jeudi 3 mars 2016

Formation aux OMP - Quand Hanoi demande le soutien de son voisin cambodgien

Alors que le centre vietnamien de formation aux opérations de maintien de la paix (OMP) n’est toujours pas fonctionnel, ses infrastructures n’étant pas encore opérationnelles, le ministère de la défense continue de soutenir que, désormais à l’horizon du mois de juin 2016, une première unité médicale et une compagnie du génie auront achevé leur montée en puissance et seront prêtes à être mises à disposition du Département des opérations de maintien de la paix des Nations unies. A force de répéter ces engagements, qui glissent de mois en mois, leur concrétisation finira bien par se produire…

Dans le même temps, et l’année 2015 l’a à de multiples reprises prouvé, les dirigeants vietnamiens cherchent à obtenir de tous leurs grands partenaires internationaux des formations en matière d’OMP, qu’elles soient linguistiques ou techniques. Plus récemment, c’est même vers son plus proche voisin que le ministère de la défense s’est tourné. Le 26 février, le journal Khmer Times a ainsi rapporté la visite au Cambodge du colonel supérieur Lưu Đình Hiến, directeur adjoint Centre vietnamien de formation aux OMP (à gauche ci-dessous), qui a sollicité l’aide de l’armée khmère dans la préparation des futurs Casques bleus vietnamiens.
Une démarche qui fait sens, les Forces armées royales khmères (FARK) étant présentes depuis 2006 sur de nombreux théâtres d’opérations onusiens, mais qui intervient près de 15 ans après les premières déclarations de Hanoi sur sa volonté de contribuer humainement à ces missions de maintien de la paix.
 
Faut-il y voir une sage décision de bénéficier des compétences régionales, même si l’orgueil national doit en pâtir un peu, pour une armée qui forme déjà de nombreux cadres des FARK et contribue au financement de projets d’infrastructures de l’armée de son voisin, ou un aveu d’incapacité à former dans des délais raisonnables un véritable vivier de militaires prêts à être projetés sur un théâtre d’opérations onusiennes ? A moins que la nomination du général Ngô Xuân Lịch, pur produit du corps des commissaires politiques, pour succéder à l’été au général Phùng Quang Thanh au poste de ministre de la défense, ne soit pas de nature à susciter l’enthousiasme des partenaires que Hanoi démarchait durant les derniers mois ?
 
Un partenariat avec le Cambodge et son Centre national des forces de maintien de la paix, de déminage et de gestion des déchets de guerre, serait au bilan de nature à permettre à l’armée populaire de continuer à acquérir les compétences qui lui sont nécessaires, sans s’éloigner trop de ses frontières. Une démarche certainement fructueuse, le centre d’Oudong bénéficiant déjà de la présence de coopérants étrangers, mais qui pourrait ternir la fierté d’Hanoi de se doter d’un centre de formation lui aussi à vocation régionale…

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