samedi 8 octobre 2016

Un discrète mais très médiatisée escale américaine à Cam Ranh

Equipage de l'USS Franck Cable à l'accostage
Le 02 octobre 2016, une journée après avoir quitté Đà Nẵng, le destroyer lance-missiles USS John S. Mc Cain (DDG-56) a fait escale dans la base navale de Cam Ranh. Le bâtiment, qui avait fait escale quatre jours dans le grand port du Centre, d’où il avait participé à des interactions avec la marine populaire, a été rejoint pour l’occasion par le bâtiment ravitailleur de sous-marins USS Franck Cable (AS-40), au terme d’une traversée de la mer de Chine méridionale en provenance de la base navale philippine de Subic.
L'USS John S. McCain
L’information, brièvement annoncée le 03 octobre par le département d’Etat américain, a aussitôt donné lieu à un emballage médiatique, les agences de presse non-vietnamiennes ne tarissant pas de dithyrambes sur « le retour américain à Cam Ranh », « la première escale américaine à Cam Ranh depuis deux décennies », etc., allant jusqu’à qualifier cette escale de conséquence directe de l’annonce, tout aussi médiatisée, du président Obama, sur la « levée totale de l’embargo sur les armes létales » (mai 2016, depuis Hanoi). En écho et plus sobrement, la presse vietnamienne a - comme souvent - publié de nombreux articles, basés sur des traductions de ceux des agences internationales. Et au bilan, après que tant d’encre a coulé, l’on est toujours sans information réelle sur les motifs de cette escale. En particulier, les autorités militaires vietnamiennes, fidèles à leur culte du devoir de réserve, n’ont pas accordé d’interview, laissant ainsi sur leur faim les impatients et les convaincus que la donne avait subitement changé en mer de Chine méridionale.

Seule voix plus concrète (peut-être trop concrète ?) dans cet abîme de suppositions, celle de la consule générale américaine à Hô Chi Minh-Ville, Mme Mary Tarnokwa, qui dès le 03 octobre publiait sur son compte Facebook quatre photos de cette escale, et confirmait que la présence des deux bâtiments à Cam Ranh s’inscrivait dans la conclusion de cette semaine d’activités navales conjointes (Naval Engagement Activity) dans les eaux de la 3e région maritime. Tout suggère que, à l’image des droits d’accès à la rade de Cam Ranh dont bénéficie la marine américaine en cas d’impératif technique (autorisation de relâche pour réparation) – tout comme tout bâtiment confronté à un incident technique important.

Le sentiment qui prévaut est que certes la Navy a retrouvé un droit d’accès lors à Cam Ranh lors d’un déploiement opérationnel, mais pas plus ni moins que les autres marines croisant dans la région. Depuis son inauguration, en mars dernier, la « base internationale de Cam Ranh » a ainsi accueilli des bâtiments singapourien, japonais (deux fois), français, et russe. Rien d’étonnant à ce que la marine américaine y soit accueillie, sur un pied d’égalité avec les autres marines. L’on conservera aussi à l’esprit que le général de corps d’armée Nguyễn Chí Vịnh, vice-ministre de la défense, chargé des relations internationales, a aussi invité (30 mars 2016) la marine chinoise à faire relâche à Cam Ranh.

Ainsi, loin de valoir un tel buzz médiatique – qui a tout aussi rapidement cessé, faute de matière - cet événement confirme plutôt d’ambition vietnamienne de faire de Cam Ranh le principal port d’accueil des marines partenaires.

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