jeudi 11 septembre 2014

Deux mille Hanoïens appelés sous les drapeaux

Le 09 septembre 2014, lendemain de la fête du Tết de la mi-automne (Tết Trung Thu), quelque 2000 jeunes Hanoïens ont été incorporés sous les drapeaux alors d’une cérémonie largement commentée dans la presse locale et nationale, dans un soudain élan de patriotisme et de propagande proportionnellement inverse au nombre de recrues qui ont quitté leurs foyers.
Depuis le début de la semaine, des cérémonies similaires étaient organisées dans l’ensemble des provinces. Mise en scène soignée, cérémonie d’allumage de flamme, solennité du roulement de tambour, participation des plus hautes autorités militaires et civiles, coiffées pour l’occasion du casque traditionnel, adieux des familles des jeunes conscrits sous l’œil des caméras, tout était rassemblé pour donner à cet événement un très fort retentissement national.
 
Derrière les sourires de rigueur devant les médias, il n’en demeure pas moins que cette incorporation n’a concerné qu’une faible partie d’une classe d’âge. Ainsi, dans la grande métropole du Sud, le nombre de recrues s’est – selon les médias locaux – aussi élevé à quelque 2000 jeunes.

 
Le secrétaire du comité populaire de la capitale, Phạm Quang Nghị, entouré de quelques recrues.
Cette incorporation est la seconde et dernière de l’année, la première vague étant intervenue en février, après le nouvel an, avec un contingent du même volume pour Hanoi.

Alors que des réflexions sont en cours au sein des instances dirigeantes du Parti et de l’armée pour amender la loi sur le service militaire, avec une tendance pro-uniformisation de la durée de service à 24 mois, et une autre tendance opposée prônant sa réduction, les dirigeants vietnamiens continuent d’attacher une attention toute particulière à la médiatisation de ces incorporations, tentant de fédérer la nation entière derrière ces volontaires (souvent par défaut de profession et/ou d’avenir universitaire) qui vont se consacrer à la défense de la patrie, noble mission mais ô combien laissée aux sans grades d’une jeunesse qui se bat plus pour accéder au pouvoir de la consommation.

Néanmoins, ces élus – souvent malgré eux – de la conscription ne sont pas les arbres qui cachent la misère du désintérêt total d’un peuple pour sa défense. Sensibilisés dès leur plus jeune âge au devoir de mémoire puis instruits et formés durant leur scolarité afin d’être prêts, si nécessaire, à prendre les armes pour défendre leur patrie, les jeunes Vietnamien(ne)s ne sont en effet pas étrangers à ces militaires qu’ils continuent de côtoyer dans la vie de tous les jours, même si nombre d’entre eux effectuent leur devoir dans des zones reculées, loin de leurs familles et proches (régions montagneuses, marches frontalières, îlots en mer de l’Est).

Dans une société qui continue se tourner vers un monde de consommation, ces incorporations permettent à toutes les couches familiales et dirigeantes d’apparaître unies derrière ces jeunes qui vont renforcer durant de longs mois le pilier sécuritaire du pays. Un enthousiasme, même de façade, qui n’a pas d’égal dans nos Etats occidentaux…
 
 


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