Malgré l'agression russe contre l'Ukraine, les relations Moscou - Hà Nội restent au beau fixe (17/02/2023)

Le 17 février 2023, Andrei Yatskin, premier vice-président du Conseil de la fédération de l'Assemblée fédérale de la fédération de Russie (chambre haute de cet organe, la Douma d’Etat étant la chambre basse) et président du groupe de travail Russie-Viêt Nam au sein de cette assemblée, a entamé à Hà Nội une visite officielle, qui se poursuivra à Hồ Chí Minh-Ville et à Vũng Tàu. Ce déplacement, premier de ce niveau depuis l’émergence de la pandémie de Covid en 2019, a pour centre de gravité les thématiques économiques et scientifiques mais les observateurs attentifs auront noté sur les propos sans ambigüité tenus par les parties vietnamienne et russe sur l’agression russe contre l’Ukraine (termes bien entendu absents des discours officiels).

Après le passage obligatoire sur la place Ba Đình afin de s’incliner devant la dépouille d’Hồ Chí Minh dans son mausolée et de déposer une gerbe au pied de la stèle en hommage aux martyrs tombés dans les guerres pour l’indépendance du Viêt Nam, M. Yatskin a été reçu par le président de l’Assemblée nationale Vương Đình Huệ. 

Sans ambage, ce dernier a déclaré que « la Fédération de Russie est l'un des partenaires les plus importants et prioritaires de la politique étrangère du Vietnam. L’Assemblée nationale vietnamienne souhaite poursuivre une coopération substantielle et efficace avec la Fédération de Russie dans l’intérêt commun des deux peuples, de la paix, de la stabilité et du développement dans la région et dans le monde. (…) Le Viêt Nam et la Fédération de Russie continuent d’identifier le rôle central de la coopération en matière de défense et de sécurité dans les relations entre les deux pays et continuent de renforcer leur coopération dans ce domaine. »

En écho, M. Yatskin a chaleureusement salué la qualité des relations bilatérales : « Le refus du Viêt Nam de se joindre aux sanctions (internationales) illégales dont la Russie est l’objet affirme une fois de plus que l’amitié et la confiance entre nos deux pays n’ont jamais été affectées par les changements de situation(s) ».

Le message est clair ! Alors qu’approche le premier anniversaire de l’agression russe contre l’Ukraine (24 février), le régime de Hà Nội, certes très gêné sur la scène diplomatique, adopte une posture effacée sur ce conflit dans ses relations avec ses partenaires occidentaux mais ne veut pas porter atteinte à son « grand frère » historique. Sculpter des éléments de langage sur le thème de l’engagement du pays en faveur de la paix mondiale, à l’attention de la communauté internationale, est un art parfaitement maîtrisé par les dirigeants vietnamiens. Comment font leurs interlocuteurs pour ne pas être dupes et continuer de saluer cette action « positive » relève du déni d’objectivité. Ainsi, accueillir des officiers vietnamiens dans une opération militaire européenne en Afrique (EU Training Mission RCA), de surcroît en pleine conscience de leur capacité à en informer leurs partenaires russes, relève du non sens. Mais dans ce monde où la paix ne semble guère d’actualité, nul doute que la diplomatie vietnamienne saura continuer de maintenir son fragile équilibre entre alliés historiques et partenaires économiques. 

Première participation de l'armée vietnamienne à une opération de secours internationale majeure (Turquie, 13/02/2023)

 

Le 10 février 2023, le général de corps d’armée Nguyễn Tân Cương, chef de l’état-major général des armées vietnamiennes, a annoncé l’envoi d’un détachement de secouristes en Turquie, afin de contribuer à l’assistance internationale dont le pays et son voisin syrien bénéficient suite au séisme qui, le 06 février, a frappé la région de Gaziantep et le nord de la Syrie. A situation exceptionnelle, cette réaction vietnamienne est exceptionnelle et inédite, tant par la rapidité de la décision prise par les autorités que par son exécution. 

Ainsi, alors qu’il avait fallu près de 15 ans pour que l’armée populaire vietnamienne (APVN) déploie prudemment son premier observateur dans une opération onusienne de maintien de la paix, seuls quelques jours ont séparé la décision de projeter un détachement militaire en opération humanitaire à 11 heures de vol de Hà Nội, la constitution ce détachement, et son engagement. Un véritable tour de force qui prouve que le Viêt Nam dispose de réelles capacités d’engagement dans certains segments et notamment dans celui de l’assistance aux victimes de catastrophes naturelles, mais aussi qu’il est capable d’agir vite et loin (en bénéficiant il est vrai d’une aide à la projection, en l’occurrence un avion de la compagnie Türkish Airlines).

Le Département sauvetage des victimes (Cục Cứu hộ-Cứu nạn), appartenant à l’état-major général des armées, a été chargé du montage et du pilotage de cette mission. Il a très rapidement constitué un détachement de 76 militaires, articulé en :

- un groupe de commandement, à sept militaires dont le chef de mission : le général de brigade Phạm Văn Tỵ, adjoint au directeur du bureau permanent du Comité national en charge des opérations de sauvetage liées aux catastrophes naturelles ;

- un détachement médical, comprenant 30 membres du Service de santé des armées ;

- un détachement de recherche et sauvetage, composé de 30 membres de l’arme du génie ;

- une équipe cynophile (neuf militaires et six chiens) du commandement des garde-frontières. 

Outre son matériel de dotation et des vivres pour travailler en autonomie durant un mois, l’unité a acheminé plus de 10 tonnes d’aide alimentaire destinée aux populations sinistrées.

Le détachement a quitté Hà Nội dans la soirée du 12 février, après une courte cérémonie à laquelle ont assisté le général Nguyễn Tân Cương et l’ambassadeur de Turquie Haldun Tekneci. Comme de coutume et encore plus pour une première historique, l’événement a donné lieu à une ftrès importante médiatisation, parfaitement orchestrée par l’état-major général des armées. Drapeaux, accolades, articles sur le parcours de certains membres de cette mission, et mise en valeur du fait que tous les militaires sélectionnés sont membres du Parti communiste vietnamien, toutes les vertus de ces « soldats d’Hồ Chí Minh » (Bộ đội Cụ Hồ) ont été placées sous les feux des médias, qui ont opportunément inséré un reporter (militaire lui aussi) dans le détachement afin de relater au quotidien son action. 

Une mission dont il s’acquitte à la perfection : nouvelle cérémonie avec déploiement des drapeaux à l’atterrisage à Istanbul le 13 février, puis couverture de tous les faits et gestes de ces militaires de l’action humanitaire sur leur site d’engagement - Antioche (Antakya), chef-lieu de la provice de Hatay, qui a été rejoint le 14 février. Travaillant dans des conditions difficiles, au contact de détachements en provenance de nombreux pays (Chine, Bahrein, Sénégal entre autres), les militaires vietnamiens apportent leur pierre à la recherche de survivants parmi les décombres de la ville. Dans cette course contre le temps, les résultats sont maigres mais l’important pour Hà Nội est surtout de ne pas être absent de cet effort international. Nul esprit de compétition ne prévalant dans ce type d’opération, les militaires vietnamiens semblent parfaitement à leur place dans ce dispositif visant à appuyer les forces locales dans les recherches. 

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Cette mission portera en outre du fruit sur le long terme, sur plusieurs niveaux : renforcement de l’image de l’armée (et des hautes autorités politiques) au sein de la société vietnamienne, avec son engagement dans l’exécution des missions ordonnées par le Comité national en charge des opérations de sauvetage liées aux catastrophes naturelles ; renforcement de l’image du Viêt Nam sur la scène internationale (engagement immédiat et sans réserve dans des causes humanitaires d’urgence, y compris sans expérience internationale initiale), et bien sûr renforcement des connaissances opérationnelles des sapeurs, médecins et infirmiers, et équipes cynophiles vietnamiens, dans cette première mission de secours, très loin de leurs bases et sur un théâtre d’opération très dur. Ce bilan indéniablement positif devrait en tout état de cause permettre aux unités destinées à être engagées dans des opérations de secours humanitaire, y compris chaque année sur le sol vietnamien, de profiter du retour d’expérience de ces «pionniers », et ce avant même le début de la saison des typhons.

Projection de sept officiers vers les théâtres d'opérations onusiens en Afrique (07/02/2023)

 

Le 07 février 2023, sept officiers ont reçu des mains du général de corps d’armée Hoàng Xuân Chiến, vice-ministre de la défense, chargé des relations internationales et notamment des questions relatives à l’insertion de l’armée populaire vietnamienne (APVN) dans les missions onusiennes de maintien de la paix (OMP), leur lettre de mission confirmant leur déploiement dans les détachements vietnamiens :

- en République centrafricaine (MINUSCA) : le commandant Trần Thái Sơn, officier d’état-major des garde-frontières de la province de Hà Tĩnh, va rejoindre le bureau renseignement de la mission ;

- au Soudan du sud (MINUSS) : le lieutenant-colonel Nguyễn Kim Tỉnh, en poste à Hanoi au Département des OMP (DOMP) de l’APVN, et le capitaine Nguyễn Như Tuấn, ex-professeur de langues à l’Ecole des commissaires politiques (et qui va assumer des fonctions d’observateur onusien) ;

- et quatre au sein de la Force intérimaire de sécurité des Nations unies pour Abiyé (FISNUA) : le commandant Nguyễn Quốc Khánh, lui aussi en poste au DOMP, va occuper des fonctions d’officier coordonnateur des actions civilo-militaires. Les commandants Nguyễn Văn Tiệp, jusqu’alors enseignant à l’Ecole des officiers de l’armée de terre n°2 (située à Biên Hòa, dans la province de Đồng Nai), et Nguyễn Xuân Trường, rédacteur à la Revue de la défense nationale (relevant du Département général Politique du ministère de la défense), vont occuper des fonctions d’officiers observateurs. Enfin, le capitaine supérieur Trần Nam Phương, qui travaillait sur les questions relatives à l’ASEAN au sein de l’état-major de la police maritime, va se voir confier un poste d’officier logisticien.Ces officiers viendront grossir les bilans portés au crédit de l’APVN depuis le début de son engagement concret en OMP onusienne : quelque 526 militaires ont servi ou servent sous Béret Bleu en Afrique. Si quelques Vietnamiens sont disséminés dans les états-majors de la MINUSCA et de la MINUSS, le gros de leur engagement est l’hôpital de campagne (Rôle 2) déployé à Bentiu (Soudan du sud) et depuis mi-2022 le détachement du génie qui sert sous mandat de la FISNUA.

L’on notera avec intérêt le profil de ces derniers officiers qui, à l’exception de ceux qui servent au DOMP, suggère que le haut état-major commence à rencontrer des difficultés dans l’identification des profils utiles. Certes, il n’est jamais aisé de remplir tous les critères (souvent nombreux il est vrai, rarement cumulables dans un seul individu) de ces postes en état-major international. L’on peut ainsi raisonnablement s’interroger, non sur la motivation, mais sur la capacité d’un homme de la mer (garde-côtes) à surnager dans les austères questions de la logistique opérationnelle à la frontière des Soudan, de même que sur celle du journaliste pétri glorification du rôle de l’APVN dans la défense de la mère patrie à se fondre dans des missions d’observation onusiennes. Certes, cela arrive aussi aux officiers de toutes les nations projetés en milieu international, mais le choc sera rude à la descente de l’avion!

Escale japonaise à Đà Nẵng (13-18/02/2023)

Le 13 février 2023, le patrouilleur de garde-côtes japonais Settsu a entamé une escale de cinq jours à Tiên Sa, le port militaire de Đà Nẵng. Commandé par le capitaine de vaisseau Satoshi Niwa, le bâtiment (105 mètres de long pour 15 de large) et ses 52 hommes d’équipage, le Settsu fait partie du commandement de la région de Tokyo. Ses missions consistent essentiellement en la lutte contre la piraterie maritime. Il est actuellement déployé pour un mois dans ce contexte en mer de Chine méridionale.

Depuis 2012, la coopération entre garde-côtes vietnamiens et japonais se renforce, avec comme point de convergence la sécurisation des flux en mer de Chine méridionale, vitaux pour l’économie nippone. Engagé dans le soutien de la modernisation de la police maritime vietnamienne, le Japon a livré au Viêt Nam plusieurs bâtiments qui venaient d’être retirés du service actif. Les escales régulières dans les ports vietnamiens (et notamment à Đà Nẵng) s’étaient raréfiées depuis la pandémie de Covid-19. Ainsi, la dernière escale d’un bâtiment des garde-côtes nippons avait eu lieu en juillet 2019, déjà à Đà Nẵng. 

Intervenant dans une période climatiquement propice aux déploiements maritimes, cette escale offre par ailleurs l’opportunité d’être médiatisée à l’attention de l’opinion publique vietnamienne, en cette année du vingt-cinquième anniversaire de la création de la police maritime (2008). Une composante qui saisit en outre toutes les opportunités pour redorer son propre blason, entaché fin 2021 par une importante affaire de corruption qui a résulté en le limogeage de ses plus hauts dirigeants.

Il s'agit de la troisième escale de l'année au Viêt Nam, après celles du patrouilleur britannique HMS Spey début février et celle du LST Persistance (bâtiment singapouriens, arrivé lui aussi le 13 février à Cam Ranh). 

Escale singapourienne à Cam Ranh (13-16/02/2023)

 

Après la relative désaffection des ports militaires vietnamiens par les marines étrangères en 2022, février 2023 enregistre déjà trois escales : britannique à Hồ Chí Minh-Ville (patrouilleur HMS Spey du 07 au 11), singapourienne à Cam Ranh (Landing Ship Tank [LST] RSS Persistence du 13 au 16) et japonaise à Đà Nẵng (patrouilleur Settsu, du 13 au 18).

Près de quatre ans après la dernière escale d’un bâtiment singapourien au Viêt Nam (LST RSS Endeavour fin janvier 2019, déjà à Cam Ranh), la dissipation de la pandémie de Covid-19 en Asie du sud-est et la levée des mesures de restrictions d’accès ont redonné confiance à la cité-Etat, qui peut reprendre ainsi un rythme d’une escale annuelle. Le Persistence,construit en 2001, est l’un des quatre LST de classe Endurance. Tout comme ses sister ships au gabarit imposant (140 mètres de long), il est connu au Viêt Nam même si son dernier passage remonte à plus de dix ans. Le bâtiment avait en effet par deux fois fait relâche à Đà Nẵng (octobre 2010 et septembre 2012).

La capitaine de frégate Anna Teo, pacha du Persistence, et le capitaine de vaisseau Ang Jeng Kai, commandant de la 3^ème Flottille (qui regroupe les quatre LST de la marine singapourienne), ont été accueillis par les autorités de la 4^e Région maritime et les représentants civils de la province de Khánh Hòa.

Le programme de l’escale s’articule sans surprise autour d’échanges sur la coopération entre marines, de visites des infrastructures de la base navale et de l’Ecole navale (Nha Trang), de rencontres sportives et des excursions touristiques.

Première escale de l'année au Viêt Nam, British first! (07-11/02/2023)

Du 07 au 11 février 2023, le patrouilleur britannique HMS Spey a fait escale à Hồ Chí Minh-Ville / Nhà Rồng.

Arrivant de Corée du sud, ce bâtiment, entré en service en 2019 (2 000 tonnes, longueur 90,5 m, vitesse de pointe 25 nœuds, autonomie de 5 000 milles) et commandé actuellement par le capitaine de frégate Michael Proudman, a été fièrement accueilli par les autorités militaires (7^e Région militaire, 2^e Région maritime) et civiles (comité populaire de la ville). L’ambassadeur Iain Frew (voir sa bio ici), qui a succédé en août 2022 au très médiatique Gareth Ward, avait logiquement fait le déplacement en compagnie de son attaché de défense.

  

Outre les rencontres protocolaires et sportives de rigueur lors de ces escales, le CF Proudman a accueilli à bord de jeunes Vietnamiens apprenant l'anglais, puis une délégation de la Brigade maritime 167, préparatoire à un court Passex de fin d’escale. Celui-ci s’est déroulé le 11 février avec la corvette lance-missiles (classe Molniya) 378. Un exercice visiblement très classique, consistant essentiellement en une navigation de conserve avec petit exercice de communication aux fanions, avant que le Spey ne prenne le large en direction du Cambodge (il est arrivé le 13 février à Sihanoukville).

L’événement a été placé sous le signe de l’année du cinquantième anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre Londres et Hanoi (1973-2023). Plus que le renforcement d’une coopération maritime bilatérale encore modeste en raison de la fréquentation très récente des ports vietnamiens par des bâtiments britanniques (*), les éléments de langage mis en valeur par les représentants autorités britanniques ont porté sur l’engagement de leur pays à s’engager au profit de la stabilité et la liberté de circulation en mer de Chine méridionale, thématique mise en valeur dans toutes les stratégies indopacifiques des nombreux pays occidentaux qui, avant l’agression russe contre l’Ukraine, déclamaient leurs ambitions dans ce vaste et lointain espace par rapport au cœur de leur territoire national. Londres n’échappe pas à la règle, même si le Commonwealth, son passé de grande nation maritime et sa propension à manœuvrer dans le sillage des Américains lui fournissent des arguments pour justifier une présence plus régulière dans ces eaux disputées. C’est dans ce double but opérationnel et de rayonnement que le HMS Spey et son sister ship (HMS Tamar) ont rejoint fin 2022 le Pacifique (**) où ils tirent profit des bases américaines et de solides points d’appui logistiques – notamment à Singapour et Brunei – pour assurer une présence dans la durée dans la région. De quoi satisfaire les ambitions londoniennes de visibilité, dans cette partie du monde où l’anglais est le seul réel vecteur de communication (n’en déplaise aux défenseurs de la francophonie), ce qui offre aux Britanniques - et à leurs alliés de l’AUKUS - de sérieux atouts dans leurs relations avec leurs partenaires régionaux. 

(*) Depuis septembre 2018 (HMS Albion), il s'agit de la quatrième escale d’un bâtiment britannique au Viêt Nam.

(**) Le 07 septembre 2021, le HMS Spey (P-234) et le HMS Tamar (P-233) avaient quitté Portsmouth pour être déployés en Indo-Pacifique pendant au moins cinq ans. 

Crash d'un Su-22 vietnamien (31/01/2023)

Le 31 janvier 2023 vers 12h30, un Su-22 M4 appartenant au Régiment 921 (*) s’est écrasé à l’atterrissage sur l’aéroport de Yên Bái (commune de Nga Quán, district de Trấn Yên, province de Yên Bái, nord-ouest de Hanoi). L’appareil, qui porte le numéro 5873 (photo ci-dessus) était piloté par le capitaine supérieur Trần Ngọc Duy. Selon les autorités militaires, l’officier achevait un vol d’entraînement (moins de 20 minutes de vol) lorsqu’il a rencontré un problème technique au moment d’atterrir. Il a reçu l’ordre de s’éjecter mais a tenté de sauver son appareil, payant cette action de sa vie.  

Né en 1992 dans la province de Thái Bình, Trần Ngọc Duy s’était engagé en septembre 2010 dans l’armée puis avait rejoint l’Ecole de l’air de Nha Trang où il avait été formé sur Yak-52 et L-39. Il volait désormais sur Su-22M. Après une première affectation au sein du Régiment 937 (stationné sur l’aéroport militaire de Thành Sơn, province de Ninh Thuận), il avait rejoint Yên Bái. Titularisant plus de 725 heures de vol, il était considéré comme un pilote expérimenté. Après avoir gravi normalement ses premiers échelons dans la hiérarchie militaire (sous-lieutenant en 2014, lieutenant deux ans plus tard, capitaine en 2019, enfin capitaine supérieur en 2021), il occupait les fonctions de commandant adjoint d’escadrille.  

Le 1^er février, Mme Võ Thị Ánh Xuân, présidente de la république (par intérim), a promu l’officier à titre posthume au grade de commandant, une mesure que l’armée populaire vietnamienne applique à ses soldats décédés en service, à l’image de ce qui se pratique dans nombre de pays. Elle lui a aussi décerné la médaille de la Défense de la Patrie.

Le même jour, un hommage officiel a été rendu au commandant Duy par ses pairs à Yên Bái, avant l’inhumation le lendemain dans la province de Thái Nguyên. 

Aucune très haute autorité en service ne s’est affichée aux funérailles. Le caractère accidentel du décès (peut-être dû à la vétusté de l’appareil) et le fait qu’il n’y ait qu’une victime n’ont pas mobilisé le haut état-major.

En revanche, la présence de deux emblématiques pilotes de l’armée populaire vietnamienne, titulaires du titre de héros des forces armées, a été très remarquée : les généraux de division aérienne Phạm Tuân (premier pilote de chasse à avoir abattu un B-52 américain, le 27 décembre 1972, mais aussi premier (et unique) astronaute vietnamien, en 1980) et Phạm Phú Thái (qui a été comme vice-commandant en chef de l’armée de l’air et de la défense antiaérienne de 2022 à 2006) ont tous deux servi dans le Régiment 921.

Originaires de la province de Thái Bình, comme le commandant Duy (qui avait rencontré quelques semaines plus tôt le général Tuân), ils ont apporté par leur présence l’hommage de l’ancienne génération à ce jeune pilote, et à ses camarades qui reprennent le flambeau sur ces appareils conçus sous l’ère soviétique et à la maintenance de plus en plus difficile.

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Ce crash - le premier de l’année - est le troisième qui touche cette unité en moins de cinq ans. Le 26 juillet 2018, le Su-22 numéro 8551 s’était écrasé lors d’un vol d’entraînement dans la province du Nghệ An (pilote et copilote étaient décédés).L’événement du 31 janvier semble quasi similaire à l’accident, le 23 avril 2019, d’un autre appareil (Su-22 numéro 5858). Cette fois, le pilote (plus expérimenté que le capitaine supérieur Duy) s’était éjecté avant que l’appareil termine sa course hors piste.

Au total, six crashs de Su-22 se sont produits en 17 ans (2006, 2009, 2015, 2018, 2019 et donc janvier 2023).

(*) Le Régiment 921 (connu sous le nom d’Unité de l’armée de l’air à l’Etoile Rouge - Đoàn không quân Sao Đỏ) est le descendant de la première unité d’appareils de combat de l’armée de l’air vietnamienne. Il est l’une des trois grandes formations de la Division 371 de l’armée de l’air. Après avoir longtemps stationné à Hanoi, il a été transféré sur l’aéroport militaire de Yên Bái à la fin 2018.