mercredi 7 septembre 2016

L'Inde offre une aide de 500 millions de dollars pour la modernisation de la défense vietnamienne


Les 02 et 03 septembre 2016, le premier ministre indien Narendra Modi a effectué une très attendue et remarquée visite officielle à Hanoi, la première depuis celle d’Atal Behari Vajpayee, le 07 janvier 2001 (*).
Débutant le jour de la fête nationale vietnamienne, cette visite a résonné comme un écho à l’amitié historique qui lie les deux pays depuis les relations établies entre Hô Chi Minh et Nehru.
Visite de la résidence de Hồ Chí Minh à Hanoi
Accueil en grande pompe, instant de recueillement devant le mausolée d’Hô Chi Minh, et réception par les plus hautes autorités de l’Etat et du Parti communiste, le protocole a été à la hauteur d’un partenariat qui n’a de cesse de se renforcer, le Viêt Nam étant l’un des pays-cibles de l’Act East Policy développée par New Delhi, avec toile de fond la volonté partagée par les deux capitales de limiter l’accroissement des ambitions de Pékin en mer de Chine méridionale.

Entretien avec le secrétaire général du Parti communiste, Nguyễn Phú Trọng
Un nouveau pas en avant dans le soutien indien à la modernisation de l’armée populaire.
Depuis le début des années 2000, les relations bilatérales de défense ne cessent de se renforcer. Ouvertes à toutes les composantes de l’armée populaire, elles s’articulent autour des volets formation, industries de défense et escales de bâtiments (surtout indiens dans les ports vietnamiens). Un Dialogue de défense, dont neuf sessions se sont tenues depuis 2003, couvre l’ensemble de ces actions de coopération, et permet aux dirigeants des deux ministères de la défense de se rencontrer annuellement. Ces liens à très haut niveau ne se démentent pas, conduisant à une confiance mutuelle.
Déclaration conjointe avec le premier ministre Nguyễn Xuân Phúc
Dans ce cadre, nulle surprise à ce que le premier volet de la déclaration conjointe des deux premiers ministres, le 03 septembre, ait été consacré aux questions de sécurité et de défense. En particulier, les deux parties ont proclamé leur souhait de mettre en œuvre efficacement la Déclaration sur leur vision commune de la coopération de défense (signée en mai 2015). Confirmant que son pays souhaitait approfondir la coopération industrielle de défense, M. Modi a :
-        assisté à la signature du contrat d’attribution du marché relatif à la construction de quatre patrouilleurs rapides indiens au profit de la police maritime / gardes-côtes. Deux ans après l’annonce, lors de la visite du président Mukherjee à Hanoi (14 au 17 septembre 2014), de l’octroi d’une ligne de crédit de 100 millions de dollars pour l’achat de ces bâtiments, le contrat a été paraphé par le général de division Hoàng Xuân Chiến, commandant en chef des gardes-frontières, et le président des chantiers navals Larsen & Toubro. Les bâtiments seront construits en Inde avant d’être transférés au Viêt Nam ;
-        annoncé le déblocage d’une enveloppe de 5 millions de dollars pour la construction d’un parc dédié aux logiciels militaires au sein de l’université des communications à Nha Trang;
-        et promis de débloquer 500 millions de dollars, à nouveau sous forme de lignes de crédit, pour la poursuite de la modernisation de l’armée populaire. Aucune précision sur l’affectation de ces crédits n’a été évoquée.

Certes, les projets d’acquisitions et de coopérations ne manquent pas, avec au premier plan la volonté de Hanoi d’acheter des missiles de croisière BrahMos indiens. L’on citera aussi l’intérêt indien pour contribuer à la modernisation du système de défense côtière du Viêt Nam par le développement d’une coordination intégrée entre marine et police maritime et accroître la sécurité des approches maritimes et des voies d’échanges économiques vitales pour le commerce international. Enfin, les compétences indiennes en matière de technoloqie satellitaire trouvent une oreille attentive à Hanoi, les deux pays cherchant à renforcer la surveillance de leurs installations de prospection et d’exploitation pétrolière en mer de Chine méridionale et, de manière concomitante pour Hanoi, la surveillance de ses eaux territoriales, notamment autour de ses îlots et atolls dans l’archipel des Spratley.
 
Si aucune échéance n’a été médiatisée pour la matérialisation de cette offre de crédit à la modernisation, l’on peut espérer que le ministère vietnamien de la défense, qui place pour le quinquennat en cours l’accent sur la modernisation de son armée de terre, n’attendra pas deux ans pour lancer ses premières commandes. En tout état de cause, l’effet d’annonce de M. Modi est retentissant, et a forcément marqué les esprits à Pékin, où le général Ngô Xuân Lịch, ministre vietnamien de la défense, venait de faire une discrète – et peu fructueuse ? – visite protocolaire du 28 au 31 août. Assuré du soutien indien mais aussi japonais pour la modernisation de ses équipements afin de mieux prendre en compte la surveillance de son vaste espace maritime, qui jouxte voire se frotte aux zones dans lesquelles la Chine montre ses muscles en mer « de l’Est », le Viêt Nam se voit ainsi confirmé au rang d’acteur incontournable par et pour les grandes puissances – asiatiques – rivalisant d’influence dans cette région où les différends territoriaux maritimes sont potentiellement porteurs de tensions.

(*) Les deux pays ont établi leurs relations diplomatiques le 07 janvier 1972.
 

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