vendredi 24 janvier 2020

Accueil du printemps, par 40 degrés à l'ombre (25/01/2020)

Bentiu.
Respect de la Tradition, par les 63 membres du service de santé des armées qui mettent en oeuvre l'hôpital militaire de campagne de la Mission des Nations unies au Soudan du Sud (MINUSS). 

Les nouvelles lignes dirigeantes se dessinent en ce début d'année.

Le début d’année est toujours propice à de nouvelles prises de fonctions dans le haut état-major vietnamien. 2020 n’échappe pas à la règle. Confirmant les promotions de la fin décembre 2019, le général d’armée Ngô Xuân Lịch, ministre de la défense, a remis le 07 janvier 2020 leur nouvelle charge à cinq généraux : 
  • le général de division Nguyễn Tân Cương, désormais l’un des (actuellement) six vice-ministres de la défense. 
  • les généraux de division  Huy Vịnh et Nguyễn Văn Nghĩa, nommés adjoints au chef d’état-major général des armées ;
  • le général de brigade aérienne Vũ Văn Kha (ci-contre) qui succède au général Lê Huy Vịnh en tant que commandant en chef de l’armée de l’air et de la défense sol-air. Ce pilote de chasse a commandé la division 370 (dont l’état-major est basé à l’aéroport de Hồ Chí Minh-Ville - Tân Sơn Nhất). Depuis 2017, il était l’un des adjoints du général de division Lê Huy Vịnh, un missilier. Sa promotion est particulièrement importante car le général Kha devient le premier pilote à accéder à la tête de cette composante de l’armée populaire vietnamienne depuis le général Nguyễn Đức Soát (1999-2002). Tout en s’inscrivant dans une relation de confiance avec le général Vịnh, qui a rejoint le collège des adjoints au chef de l’état-major général des armées, cette nomination redore le blason d’une armée de l’air toujours en cours de modernisation et qui a connu plusieurs accidents meurtriers durant les dernières années.
  • Enfin, le nouvellement promu général de brigade Đinh Mạnh Phác, qui quitte ses fonctions de commandant militaire de la province de Phú Thọ pour prendre celles d’adjoint au commandant en chef de la 2e Région militaire.

En ce début de dernière ligne droite avant la tenue du treizième Congrès national du Parti communiste vietnamien (PCVN), en janvi 2021, le haut état-major est déjà bien dessiné. Le général de corps d’armée Phan Văn Giang, chef de l’état-major général des armées, est entouré de six adjoints, un nombre supérieur aux droits ouverts (cinq). Le général de corps d’armée Nguyễn Phương Nam, plus ancien membre de ce collège, quittera donc certainement rapidement ses fonctions.
A l’échelon supérieur, celui des vice-ministres de la défense, l’incertitude demeure. Tous les vice-ministres sont en effet âgés de plus de soixante ans, à l’exception du général de division Nguyễn Tân Cương qui, avec ses 53 ans, présente théoriquement le plus fort potentiel de progression pour succéder une nouvelle fois au général Phan Văn Giang, cette fois au poste de chef de l’état-major général (EMG) des armées. En effet, le général Cương, plus jeune de six ans que le général Giang, lui a déjà succédé par deux fois (en 2008 à la tête de la Division 312, puis fin 2011 à la tête du 1er Corps d’armée). Il ne serait pas illogique, dans une hiérarchie où les relations personnelles comptent beaucoup, de voir le jeune général Nguyễn Tân Cương prendre la tête de l’EMG puis, à l’horizon 2026, postuler à la fonction suprême.
La succession du ministre : un opérationnel ou un nouveau commissaire politique ? Il est peu probable que le général Ngô Xuân Lịch (66 ans cette année) conserve son poste au printemps 2021. L’enjeu de la succession réside dans le choix qui devra être fait entre la nomination d’un autre commissaire politique pour succéder au général Lịch ou de promouvoir un opérationnel. Dans ces sphères militaires particulièrement hermétiques sur les débats relatifs à la succession des postes-clés, et où l’effet de surprise ne peut être exclu (comme ce fut le cas en 2016 avec l’élection du général Ngô Xuân Lịch et non celle du général Đỗ Bá Tỵ), les deux options doivent être prises en compte, d’autant plus que la branche politique de l’armée populaire vietnamienne est connue pour avoir des relations privilégiées avec son interface chinoise, un atout qui compte en ces temps de poussées de tensions entre Hanoi et Pékin sur fond d’affirmation de puissance chinoise en mer « de l’Est ». Le Département général Politique a en son sein deux candidats potentiels au poste suprême - jeunes, déjà généraux de corps d’armée et membres du comité central du PCVN depuis deux mandats. En particulier, le général Nguyễn Trọng Nghĩa (57 ans), plus ancien adjoint au chef du Département général politique du ministère de la défense (depuis 2012), remplit tous les critères pour succéder au général d’armée Lương Cường à la tête de ce très puissant Département, voire au poste suprême de la défense. 
Face à lui, le représentant de la branche opérationnelle est bien le général Phan Văn Giang. Tout comme le général Đỗ Bá Tỵ six ans auparavant, il présente un parcours ascensionnel sans tâche. Dans un contexte où toute la haute hiérarchie peut actuellement être qualifiée de parfaitement fidèle au Parti - surtout avec le contrôle du général Lịch - l’investiture du général Giang (homme qui peut difficilement faire l’objet de soupçons d’alignement vers l’occident au détriment des liens avec Pékin) pourrait offrir une alternance dans la continuité.
Enfin, l’incertitude demeure aussi sur la succession du très influent général Nguyễn Chí Vịnh au poste clé de vice-ministre de la défense, chargé des relations extérieures. Sa grande longévité (déjà plus de dix ans) dans cette fonction de tout premier plan et son poids dans la vie militaire (non seulement il a commandé la très puissante direction du renseignement militaire (DG-2), mais aussi il est le fils du général d’armée Nguyễn Chí Thanh, compagnon d’armes d’Hồ Chí Minh) font que trouver un profil similaire est actuellement impossible. Une option pourrait résider dans le général de division Phạm Ngọc Hùng, actuel directeur du DG-2 et qui accompagne souvent le ministre de la défense dans ses déplacements à l’étranger. 
Mais gageons que dans cette sphère hermétique que sont les hautes instances du PCVN, l’opacité et le secret resteront des tendances lourdes. A défaut d’accoucher d’une souris, l’année du Rat (Canh Tý, 25 janvier 2020 - 10 février 2021) sera avec certitude celle de la gestation d’une nouvelle équipe dirigeante, à laquelle sera confiée la destinée du pays pour cinq ans. 
Chúc mừng Năm mới !

dimanche 5 janvier 2020

Bilan de l'année 2019

Une nouvelle année s’est achevée dans La Rue des Soldats. Dans le prolongement des bilans 2016, 2017 et 2018, je garderai de ce millésime 2019 huit événements, présentés ci-après, non par ordre chronologique, mais en fonction de leur impact en faveur de l’image de l’armée dans la vie du pays. Ce choix est bien sûr forcément subjectif. Pour autant, il place l’accent sur des faits importants, qui continueront de façonner l’actualité de défense du pays, y compris en 2020.
La Rue des Soldats, fidèle à son engagement de s’appuyer sur l'étude des sources en vietnamien, poursuivra ses efforts pour percer le brouillard de l'actualité de défense vietnamienne. Puisse cette démarche continuer de plaire aux quelques lecteurs qui poussent la porte de cette ruelle, et encore plus à ceux qui s’y arrêtent plus longuement !
1 – L’effacement durable du numéro un du pays de la scène intérieure et internationale. 
Il est difficile de ne pas placer au premier rang des événements de l’année l’effacement brutal du devant de la scène politique, diplomatique, militaire, de M. Nguyễn Phú Trọng, secrétaire général du Parti communiste vietnamien depuis janvier 2011 et qui cumule depuis le 23 octobre 2018 ses fonctions avec celles de président de la république – suite au décès, dans l’exercice de ses fonctions, du général d’armée Trần Đại Quang (21 septembre 2018). Victime d’un « malaise » (derrière lequel se cache plus probablement un accident vasculo-cérébral) lors d’un déplacement dans la province de Kiên Giang le 14 avril, jour de ses 75 ans, celui qui évoquait lors de sa rééelection au poste du numéro un du Parti, en janvier 2016, son intention de n’effectuer qu’un demi mandat à la tête du Parti, se trouve contraint d’entrer en résistance - contre la maladie. Un combat bien masqué par les médias officiels, mais qui n’a à ce jour pas été gagné. Une première réapparition au public de M. Trọng (14 mai), présenté ostensiblement en « bonne santé » (et avec une montre connectée au poignet - certainement pour surveillance de ses constances médicales), suivie de quelques apparitions à la tête des instances du Parti ou lors de remise de lettres de créances d’ambassadeurs nouvellement nommés, ne réussissent pas à rassurer sur sa capacité à assumer pleinement ses doubles et exigeantes fonctions. Son absence très remarquée aux funérailles du général d’armée Lê Đức Anh, ex-président de la république (03 mai), ainsi qu’aux commémorations du soixante-quinzième anniversaire de l’armée populaire vietnamienne (APVN), le 21 décembre à Hà Nội, et son effacement quasi total de la scène diplomatique internationale, valent au premier ministre Nguyễn Xuân Phúc d’être de facto placé sur tous les fronts, dont un a été opportunément (r)allumé par la Chine en mer « de l’Est ».
L’année 2020, celle des ultimes préparatifs et décisions devant conduire à la relève d’une génération de dirigeants du pays en janvier 2021 lors du treizième Congrès national du PCVN, sera sans nul doute éprouvante pour le numéro un du pays, et avec lui pour l’ensemble du bureau politique du Parti, qui doit se préparer aux conséquences d’une nouvelle dégradation de l’état de santé de M. Trọng.
2 – Une longue violation des eaux territoriales vietnamiennes par la Chine.
Après quasiment cinq années sans incident majeur entre la Chine et le Viêt Nam en mer de Chine méridionale, Pékin a pris l’initiative d’une nouvelle provocation de son voisin, et ce en parfaite connaissance de l’affaiblissement de M. Nguyễn Phú Trọng. 
Du 03 juillet au 25 octobre, un navire d’études géologiques (Haiyang Dizhi 8) accompagné d’une escorte robuste a pénétré durablement dans les eaux territoriales vietnamiennes aux abords du récif de Vanguard Bank (Bãi Tư Chính pour le Viêt Nam) et procédé à plusieurs séquences de relevés jusqu’à 170 km de Phan Thiết, entrecoupées de courtes pauses dans les infrastructures que la Chine a consolidées depuis cinq ans sur l’atoll de Fiery Cross Reef, qui est désormais devenu un véritable point d’appui logistique et sécuritaire chinois dans les eaux contestées de la mer de Chine méridionale et à proximité immédiate des eaux territoriales vietnamiennes.
Ce bras de fer, qui n’a cependant pas dégénéré en affrontement direct entre bâtiments (essentiellement de garde-côtes / police maritime) qui se sont fait face durant trois mois, présente de nombreuses similitudes avec la précédente provocation de Pékin dans les eaux territoriales revendiquées par Hanoi en 2014 (intrusion du 02 mai au 14 juillet de la plateforme de forage HD-981 dans les Paracel, à 170 km de la côte vietnamienne), mais à un degré supérieur, avec plusieurs tendances lourdes :
-       Encore plus qu’en mai-juillet 2014, la haute sphère dirigeante vietnamienne était (et est toujours) très affaiblie : l’effacement de M. Trọng au moment même où le PCVN se met en ordre de marche pour renouveler sa haute hiérarchie a été opportunément exploité par Pékin. Et pourtant, les provocations chinoises du printemps-été 2014 avaient pesé sur le choix du Parti de porter à sa tête un homme connu pour être enclin à maintenir de bonnes relations avec Pékin (en l’occurrence M. Trọng) au détriment du premier ministre d’alors Nguyễn Tấn Dũng, partisan d’une ligne plus dure envers Pékin. Un revirement de tendance auquel le Département général politique du ministère de la défense, alors dirigé par le général d’armée Ngô Xuân Lịch, a certainement contribué en défendant les liens historiques liant les militaires des deux partis communistes – ce qui lui a personnellement profité (élection au poste de ministre de la défense, alors que le général d’armée Đỗ Bá Tỵ, chef de l’état-major général des armées et très ouvert sur les relations avec le monde occidental, offrait tous les atouts pour accéder à cette fonction).
-      L’opinion publique vietnamienne – et non les opinions publiques – a semblé atone. Alors qu’en 2014 la rue s’était parfois (littéralement) embrasée contre Pékin et ses intérêts sur le seul vietnamien, le mécontentement populaire - qui n’a pourtant pas faibli, tant l’attachement à l’intégrité territoriale, mer « de l’Est » comprise, est constitutif d’un nationalisme vietnamien enseigné depuis les plus jeunes classes et nourri par et à tous les niveaux de l’Etat et de la société – n’a pas donné lieu à des débordements de violences anti-chinoises, pas plus qu’à une remise en cause publique de la légitimité du régime, qui a pourtant toléré ces va et vient chinois à moins de 200 km des côtes du pays. Contrairement aux événements de 2014, qui ont visiblement pris au dépourvu Hanoi et l’ont contraint à réagir sur le plan interne (voire à laisser faire localement les manifestants), aucun débordement de violence n’a été noté. L’on y verra le fruit d’une meilleure anticipation de ces tensions de la part des autorités nationales et locales, ainsi qu’une marque de cette mandature durant laquelle la direction du pays est aux mains d’une équipe pro-chinoise.
-       Et pourtant, à la différence de 2014, les autorités de Hanoi ont décidé de faire entendre leur voix sur le théâtre feutré de la diplomatie. Confiantes en leur meilleure assise dans les instances internationales, et en particulier par entrée (en janvier 2020 et pour la seconde fois) au Conseil de sécurité des Nations unies en tant que membre non permanent (mandature 2020-2021), les hommes influents du ministère des affaires étrangères ont multiplié les efforts pour obtenir le soutien des grandes puissances dans le combat qu’elles mènent pour voir Pékin reconnaître le respect des conventions internationales sur le droit de la mer, appliqué à la mer de Chine méridionale. Australie, Etats-Unis, Inde, et les trois grands de l’Union européenne (E3 - France, Allemagne, Royaume-Uni) ont successivement apporté leur soutien à Hanoi, parfois de manière forte – mais qui reste à se concrétiser sur le terrain.
Tous les ingrédients sont réunis pour que la pression chinoise sur la mer « de l’Est » perdure : une forte endurance du dispositif chinois, qui bénéficie du point d’appui de Fiery Cross Reef ; des revendications contradictoires de Pékin et Hanoi sur les mêmes zones maritimes, chacune affirmant son bon droit sur ces zones qui de surcroît recèlent des ressources en hydrocarbures ; et la conviction de Pékin que les grandes puissances navigant en mer de Chine méridionale n’interfèreront pas dans ce différend entre « voisins », et ce d’autant plus que le régime vietnamien est entré dans une phase très sensible de préparation du 13e Congrès national du PCVN. 
3 - Publication d’un nouveau Livre blanc sur la défense.
Le général d’armée Phùng Quang Thanh, prédécesseur du général Ngô Xuân Lịch, avait annoncé sa publication pour 2014. Les tensions en mer « de l’Est » au printemps-été 2014 et les nouvelles provocations chinoises en janvier 2016 ont certainement conduit le ministère de la défense à reconsidérer sa réflexion sur le contexte stratégique, et notamment ses propos sur son incontournable voisin. Ce n’est donc que le 25 novembre 2019 que le général Nguyễn Chí Vịnh, vice-ministre de la défense, chargé des relations internationales, a rendu public ce quatrième Livre blanc sur la défense (après les éditions 1998, 2004 et 2009), publié en vietnamien et en anglais. Sa principale (son unique ?) nouveauté consiste en l’ajout à la trilogie des trois refus (ba không) de la politique de défense du Viêt Nam (refus de participer à quelque alliance militaire que ce soit, refus de faire alliance avec un pays contre un autre pays tiers, refus d’accorder à un pays le droit d’installer des bases militaires sur le sol vietnamien ou d’utiliser le territoire vietnamien pour mener des actions contre un pays tiers) d’un quatrième không : l’interdiction du recours à la violence ou de menacer de recourir à la violence dans les relations internationales. Ce point n’est pas réellement une surprise tant les dirigeants du pays défendent afficher la volonté du régime de s’afficher comme un excellent élève de la communauté internationale, en cette fin d’année où le Viêt Nam s’apprête à intégrer le Conseil de sécurité des Nations unies en tant que membre non-permanent, et à en prendre dès le 01 janvier 2020 la présidence.
4 - Préparation de l’avenir du haut état-major : pas d’ascension surprise, mais une consolidation des postes terminaux. 
L’année a débuté avec l’élévation au rang de généraux d’armée des généraux de corps d’armée Lương Cường, directeur du très influent Département général politique (DGP) du ministère de la défense, et Tô Lâm, puissant ministre de la sécurité publique (29 janvier).
Elle s’est conclue, le 31 décembre, par la nomination du général de division Nguyễn Tân Cương à l’un des postes de vice-ministre de la défense. A 53 ans, ce jeune général, membre du Comité central du PCVN, confirme son fort potentiel de progression, qui se poursuivra durant la prochaine mandature.
D’autres importantes nominations (généraux de division Phùng Sĩ Tấn, Nguyễn Văn Nghĩa et Lê Huy Vịnh, ainsi que le contre-amiral Nguyễn Trọng Bình nommés adjoints au chef d’état-major général des armées ; nouveaux commandants en chef de la Région militaire Capitale (général de brigade Nguyễn Quốc Duyệt) et de la 1ère Région militaire (général de brigade Nguyễn Hồng Thái)), alors que le Parti se met en ordre de bataille pour son treizième congrès national, début 2021, sont des indices de la relève de génération qui va concerner le haut état-major (ministère de la défense, état-major général des armées, et grands commandements). Plusieurs grandes figures du ministère sont amenées à quitter leurs fonctions sommitales fin 2020 – début 2021, et passeront le témoin à une génération de chefs qui, nés dans un Viêt Nam en guerre, ont débuté leur carrière dans un pays en paix mais confronté au voisinage pesant de la Chine et aux défis de l’ouverture sur l’international. 
5 – Première relève d’une unité vietnamienne en opération de maintien de la paix (OMP) onusienne. 
Du 19 au 27 novembre, les 63 militaires - dont 10 femmes - du service de santé des armées qui mettaient en œuvre depuis le 26 octobre 2018 l’hôpital militaire de campagne (Rôle 2) de la Mission des Nations unies au Soudan du sud (MINUSS) de Bentiu, dans le nord du Soudan du sud, ont été relevés par un second contingent de volume similaire, avec à nouveau le soutien logistique des Australiens. Dans un an, un troisième contingent devrait à son tour relever ce détachement.
6 – Une forte visibilité des bâtiments-phares de la marine populaire vietnamienne.
Le 06 février, la brigade 162, unité phare de la marine vietnamienne en raison de la présence dans son ordre de bataille des frégates lance-missiles Gepard 3.9 construites dans les chantiers navals russes, a officiellement accueilli à Cam Ranh ses deux derniers éléments, les frégates 015 Trần Hưng Đạo et 016 Quang Trung
Au cours de l’année, les quatre frégates ont mené des campagnes dans les eaux d’Asie du sud-est mais aussi jusqu’en Russie pacifique :
Le Lý Thái Tổ a participé fin mars à la revue navale de Langkawi (Malaisie, lors du salon LIMA 2019) puis a effectué une première escale d’un bâtiment vietnamien en Birmanie (à Tanintharyi, du 3 au 6 avril). 
Le Trần Hưng Đạo a effectué du 15 septembre au 30 octobre le premier déploiement d’un bâtiment de la marine vietnamienne jusqu’en mer du Japon, avec des étapes à Yokosuka et Sakai (Japon) et à Jeju (Corée du sud), avant de participer à un exercice conjoint Chine-ASEAN au large de Zhanjiang (province de Guandong). En avril, en compagnie du Đinh Tiên Hoàng, il avait participé à la revue navale organisée à Qingdao pour le soixante-dixième anniversaire de la marine populaire chinoise.
Enfin, la frégate Quang Trung a pris part à l’International Maritime and Defense Exhibition (IMDEX) mi-mai à Singapour, puis a repris la mer en juillet pour participer à la revue navale organisée le 28 juillet à Vladivostok à l’occasion du 323e anniversaire de la marine russe.
Les équipages de tous ces bâtiments ont pu continuer d’acquérir de l’expérience au travers de déploiements dans des eaux jusqu’alors jamais fréquentées par la marine populaire, interagir avec les représentants de grandes marines, et continuer d’apprendre les fondamentaux de l’organisation d’une revue navale internationale en vue de préparer celle que le Viêt Nam organisera en mai 2020 au large de Nha Trang.
Ces campagnes confirment les ambitions de l’état-major de la marine de conférer à cette composante en pleine modernisation un statut de marine hauturière. Une dynamique qui a justifié pleinement la promotion du contre-amiral Phạm Hoài Nam, son commandant en chef, au grade supérieur (16 juin).
7 – Toujours des crashs d’avions de combat. 
Le 23 avril, un Su-22M4 (n°5858) a subi un incident à l’atterrissage à l’aéroport militaire de Yên Bái. La vitesse trop élevée de l’aéronef lors de la manœuvre serait à l’origine du crash. Le pilote a pu s’éjecter.
Ce crash était le second d’un appareil de ce régiment en moins d’un an. Le 26 juillet 2018, le Su-22 numéro 8551 s’était écrasé dans la province du Nghệ An. Le pilote et son copilote étaient décédés dans l’accident. Au total, cinq crashs de Su-22 se sont produits en treize ans (2006, 2009, 2015, 2018 et donc avril 2019).
Le 14 juin, un Yak-52 de l’Ecole de l’air vietnamienne s’est écrasé dans la province de Khánh Hòa. L’appareil appartenait au Régiment 920, unité basée à Cam Ranh et spécialisée dans l’apprentissage au vol sur avion à hélice. Les deux pilotes n’ont pas survécu au crash. 
8 - Décès du général d’armée Lê Đức Anh.

Sept mois après le décès du général d’armée Trần Đại Quang (21 septembre 2018, à 62 ans), un autre (ex-)président de la république socialiste du Viêt Nam s’est éteint. Le 22 avril, le général d’armée Lê Đức Anh est décédé à Hà Nội dans sa 99e année. Le général Anh est l’une des dernières figures historiques des guerres d’indépendance du pays, qui a connu en quelque 50 années quatre conflits (contre les Français, les Américains, les Chinois et au Cambodge) qui ont modelé le Viêt Nam d’aujourd'hui. Chef militaire qui a connu la victoire, il a aussi dû faire face à la surprise, à l’image de l’attaque menée par la Chine le 14 mars 1988 contre un détachement de soldats vietnamiens effectuant des travaux sur le récif Johnson Sud (Gạc Ma pour les Vietnamiens), dans l’archipel des Spratley. Une véritable forfaiture aux yeux du peuple vietnamien, qui continue, plus de trente ans plus tard, à donner lieu à des poussées d’humeur anti-chinoise à chaque anniversaire de ce tragique événement. Pour autant, le général Anh, dans ses fonctions présidentielles, a été un artisan de la normalisation des relations avec Pékin, ainsi qu’avec les Etats-Unis (juillet 1995).