dimanche 27 septembre 2020

La diplomatie vietnamienne de défense marque une pause pour préparer le Congrès national du PCVN

Alternance à la tête des instances aséaniennes: le Viêt Nam passe la main au sultanat de Brunei

Le 24 septembre 2020, les commandants en chef des armées des dix pays membres de l’ASEAN se sont réunis en sommet annuel, organisé pour la première fois en visioconférence en raison des effets de la pandémie de COVID-19. Ce dix-septième sommet a été animé depuis Hà Nội, qui préside les instances de l’ASEAN jusqu’à la fin de l’année. Il s’est inscrit dans le prolongement de deux autres réunions en mode « virtuel », celle des chefs « opérations » et celle des directeurs du renseignement militaire des Etats membres.

Outre les présidents des deux instances précitées, le général de corps d’armée Phan Văn Giang, chef de l’état-major général des armées, avait tenu à s’entourer des ambassadeurs et des attachés de défense aséaniens, tandis que ses homologues participaient depuis leurs capitales respectives. Un mode de communication que la crise liée au COVID-19 a permis de généraliser durant cette année exceptionnelle, et dans l’exercice duquel les différents grands services du ministère vietnamien de la défense semblent désormais bien accoutumés.

Sans réelle surprise dans cette instance qui fait la part belle au principe de consensus, les intervenants se sont accordés pour saluer la présidence vietnamienne de cette instance malgré le contexte sanitaire incertain, et souligner la persistance des risques pesant sur la stabilité régionale, tant sur mer (différends territoriaux, même si la Chine n’a pas été nominativement citée pour ne pas froisser directement l’obligeant voisin) que de manière générale avec des menaces terroristes toujours présentes. De cet état des lieux, les chefs d’état-major des armées de l’ASEAN ont adopté un plan d’activités pour la période 2020-2022, dont le contenu n’a pas été médiatisé mais dont l'on note une volonté (exprimée par le Viêt Nam) de voir désormais le drapeau de l'ASEAN flotter sur les théâtres d'opérations onusiens sur lesquels des soldats de l'un ou plusieurs Etats membres de l'Association sont engagés. De là à percevoir les prémisses de déploiements sous bannière aséanienne, il y a un pas que nous ne franchirons pas encore.la suite des travaux sera désormais portée par le sultanat de Brunei, dont l'attaché de défense en poste au Viêt Nam, le LCL Zainolhizad bin Haji Muhammad Zain, a reçu des mains du général Giang le drapeau du comité des chefs d'état-major des armées aséaniennes.


Cette « formalité » étant achevée, le haut commandement vietnamien peut désormais mettre entre courte parenthèse ses activités internationales et « entrer en conclave » : du 27 au 30 septembre, 450 représentants militaires du Parti communiste vietnamien (PCVN), dont 430 ont été élus durant les travaux qui ont été menés depuis le début de l’année - les 20 autres siégeant déjà au Comité central du Parti -, se réuniront à Hà Nội afin de dresser le bilan de l’action des armées durant la mandature 2016-2020, s’accorder sur les termes du volet militaire qui sera intégré au rapport du comité central lors du treizième Congrès national du Parti, en janvier prochain, et surtout élire leurs représentants au sein de la prochaine mandature. La génération du GAR Ngô Xuân Lịch (66 ans), ministre de la défense, atteint en effet sa limite d’âge en service et va passer la main à la jeune génération, née au début voire au milieu des années 1960, à l’image du GDI Nguyễn Tân Cương (56 ans) voire du contre-amiral Trần Thanh Nghiêm (50 ans). L’on devrait donc voir s’effacer plusieurs vice-ministres de la défense, même si l’incertitude entoure encore l’avenir de l’incontournable GCA Nguyễn Chí Vịnh (63 ans). Comme de rigueur dans ces travaux de succession, les débats seront menés dans la plus grande confidentialité, sous la houlette du général Lịch et surtout du Département général politique, puis endossés par le secrétaire général du PCVN Nguyễn Phú Trọng qui sera lors de cet événement dans son rôle de secrétaire de la Commission militaire centrale du Parti plus que dans celui de chef de l’Etat. 

samedi 26 septembre 2020

Sommet des directeurs du renseignement militaire de l'ASEAN (22/09/2020)

Quatre jours après la réunion des chefs « opérations » des 10 Etats membres de l’ASEAN, un autre cénacle s’est réuni, toujours en mode « virtuel », depuis Hà Nội. Le 22 septembre 2020, le général de division Phạm Ngọc Hùng, directeur du Département général du renseignement militaire (Tổng cục 2) a rassemblé autour de lui mais sur grand écran des commandeurs dont les apparitions en public sont par essence très discrètes. `


Cette conférence annuelle a abordé les grandes questions de sécurité régionale (situation en mer de Chine méridionale) voire les menaces internationales pouvant peser sur la communauté aséanienne (notamment le terrorisme). Comme à l’accoutumée, les médias – et certainement aussi les participants – ont été très précautionneux sur le fait de ne pas mentionner directelentla Chine, encombrant (militairement) quoique précieux (économiquement) voisin. 

Le Viêt Nam, toujours engagé dans une posture qu’il veut proactive, a proposé la création d’une Communauté du renseignement militaire de l’ASEAN (Cộng đồng Tình báo Quốc phòng ASEAN), avec pour objectifs, selon le général Hùng, de renforcer les échanges, le partage et la coopération en matière de renseignement. Cette déclaration d’intention pourrait cependant se limiter à l’effet d’annonce médiatique, tant la sensibilité est grande sur ces questions de renseignement militaire dont le partage et les échanges s’effectuent surtout dans un cadre bilatéral et non dans une vaste assemblée. Si le renseignement est bien « l’affaire de tous », sa mise en commun est une autre affaire, dans laquelle les rapports de puissance entre Etats s’expriment. Il est donc peu probable que cette Communauté, si elle venait à être créée, soit un organisme plus dense que cette conférence des DRM aséaniens. En pratique, la proposition vietnamienne pourrait simplement aboutir à un rebaptême du "sommet" des DRM, qui deviendrait une "Communauté". Le cœur du sujet restera la matière réellement partagée entre les dix membres. Nul doute que le plus petit dénominateur commun ne sera pas très volumineux.

Enfin, tout comme ce fut le cas lors du sommet des chefs « OPS » de l’Association, le 18 septembre, le général Hùng a transmis le témoin symbolique de la présidence de ce groupe de travail à l’attaché de défense du sultanat de Brunei, entérinant ainsi la passation de leadership de cette instance entre le Viêt Nam et Brunei.



jeudi 24 septembre 2020

Le Viêt Nam ne présidera pas deux années de suite les instances aséaniennes (16/09/2020)

 

Le 16 septembre 2020, depuis Hà Nội, le général de division Thái Đại Ngọc, chef du Département des opérations de l’état-major général des armées vietnamiennes, a présidé la réunion annuelle des "chefs ops" des dix pays de l’ASEAN. Pandémie de COVID-19 oblige, cette réunion a, comme la quasi-totalité de celles que le Viêt Nam espérait accueillir durant sa présidence des instances aséaniennes en 2020, été organisée par vidéoconférence. Seule exception à ce sentiment d’isolement forcé, les organisateurs s’étaient entourés des attachés de défense des Etats membres de l’association régionale, qui partagent au quotidien les mêmes conditions de vie que les Vietnamiens.

Plus que le contenu des discussions, forcément orienté sur les espoirs que les effets de la pandémie s’estompent prochainement afin que les contacts directs puissent reprendre, ce mini-sommet s’est conclu par une transmission symbolique de témoin entre le général Ngọc et l’attaché de défense du sultanat de Brunei accrédité à Hà Nội. Par ce geste, les autorités vietnamiennes lèvent désormais le doute - et reconnaissent la fin des espoirs que certains entretenaient - de voir leur pays conserver une année supplémentaire la présidence de l’ASEAN. Une telle situation, certes exceptionnelle - mais la situation que connaissent tous les pays cette année est exceptionnelle en tous points – n’était pas utopique (voir à cet égard la récente étude d’AVQ) et était même soutenue par des partenaires non aséaniens tels que les Etats-Unis et l’Australie. Certes, ne nous voilons pas la face, ces derniers pouvaient voir dans une telle décision un atout dans leur stratégie « tout sauf Pékin », qui s’est développée sur le terreau de la pandémie de COVID-19 et continue de s’exprimer jusqu’à la tribune (elle aussi virtuelle) de l’assemblée générale des Nations unies.

Le LCL Zainolhizad bin Haji Muhammad Zain, attaché de défense de Brunei, 
reçoit le témoin de passation de présidence du groupe de travail des chefs OPS de l'ASEAN 
des mains du GDI Thái Đại Ngọc.

Les dés sont donc jetés, les passations de leadership entre le Viêt Nam et Brunei ont bel et bien commencé, comme les militaires nous le montrent. Hà Nội n’aura en tout état de cause pas démérité dans sa présidence « virtuelle » de l’Association, mais le poids et le lustre qui devaient entourer les différents sommets de fin d’année manqueront au bilan final du régime qui, alors qu’il est désormais en courte finale de la relève du Comité central du Parti communiste vietnamien et de tous les hauts dirigeants du Parti et donc de l’Etat, ne pourra s’auto-créditer d’un succès total dans sa présidence de l’ASEAN, qui coïncidait avec un siège de membre non-permanent au Conseil de sécurité des Nations unies. Une telle situation, avec un « alignement des planètes » aussi favorable, n’est pas amené à se représenter avant de nombreuses années, ce dont tout le monde (diplomatique) est bien conscient, tant à Hà Nội qu’à Pékin. 

Année blanche donc, sans accroc, mais sans jalon mémorable. L’effet COVID-19 restera longtemps dans les annales.

dimanche 20 septembre 2020

Des "requins" se posent à Hồ Chí Minh-Ville (16-19/09/2020)

Du 16 au 19 septembre 2020, l’aéroport de Hồ Chí Minh-Ville Tân Sơn Nhất a accueilli une escale exceptionnelle, discrète et haute en couleurs. Avec leur nez arborant une menaçante gueule de requin, quatre A-29 Super Tucano ont fait relâche durant plus de 48 heures, le temps de permettre aux équipages de faire une dernière pause avant de franchir la mer de Chine méridionale jusqu’à la base aérienne de Clark, aux Philippines. 

Ces appareils, construits par la compagnie Embraer, font partie d’un lot de six A-29, en cours d’acheminement. Deux avions ont visiblement rencontré quelques difficultés lors de leur transit en Asie du sud-est. Tous sont pilotés par des équipages d’Embraer qui, après avoir livré les avions, formeront les futurs utilisateurs philippins durant deux mois.

Leur long périple, entamé à Sao Paulo, aura comporté une dizaine d’escales pour ravitailler et permettre aux équipages de se reposer. C’est lors d’une de ces escales qu’ils ont été spottés par un observateur attentif dans la grande métropole du Sud du Viêt Nam. 




samedi 19 septembre 2020

La police maritime gagne ses lettres de noblesse philatéliques (27/08/2020)

Le 27 août 2020, le ministère vietnamien de l’information et de la communication et la compagnie nationale des postes ont émis une série de timbres consacrée à la police maritime nationale (Cảnh sát biển Việt Nam). Comme toujours lors de ces événements à fort symbole dans le collectif national, la date de première mise en service n’était pas fortuite : elle coïncidait avec le vingt-deuxième anniversaire de la création de cette composante (28 août 1998), qui voit enfin son statut de grande composante de l’armée populaire vietnamienne enfin reconnu par ces petites vignettes, qui vont désormais diffuser son image dans le pays et jusqu’à l’étranger, au gré des correspondances postales. 


A ses origines simple « département » (Cục cảnh sát biển Việt Nam) de la marine populaire (Bộ tư lệnh Hải quân), la police maritime en a été détachée en 2008 pour dépendre directement de l’état-major général des armées, puis, en 2013, elle a accédé au statut de « commandement » à part entière (Bộ Tư lệnh Cảnh sát biển), au même titre que la marine, l’armée de l’air ou chaque arme de l’armée de terre. Un statut parfaitement justifié par l’ampleur croissante de la mission de la police maritime (dont les bâtiments arborent désormais aussi la transcription Coast Guards sur leurs flancs), chargée de veiller sur des eaux territoriales très fréquentées et aux richesses disputées. Cette situation a résulté en un effort tout particulier de renouvèlement des équipements de cette composante, quoiqu’avec un léger décalage par rapport à celui qui a été produit au bénéfice de la marine dès le début des années 2000. Actuellement, une centaine de bâtiments de différents gabarits sont inscrits à son ordre de bataille. Les plus modernes d’entre eux sont construits par les chantiers navals vietnamiens, en partenariat avec les chantiers navals néerlandais Damen; s’y rajoutent des bâtiments étrangers, cédés au Viêt Nam après avoir été retirés du service actif. Ces bâtiments sont essentiellement japonais et sud-coréens, tandis que celui au gabarit le plus important est un ancien cutter américain. Au regard de l’ampleur de ces moyens, répartis dans quatre régions de police maritime, le commandant en chef de la police maritime (actuellement le général Nguyễn Văn Sơn)  se voit attribuer le même grade terminal (général de division) que le commandant en chef de la marine - une belle marque de reconnaissance pour une composante très sollicitée dans des missions de patrouille maritime et d’assistance aux navires en difficulté dans les eaux de la mer « de l’Est ».

Patrouilleurs TT-120 et TT-400.

Pour cette série philatélique, consacrée non plus aux richesses maritimes mais aux moyens mis en œuvre pour protéger plus 3 200 km de côtes parsemées de quelque 2 000 îles - dont  l’archipel des Spratley (à défaut de pouvoir pénétrer dans celles des Paracel, sous contrôle chinois mais toujours clamées par Hà Nội comme étant partie inaliénable du territoire vietnamien) -, le service des postes a choisi de mettre en valeur tout un panel de bâtiments d’ancienneté, de gabarit et de missions différentes : un des neuf patrouilleurs de type TT-400 (400 tonnes), un des cinq remorqueurs de 1400 tonnes construits en partenariat avec les chantiers navals Damen, l’unique patrouilleur de classe Sông Hàn (1000 tonnes) offert par la Corée du sud en 2014 après avoir été retiré du service (et portant désormais le numéro 8003 - ci-dessous) , et surtout l’un des quatre patrouilleurs de haute mer de classe DN-2000 (2500 tonnes, 90 m de long, autonomie de 40 jours).


Le remorqueur de haute mer CSB 9004, mis à l'eau 9 mai 2015.

En outre, et comme la philatélie n’échappe pas à une mission commune à tous les vecteurs de diffusion de l’information officielle du régime de Hà Nội - porter haut le sentiment de fierté nationale, vers la population nationale mais aussi vers les partenaires et/ou observateurs étrangers - le lecteur attentif aura remarqué, sur le bloc consacré au CSB 8004, quelques emphases et déformations volontaires de la réalité du terrain pour amplifier un message, dont la teneur est simple : Spratley et Paracel font partie de la terre sacrée vietnamienne. Et c’est là qu’entre en jeu le trait de plume de l’artiste Nguyễn Du, comme sur cette belle vignette consacrée à l’un des fleurons de la flotte de la police maritime

Le jeu des erreurs: sur le bloc, une île est rajoutée par rapport à la photo de référence.


Au premier abord, le message est clair : le patrouilleur de haute mer CSB 8004, mis à l’eau fin novembre 2014, est un bâtiment flambant neuf, à long rayon d’action, bien armé pour intervenir jusque dans les îles isolées et sur les sites de pêche et/ou d’exploitation pétrolière. Une réalité un peu accentuée sur ce bloc, dont l’auteur a volontairement un peu chargé les détails. Au demeurant, il s’avère que Nguyễn Du a copié une photo, extraite d’un reportage publié le 10 avril 2017 sur une mission menée par le CSB 8004 dans les Spratley - où il avait fait escale sur l’île de Southwest Cay (Song Tử Tây) - puis à proximité de la plateforme de forage DK1 (dans le sud de la province de Cà Mau, à plusieurs centaines de kilomètres de Southwest Cay). A partir de cette base réelle, l’auteur a rajouté en arrière-plan une île, pourtant inexistante sur le site de forage, et a chargé navires et plateforme de forage de nombreux drapeaux rouge à l’étoile d’or, dans un patriotisme tout naturel. 


Mission de l’artiste accomplie, artifice invisible aux yeux non initiés, mais l’essentiel est dans le message : la police maritime veille, en tous points des eaux territoriales et ce jusqu’aux confins des terres revendiquées de la mer « de l’Est ». Entre patriotisme et propagande, il n’y a qu’un train de crayon, facile à imprimer – sur papier filigrane et dans les esprits !

samedi 12 septembre 2020

Participation du Viêt Nam aux Army Games 2020: succès des tankistes, spectre du COVID-19 (25/08 - 05/09/2020)

Du 25 août au 05 septembre 2020, plusieurs détachements de l’armée de terre vietnamienne ont participé aux Army Games, véritables jeux olympiques opérationnels militaires, organisés par la Russie, en partenariat avec neuf nations alliées (Arménie, Azerbaïdjan, Biélorussie, Chine, Inde, Iran, Kazakhstan, Mongolie et Ouzbékistan). Après leur première participation, très symbolique, en 2018, les militaires vietnamiens s’étaient montrés plus affûtés à l’été 2019 et, malgré le poids de la crise sanitaire qui pèse sur le pays depuis le début de l’année, de nouvelles équipes s’étaient engagées à faire au moins aussi bien cette année.

La pandémie de COVID-19 n’ayant pas eu raison de l’édition 2020, le Viêt Nam a donc répondu présent à cet événement, aux côtés de 27 nations sur les 85 invitées initialement par le général Shoigu, ministre russe de la défense. En cette année du soixante-dixième anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques avec Moscou, Hà Nội ne pouvait en effet rejoindre les rangs des absents, déjà bien garnis cette année. 

Cette année, le Viêt Nam a aligné des équipes dans onze disciplines, contre huit l’an passé, et a engagé près de 130 compétiteurs et une petite quarantaine d’accompagnateurs. Tous ont rejoint Moscou le 10 août matin par avion spécial, après un vol de neuf heures de vol, avec respect des mesures de précaution sanitaires imposées par le risque de COVID-19. Ces mesures se sont poursuivies à leur arrivée : port du masque et de gants, test COVID immédiat, puis mise en isolement durant trois jours, période durant laquelle les membres de la délégation ont fait l’objet de tests réguliers. Ce n’est qu’à l’issue que les équipes ont rejoint les différents sites de compétition, en Russie et dans les pays partenaires, pour s’adapter aux conditions de déroulement des épreuves, et notamment percevoir les équipements mis à disposition par les organisateurs.

 

Tout comme les deux années précédentes, les compétitions ont fait l’objet d’une couverture médiatique importante, avec en fer de lance le journal de l’armée (Quân đội Nhân dân), dont les reportages ont été largement repris dans les nombreux sites d’information officiels et dans les blogs spécialisés. Fidèle à sa tradition, le team Viêt Nam, emmené lors de la cérémonie d’inauguration de ces jeux par le général de division Ngô Minh Tiến, l’un des adjoints au chef de l’état-major général des armées, s’est distingué par sa cohésion, sa solidarité, son fair play et un attachement sa faille à la promotion de ses couleurs, avec en point d’orgue la journée du 2 septembre (75e fête nationale) durant laquelle les organisateurs ont largement mis en valeur les représentants du pays-frère. 

Les espoirs et encouragements initiaux, adressés aux équipes engagées dans des épreuves aussi variées que le Tank Biathlon, épreuve phare des Army Games, le tir de précision, l’artillerie de campagne, l’ouverture d’un itinéraire par le génie, le secourisme de combat, l’emploi des chiens militaires, les transmissions, la lutte NRBC, mais aussi la cuisine sur le terrain et l’émulation des combattants, se sont progressivement recentrés sur une réalité plus prosaïque : « l’essentiel est de participer » et « l’on apprend en marchant » - ou plutôt en courant et en se mesurant à des nations plus prestigieuses. 

Après deux semaines d’intense engagement, cet objectif a été atteint : les équipes vietnamiennes n’ont pas eu à rougir et quelques unes ont réussi à tirer leur épingle d’un jeu souvent relevé. L’on retiendra notamment LA performance de l’équipe de tankistes qui, engagée en « seconde division » de la compétition, a terminé à la première place de ce groupe devant le Laos, la Birmanie, le Tadjikistan (finalistes eux aussi), l’Abkhazie, l’Ossétie du sud, le Congo et le richissime Qatar. Plus qu’une coupe, l’équipe (comprenant trois équipages) emmenée par le colonel supérieur Nguyễn Ngọc Thăng, l’un des adjoints au commandant en chef de l’arme blindée, réussit à se qualifier pour concourir, en 2021, dans le prestigieux groupe 1 (dont les épreuves ont été remportées cette année encore par la Russie, devant la Chine). 

Le Viêt Nam sera donc l’unique représentant de l’Asie du sud-est dans ce groupe, au sein duquel il se confrontera à son grand voisin. L’essentiel sera alors non seulement de participer mais aussi et surtout de ne pas redescendre en seconde division. Gageons que l’expérience acquise par les équipages se consolidera tout au long de l’année. Déjà cette année, plusieurs membres d’équipage avaient déjà participé à l’édition 2019. Même si le Viêt Nam n’est pas équipé du T-72 B3 qui était mis à disposition des participants par les organisateurs, l’entrée en service des T-90 S dans les unités de la 201e brigade blindée, fin 2019/début 2020, a visiblement porté des fruits. 

Un bilan satisfaisant dans les autres disciplines.

Les équipes du génie - ci-contre à droite (3e derrière la Russie et l’Ouzbékistan) - et de secourisme au combat ont conservé la médaille de bronze acquise l’an passé. 

Celle de l’arme des transmissions, dont c’était la première participation et qui a dû aussi se confronter à l’obstacle de la langue (russe) dans les épreuves, a montré des qualités prometteuses (3e place).

Celle des chiens militaires, dont c’était aussi la première expérience, a terminé 4e sur huit pays engagés. Cette épreuve a permis aux garde-frontières, dont étaient issus les binômes maître chien – berger malinois, de découvrir les Army Games.

Les tireurs de précision ont eu aussi remporté une quatrième place, sur sept nations engagées.

Les autres équipes ont connu des fortunes moins brillantes mais peuvent garder la satisfaction de s’être frottées à des concurrents rompus à cet exercice à part entière que son les Army Games.

Enfin, l’on gardera en mémoire la prestation, hors compétition, d’une équipe dont l’arme n’est ni le fusil ni le char mais la culture et les arts. Composante à part entière des armées, les troupes artistiques ne ménagent pas leurs efforts et leur créativité pour insuffler enthousiasme, ardeur, confiance, et surtout porter haut le lien entre armée et nation, mais aussi entre l’armée et le Parti communiste. 

L’équipe vietnamienne, engagée dans le festival culturel « Amitié sans frontières », a basé son programme sur le thème du Viêt Nam, pays pacifique, engagé dans la coopération et développé, sans oublier de placer un accent particulier sur l’amitié liant Hà Nội à la Russie, au travers d’une thématique « deux pays, un seul cœur ». Sans surprise, les artistes vietnamiens ont vu leur prestation saluée par une lettre de félicitation.

Et l’on n’oubliera pas, dans une veine à la croisée du journalisme et de l’émulation, voire de la propagande, la mise à l’honneur du reporter du Quân đội Nhân dân, qui rentre honoré d’une médaille pour avoir « contribué à renforcer la coopération militaire bilatérale ».

Moisson raisonnable de récompenses achevée, la délégation vietnamienne a quitté Moscou le 07 septembre

Un Boeing 787-10 de la compagnie Viêt Nam Airlines a ramené les 182 compétiteurs et leurs accompagnateurs ainsi que 24 stagiaires ayant achevé leur formation en écoles militaires russes, mais aussi la délégation laotienne (90 personnes) jusqu’à Hà Nội. Tous ont été accueillis par une équipe médicale qui a procédé à de nouveaux tests de détection COVID-19, et placé à nouveau les compétiteurs vietnamiens en isolement sanitaire, tandis que la délégation laotienne embarquait dans un appareil à destination de Vientiane. Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour que les premiers résultats de ces tests fassent apparaître 14 cas de contamination au COVID et 11 cas contacts, qui ont tous été placés en observation à l’Institut des maladies tropicales. 

Un dur retour avec une réalité sanitaire qui reste tendue, et qui prouve que l’étanchéité n’existe pas dans les grands rendez-vous, aussi protégés soient-ils. La parenthèse d’enthousiasme pour ces J.O. militaires se referme, les militaires vietnamiens retrouvent une réalité faite d’un autre combat, contre cet ennemi invisible qu’est le COVID-19.