dimanche 31 août 2014

Reprise de contact officiel entre partis communistes chinois et vietnamien

Pour la première fois depuis le mois de mai, date du pic de tension entre les deux grands voisins de la mer de Chine méridionale, suite à l’intrusion de la plateforme de forage pétrolière chinoise HD-981 dans les eaux revendiquées par le Viêt Nam à proximité de l’archipel des Paracel (1), le général d’armée Lê Hồng Anh, ex-ministre de la sécurité intérieure et actuellement numéro 5 du bureau politique du comité central du Parti communiste vietnamien (PCVN), s’est rendu à Pékin les 26 et 27 août en tant qu’envoyé spécial du secrétaire général du PCVN Nguyễn Phú Trọng.

Ce déplacement, que le porte-parole du ministère vietnamien des affaires étrangères a présenté comme une réponse à une invitation de Pékin, constitue un pas important vers une reprise officielle d’un dialogue qui ne s’est vraisemblablement jamais interrompu durant les trois mois de crise. Le général Anh a été reçu par le chef du secrétariat du comité central du Parti communiste chinois, Liu Yunshan, puis par le président Xi Jinping.
Le général Anh (G) accueilli par son homologue Liu Yunshan 
Au cours des entretiens, les délégations se sont accordées pour soutenir une relance des relations entre les deux Partis, en mettant en avant trois points-clés :
- Action directe des deux Partis communistes et des dirigeants des deux pays dans la promotion de relations bilatérales apaisées et stables ;
-  Renforcement du dialogue entre les Partis et les gouvernements ; reprise et renforcement des coopérations sur tous les plans, notamment diplomatique, militaire, sécuritaire, économique et commercial ;
-   Recours à la négociation pour régler les différends maritimes entre les deux pays, sans recours à la force.
Réception par le président Xi Jinping (D)
Cette déclaration d’intention permet in fine au PCVN de sauver officiellement la face dans cette crise sévère, dans laquelle Pékin a prouvé son inflexibilité et sa capacité d’agir sur mer dans la durée, contre un Viêt Nam dont les capacités de contrôle de son espace maritime, bien qu’en plein essor, demanderont encore du temps avant d’être pleinement opérationnelles. Il est donc probable que les résultats de cette rencontre soient moins médiatisés auprès d’une population qui a été piquée au cœur de son patriotisme et n’a pas hésité à prendre,  ponctuellement mais directement, pour cible des intérêts chinois dans une vague de violence difficilement maîtrisée par les autorités locales. Nul doute que cette crise laissera des traces et que les dirigeants du PCVN et de l’Etat se verront rapidement questionnés sur ce rapide réchauffement des relations avec Pékin. L’invitation remise par le général Anh au président Xi Jinping pour se rendre prochainement à Hanoi devrait en être le premier indicateur. Derrière la haie d’honneur et le tapis rouge, le ressentiment de milliers de Vietnamiens devrait rester perceptible.
 
(1) Alors que la China National Offshore Oil Company (CNOOC) avait initialement annoncé une campagne de prospection jusqu'à la mi-août, la plateforme HD-981 a finalement quitté la zone revendiquée par le Viêt Nam le 15 juillet et fait mouvement vers l'île de Hainan. Certains quotidiens vietnamiens ont qualifié ce départ soudain de succès, évoquant l'intense pression diplomatique et sur mer déployée par Hanoi pour faire plier le puissant voisin. La CNOOC a pour sa part évoqué la fin de campagne de forage. Le principe de précaution ne peut quant à lui pas être exclu: le départ de cette importante - et très coûteuse - structure pourrait avoir été décidé en prévention au passage du typhon Ramassun, qui avait traversé les Philippines le 16 juillet et se dirigeait vers le Viêt Nam, dont il a atteint les côtes (notamment des provinces de Hải Phòng, Thái Bình et Nam Định) trois jours plus tard, tuant 27 personnes.
 

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