mercredi 27 février 2019

Possible livraison d'un nouveau lot de T-90? (21/02/2019)

Alors que l’attention des médias vietnamiens était tout entière tournée vers les préparatifs de l’accueil à Hanoi des présidents nord-coréen Kim Jong-un et américain Donald Trump pour un second sommet historique (26 et 27 février 2019), une dizaine de porte-chars KZKT-7428 Rusich transportant chacun, sous une bâche de camouflage, un char lourd russe T-90, ont été aperçus quittant dans la plus grande discrétion Chùa Vẽ, le port militaire de Hải Phòng, le 21 ou 22 février 2019. Loin de tout observateur, le convoi a pris la route d’une garnison dans le nord du pays.
De rares photos d’amateurs illustrent ce départ, tandis que deux très courtes vidéos (cf. extrait ci-dessous), elles aussi d’amateurs, sont accessibles sur des sites spécialisés. Si l’on est en droit de penser qu’un second lot de chars, parmi les 64 T-90 S / T-90 SK commandés en 2016 par le Viêt Nam auprès du consortium russe Uralvagonzavod, a été livré, rien ne le confirme. Comme ce fut le cas pour la première livraison de ce qui pourrait avoir été une trentaine de chars, fin décembre 2018, le ministère vietnamien de la défense n’a diffusé aucun commentaire à chaud, pas plus qu’il n’a réagi à la publication de quelques photos dans la presse spécialisée, essentiellement sur Internet.
L’on peut même ne pas exclure que ces porte-chars effectuaient une seconde rotation pour récupérer une dizaine de chars parmi ceux qui ont été livrés fin décembre / début janvier. Discrétion puis fêtes du Tết obligent, l’acheminement de ces T-90 vers leur(s) garnison(s) pourrait ainsi s’échelonner sur plusieurs semaines.
Sauf à avoir confirmation officielle de la livraison, par un navire affrété, d’un nouveau lot de chars depuis Saint Petersburg, le doute subsistera sur le nombre de chars effectivement livrés, et leur(s) garnison(s).
Au regard du site de livraison de ces chars, il est très probable qu’ils ont rejoint une garnison dans le nord du pays. Comme précédemment évoqué, la brigade blindée 203, appartenant au 2Corps d’armée, pourrait offrir des garnisons susceptibles d’accueillir ces T-90, qui vont significativement moderniser une composante essentielle du corps de bataille de l’armée populaire vietnamienne.

mercredi 20 février 2019

L'Australie confirme son engagement aux côtés du Département des opérations de maintien de la paix (18/02/2019)

Du 18 au 22 février 2019, le Département des opérations de maintien de la paix (OMP) accueille à Hanoi une délégation australienne spécialisée dans les questions relatives aux opérations onusiennes de maintien de la paix. Comme c’est le cas pour toutes les délégations australiennes qui séjournent au Viêt Nam, ce petit détachement a été accueilli dans un climat de grande confiance, caractéristique de la relation de défense entre Hanoi et Canberra. 
Depuis 2012, l’assistance de proximité qu’apporte l’Australie à la montée en puissance de la composante OMP de l’armée populaire vietnamienne porte en effet ses fruits. Cours d’anglais, stages de formation aux OMP onusiennes, formations de spécialistes, fourniture d’équipements, et enfin mise à disposition de deux C-17 pour transporter à l’automne 2018 en deux rotations le premier contingent de soldats vietnamiens déployé au Soudan du sud (63 membres du service de santé des armées), où il a pris la responsabilité de l’hôpital militaire de campagne de Bentiu, l’Australie s’impose comme LE partenaire qui compte pour Hanoi. Relation de proximité, relation de confiance (illustrée par la présence d’une attachée de défense, la colonelle Nerolie McDonald, qui a su conquérir les cœurs de ses interlocuteurs vietnamiens), tous les atouts pèsent en faveur de l’approfondissement de ce partenariat.
Ainsi, alors qu’un second contingent du service de santé des armées se prépare à rejoindre le Soudan du sud fin 2019, Canberra est logiquement prêt à apporter son aide technique et logistique à ce détachement. Plus même, l’Australie devrait aussi s’impliquer dans le soutien à la montée en puissance de l’unité du génie, qui a elle aussi entamé sa préparation opérationnelle.
Certes, les échéances sont plus lointaines dans ce domaine dans lequel les militaires vietnamiens ont tout à apprendre des modes de fonctionnement des Nations unies. Ainsi, le 18 février 2019, lors d’une intervention devant le comité chargé de la préparation à la projection de militaires vietnamiens en OMP, le général de corps d’armée Nguyễn Chí Vịnh, vice-ministre de la défense chargé des relations internationales et président de ce comité, a défini deux échéances pour cette unité : fin de la préparation opérationnelle pour le mois d’avril 2020, et organisation de la cérémonie de mise à la disposition des Nations unies de cette unité en juin de la même année. Le général Vịnh a souligné que le Viêt Nam avait d’ores et déjà informé les Nations unies de son volontariat pour prendre le relais en 2020 des quelque 300 sapeurs britanniques déployés au Soudan du sud dans le cadre de l’opérationTrenton. Après avoir déjà relevé les Britanniques à la tête de l’hôpital militaire de campagne de Bentiu, la perspective d’un nouveau passage de témoin, cette fois entre sapeurs, est bien à l’ordre du jour.
Le colonel supérieur Hoàng Kim Phụng, directeur du DOMP, s’est montré confiant dans ces échéances, et a souligné que les instances onusiennes considéraient favorablement la proposition vietnamienne de fournir une unité de génie travaux (268 soldats avec l’équipement aux normes onusiennes). Certes, tout comme c’est le cas pour les détachements médicaux, il s’agit pour le DOMP de fédérer autour d’un noyau dur de spécialistes du génie des soldats en provenance d’autres composantes, mission de longue haleine tant le vivier de personnel capable d’évoluer dans un environnement international et opérationnellement africain est mince. 
Pour ce faire, le colonel supérieur Phụng peut compter sur la présence, dans les bureaux de son département, des pionniers des OMP - les officiers qui ont été projetés depuis 2014 soit au Soudan du sud, soit en république Centrafricaine (*), et qui, riches d’une année en immersion dans les états-majors opératifs onusiens dans ces pays, ont beaucoup appris sur les hommes et les procédures, et sont désormais à même de servir de formateurs au profit des unités et des soldats qui se préparent à suivre leurs pas dans ces opérations. 
(*) L’on citera ainsi :
  • le colonel Nguyễn Xuân Thành, inséré à Bangui (république Centrafricaine) de 2015 à 2016, et désormais chef du bureau planification du DOMP ;
  • le lieutenant-colonel Trương Anh Tuấn, inséré à Juba (Soudan du sud) de 2015 à 2016, et aujourd'hui adjoint au chef du bureau instruction du DOMP.

lundi 18 février 2019

L'ambassadeur de France reçu au ministère vietnamien de la défense (18/02/2019)

Le 18 février 2019, le général de corps d’armée Nguyễn Chí Vịnh, vice-ministre de la défense, chargé des relations internationales, a reçu l’ambassadeur de France au Viêt Nam, M. Bertrand Lortholary, en compagnie de son attaché de défense, le lieutenant-colonel Razafindranaly. Une occasion privilégiée d’effectuer un tour d’horizon des relations bilatérales de défense en ce début d’année, alors que 2018 avait été marquée par la visite en France du secrétaire général du Parti communiste vietnamien Nguyễn Phú Trọng, celle au Viêt Nam du premier ministre Édouard Philippe, et l’étape hanoienne de la mission PEGASE
Sur le fond, la coopération militaire entre Paris et Hanoi est notamment axée sur les formations d’élèves-officiers (Saint-Cyr notamment) et d’officiers d’état-major (jusqu’à l’Ecole de guerre), le soutien à l’apprentissage de la langue française pour le petit vivier d’apprenants, une écoute quant aux besoins des militaires vietnamiens en matière de préparation des projections de personnel en opérations onusiennes de maintien de la paix, le partage d’expertise en matière de secours maritime - notamment lors des escales régulières dans les ports vietnamiens -, un intérêt du service français de santé des armées pour les recherches sur les maladies tropicales, et une disponibilité à donner suite aux sollicitations en matière d’équipements – si tant est que l’armée populaire vietnamienne décide de se détacher restent très largement issus et dépendants du complexe militaro-industriel russe.
Ce type d’entretien - qui concerne la plupart des chancelleries - permet essentiellement au ministère vietnamien de la défense de maintenir un contact direct avec les ambassades, et à ces dernières de prendre le pouls des points d’intérêt du général Vịnh, où du ministre lui-même. Un dialogue qui s’avère souvent peu fructueux, tant le réalisme idéologique de Hanoi l’emporte souvent sur l’ouverture à de nouveaux partenariats - pourtant porteurs de réel saut qualitatif mais à des coûts difficilement supportables par un budget de la défense déjà durement marqué par le très coûteux programme de constitution de la brigade sous-marine 189, et désormais l’acquisition d’une soixantaine de chars lourds T-90.
Ainsi, le général Vịnh s’est essentiellement fait l’écho de son attente de voir la France accueillir au printemps l’édition annuelle du dialogue stratégique et de coopération de défense bilatéral - rendez-vous annuel dont le nom évolue au fil des années (comité conjoint de défense, dialogue stratégique, …) mais que le ministère vietnamien de la défense tient à voir être présidé par les vice-ministres de la défense. Un poste qui n’existe pas en France, ce qui conduit le général Vịnh à demander de rencontrer la directrice des relations internationales et de la stratégie du ministère des armées… Un bel exemple de relation, où le protocole (vietnamien) impose sa patte sur le dynamisme et l’approfondissement du partenariat.

samedi 16 février 2019

Projection d'un officier au sein de la MINUSS - Relève de la CDT Đỗ Thị Hằng Nga (13/02/2019)

Le 13 février 2019, le général de corps d’armée Nguyễn Chí Vịnh, vice-ministre de la défense, chargé des relations internationales, et chef de l’organisme chargé de la préparation de l’armée vietnamienne à participer aux opérations de maintien de la paix (OMP) sous l’égide des Nations unies, a remis au lieutenant-colonel Nguyễn Kim Tỉnh la lettre de mission signée du président Nguyễn Phú Trọng qui le désigne pour rejoindre l’état-major de la Mission des Nations unies au Soudan du sud (MINUSS).
Le lieutenant-colonel Tỉnh aura la lourde mission de succéder à la commandante Đỗ Thị Hằng Nga, première Vietnamienne projetée dans une opération onusienne de maintien de la paix (30 octobre 2017 - 8 janvier 2019), et dont le parcours a fait l’objet d’une intense couverture médiatique durant toute une année. Même si elle a servi en tant qu’officier d’état-major, essentiellement à Juba, les services qu’elle a rendus lui ont valu de se voir décerner deux médailles des Nations unies, ce devant quoi les médias vietnamiens ne tarissent pas d’éloges, dans un pur travail de constitution d’une image d’une héroïne de l’armée des « années opérations de maintien de la paix ».
Tout comme la commandante Nga, le lieutenant-colonel Tỉnh sert lui aussi à Hanoi au sein du Département des opérations de maintien de la paix. Cet officier, passé par l’école des officiers de l’armée de terre (Sơn Tây, près de Hanoi), est titulaire d’une maîtrise en lutte contre la criminalité. Sa projection en Afrique ne sera pas son premier séjour hors du Viêt Nam. Ainsi, il avait déjà suivi une formation d’officier d’état-major et d’observateur militaire lors d’un stage en Corée du sud.
C’est donc un officier expérimenté, très bon connaisseur du milieu onusien et du processus de montée en puissance de la composante OMP de l’armée populaire vietnamienne, qui rejoint le Soudan du sud, où il aura une double casquette : officier d’état-major au quartier général de la MINUSS, et facilitateur des relations entre Hanoi et la MINUSS, au sein de laquelle le ministère vietnamien de la défense souhaite demeurer présent (au moins trois détachements se succèderont à la tête de l’hôpital militaire de campagne à Bentiu). Enfin, l’excellente présentation du lieutenant-colonel Tỉnh – l’un des rarissimes officiers qui maîtrise le port du béret !... – augure bien de sa motivation à prendre rapidement le flambeau dont il a hérité de la commandante Nga.

jeudi 14 février 2019

Le chef de l'USINDOPACOM annonce des livraisons de matériel au Viêt Nam en 2019 (12/02/2019)

Le 12 février 2019, l’amiral Davidson, commandant les forces armées américaines pour la zone Indopacifique (USINDOPACOM), a été auditionné par la commission de la défense du sénat. Il a brossé l’état de la relation de défense entre Washington et chacun des Etats de cette vaste région. Dans ce tableau complet, il a notamment pointé du doigt les atteintes aux droits de l’Homme en Birmanie et s’est interrogé sur la nature de la relation entre le Cambodge et la Chine ; mais il s’est félicité (entre autres) du raffermissement des relations avec le Laos (*) et de celles existant avec le Viêt Nam. 
A côté des Philippines et Thaïlande, qui restent dans la catégorie des « pays alliés », l’amiral Davidson a ainsi confirmé que le Viêt Nam « a émergé comme un partenaire-clé » des Etats-Unis dans la région (**). Rappelant l’escale historique du porte-avions USS Carl Vinson à Đà Nẵng en mars 2018, symbole de liens qui se resserrent, il a placé l’accent sur l’engagement américain à contribuer en priorité à l’amélioration des capacités maritimes de l’armée populaire vietnamienne. Il a ainsi annoncé que ces capacités seront renforcées par l’acquisition par le Viêt Nam de drones Scan Eagle, d’avions d’entraînement T-6, et d’un second patrouilleur de haute mer au profit de la police maritime. 
Si le transfert au Viêt Nam d’un second patrouilleur de la classe Hamilton retiré du service actif est évoqué depuis un an (en janvier 2018, des sources avaient évoqué le possible transfert du patrouilleur de la classe Hamilton USCGC Sherman), les propos de l’amiral Davidson sur l’acquisition par Hanoi de drones et de T-6 font l'effet de scoops après une année sans concrétisation de projets d’achats de matériel par le Viêt Nam auprès des Etats-Unis. On peut s’interroger sur ces propos qui, derrière l’effet d’annonce, ne semblent pas correspondre à des canaux de coopération bien affirmés. En effet, l’armée populaire vietnamienne développe sa propre composante drones (dont certains servent il est vrai comme cibles pour la défense antiaérienne), et a acquis à la fin 2014 plusieurs drones de surveillance israéliens Orbiter­-2, dont les caractéristiques sont proches de celles du Scan Eagle américain (***). Cette bascule d’un partenariat pourtant solide entre Hanoi et Tel-Aviv, vers Washington, devra être encore confirmée dans les faits. 
L’acquisition d’avions Beechcraft T-6 (****) est elle aussi sujette à interrogation. Certes, l’armée de l’air vietnamienne est à la recherche d’un avion d’entraînement pour moderniser le parc de Yak-11 et de L-39 en service à l’Ecole de l’air (Nha Trang), mais le fort ancrage des relations de l’industrie de défense vietnamienne avec le « grand frère » russe a jusqu’à présent milité en faveur de l’acquisition d’un appareil de conception russe, tel le Yak-130, dont quatre appareils viennent même d’être acquis par le Laos voisin en décembre 2018. Acquérir des T-6, monohélice dont le prix unitaire dépasse les 4 millions de dollars, permettrait de faire un saut de génération par rapport aux Yak-11 vieillissants, mais lierait de façon trop étroite à la technologie américaine une armée de l’air vietnamienne façonnée depuis des générations dans le moule de la technologie russe. Même si quelques rares élèves pilotes vietnamiens sont formés aux Etats-Unis, donc sur T-6, ils font figure de rares exceptions et ne sauraient justifier l’acquisition d’un parc de T-6 coûteux et engageant sur le long terme, sur les plans logistique voire culturel. 
Avec une génération de chefs militaires entièrement formée dans le moule soviétique puis russe, le jour d’un changement d’orientation aussi radical ne semble pas encore d’actualité. Certes, l’on n’est jamais à l’abri d’une surprise avec un Viêt Nam qui cultive toujours le secret sur les questions de défense, mais c’est aussi le cas pour des chefs militaires américains, qui savent jouer de l’effet de surprise que leurs déclarations peuvent provoquer sur leurs grands rivaux dans la zone Asie Pacifique, Russes et Chinois au premier plan.

(*) After decades of stagnation in the U.S.-Lao relationship following the Vietnam War, we have seen some significant advancements over the last two years. USINDOPACOM is expanding engagements with the Lao military.
(**) Vietnam has emerged as a key partner in promoting a secure and rules-based international order in the Indo-Pacific region. USINDOPACOM’s defense partnership with the Vietnamese military is among the strongest aspects of our growing bilateral relationship. […] USINDOPACOM’s and the Vietnamese military’s military-to-military engagements prioritize enhancing Vietnam’s maritime capacity, which will be bolstered by Vietnam’s acquisition of Scan Eagle UAVs, T-6 trainer aircraft, and a second U.S. Coast Guard cutter. 
(***) Autonomie de 20 heures, rayon d'action d’une centaine de kilomètres, vitesse de 120 km/h. 
(****) Avion monomoteur construit par Beechcraft Corporation, en service dans l’US Air Force, essentiellement comme avion d’apprentissage au pilotage.

lundi 11 février 2019

Une belle histoire en appelle toujours une autre…

Alors que le ministère vietnamien de la défense s’est engagé à prendre en charge l’hôpital militaire de campagne de type Rôle 2 de Bentiu, au Soudan du sud, pour trois ans, et que le premier contingent de 63 membres du service de santé des armées y est à poste depuis le 26 octobre 2018, un second contingent de médecins et aides-soignants est en formation à Hanoi depuis le 13 décembre 2018, avec comme objectif une projection à Bentiu à l’automne 2019 pour prendre à son tour la responsabilité de ce Rôle 2 de la Mission des Nations unies au Soudan du sud (MINUSS). 
Douze femmes font partie de ce contingent (contre dix au sein de celui qui est actuellement à Bentiu). Parmi elles, la capitaine supérieure Lê Thị Hồng Vân - 33 ans, chirurgien obstétrical à l’hôpital militaire 103 / Institut de médecine militaire, situé à Hanoi - se prépare à cette mission en compagnie de son mari, le capitaine Lê Hồng Thanh (36 ans). Ce couple de militaires, parents d’une petite fille de deux ans et demi, est en train de devenir le nouvel emblème de l’engagement de l’armée populaire vietnamienne à remplir ses obligations internationales : les deux officiers seront en effet le premier couple à participer conjointement à une opération onusienne de maintien de la paix. Plus que l’acquisition des compétences professionnelles, cette mission représente un réel défi humain pour les deux officiers, qui seront en effet contraints de laisser derrière eux leur enfant unique, et ce pendant un an. Une situation difficile, qui mettra notamment à l’épreuve les parents de la capitaine supérieur Vân, qui assumeront la garde de leur petite-fille, mais le couple a apparemment fait le choix de remplir sa mission patriotique, poursuivant ainsi une tradition militaire familiale. 
Des points qui font de ces officiers au parcours déjà confirmé de nouveaux « héros de l’épopée onusienne » de l’armée populaire. Ils s’inscrivent ainsi collectivement dans la lignée de la commandante Đỗ Thị Hằng Nga, la première Vietnamienne projetée en opération sous béret bleu, déjà au sein de la MINUSS, et dont le parcours personnel et la prestance ont été largement exploités durant toute la durée de ses 14 mois de mission par les services de communication (ou de propagande, pour les lecteurs critiques…) du ministère de la défense.

samedi 9 février 2019

Fin de mission pour la commandante Đỗ Thị Hằng Nga

Son sourire l’avait propulsée en tête de tous les médias vietnamiens fin 2017. La commandante Đỗ Thị Hằng Nga, première Vietnamienne projetée dans une opération onusienne de maintien de la paix, le 30 octobre 2017, a achevé sa mission le 8 janvier 2019 et a quitté le Soudan du sud pour rejoindre le Viêt Nam.
Au terme de son déploiement de 14 mois, le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) lui a ménagé un retour discret, très probablement pour éviter que cette jeune mère de famille fasse l’objet d’une hyper médiatisation, et pour lui permettre de décompresser et de passer les fêtes du Tết et au calme. 
Ce calme ne va certainement pas durer, la presse et le ministère de la défense étant logiquement à l’affût de « héros », de figures de proue symbolisant l’engagement au service de la patrie, l’abnégation, l’endurance, autant de qualités que la commandante Nga incarne. Même si le contingent féminin (dix officiers du service de santé des armées) qui a rejoint Bentiu au sein du détachement qui a y pris en charge l’hôpital militaire de campagne de type Rôle 2 est aussi à citer sur le front des troupes, la commandante Nga restera marquée du signe de la pionnière.
Nul doute que son expérience, au contact des populations du Soudan du sud, et notamment des enfants défavorisés, sera gravée dans sa mémoire, une mémoire qu’elle va rapidement partager au sein du DOMP, où elle sera certainement amenée à poursuivre sa carrière et à prendre de nouvelles responsabilités.

jeudi 7 février 2019

Des Osprey américains à Đà Nẵng (06/02/2019)

Alors que la Maison Blanche et la porte-parole du ministère vietnamien des affaires étrangères ont annoncé lqu’une seconde rencontre au sommet entre le président Trump et son homologue nord-coréen Kim Jong-Un sera organisée les 27 et 28 février 2019 à Đà Nẵng, quatre V-22 Osprey ont été aperçus le 5 février sur l’aéroport de la grande ville du Centre. 
Une vision fugitive d’une présence américaine importante, très probablement liée à une visite d’un détachement précurseur chargé de reconnaître les lieux de la rencontre entre les deux chefs d’Etat et d’en évaluer les conditions sécuritaires. 

Courte escale de deux avions de patrouille maritime japonais à Hồ Chí Minh-Ville (28/01/2019)

Le 28 janvier 2019, deux avions de patrouille maritime P-3C Orion japonais ont fait une discrète escale à Tân Sơn Nhất, l’aéroport d’Hồ Chí Minh-Ville, sur leur transit retour vers le Japon à l’issue d’une campagne de lutte anti-piraterie au large de la Somalie. 
Ce type d’escale, peu fréquent (*) et rarement placé sous les feux des médias, confirme les engagements pris en 2015 par Hanoi et Tokyo dans le cadre du renforcement de leurs relations de défense, notamment avec pour objectif une meilleure connaissance de la situation en mer de Chine méridionale - et donc des activités chinoises dans ces eaux contestées.
Le détachement de 36 militaires, commandé par le capitaine de frégate Kurishita Akihico, a été reçu au sein de la Brigade navale 125 (2Région maritime), pour une visite de courtoisie qui a permis de nouer des liens éphémères sur le plan humain mais importants sur le plan symbolique, avant que les deux appareils ne prennent la destination du Japon, le 29 janvier.

(*) Une escale similaire semble avoir déjà eu lieu en mai 2015 à Đà Nẵng, et une autre avait eu lieu du 16 au 18 février 2016, toujours à Đà Nẵng.

mercredi 6 février 2019

Le général Lương Cường promu général d'armée (29/01/2019)

Le 29 janvier 2019, le président de la république (et secrétaire général du Parti communiste vietnamien - PCVN) Nguyễn Phú Trọng a élevé au rang de généraux d’armée le général de corps d’armée Lương Cường (ci-dessous à gauche), directeur du très influent Département général politique (DGP) du ministère de la défense, et le général de corps d’armée Tô Lâm (ci-dessous à droite), puissant ministre de la sécurité publique.
Ces promotions, intervenues à quelques jours du passage à la nouvelle année (05 février), sont dans l’ordre des choses. Tout comme ce fut le cas le 05 octobre 2015 lors de la précédente cérémonie similaire (promotion des généraux Ngô Xuân Lịch et Đỗ Bá Tỵ, alors respectivement alors directeur du DGP et chef d’état-major général des armées), ces deux personnalités-clés du maillage sécuritaire national accèdent au rang le plus élevé de la hiérarchie vietnamienne. Le général Lâm s’inscrit logiquement dans la continuité de feu le général d’armée Trần Đại Quang - ex-ministre de la sécurité intérieure puis président de la république - tandis que le général Cường confirme sa position de numéro 2 du ministère de la défense derrière le général Lịch. 
Ces promotions ne bouleversent pas les postes sommitaux des deux ministères, et confirment le poids de ces personnalités dans la haute hiérarchie du PCVN, qui entre dans les deux dernières années décisives pour la préparation de son prochain congrès national (le treizième), début 2021. 
Le général Cường est né le 15 août 1957 à Việt Trì, dans la province de Phú Thọ (Nord). Entré en service très jeune, en 1972, il appartient à la dernière génération d’officiers qui a débuté sa carrière en temps de guerre (contre les Américains, puis contre les Chinois). Par définition peu médiatisé, son parcours de carrière dans le corps des commissaires politiques de l’armée populaire s’est déroulé dans le Nord, au sein du 2Corps d’armée puis de la 3Région militaire. 
Sa progression dans les hautes instances dirigeantes de l’armée et du PCVN s’est effectuée au début de la décennie 2010 avec son élection au sein du Comité central du PCVN en janvier 2011 et sa nomination à l’un des quatre postes de directeur adjoint du DGP ; une progression qui s’est confirmée en 2016 avec sa reconduction au sein du Comité central du PCVN lors du 11congrès national du PCVN, en janvier, et sa nomination à la tête du DGP le 15 avril pour prendre la suite du général Lịch - élu ministre de la défense.
Agé de 61 ans, le quinzième général d'armée de l'histoire de l'armée populaire vietnamienne ne présente pas une forte marge de progression, au regard des échéances de 2021. En effet, le général Cường appartient à la même génération que le général Lịch, ce qui ne lui offre pas de réel potentiel pour un quinquennat ministériel. Dans une hiérarchie où l’exception est rarement la règle (l’élection du général Lịch en 2016 au lieu du général Đỗ Bá Tỵ), il est probable que le futur ministre de la défense soit un homme issu des forces et non de la branche politique du ministère de la défense.
Ci-après les 14 généraux d'armée entrés dans l'Histoire du pays, auquel s'ajoute désormais le général Cường. Selon la loi sur les officiers, seuls trois officiers peuvent se voir décerner le rang de général d'armée: le ministre de la défense, le directeur du DGP et le chef d(el)'état-major général des armées. Le général de corps d'armée Phan Văn Giang pourrait quant à lui attendre encore deux ans avant d'atteindre ce grade terminal.