mercredi 16 novembre 2016

Quand l'armée communique sur les causes des crashs d'aéronefs en 2016

En cette année noire pour l’armée de l’air vietnamienne, le ministère de la défense a choisi de ne pas s’enfermer plus longtemps dans le silence. Malgré le ferme contrôle de l’opinion publique par les rouages du Parti communiste, le développement des technologies de l’information et en particulier les réseaux sociaux permettent aux informations – mais aussi aux rumeurs – de circuler vite et de toucher différentes tranches d’une population qui a toujours été éduquée à se tenir informée de la vie du pays. Les crashs de trois avions et d’un hélicoptère militaires qui ont endeuillé l’armée depuis l’été ont valu au ministère de la défense et à l’état-major général des armées d’être mis en défaut sur le plan de la qualité de l’entretien de ces matériels majeurs, voire d’être soupçonnés de corruption endémique.

Pour tenter d’apaiser les mécontentements, le ministère de la défense a choisi de s’adresser à la nation au travers de l’assemblée nationale. Le 09 novembre 2016, le général de brigade Nguyễn Minh Hoàng, commissaire politique adjoint de la 7e région militaire (Hồ Chí Minh-Ville) et député de la 14e législature, a rendu compte aux députés des résultats des enquêtes sur ces crashs.
 
Selon son rapport, les causes du premier crash (le Su-30 MK2 numéro 8585, le 14 juin ; un mort) n’ont pas pu être clairement identifiées à ce jour, la boîte noire de l’appareil ayant été endommagée et envoyée en Russie pour investigation plus poussée.

Le crash du CASA C-212 qui participait aux recherches de l’équipage du Su-30 (immatriculation 8983; neuf morts), le 16 juin, a été attribué aux mauvaises conditions météorologiques qui prévalaient et à la très basse altitude à laquelle l’appareil évoluait. Là aussi, la détérioration des boîtes noires lors du crash n’a pas permis d’apporter plus de précisions sur les causes de l'accident.

Le crash du L-39 numéro 8705 le 26 août à Phú Yên, peu de temps après son décollage (pilote décédé), a été attribué à un problème moteur. La commission d’enquête a salué à nouveau l’action héroïque du pilote, qui a tenté un atterrissage d’urgence dans une rizière au lieu de s’éjecter et de laisser son appareil s’écraser sur une zone d’habitation.

Enfin, les causes du crash de l’hélicoptère EC-130 T2 numéro 8632, le 18 octobre dans une zone montagneuse près de Vũng Tàu (trois morts), n’ont pas non plus été dévoilées, le rapporteur soulignant le fait que l’appareil était de conception civile – quoique mis en œuvre par des élèves pilotes et leur instructeur, tous membres de la compagnie Vietnam Helicpters South – ce qui nécessitait une coordination des investigations entre le ministère de la défense et l’aviation civile nationale.

Pour autant, le général Hoàng a rapporté les propos de la Commission militaire centrale, qui n’a pas masqué des défaillances profondes dans la maintenance des aéronefs, la sécurisation des vols, la formation des jeunes pilotes et les secours d’urgence. Il a annoncé que quarante officiers dont deux généraux – dont les noms n’ont pas été révélés – ont fait l’objet de sanctions (nature non précisée).

Si les maux restent profonds et ne pourront être remédiés sur le court terme, au moins le ministère de la défense peut se satisfaire d’avoir procédé à une autocritique devant les élus du peuple, même si personne ne sera dupe : certes une belle opération de communication a été menée, qui apaisera les soupçons des moins virulents, mais le doute ne sera pas totalement effacé sur les causes exactes de ces accidents qui ont coûté la vie à des pilotes expérimentés et donc irremplaçables sur le court terme.

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