Réception de l'amiral Nam par le ministre chinois de la défense |
L’événement n’a pas fait l’objet
d’une importante couverture par les médias vietnamiens. Pourtant, le rapide
déplacement à Pékin du contre-amiral Phạm Hoài Nam, commandant en chef de la
marine vietnamienne, du 15 au 18 mars 2017, confirme l’embellie actuelle des relations entre deux
rivaux de la mer « de l’Est », mais surtout la tradition qui veut que
les autorités vietnamiennes font le voyage à Pékin lorsqu’un changement
important intervient dans la haute hiérarchie militaire (comme c’est aussi le
cas dans les hautes strates du Parti communiste et de l’Etat). Certes, l’amiral
Nam a rencontré le général d’armée Chang Wanquan, ministre de la défense, mais
il a surtout été reçu par le nouveau commandant en chef de la marine chinoise,
le vice-amiral Shen Jinlong, qui a succédé en janvier à l’amiral Wu Shengli.
17 mars 2017: réception à l'état-major de la marine |
L’on notera que ces deux commandeurs
ont tous deux eu la responsabilité de zones clés de la mer de Chine
méridionale : si l’amiral Nam a commandé la 4e Région
maritime (Cam Ranh), dont la zone de responsabilité couvre les Spratley, son
homologue chinois a commandé la flotte du sud, responsable de la mer de Chine
méridionale, revendiquée à près de 90 % par Pékin et objet d’intenses activités
de poldérisation et de militarisation des principaux îlots et atolls contrôlés
par l’armée populaire de libération. Nul doute que les deux hommes se
connaissent bien et ont eu l’occasion de se jauger, notamment lors de la crise dite de la plateforme HD-981 de mai à
juillet 2014 - crise opportunément balayée par le passage d’un puissant typhon sur
la zone de déploiement de ladite plateforme et de l’essaim de bateaux de pêche
placé en rideau protecteur contre toute approche de navires vietnamiens.
Au programme des
discussions : visite de la base navale de Zhanjiang, coopération dans le golfe du Tonkin (patrouilles
conjointes menées depuis 2005), réaffirmation des intensions de résoudre pacifiquement les
différends, le tout dans un ton visiblement apaisant des hôtes chinois.
Derrière cette posture, l’on est tenté de voir une tentative des chefs
militaires chinois de convaincre leur visiteur de ne pas soutenir plus avant le
raffermissement des solidarités entre Hanoi et un Japon de plus en plus présent
dans les eaux contestées de la mer « de l’Est ». Déplacements de très
hautes autorités au Viêt Nam, livraison de bâtiments d’occasion à la police
maritime et aux unités de surveillance des pêches, et escales régulières mais
de plus grande ampleur - à l’image de celle que pourrait prochainement faire à
Cam Ranh le destroyer porte-hélicoptères JS
Izumo (DDH-183),
fleuron de la marine nippone, qui a entamé un déploiement opérationnel en mer
de Chine méridionale-, autant d’activités qui s’ajoutent à une présence
américaine déjà très visible dans la région et qui gênent aux entournures
l’affirmation de puissance chinoise dans la zone en neuf traits.
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