mercredi 6 août 2014

Du souvenir de la participation des jeunes Vietnamiens à la Grande Guerre

A l’occasion de la commémoration du 100e anniversaire du début de la première guerre mondiale, quelques médias online vietnamiens viennent de publier un reportage, essentiellement photographique, sur la participation des soldats vietnamiens à la Grande Guerre.
 
En fil guide de ce reportage d’une dizaine de photos, est stigmatisée la contrainte exercée par le colonisateur sur le colonisé dans le cadre de l’effort de guerre. Le soldat vietnamien y est ainsi présenté comme étant le seul Indochinois à avoir été mobilisé et envoyé de force vers le continent européen. La contribution des recrues laotiennes et cambodgiennes est ignorée. Aucun chiffre n’est évoqué, hormis celui de « dizaines de milliers de jeunes Vietnamiens » réquisitionnés de force. Tous sont présentés comme ayant combattu au front, tant dans le nord de la France, mais aussi à Ypres, ainsi que dans les Dardanelles. Aucun bilan de pertes n’est évoqué, pas plus que la nature exacte de leur contribution à cet effort de guerre - et en particulier le fait que plus de la moitié d'entre eux ont été affectés à des travaux logistiques, dans des usines d'armement notamment.
Soldats vietnamiens en Grèce
Ce reportage illustre fort à propos, sur sa forme, le fait que le Viêt Nam, tout en acceptant de célébrer une année de l’amitié franco-vietnamienne (2013/2014), ne saurait gommer les heures sombres de sa relation avec l’ex-puissance colonisatrice, en cette année 2014 qui a vu le pays célébrer avec faste le 60e anniversaire de la victoire de Điện Biên Phủ (07 mai).
 
Les festivités de circonstance marquant - plus que célébrant - cette relation séculaire sont une chose, le message distillé par le Parti vers toutes les couches de la population demeure axé sur la tradition millénaire de lutte des Vietnamiens contre l’oppresseur, d’où qu’il vienne.
 
L’occasion est donc excellente pour la presse officielle de rappeler que ces recrues ont été embarquées – au propre comme au figuré – dans une guerre qui n’était pas la leur.
1915 - Arrivée à Marseille
 
Cantonnement à Saint Raphaël

Bivouac près d'Ypres (Belgique)
Combattant vietnamien à Ypres
Maintien des traditions, près du front
Cent ans après, le message demeure donc diamétralement opposé à celui proposé par la France. Ainsi, l’ECPAD présente des bilans chiffrés de la participation indochinoise – et non uniquement vietnamienne – au conflit (environ 43000 troupes combattantes et 49000 travailleurs coloniaux), soulignant sans réserve le fait que nombre d’entre eux se sont illustrés au combat, volontaires et non sous la contrainte.
Dans la même veine, celle qui rend hommage à tous les combattants qui, venant de tous les horizons, ont unis leurs forces derrière le seul drapeau tricolore, l'Association des anciens et amis de l'Indochine et du souvenir indochinois (ANAI) conclut un excellent article en soulignant le fait que, "[...] confrontés à une civilisation très différente de la leur, acteurs ou témoins d'événements sanglants, et évoluant à partir de 1917 dans un climat hostile, les Indochinois de 1916 à 1918 ont fait front avec abnégation et courage. Le livre d'or que le gouvernement général d'Indochine avait promis de leur consacrer n'a jamais vu le jour. Mais leurs tombes, telles celles de l'ossuaire de Douaumont ou des cimetières de Géré et d'Udonista (Albanie), attestent leurs sacrifices au cours de la grande guerre".
 
 
 



 

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