Tokyo, la livraison de patrouilleurs de gardes-côtes (de seconde main) nippons à la police maritime vietnamienne, l’escale d’avions de patrouille maritime à Da Nang durant leur transit depuis Djibouti jusque vers le Japon, et l’escale de bâtiments des forces navales et des gardes-côtes à Cam Ranh.

Ces actes forts de coopération, tous en faveur du Viêt Nam, sont appelés à être pérénisés. Ils n’ont à ce jour pas créé de tension supplémentaire entre Hanoi et Pékin, dont les relations connaissent depuis le début 2016 une embellie surprenante tant les tensions étaient fortes jusqu’à la mi-2015.

Les grands traits de cette session du Dialogue de défense ont sans surprise confirmé l’engagement du Japon dans différentes actions de coopération au profit du ministère vietnamien de la défense : échange de délégations de tous niveaux, délivrance de formations relatives aux opérations de maintien de la paix sous mandat onusien, poursuite des escales annuelles au Viêt Nam et notamment dans la base navale internationale de Cam Ranh -le général Vịnh rappelant la possibilité d’effectuer aussi des escales techniques dans ce port -, renforcement des liens entre le Centre vietnamien de lutte contre les mines et son correspondant japonais, et recherche de soutien – notamment financier – pour poursuivre les opérations de dépollution des zones toujours contaminées par la dioxine, notamment dans le Centre du pays.
Enfin, la présence dans la délégation vietnamienne du général de brigade Đoàn Hùng Minh, adjoint au directeur du Département général des industries de défense (cf. ci-dessus), souligne la volonté de Hanoi de nouer des partenariats industriels avec des entreprises susceptibles de proposer des coopérations sur les technologies duales.
 
Enfin, le général Vịnh a conclu ce déplacement particulièrement riche par des entretiens avec la ministre de la défense, Mme Tomomi Inada, le vice-ministre des affaires étrangères Nubuo Kishi, et le sous-secrétaire du conseil de la sécurité nationale Kanehara Nobukatsu.
Entretien avec M. Nubuo Kishi



[1] La délégation japonaise était dirigée par M. Tokuchi Hideshi, vice-ministre de la défense, chargé des relations extérieures.

dimanche 27 novembre 2016

Coopération sud-coréenne en matière de magistrature militaire

Les 23 et 24 novembre 2016, une délégation du tribunal suprême des forces armées sud-coréennes, dirigée par le général de brigade Kim Heung-Seok, a été reçue au ministère de la défense puis au quartier général de la 3e Région militaire (RM) à Hải Phòng. Lors de son discours d’accueil, à Hanoi, le général de brigade Lê Hiền Vân, l’un des directeurs adjoints du Département général politique du ministère de la défense, a rappelé les quelques dates d’une relation bilatérale qui est bonne sans être l’une des plus dynamiques pour l’armée vietnamienne. Si les relations diplomatiques entre Séoul et Hanoi datent du 22 décembre 1992, il a fallu attendre 2010 pour que les deux ministères de la défense signent un Memorandum of understanding sur la coopération bilatérale, qui a débouché en 2012 sur l’instauration d’un dialogue stratégique au niveau vice-ministres de la défense.
Le général de brigade Nguyễn Văn Hạnh (à droite ci-dessus), vice-président du tribunal populaire suprême et président du tribunal aux armées, a présenté à son homologue sud-coréen l’organisation de la justice militaire vietnamienne – organisée en trois niveaux : central, région militaire et local.

En 2008, les tribunaux suprêmes des deux pays ont signé un accord de développement de l’école vietnamienne de magistrature, grâce à un financement de Séoul (3 millions de dollars) visant. 2012 a vu  l’entrée en vigueur d’une première phase de concrétisation de ce projet, qui a été consolidée par l’engagement de Séoul à financer une phase d’approfondissement de ces travaux, avec un financement cette fois de 9 millions de dollars (lancement de cette phase prévue le 31 décembre prochain).

Pour ce qui concerne les tribunaux aux armées, le Viêt Nam bénéficie depuis 2009 de sessions de formations de magistrats à Séoul, et est régulièrement invité à des colloques sur les programmes des écoles de magistrature. Les visites sud-coréennes à Hanoi, à l’image de celle du général Kim Heung-Seok, sont moins fréquentes.

Après avoir été reçue à l’échelon central, la délégation sud-coréenne a poursuivi son séjour à Hải Phòng (24 novembre), pour une visite alliant présentation de la 3e RM  et rapide découverte de la baie de Hạ Long, activité inscrite au programme de la plupart des délégations étrangères se rendant au Viêt Nam.
Entretien avec le général de brigade Vũ Hải Sản, commandant la 3ème RM
 

lundi 21 novembre 2016

La piste d'atterrissage de l'île Spratley, un nuage dans l’embellie des relations sino-vietnamiennes ?

Le 15 novembre 2016, le site Asia Maritime Transparency Initiative a publié une photo satellite de l’île Trường Sa (ou Trường Sa Lớn) / Spratley (8°38′30″N 111°55′55″E), principale possession vietnamienne dans l’archipel éponyme, dans le sud de la mer de Chine méridionale, faisant apparaître une nette extension de la piste d’aviation qui la traverse sur toute sa longueur.
Avril 2014: premier poser d'un DHC-6 sur l'île Spratley
Ces travaux de poldérisation, discrets et patients, portent la longueur de l’unique piste vietnamienne dans cet archipel d’une longueur de 600 mètres (qui permettait déjà aux DHC-6 de l’aéronavale vietnamienne - appartenant à la brigade aéronavale 954, basée à Cam Ranh – d’effectuer des liaisons depuis le continent) à près de 1 100 mètres, puis très prochainement à quelque 1 300 mètres.
Si cette longueur ne semble pas propice au déploiement d’avions de combat (contrairement aux infrastructures construites par la Chine sur l’île de Fiery Cross), elle permettra en revanche aux avions de transport militaire Casa C-295 et aux appareils de surveillance maritime Casa C-212 et M-28 d’effectuer des liaisons régulières vers cette base au milieu de l’archipel contesté, notamment pour des missions logistiques. Elle renforcera la position stratégique de cette île - distante de Cam Ranh d’environ 470 km, et de plus de 500 km de Vũng Tàu - en accroissant de facto les capacités de surveillance maritime des appareils qui y seront déployés, temporairement ou pour des missions de présence de plus longue durée. En effet, le cliché publié fait apparaître des travaux d’édification de ce qui ressemble à deux hangars de grande taille, très vraisemblablement l’esquisse d’infrastructures destinées à accueillir un voire deux appareils militaires, et de les protéger des intempéries.
Sans surprise, les autorités vietnamiennes n’ont formulé aucun commentaire sur ces travaux, tandis que le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères a aussitôt rappelé « les droits indiscutables de la Chine sur les Spratley », condamné « les activités illégales » des pays tiers dans cet archipel, et les a appelés « à respecter l’intégrité territoriale chinoise, à cesser l’occupation et les constructions illégales, et à retirer des Spratley leur personnel et toute infrastructure ».
 
Des exigences qui n’ont aucune chance d’aboutir, d’autant plus que l’ampleur des travaux menés par le Viêt Nam dans ses possessions ne souffrent pas la comparaison avec la véritable noria que Pékin déploie pour étendre et durcir ses infrastructures sur ses possessions dans cette région, en faisant de véritables points d’appui d’une politique de prise de contrôle progressive de près de 90 % de la mer de Chine méridionale.
La philatélie, vecteur de revendications
Hoàng Sa, Trường Sa là của Việt Nam ("Paracel et Spratley sont vietnamiennes")
Enfin, ces déclarations d’immuable fermeté diplomatique ne devraient pas entacher le réchauffement indéniable des relations entre Hanoi et Pékin, observé depuis l’élection de la nouvelle équipe dirigeante vietnamienne au printemps dernier (*), la Chine étant bien consciente de sa puissance disproportionnée sur ce terrain maritime. Pour autant, il n’en reste pas moins que Pékin, qui se félicite du revirement estival de posture des Philippines du président Duterte (apaisement sur le dossier des Scarborough malgré le rendu du Tribunal permanent d’arbitrage de la Haye, le 12 juillet, en faveur des exigences de Manille), doit se sentir irritée par cette épine vietnamienne dans l’extrémité de sa « langue de bœuf » en mer « de l’Est ».
La poldérisation de la principale possession vietnamienne en mer "de l'Est"
(*) Ainsi, en marge du sommet de l'APEC, à Lima (Pérou), le président Trần Đại Quang a eu un entretien le 19 novembre avec son homologue chinois, Xi Jinping.
 

mercredi 16 novembre 2016

Quand l'armée communique sur les causes des crashs d'aéronefs en 2016

En cette année noire pour l’armée de l’air vietnamienne, le ministère de la défense a choisi de ne pas s’enfermer plus longtemps dans le silence. Malgré le ferme contrôle de l’opinion publique par les rouages du Parti communiste, le développement des technologies de l’information et en particulier les réseaux sociaux permettent aux informations – mais aussi aux rumeurs – de circuler vite et de toucher différentes tranches d’une population qui a toujours été éduquée à se tenir informée de la vie du pays. Les crashs de trois avions et d’un hélicoptère militaires qui ont endeuillé l’armée depuis l’été ont valu au ministère de la défense et à l’état-major général des armées d’être mis en défaut sur le plan de la qualité de l’entretien de ces matériels majeurs, voire d’être soupçonnés de corruption endémique.

Pour tenter d’apaiser les mécontentements, le ministère de la défense a choisi de s’adresser à la nation au travers de l’assemblée nationale. Le 09 novembre 2016, le général de brigade Nguyễn Minh Hoàng, commissaire politique adjoint de la 7e région militaire (Hồ Chí Minh-Ville) et député de la 14e législature, a rendu compte aux députés des résultats des enquêtes sur ces crashs.
 
Selon son rapport, les causes du premier crash (le Su-30 MK2 numéro 8585, le 14 juin ; un mort) n’ont pas pu être clairement identifiées à ce jour, la boîte noire de l’appareil ayant été endommagée et envoyée en Russie pour investigation plus poussée.

Le crash du CASA C-212 qui participait aux recherches de l’équipage du Su-30 (immatriculation 8983; neuf morts), le 16 juin, a été attribué aux mauvaises conditions météorologiques qui prévalaient et à la très basse altitude à laquelle l’appareil évoluait. Là aussi, la détérioration des boîtes noires lors du crash n’a pas permis d’apporter plus de précisions sur les causes de l'accident.

Le crash du L-39 numéro 8705 le 26 août à Phú Yên, peu de temps après son décollage (pilote décédé), a été attribué à un problème moteur. La commission d’enquête a salué à nouveau l’action héroïque du pilote, qui a tenté un atterrissage d’urgence dans une rizière au lieu de s’éjecter et de laisser son appareil s’écraser sur une zone d’habitation.

Enfin, les causes du crash de l’hélicoptère EC-130 T2 numéro 8632, le 18 octobre dans une zone montagneuse près de Vũng Tàu (trois morts), n’ont pas non plus été dévoilées, le rapporteur soulignant le fait que l’appareil était de conception civile – quoique mis en œuvre par des élèves pilotes et leur instructeur, tous membres de la compagnie Vietnam Helicpters South – ce qui nécessitait une coordination des investigations entre le ministère de la défense et l’aviation civile nationale.

Pour autant, le général Hoàng a rapporté les propos de la Commission militaire centrale, qui n’a pas masqué des défaillances profondes dans la maintenance des aéronefs, la sécurisation des vols, la formation des jeunes pilotes et les secours d’urgence. Il a annoncé que quarante officiers dont deux généraux – dont les noms n’ont pas été révélés – ont fait l’objet de sanctions (nature non précisée).

Si les maux restent profonds et ne pourront être remédiés sur le court terme, au moins le ministère de la défense peut se satisfaire d’avoir procédé à une autocritique devant les élus du peuple, même si personne ne sera dupe : certes une belle opération de communication a été menée, qui apaisera les soupçons des moins virulents, mais le doute ne sera pas totalement effacé sur les causes exactes de ces accidents qui ont coûté la vie à des pilotes expérimentés et donc irremplaçables sur le court terme.

lundi 14 novembre 2016

Première escale d'un patrouilleur des gardes-côtes chinois au Viêt Nam (11 novembre 2016)

Le 11 novembre 2016, le patrouilleur des gardes-côtes chinois 46305 a fait relâche dans le port de Chùa Vẽ (Hải Phòng) pour une escale historique. En effet, il s’est agi de la première escale au Viêt Nam d’un bâtiment des gardes-côtes chinois, plus coutumiers des tensions avec les flottilles de pêcheurs et les gardes-côtes vietnamiens en mer « de l’Est ».
Accueil par le général de brigade Nguyễn Văn Sơn,
commandant en chef adjoint de la police maritime vietnamienne (à droite)
Cet événement intervient deux semaines après que trois bâtiments de la marine populaire chinoise ont fait une discrète escale technique à Cam Ranh (22 au 26 octobre). Il témoigne d’un réel effort d’ouverture de Hanoi vers la Chine, même si les questions de souveraineté en mer restent très sensibles, notamment au sein de la population et surtout des quelque 500 000 pêcheurs vietnamiens, régulièrement confrontés à l’agressivité de leurs homologues chinois sur les zones de pêche.
Le bâtiment avait achevé une patrouille conjointe de trois jours (06 au 09 novembre) avec les gardes-côtes vietnamiens dans le golfe du Tonkin, conformément aux accords visant surveiller les zones de pêche (deux patrouilles conjointes par an).
Après l'accueil par les autorités de Hải Phòng et notamment celles de la 1ère région de police maritime, l'équipage du patrouilleur 46305 a invité ses hôtes à visiter le bâtiment, tandis qu'en retour il a pu visiter le CSB 8004, dernier bâtiment majeur de la police maritime vietnamienne entré en service (22 octobre). Enfin, comme à l'accoutumée lors d'escales, les échanges ont été agrémentés de rencontres sportives, et de la visite de la baie d'Hạ Long.



 
 
 

dimanche 13 novembre 2016

Sixième session du Comité conjoint de défense France - Viêt Nam (08-10 novembre 2016)

10 novembre 2016, conclusion du Comité conjoint de défense.
Du 08 au 10 novembre 2016, la sixième session du Comité conjoint de défense France – Viêt Nam (*) s’est tenue à Paris. Une importante délégation du ministère vietnamien de la défense, dirigée par le général de corps d’armée Nguyễn Chí Vịnh, vice-ministre de la défense, chargé des relations extérieures, a participé à plusieurs réunions avec les représentants de la Délégation générale des relations internationales et de la stratégie du ministère français de la défense, de l’Etat-major des armées, des bureaux coopération des états-majors d’armées, de la Délégation générale aux armements et du Service de santé des armées, afin de dresser le bilan des actions de coopération de l’année écoulée et de finaliser le plan de coopération de l’année 2017.
L'ambassadeur Philippe Errera, Directeur général des relations internationales et de la stratégie du ministère français de la défense, et le général de corps d'armée Nguyễn Chí Vịnh, vice-ministre vietnamien de la défense.
Au cours de ces trois jours d’échanges, marqués en outre par un déplacement à l’Ecole de guerre et un autre sur la base aérienne de Villacoublay, les deux délégations ont signé un arrangement technique relatif à la coopération en matière de santé et un autre sur la coopération en matière d’opérations de maintien de la paix (OMP), deux domaines dans lesquels l’expertise française est particulièrement reconnue et appréciée au Viêt Nam. A cet égard, le texte relatif aux OMP a été signé par le colonel supérieur Hoàng Kim Phụng, directeur du Centre national de préparation aux OMP, qui effectuait pour l’occasion son second voyage en dix jours à Paris (après celui des 26 et 27 octobre à l’occasion de la conférence internationale sur les OMP en milieu francophone). Le général Vịnh avait pour sa part lui aussi fait un récent voyage en Europe, afin de participer à la conférence internationale sur les OMP, organisée à Londres les 08 et 09 septembre.
Le colonel supérieur Hoàng Kim Phụng signant l'accord technique sur les OMP
(*) Ce Comité conjoint de défense (Ủy ban hỗn hợp về hợp tác quốc phòng) a été initié par un accord de coopération signé en novembre 2009 par le premier ministre François Fillon. Cette sixième édition a été saluée par la partie vietnamienne comme étant la première d’un Dialogue stratégique de défense (Đối thoại Chính sách quốc phòng), appellation plus importante et correspondant à une réunion placée sous la présidence d’autorités de niveau vice-ministre de la défense ou équivalent.
Rendez-vous en 2017, à Hanoi!
 

samedi 12 novembre 2016

Sixième session du dialogue stratégique de défense Chine - Viêt Nam (Pékin, 02 novembre 2016)

La sixième session du dialogue stratégique de défense sino-vietnamien s’est déroulée le 04 novembre 2016 à Chengdu (Sichuan). Intervenant en retour de celle du 10 août 2015 à Hanoi, elle a confirmé la normalisation des relations officielles au plus haut niveau entre les deux pays (*). La délégation vietnamienne, dirigée par le général de corps d’armée Nguyễn Chí Vịnh, vice-ministre de la défense, chargé des relations internationales, a conclu un séjour de trois jours, qui a notamment été marqué par la participation, le 02 novembre, à la réunion annuelle de la Conférence de sécurité de Munich (dont les thématiques ont abordé les enjeux de la région Asie-Pacifique, le rôle de la Chine dans la sécurité mondiale, et les implications géopolitiques de la « Nouvelle route de la Soie »).

Le général Vịnh et son hôte, l’amiral Sun Jianguo, chef d’état-major général adjoint des armées chinoises, ont inscrit ce dialogue dans le contexte du vingt-cinquième anniversaire de la normalisation des relations bilatérales. Ils ont exprimé leur satisfaction devant les progrès de la coopération en matière de sécurisation de la frontière, évoqué un partenariat entre l’institut vietnamien de stratégie militaire et l’académie chinoise des sciences militaires (sur la recherche relative au soutien qu’a apporté la Chine de Mao Zedong à Hồ Chí Minh dans les conflits contre la France puis les Etats-Unis).
Sur la situation en mer de Chine méridionale, le général Vịnh a tenu à rappeler l’attachement du Viêt Nam au respect de l’intégrité territoriale vietnamienne et au règlement pacifique des différends. Des propos qui soulignent le fait que Hanoi est toujours prêt à interagir avec ses voisins, mais ne baisse pas la vigilance – à défaut de la garde – sur les questions de souveraineté nationale.

(*) En effet, la quatrième rencontre de ce cycle avait eu lieu le 05 juin 2013 à Pékin. Le pic de tensions de l’été 2014 avait conduit au report sine die de la cinquième session.

Partage d'expérience sur les OMP entre spécialistes vietnamiens et chinois (03 novembre 2016)

A peine rentré de la conférence internationale sur les opérations de maintien de la paix (OMP) en milieu francophone (Paris, les 26 et 27 octobre 2016), le général de corps d’armée Võ Văn Tuấn, adjoint au chef d’état-major général des armées, a reçu à Hanoi, le 03 novembre, une délégation chinoise du bureau des OMP de l’armée populaire de libération.
Outre le général Võ Văn Tuấn (au centre), l'incontournable colonel supérieur Hoàng Kim Phụng
(4ème à gauche), directeur du Centre national de préparation aux OMP, a accueilli la délégation chinoise.
La brève couverture de presse a mentionné la signature d’un memorandum of understanding entre les deux ministères de la défense en avril 2015, accord sur lequel la communication avait été quasiment nulle. Le général Tuấn a remercié ses visiteurs pour l’assistance que le Centre vietnamien de préparation aux OMP reçoit de la part de son vis-à-vis chinois, consistant essentiellement en un partage d’expérience sur l’intégration des forces projetées dans une opération sous béret bleu.

L’on notera que la période est placée sous le signe du réchauffement des relations entre Hanoi et Pékin. La fréquence des rencontres bilatérales n’a en effet plus atteint un tel niveau depuis plus de deux ans, avant la crise de la plateforme pétrolière HD-981 (mai-juillet 2014). Si cette dynamique est bonne, et très visible, elle ne doit pourtant pas masquer le fait que l’hyper-activisme chinois en mer de Chine méridionale, à proximité immédiate des possessions vietnamiennes dans ces eaux contestées, continue de susciter une vive frustration de la population.

vendredi 11 novembre 2016

Présence d'une délégation vietnamienne à la conférence internationale sur les OMP en milieu francophone (Paris, 26-27 octobre 2016)

Même si l’armée populaire vietnamienne ne déploie actuellement que cinq officiers dans deux opérations onusiennes de maintien de la paix – OMP - (Soudan du sud et république Centrafricaine), ses hauts dirigeants ne ménagent pas leur temps pour être présents aussi souvent que possible dans les rendez-vous internationaux relatifs à cette problématique. Si l'état-major général des armées poursuit la préparation du déploiement d’un hôpital de campagne de type Rôle 2 et d’une compagnie du génie, et construit à Hanoi un Centre national de préparation aux OMP, il n’a pas encore donné de date précise relative à la projection de ces unités constituées, mais profite de toutes les occasions pour enrichir ses connaissances sur ce type d’opérations. Relations bilatérales, signatures d’accords de partenariat avec les grandes nations rompues à ces opérations, accueil d’équipes de formateurs onusiens, participations aux conférences internationales sont autant d’opportunités pour entrer en contact direct avec les instances responsables de ces opérations.
Dans ce contexte, le général de corps d’armée Võ Văn Tuấn (à droite ci-dessus), adjoint au chef d’état-major général des armées et numéro deux du comité de suivi de la montée en puissance de la composante OMP de l’armée populaire, et le colonel supérieur Hoàng
Kim Phụng (à gauche ci-dessus), directeur du Centre national de préparation aux OMP, ont participé les 26 et 27 octobre 2016 à la conférence internationale sur les OMP en milieu francophone. Organisée à Paris et placée sous la présidence du ministre français des affaires étrangères, M. Ayrault, et en présence de la secrétaire générale de la Francophonie, Michaëlle Jean, l'événement a réuni les représentants de 56 pays et organisations internationales. Face au constat que les Nations unies affectent 60 % des forces armées mises à leur disposition dans des pays francophones (sept des onze missions de maintien de la paix sous l’égide onusienne) et y consacrent 55 % de leur budget OMP, le ministère vietnamien de la défense se doit de se préparer à une éventuelle intervention dans un milieu francophone, notamment africain. A ce titre, la délégation vietnamienne a eu plusieurs entretiens avec le ministère français de la défense, qui ont notamment abordé les derniers détails d’un arrangement technique sur les OMP devant être signé, toujours à Paris, avant le 11 novembre lors de la sixième session du Comité conjoint de défense.

Pour autant, derrière un optimisme de rigueur, l’on retiendra le fait que le Viêt Nam a déployé ses premiers bérets bleus au Soudan du sud, en milieu anglophone donc. Une décision qui semble logique tant le pays investit sur la formation de ses cadres à l’apprentissage de la langue anglaise, désormais de plus en plus parlée au sein du haut état-major.

Escale australienne à Cam Ranh (02-05 novembre 2016)

Depuis son inauguration, le 08 mars dernier, le port international de Cam Ranh accueille à un rythme soutenu des bâtiments croisant dans les eaux de la mer « de l’Est ». Moins de deux semaines après la discrète escale de trois bâtiments chinois, en transit retour suite à un déploiement dans le golfe d’Aden, la frégate australienne HMAS Warramunga (FFH-152), frégate lance-missiles de la classe ANZAC, y a fait relâche du 02 au 05 novembre dans le cadre d’une escale technique (*).

Accueil du capitaine de vaisseau Dugald Clelland, pacha du Warramunga.
Le colonel Darren Kerr, attaché de défense australien à Hanoi (au centre sur la photo ci-dessus), a rappelé que depuis l’établissement d’une coopération de défense avec le Viêt Nam en 1999, quelque 1500 militaires vietnamiens ont bénéficié de formations, délivrées soit au Viêt Nam, soit en Australie.

(*) Chuyến thăm kỹ thuật. Du 30 mai au 02 juin dernier, la frégate HMAS Anzac (FFH-150) avait fait relâche à Hồ Chí Minh-Ville. La règlementation vietnamienne n’autorise qu’une escale protocolaire par an par pays. En revanche, des escales dites techniques peuvent être octroyées après accord du ministère de la défense. Elles bénéficient d'une moindre couverture médiatique.
 
 

mardi 8 novembre 2016

Des formateurs onusiens reçus au Vietnam Peacekeeping Center

Le 24 octobre 2016, le Centre vietnamien de préparation aux opérations de maintien de la paix (OMP) – aussi connu sous l’appellation Vietnam Peacekeeping Center (VPKC) - a reçu une équipe de formateurs des Nations unies, dirigée par le lieutenant-colonel Adil Fichtali. En présence du général de corps d’armée Võ Văn Tuấn, adjoint au chef d’état-major général des armées et numéro 2 du Comité de pilotage du ministère de la défense chargé du suivi de la participation du Viêt Nam aux OMP, cette équipe, dont la mission est de dispenser des formations sur les OMP dans les pays contributeurs de troupes, s’est adressée à un auditoire d’une vingtaine d’officiers, tous membres du vivier de cadres amenés à être déployés sous béret bleu.
Le colonel supérieur Hoàng Kim Phụng, le très en vue directeur du VPKC, a rappelé l’engagement de l’armée populaire à s’intégrer dans des OMP, dès lors que les détachements toujours en cours de montée en puissance (un hôpital de campagne de type Rôle 2 et une compagnie du génie) seront certifiés opérationnels. A l’heure actuelle, cinq officiers sont intégrés dans deux OMP, au Soudan du Sud (deux) et en république Centrafricaine (trois). Le colonel supérieur Phụng a précisé que plus de 80 militaires avaient déjà bénéficié de formations spécifiques (36 stages effectués) et que tous ceux qui avaient servi tant dans la MINUSS que dans la MINUSCA étaient revenus auréolés d’un prestige de pionniers des OMP, qu’il espère faire tâche d’huile au sein de l’armée populaire. Pour autant, il n’a pas masqué les principaux défis d’une insertion réussie dans une OMP d’ampleur : qualités humaines d’adaptation, ouverture sur des cultures diverses dans des contextes très éloignés du Viêt Nam, exemplarité du comportement, et, élément capital, une excellente maîtrise de la langue anglaise. Un dernier prérequis qui suggère bien que le déploiement si souvent annoncé d’un premier contingent, le moment venu, s’effectuera dans une opération en pays anglophone.