Débuts difficiles des tankistes vietnamiens aux Army Games (29/07/2018)

Force est de constater que la présence du chef d’état-major général des armées vietnamiennes, le général de corps d’armée Phan Văn Giang, lors de la cérémonie d’ouverture des Army Games, le 28 juillet 2018 à Moscou, ne s’est pas traduit par un franc succès des tankistes lors de la première journée de l’épreuve phare de cette compétition : le tank biathlon. 

Une compétition militaire, en Russie, à laquelle participent Israéliens, Iraniens et Syriens!

Le premier des trois équipages, opposé à des rivaux arménien, birman et kirghize, a terminé dernier de sa course – au demeurant complexe et très exigeante pour les équipages et le matériel. Si le char vietnamien a bien réussi à terminer le parcours d’obstacles et de tir, son chrono le classe loin derrière ses rivaux du jour (mais juste derrière la Birmanie, dont c’est aussi la première participation à cette compétition), et le situe à la neuvième place sur 12 nations ayant participé à la première journée.

L’on verra dans causes de cette performance décevante plusieurs points, qui reflètent surtout la manque de maîtrise d’un char (le T-72B3) qui n’existe pas à l’ordre de bataille des unités blindées vietnamiennes. Même si les équipages vietnamiens ont rejoint la Russie une dizaine de jours avant le début de la compétition, ce délai n’est pas suffisant pour leur permettre de maîtriser à la perfection ce matériel. Il en a résulté une lenteur dans les principales opérations-clés : chargement des munitions, acquisition des objectifs, mesure des distances de tir, et surtout vitesse de déplacement (une douzaine de kilomètres heure inférieure à celle des premiers de son groupe). Des lacunes qui ne pardonnent pas dans une compétition aussi relevée. 

Pour autant, si l’essentiel est de participer, l’objectif est atteint. L’on gardera l’espoir que les deux autres équipages auront tiré les leçons de cette première journée et, dans cet esprit d’émulation dans lequel les militaires vietnamiens excellent - mais aussi les autres nations représentées -, auront à cœur de faire mieux que leurs camarades. 
        - Cliquez ici pour visionner une séquence sur l'entraînement des équipages vietnamiens;
     - et ici pour voir un reportage sur cette première compétition, avec les performances des quatre équipages, dont le vietnamien.

Reste que cette première participation des tankistes vietnamiens à cette compétition à laquelle participent de grandes nations militaires - à l'exception des grandes armées occidentales - permettra aux concurrents et à leur encadrement de prendre conscience du parcours qui leur restera à suivre avant de pouvoir rivaliser avec les meilleurs, parmi lesquels la Chine, dont le premier équipage a brillé.

Alors que les premiers T-90 que le ministère de la défense veut acquérir ne sont pas encore livrés, nul doute que le grand voisin chinois ne manquera pas de relever le fossé qui sépare les deux pays en la matière, un fossé duquel les tankistes vietnamiens devront se sortir à force d’entraînement.

En revanche, dans la compétition mettant en situation des cuisiniers, nul doute que la maîtrise de leur art par les Vietnamiens leur permettra de surprendre le jury, comme a semblé l’être le ministre russe de la défense lui-même. Mais là aussi, il y a un fossé entre l’art culinaire et l’art de piloter un 45 tonnes équipé d’un canon de 125 mm. 

Le général d'armée Shoigu reprend contact avec la cuisine vietnamienne.

Funérailles des deux officiers tués dans le crash de leur Su-22 (28/07/2018)

Le 28 juillet 2018 en début de matinée, les funérailles du colonel supérieur Phạm Giang Nam et du colonel Khuất Mạnh Trí, deux décédés deux jours plus tôt dans le crash de leur Su-22 lors d’un vol d’entraînement, se sont déroulées au funérarium de l’hôpital militaire de la 4^e Région militaire (RM), à Vinh (Nghệ An).

Aucune très haute autorité de l’Etat ni du ministère de la défense ne s’étant déplacée depuis Hà Nội, les armées ont été représentées par le général de brigade Lâm Quang Đại, commissaire politique de l’armée de l’air et de la défense sol-air (ci-dessous). Ce dernier a rappelé les états de service des deux officiers, dont la perte inflige un coup sévère à la chaîne de commandement du Régiment 921, et cité la mauvaise météo qui régnait sur le Nghệ An le 26 juillet comme étant la cause de l’accident.

A l’issue des funérailles, chaque famille de défunt a reçu 130 millions de dongs (environ 4800 €) du ministère de la défense (50 millions), de l’armée de l’air (50 millions) et du commandement de la 4^e RM).

Crash d'un Sukhoi-22: le Régiment 921 perd deux hommes-clés (26/07/2018)

Le 26 juillet 2018 vers 11h35, un chasseur Su-22UM3 appartenant au Régiment 921 (*), implanté sur l’aéroport de Nội Bài (Hà Nội), s’est écrasé dans une zone montagneuse de la province du Nghệ An. 

L'appareil, immatriculé 8551, effectuait une mission d’entraînement, et venait de décoller de l’aéroport de Sao Vàng, à Thọ Xuân (province de Thanh Hóa, à 300 km au sud de Hà Nội) - où est implanté le Régiment 923 de la Division 371.

Le crash ayant eu lieu près d’un village (Dừa, commune de Nghĩa Yên), les secours ont rapidement pu accéder à l’avion et retrouver les victimes.

Les deux membres d’équipage de ce biplace ont trouvé la mort dans l’accident. Comme ce fut le cas lors du précédent accident de Su-22, le 16 avril 2015 (collision entre deux monoplaces), un régiment perd deux de ses hommes-clés. Il s’agit :

• du lieutenant-colonel Khuất Mạnh Trí, commandant adjoint et chef d’état-major du régiment 921 (donc numéro 2 de cette unité). Né en 1978, à Sơn Tây, près de Hà Nội, il était entré dans l’armée le 20 septembre 1995, à 17 ans. Il était marié et père d’un garçon et d’une fille. Il était titulaire de plus de 1130 heures de vol sur L-39, MiG-21 et Su-22.

• et du colonel Phạm Giang Nam, expérimenté directeur des vols du régiment. Né en 1972 dans la province de Thái Bình, il s’était engagé le 12 septembre 1991, à 19 ans. Divorcé puis remarié, il était père d’une fille de 4 ans et d’un petit garçon (2 ans). Il comptabilisait plus de 1178 heures de vol, sur les mêmes appareils.

Au regard de l’expérience indéniable des deux officiers, une erreur humaine est peu probable. L’appareil, de conception ancienne, pourrait avoir connu un problème technique alors qu’il évoluait près d’une zone montagneuse, et dans des conditions météorologiques difficiles (la région était encore sous l’influence de la troisième dépression tropicale de l’année, qui l’avait touchées quelques jours auparavant). Une des dernières manœuvres de l’équipage semble avoir été d’éviter que l’appareil se crashe sur une zone habitée.

Ce crash - le premier de l’année - est le quatrième impliquant des Su-22, après ceux survenus en 2006, 2009 et le 16 avril 2015. Il intervient dans un contexte où l’armée de l’air plaçait régulièrement ses efforts – au moins sur le plan de la communication – sur la sécurité des vols d’entraînement et la qualité des formations reçues par les pilotes. 

Le 27 juillet, le vice-premier ministre permanent Trương Hòa Bình a décerné un titre de reconnaissance de la nation aux deux officiers morts en service commandé (**) tandis que le ministère de la défense les a promus au grade supérieur - un acte qui est désormais systématique lors des crashs d’appareils de l’armée de l’air. 

(*) Le Régiment 921 (connu sous le nom d’Unité à l’Etoile Rouge - Đoàn không quân Sao Đỏ ) est le descendant de la première unité d’appareils de combat de l’armée de l’air vietnamienne. Fondée le 03 février 1964 (lors d’une cérémonie organisée en Chine, dans le contexte de guerre contre les Américains), l’unité était placée sous le commandement du commandant Đào Đình Luyện, qui allait par la suite atteindre les plus hautes fonctions dans sa carrière (commandant en chef de l’armée de l’air, puis vice-ministre de la défense et chef d’état-major général des armées). Ce régiment est l’une des trois grandes formations de la Division 371 de l’armée de l’air.

(**) Décision 919/QĐ-TTg.

Soudan du sud, toujours l'attente de la projection du Rôle 2 vietnamien (26/07/2018)

L’on atteint la fin juillet 2018, et toujours aucun détachement du service de santé des armées vietnamiennes n’a encore posé le pied au Soudan du sud. Les engagements du général de corps d’armée Nguyễn Chí Vịnh, vice-ministre de la défense et directeur du comité surpervisant la montée en puissance de la composante opérations de maintien de la paix (OMP) du ministère de la défense, ne se sont donc pas encore concrétisés.

Plus qu’un défaut d’aptitude opérationnelle, il semble que les contraintes logistiques freinent ces espoirs de projection rapide. L’on note ainsi que, à Bentiu, sur le site sur lequel les militaires vietnamiens doivent prendre le relai d'un détachement médical britannique, des travaux d’infrastructures sont en cours pour permettre aux hommes et femmes devant faire fonctionner cet hôpital de campagne de type Rôle 2 d’œuvrer dans des installations en dur et non sous tente – des conditions que les Britanniques connaissent depuis leur arrivée.

Aux côtés de responsables britanniques du Rôle 2 de Bentiu,

le (nouvellement promu) lieutenant-colonel Lý Thanh Tâm (gauche) 

et son prédécesseur, le capitaine supérieur Phạm Văn Hảo (droite).

Après presque quatre années d’entraînement, de préparation individuelle et collective, les 73 militaires – dont dix femmes – qui doivent armer ce Rôle 2 (*) attendent visiblement avec impatience de pouvoir concrétiser ce long parcours de cohésion et de sacrifices.

Pour le moment, la commandante Đỗ Thị Hằng Nga reste donc la seule militaire vietnamienne déployée en opération onusienne. Depuis la fin 2017, elle sert à l’état-major de la Mission des Nations unies au Soudan du sud (MINUSS), où elle a notamment comme mission de faciliter l’arrivée du détachement médical. Après six mois de présence sur le terrain, elle a bénéficié d’une permission de mi-mandat en juin, durant laquelle son retour au Viêt Nam n’est pas passé inaperçu de la presse nationale : interviews, reportages ont agrémenté le retour au pays de cette pionnière des OMP. Désormais de retour au Soudan du sud, elle continue de retenir l’attention des journalistes, toujours en quête d’un article séduisant.

La commandante Hằng Nga (1,65 m) a tout d’une grande, 

aux côtés du capitaine ghanéen Alex Bkoke (2,30 m).

(*) Pour mémoire, la décision de créer ce Rôle 2 a été prise le 5 novembre 2014. L’hôpital militaire 175 de Hồ Chí Minh-Ville a fourni l’ossature de ce détachement, avec des renforts recrutés dans les services médicaux de la 7^e Région militaire et du 4^e Corps d’armée.

Le responsable des équipements de la marine indienne reçu à Hanoi (23/07/2018)

Le 23 juillet 2018, le vice-amiral Gurtej Singh Pabby, responsable des questions d’équipement de la marine indienne, plus particulièrement chargé , a effectué une courte visite à Hanoi. 

Outre l’ambassadeur Harish (ci-dessus), il a été reçu au ministère de la défense par le général de corps d’armée Phạm Ngọc Minh, adjoint au chef d’état-major des armées (ci-dessous).

Conformément au portefeuille détenu par l’amiral Pabby, l’entretien a essentiellement porté sur les questions d’industries de défense et de soutien logistique. Le général Minh - lui-même ex-commandant en chef adjoint de la marine populaire - s’est exprimé en faveur du renforcement des relations entre marines en appelant l’Inde à investir dans le domaine des chantiers navals, tant pour la production de bâtiments que pour leur maintien en condition opérationnelle. Un domaine dans lequel, hormis les chantiers navals néerlandais Damen, les partenariats étrangers sont rares.

L’introduire dans le portefeuille d’actions de coopération que New Delhi développe au profit de la marine vietnamienne pourrait en effet apporter une nouvelle pierre à une coopération déjà solide (escales, échanges de délégations, formations d’officiers mais aussi d’équipages des sous-marins Kilo). Pour autant, les performances des chantiers navals vietnamiens (qui ont développé une capacité d’exportation de petits bâtiments en Asie du sud-est) et la grande dépendance de la marine populaire vis-à-vis des équipements russes (frégates, sous-marins, corvettes), ne laissent guère de place pour un nouvel acteur dans ce segment.

Le navire-école des garde-côtes japonais fait escale à Đà Nẵng (24-28/07/2018)

Après plus d’un mois sans escale étrangère majeure au Viêt Nam, le port militaire de Tiên Sa (Đà Nẵng) a accueilli le 24 juillet 2018 le navire-école des garde-côtes Kojima (PL-21), qui a entamé une escale de cinq jours. 

Ce bâtiment (*) est bien connu des autorités de la grande ville du Centre. Il avait en effet déjà fait relâche à Tiên Sa fin juillet 2013 puis du 25 au 28 juillet 2016. Désormais commandé par le capitaine de vaisseau Hironobu Tonosaki, il embarque quelque 90 garde-côtes dont une promotion de près de 50 cadets. 

Le retour du Kojima dans les eaux vietnamiennes confirme l’importance que revêt le Viêt Nam pour les déploiements navals japonais en mer de Chine méridionale et la volonté de Tokyo de renforcer ses relations avec la police maritime vietnamienne, composante en phase durable de modernisation.

Le capitaine de vaisseau Hironobu Tonosaki, nouveau pacha du Kojima.

Comme à chaque escale, l'état-major du bâtiment et les cadets ont été accueillis par les autorités civiles et militaires de Đà Nẵng (commandement de la 5^e Région militaire et de la 2^e Région de police maritime), ainsi que par les représentants de l’ambassade du Japon au Viêt Nam.

Comme ce fut le cas deux ans plus tôt, le programme de l’escale s'articule autour d’échanges opérationnels au sein de l’état-major de la 2^e Région de police maritime et du centre de secours en mer de ce même organisme, et d’activités touristico-sportives.

Il s’agit de la dixième escale de l’année au Viêt Nam - la quatrième à Đà Nẵng. Ce devrait être la seule escale d’un bâtiment des garde-côtes nippons en 2018 (une seule accordée chaque par an).

(*) Caractéristiques principales : longueur : 115 m ; largeur : 14 m ; masse : 3 500 tonnes ; vitesse : 18 nœuds. 

Armement : un canon de 35 mm, un canon multitubes de 20 mm, une mitrailleuse de 13 mm.

Les attachés de défense en poste à Hanoi reçus au Département des opérations de maintien de la paix (19/07/2018)

Le DOMP se modernise, en abandonnant les banderoles
pour adopter le panneau électronique pour accueillir ses visiteurs.

En cette fin juillet, l’heure est aux bilans de mi-année et à la relève de certains attachés de défense. Alors que le détachement du service de santé des armées vietnamiennes devant être projeté au Soudan du sud tarde à être mis en place, le colonel supérieur Hoàng Kim Phụng, directeur du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) du ministère de la défense, maintient un rythme élevé de réceptions de délégations de passage dans la capitale : après l’accueil d’un stage sur le danger des mines (délivré par une équipe de formateurs français, du 25 juin au 07 juillet 2018), l’hébergement d’un séminaire de formateurs de différentes nationalités (Allemagne, Autriche, Canada, Pays-Bas, Suisse) impliquées dans les OMP onusiennes (18 juillet au 03 août) et la réception d’une délégation de députés australiens (16 juillet), il a ouvert les portes du DOMP / Vietnam Peacekeeping Center (VNPKC) à la communauté des attachés de défense en poste à Hanoi, le 19 juillet.

Entretien avec les délégués suivant le séminaire international sur les OMP.

Faut-il y voir une conjonction d’agendas déjà très chargés, de la période des permissions estivales, ou de la régularité des liens entretenus par le DOMP avec ses grands partenaires en matière de formation aux OMP, les rangs de la délégation emmenée par le colonel sud-africain Mpiwa Kgotso Abiel, doyen des attachés militaires (ci-dessous), sont apparus assez clairsemés (*), et ce alors que le DOMP s’ouvrait pour la première fois à cette communauté d’acteurs-pivots de la coopération bilatérale - un exercice qui mériterait surtout d’être renouvelé en fin d’été, à l’issue des relèves annuelles d’attachés de défense.

Pour autant, dans un thème qu’il maîtrise parfaitement, le colonel supérieur Phụng a dressé un bilan des progrès effectués par son centre de formation, comme en atteste le stage actuellement en cours au profit de quelques étrangers et officiers vietnamiens spécialistes des OMP. A défaut de pouvoir mettre en valeur la projection du détachement médical au Soudan du sud, toujours en attente de sa mise en place pour Bentiu, il a rappelé que quelque 27 officiers se sont succédé dans les états-majors onusiens à Bangui (MINUSCA) et Juba (MINUSS) et souligné que cette dynamique, qui se matérialise à ce jour au travers de projections individuelles, s’inscrit sur le long terme (projection imminente d’un Rôle 2 au Soudan du sud ; formation d’une compagnie du génie, devant être opérationnelle à l’horizon 2019-2020). 

Si aucun scoop n’a visiblement été annoncé, l’exercice permettait de maintenir le contact avec les missions de défense dans leur ensemble et de cultiver des liens de solidarité, avec en toile de fond un appel au soutien des nations pour l’acquisition des nombreuses compétences requises pour que l’armée populaire vietnamienne trouve sa place dans cette communauté des nations engagées sous béret bleu sur des théâtres d’opérations lointains, souvent peu hospitaliers et très éloignés de la culture asiatique – même si les médias vietnamiens se plaisent à relater le fait que les officiers insérés reviennent enchantés d’avoir constaté combien « les populations centrafricaines et sud-soudanaises saluent le rôle de Hồ Chí Minh et du général Võ Nguyên Giáp dans l’Histoire du Viêt Nam ». Des propos qui, au regard des conditions de travail de ces insérés dans ces deux pays, portent plus la patte de la propagande d’une presse encore aux ordres que d’une réelle objectivité.

(*) Participation de représentants des missions de défense sud-africaine, américaine, birmane, brunéienne, chinoise, française, indienne, laotienne, malaisienne, singapourienne, thaïlandaise, ukrainienne, et vénézuélienne.

Création du Régiment 915 de l'armée de l'air (15/07/2018)

L’été est souvent une période propice aux restructurations. L’armée vietnamienne, connue pour ses structures rigides, n’en est pas moins décidée à franchir des paliers pour coller aux impératifs de modernisation. C’est ainsi que, le 15 juillet 2018, le Régiment 910, unité support de l’Ecole de l’air vietnamienne (Nha Trang), a été restructuré. Cette unité, qui fédérait jusqu’alors deux grandes composantes - l’une dédiée à la formation des futurs pilotes de chasse, sur avions L-39, l’autre équipée d’hélicoptères Mi-8 afin de délivrer la formation initiale des jeunes officiers se destinant à servir comme pilotes d’appareils à voilure tournante – s’est scindée en deux. Si la composante chasse reste unie au sein du Régiment 910, la composante hélicoptère a été fédérée au sein d’une nouvelle unité : le Régiment 915.

Cette création ne s’accompagne pas d’un changement de localisation. Les deux formations restent implantées sur l’aéroport de Tuy Hoà, ancienne grande base américaine durant la période de la guerre et dont les infrastructures sont désormais civilo-militaires, avec une piste unique de 2900 mètres de long.

Cette mesure permet essentiellement aux deux unités de se recentrer sur leur cœur de métier respectif. Cette scission a essentiellement des conséquences administratives et organisationnelles, qui impactent le personnel servant dans la branche hélicoptère, qui se retrouve désormais soudé au sein d’une unité nouvelle, avec l’impératif de faire rapidement preuve de sa capacité à évoluer de manière autonome. 

Le régiment 915 a donc pour mission de former les pilotes d’hélicoptères militaires, au travers de l’apprentissage à la maîtrise du Mi-8 dans sa seule version hélicoptère de transport. Les jeunes pilotes qui, à l’issue de leur formation initiale, choisiront de servir dans la composante hélicoptère de combat, poursuivront leur spécialisation (notamment l’apprentissage des missions d’appui feu) dans les unités dont les Mi-8 sont équipés de paniers de roquettes (unités des divisions 370, 371, 372 ou de la brigade aéronavale 954, à Cam Ranh).

Si les images de cette création d’unité ne sont pas encore médiatisées, l’Ecole de l’air a rapidement organisé (17 juillet) une première session de vols pour concrétiser la création du Régiment 915. Un événement, essentiellement symbolique en cette période de permissions des élèves-officiers, mais qui a été largement salué par le colonel supérieur Ngô Vĩnh Phúc, directeur de l’Ecole de l’air.

Les militaires vietnamiens prêts à participer aux Jeux militaires internationaux, en Russie (17/07/2018)

L’événement était sur l’agenda de l’état-major général des armées vietnamiennes depuis de longues semaines. Le 17 juillet 2018, le général de corps d’armée Phạm Hồng Hương, adjoint au chef d’état-major général des armées (ci-dessus au milieu du premier rang), a présidé à Hanoi une petite cérémonie en l’honneur de la délégation qui représentera l’armée vietnamienne aux Jeux Militaires Internationaux organisés en Russie du 28 juillet au 11 août.

Cet événement s’articulera autour d’une activité-phare, le Tank Biathlon, organisé dans un vaste camp militaire près de Moscou et durant lesquels plusieurs équipages de différentes nations s’affronteront dans des épreuves mettant à rude épreuve des chars T-72B3. Des engins que les organisateurs mettront à la disposition des compétiteurs afin que chaque nation parte sur un pied d’égalité sur le plan matériel (même si des nations ont la possibilité de concourir avec leurs propres chars). 

Le 04 avril 2018, le général d’armée Ngô Xuân Lịch, ministre vietnamien de la défense, avait confirmé lors d’un entretien avec son homologue Serguei Shoïgu à Moscou, la participation de trois équipages, pour la première fois depuis que cette compétition existe (*). Un vrai défi pour ces hommes, qui n’ont pas l’occasion de servir sur ce type de char, qui n’existe pas à l’ordre de bataille de l’armée de terre vietnamienne.

En marge de cet événement emblématique, des compétitions verront l’engagement d’équipes du service de santé des armées dans une épreuve de relevage de blessés sur le champ de bataille et, pour la bonne bouche, d’équipes qui s’affronteront dans le spectre de la cuisine en service en campagne.

Enfin, il semble que trois autres compétitions, moins médiatiques mais avec un fort marquant génie, seront organisées concomitamment : déminage d’une zone polluée ; préparation d’un pont flottant en vue d’un franchissement de coupure humide ; et une épreuve de conduite et mise en œuvre d’engins spécialisés du génie.

Des activités auxquelles l’état-major général des armées entend bien que ses équipes fassent mieux que participer même si, de manière réaliste, truster les premières places n’est pas dans les ambitions affichées. 

Les participants rejoindront la Russie le 21 juillet, pour bénéficier d’une semaine d’acclimatation et de familiarisation avec les matériels qu’ils devront servir durant des épreuves très techniques et demandant un engagement total.

(*) Le 29 juin 2018, le général d’armée Shoïgu a tenu une conférence de presse durant laquelle il a annoncé la présence de 181 équipes, en provenance de 32 pays. Outre le Viêt Nam, cette compétition sera une première pour l’Algérie, la Birmanie, le Pakistan, les Philippines et le Soudan. 23 devraient participer au Tank Biathlon.

Source: site Internet du Tank Biathlon

Sixième session du Dialogue politique de défense entre le Japon et le Viêt Nam (02-05/07/2018)

Du 02 au 05 juillet 2018, la sixième session du Dialogue de politique de défense Viêt Nam - Japon s’est déroulée à Tokyo. Moins d’un an après la précédente édition, le 30 août 2017 à Nha Trang, le général de corps d’armée Nguyễn Chí Vịnh, vice-ministre de la défense, chargé des relations internationales, a co-présidé cet événement avec M. Ro Manabé, son homologue nippon.

Dans le prolongement de la visite historique au Viêt Nam de l’empereur Akihito (28 février - 05 mars 2017), l’année 2018 a déjà été marquée par la visite du ministre japonais de la défense au Viêt Nam en avril, puis celle du président Trần Đại Quang au Japon en mai, deux jalons qui attestent de la solidité et de l’approfondissement du partenariat (économique, mais aussi diplomatique face à l’affirmation de puissance chinoise dans les eaux de la mer de Chine méridionale) entre Hanoi et Tokyo.

Comme de rigueur dans ces dialogues annuels, les deux vice-ministres de la défense ont passé en revue les grands sujets d’actualité régionale et dressé le bilan des activités de coopération menées l’été 2017. Sans changement de tendance, les deux parties se sont accordées pour continuer de porter effort sur les échanges de délégations de haut niveau, les formations de personnel, les échanges d’expertise en matière d’opérations de maintien de la paix en milieu onusien (*), la dépollution des zones encore polluées par les mines et l’agent orange déversé sur les zones de combat durant les années de guerre du Viêt Nam, la sécurité maritime et les coopérations en matière d’industrie de défense, autant de domaines au bénéfice du Viêt Nam. S’y rajoutent des escales régulières, tant de la force maritime d'autodéfense que des garde-côtes japonais, et des dons très appréciés de bâtiments de garde-côtes ayant été retirés du service actif, et qui trouvent un nouveau souffle dans l’ordre de bataille de la police maritime vietnamienne, toujours en cours d’accroissement de son parc afin de rayonner dans un vaste espace maritime (plus de 410000 km2 de ZEE).

Par ailleurs, le général Vịnh a été reçu par le ministre de la défense, M. Onodera Itsunori, auquel il a transmis une invitation du général d’armée Ngô Xuân Lịch pour se rendre au Viêt Nam en 2019.

Ce déplacement sera une visite retour de celle effectué par le ministre vietnamien de la défense au Japon en avril 2018, durant laquelle les deux dirigeants avaient signé (10 avril) une déclaration conjointe sur la coopération de défense pour le décennie 2018-2028.

(*) A cet égard, le général Vịnh s'était entouré du colonel supérieur Hoàng Kim Phụng, directeur du Département des opérations de maintien de la paix du ministère de la défense (à droite ci-dessous).

Le chef d'état-major de la marine sud-coréenne reçu au Viêt Nam (05/07/2018)

Depuis la commémoration, le 22 décembre 2017, du vingt-cinquième anniversaire des relations bilatérales entre Séoul et Hanoi, les relations entre la Corée du sud et le Viêt Nam continuent de se resserrer, tant sur le plan diplomatique (avec la réception du président Moon Jae-in à Hanoi du 22 au 24 mars) qu’entre les deux ministères de la défense, qui ont signé le 24 avril dernier, lors du premier déplacement du général Ngô Xuân Lịch à Séoul, une déclaration de portée générale sur la coopération bilatérale pour la période 2018-2030. 

Un mois après le déplacement au Viêt Nam du ministre sud-coréen de la défense, M. Song Young-moo (03 au 06 juin), dans le prolongement de sa participation au Shangri-La Dialogue à Singapour, c’est cette fois l’amiral Um Huyn-Seong, chef d’état-major de la marine sud-coréenne, qui a fait le voyage jusqu’à Hải Phòng puis Hanoi, le 05 juillet 2018.

Accueilli dans un premier temps au siège du commandement de la marine (Hải Phòng), l’amiral Um Huyn-Seong a passé en revue avec son homologue, le vice-amiral Phạm Hoài Nam, les grandes questions de sécurité régionale et de coopération bilatérale. Une coopération dont les volets les plus médiatisés sont les échanges de délégations, la formation d’officiers - surtout vietnamiens en Corée du sud -, mais qui se prolonge, sur fond de tensions en mer de Chine méridionale, par le don de patrouilleurs maritimes retirés du service actif et qui peuvent donc reprendre une seconde vie sous la bannière vietnamienne.

Signature du Livre d'or.

Le commandant en chef de la marine populaire a profité de l’occasion pour annoncer que la frégate lance-missiles 015 Trần Hưng Đạose rendra prochainement en Corée du sud afin d’y représenter le Viêt Nam à une revue navale internationale, ce qui devrait être la première sortie internationale de ce bâtiment depuis son admission au service actif, le 02 février 2018 à Cam Ranh.

Dans un second temps, l’amiral Um Huyn-Seong a été reçu à Hanoi par le général de corps d’armée Phan Văn Giang, vice-ministre de la défense et chef d’état-major général des armées. Dans cet entretien essentiellement protocolaire, les deux dirigeants ont confirmé l’excellence des relations bilatérales et se sont engagés à les approfondir.

Stage français de sensibilisation à la menace mines et engins explosifs en opérations de maintien de la paix (25/06-07/07/2018)

Inauguration de ces échanges franco-vietnamiens (25 juin 2018),
avec des supports qui font la part belle à la langue française.

Alors que la projection du détachement du service de santé des armées, qui doit prendre le relai des Britanniques à la tête de l’hôpital militaire de campagne de type Rôle 2 implanté à Bentiu (Soudan du sud), prend un peu de retard, c’est au tour de la France de se mettre en valeur par une formation de deux semaines au Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) / Vietnam Peacekeeping Center (VNKPC) à Hanoi.

Du 25 juin au 06 juillet 2018, un trinôme d’instructeurs militaires français a délivré une formation axée sur le danger des engins explosifs improvisés (EEI) sur les théâtres d’opérations extérieurs auxquels les militaires vietnamiens peuvent être confrontés. 

Cette sixième session de formation depuis le lancement du partenariat entre la France et le VNPKC, en août 2015, et la signature d’un arrangement technique sur le partenariat offert par Paris en matière de soutien de la montée en puissance du VNPKC (10 octobre 2016 lors du sixième comité conjoint de défense organisé à Paris) a regroupé, outre l’encadrement du VNPKC, des soldats destinés à être projetés sur un théâtre d’opérations de maintien de la paix onusien au sein de la compagnie du génie qui est en cours de formation, mais aussi les membres du détachement médical qui attendent de rejoindre la Mission des Nations unies au Soudan du sud (MINUSS).

Le stage a été inauguré par le colonel Christophe Talon qui, durant ses trois années à la tête de la mission de défense près l’ambassade de France à Hanoi, a impulsé et accompagné cette diffusion de l’expertise française en matière d’OMP dans un contexte où la concurrence anglo-saxonne dans ce domaine est sévère – et où les Vietnamiens, qui sont plus proches géographiquement du monde anglophone que de celui de la francophonie, sont largement approchés par les Australiens, Britanniques, Américains et Néo-Zélandais, avec pour résultat un centre de gravité de leurs premiers déploiements qui oscille plus vers les OMP en milieu anglophone, comme c’est le cas pour la MINUSS.

Pour s’adapter à la dichotomie de l’auditoire, le stage a comporté deux grands volets. Le premier a ciblé les militaires du génie, avec comme thématique « la théorie et la pratique en matière de déminage et de gestion des explosifs selon les standards internationaux », tandis que le second visait à permettre aux militaires du service de santé des armées devant partir pour Bentiu d’« de renforcer leurs connaissances sur les mines et EEI pouvant parsemer un théâtre d’opérations de maintien de la paix ». Bref, des cours taillés sur mesure, l’un sur l’action directe dans la lutte anti-mines et EEI pour les sapeurs, et l’autre - délivré directement au sein de l’Institut de médecine militaire - sur la prévention et les mesures de précaution pour le corps médical. 

Séance de formation pratique pour les démineurs vietnamiens.

Une belle réussite, conclue par la remise d’attestations de stage - documents toujours utiles dans une société et des structures dans lesquelles le diplôme ou certificat officiel occupe une place traditionnellement importante - et qui confirme l’excellence de la formation française, basée sur une grande expérience de terrain, à l’image de celle détenue par le capitaine Eric Ghadab, le chef de la petite équipe de formateurs.

Fin de stage à l'Institut de médecine militaire.

Et remise d'attestations de stage aux sapeurs.

Pour autant, si la dynamique semble bien lancée pour pérenniser l’armement d’un Rôle 2 par le service de santé des armées (un détachement se préparant déjà à succéder en 2019 à celui qui doit être projeté à Bentiu dans quelques courtes semaines), la montée en puissance de la composante génie demandera visiblement du temps. Ainsi, dans son allocution de clôture du stage au profit des sapeurs vietnamiens, le colonel supérieur Hoàng Kim Phụng, emblématique directeur du DOMP/VNPKC, a mentionné que la compagnie du génie « pourrait être projetée sur un théâtre d’opération de maintien de la paix fin 2019 - début 2020 ». Un horizon moins optimiste - mais plus réaliste au niveau de l’acquisition des compétences et de la cohésion ? – que celui qu’évoquait encore récemment le général de corps d’armée Nguyễn Chí Vịnh, vice-ministre de la défense, chargé des relations extérieures et président du comité de coordination de la montée en puissance de la composante OMP du ministère de la défense (« fin 2018 – début 2019 »).

Des renforts de métropole mis à l'honneur à l'Institut de médecine militaire.

Et les artisans de la réussite de cette quinzaine, réunis autour du colonel supérieur Phụng et du colonel Talon. 

Premiers pas en Centrafrique de la relève du contingent vietnamien de la MINUSCA (mi-juin 2018)

Alors que la projection du détachement du service de santé des armées devant succéder aux Britanniques à la tête de l’hôpital militaire de campagne de type Rôle 2 à Bentiu (Soudan du sud) tarde un peu à se concrétiser, les cinq officiers (*) qui ont reçu le 21 mai 2018 des mains du  général de corps d’armée Nguyễn Chí Vịnh, vice-ministre de la défense, chargé des relations extérieures et directeur du comité chargé de superviser l’insertion des militaires vietnamiens dans les opérations de maintien de la paix, leur lettre de mission pour rejoindre la Mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation des Nations unies en République centrafricaine (MINUSCA), se sont envolés pour Bangui le 10 juin.

L’occasion de découvrir brièvement une facette de leurs premiers pas. Ainsi, la petite équipe a passé dès son arrivée une batterie de tests de vérification d’aptitude, en compagnie de nouveaux arrivés d’une dizaine de nations (**). Des épreuves théoriques et pratiques axées sur l’exercice de la mission d’observateur et d’officier d’état-major (connaissances générales, rédaction de rapports, aptitude à interagir avec les populations), que les cinq officiers ont passées avec succès, et qu’ils ont complétées par une séance de vérification des compétences en matière de conduite de véhicules militaires.

Ce « premier combat » gagné, tous ont pris leur mandat avec motivation, concrétisation de longs mois de préparation opérationnelle.

(*) Le lieutenant-colonel Bùi Thanh Văn, le commandant Nguyễn Duy Quảng, les capitaines supérieurs Bùi Xuân Dương et Đào Duy et le capitaine Vũ Mạnh Thắng.

(**) Cameroun, Égypte, Gambie, Guatemala, Hongrie, Maroc, Mauritanie, Pakistan, Pérou, Rwanda et Zambie.