lundi 17 juillet 2017

Philippines - Assassinat de deux marins vietnamiens par le groupe terroriste Abu Sayyaf

Le 04 juillet 2017, les corps décapités de deux marins vietnamiens ont été découverts près du village de Banrangay Tumahubong Sumisip, sur l’île de Basilan (sud des Philippines). Hoàng Trung Thông et Hoàng Văn Hải avaient été enlevés avec quatre de leurs compatriotes le 11 novembre 2016, lors de l’attaque du cargo Royal 16 [1] au large de Mindanao. Leurs ravisseurs appartiennent au mouvement Abu Sayyaf, mouvement terroriste islamiste philippin s’identifiant comme la franchise de Daech pour l’Asie du sud-est.
Le 06 juillet, le premier ministre Nguyễn Xuân Phúc a fait part de son émotion et exigé que les auteurs de ces crimes soient sévèrement punis. Une formule convenue qui masque le désarroi des responsables de tout pays dont des ressortissants sont kidnappés puis assassinés. Selon toute probabilité, ces assassinats témoignent de ce que :
  • aucune rançon n’a été versée par l’Etat vietnamien ou les familles – qui n’en ont pas les moyens – pour obtenir la libération des otages ;
  • le groupe terroriste, sous pression militaire (localement, mais aussi à Marawi, plus au nord, ou des combats sont en cours depuis fin mai, a certainement cherché à se débarrasser d’otages qui entravent sa liberté de mouvement.

Le modus operandi porte la marque d’Abu Sayyaf, qui recourt depuis plus d’un an aux décapitations d’otages - quelle que soit leur nationalité, car les enlèvements sont plus des actions d’opportunité que des opérations ciblées -, lorsque ses exigences ne sont pas satisfaites. Un moyen de s’afficher, aux yeux de la structure centrale de Daech, comme une franchise « fiable », mais aussi de faire pression sur les Etats et les familles des otages pour céder à leurs revendications financières.
Le 11 juillet, le ministère vietnamien des affaires étrangères a annoncé qu’à l’issue d’un assaut contre le groupe qui détenait les membres d’équipage du Royal 16, dans la région de Tolo (île de Sulu), les forces de sécurité philippines ont découvert, parmi les victimes, le corps d’un troisième marin vietnamien, Trần Việt Văn. A nouveau, il faut y voir la confirmation de :
  • la grande mobilité de ces groupes extrémistes, dans une région aux multiples îles couvertes d’une végétation dense, donc offrant de nombreux abris à de petits groupes armés ;
  • l’engagement des forces armées philippines à traquer ces groupes jusque dans leurs zones refuges ; pour autant, face à des groupes jusqu’au-boutistes, le zéro victime reste un vœu pieu.

L'incertitude demeure sur la cause de son décès (assassinat ou conséquence des combats).
Le 16 juin, un quatrième marin (Hoàng Võ, 28 ans) avait été libéré lors d’une opération de l’armée philippine. Blessé durant sa captivité, il a été rapatrié au Viêt Nam.
Le sort des deux derniers Vietnamiens détenus par Abu Sayyaf n’est pas connu.



[1] Le M/V Royal 16 et son équipage de 19 marins transportait une cargaison de 3 000 tonnes de ciment depuis le port vietnamien de Cái Lân (province de Quảng Ninh) vers l’Indonésie. Il avait été attaqué près de l’île de Sibago par une dizaine de combattants armés et évoluant sur un hors-bord. Six marins avaient été pris en otages : le commandant du bateau (Phạm Minh Tuấn,  originaire de Hải Phòng), ses adjoints (Đỗ Trung Hiếu, lui aussi de Hải Phòng et Hoàng Võ - issu du Nghệ An), le responsable de l’équipage (Hoàng Trung Thông, originaire de Quảng Bình) et deux marins - Trần Khắc Dũng (Đắk Lắk) et Hoàng Văn Hải (Thanh Hóa).

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