Alors que le général Phùng Quang
Thanh s’apprête à passer le témoin au général d’armée Ngô Xuân Lịch à la tête
du ministère de la défense, le général d’armée Chang Wanquan, ministre chinois
de la défense, a entamé le 26 mars 2016 une visite de trois jours à Hanoi, qu’il
prolongera dans le nord-est du pays, à la frontière entre les deux pays, à
l’occasion de la troisième édition de rencontres d’ « amitié »
transfrontalière.
Tapis rouge et garde d’honneur
ont été déployés pour accueillir cet hôte de marque, qui a été reçu par les
plus hautes autorités de l’armée et du Parti. Accueilli par le général Thanh,
le général Chang Wanquan a participé à une réunion de travail au cours de
laquelle un bilan des relations bilatérales et du contexte sécuritaire régional
a été dressé.
Si les relations entre militaires et partis communistes ont été
comme à l’accoutumée saluées comme étant les piliers d’une relation historique,
l’on peut noter dans les rapports de presse relatifs à la question de la mer
« de l’Est » une mention sur le fait que les deux voisins, en opposition
de longue date sur la question de la souveraineté sur les Paracel et de
plusieurs îlots des Spratley, « vont continuer de chercher des solutions
fondamentales et durables [au différend], acceptables par les deux
parties », terme qui, n’étant pas étayé de décisions concrètes, suggère
que Hanoi n’a toujours pas réussi à avoir gain de cause sur la fin de la
poussée chinoise à proximité immédiate de sa ZEE revendiquée. Un succès
minimaliste serait l’absence de provocation directe chinoise dans les eaux
vietnamiennes, sur le prolongement d’une année 2015 somme toute sans abcès de
fixation comme ce fut le cas à l’été 2014 lors de l’irruption durable d’une
plateforme de forage pétrolier dans les eaux vietnamiennes.
Cette couleuvre (ou plutôt ce
long serpent de mer) avalée, les militaires vietnamiens affichent leur
satisfaction sur un progrès dans les relations de coopération bilatérale. En
effet, les deux délégations ont signé un memorandum
of understanding (MoU) sur le soutien par l’armée populaire de libération (APL)
aux efforts vietnamiens en matière d’acquisition de compétences en matière
d’opérations onusiennes de maintien de la paix (OMP).
Une nouvelle case de
cochée sur une longue liste de pays approchés par Hanoi pour conclure de tels
accords. Certes, l’expérience chinoise en ma matière – et surtout son vivier
immense en Casques bleus potentiels – est un atout pour Hanoi, qui peut ainsi
espérer puiser au sein de la culture asiatique des retours d’expériences
aisément transposables pour son propre vivier de troupes – toujours en cours de
constitution.
Enfin, le général Chang Wanquan a
eu un entretien avec le général Lịch, directeur du Département général
politique du ministère de la défense et successeur désigné du général Thanh à
la tête des armées vietnamiennes, dans quelques semaines.
L’occasion de prendre
un contact direct avec un interlocuteur-clé quoique très discret – mais bien
connu des hauts responsables de l’APL. Un autre entretien, cette fois avec le
secrétaire général du Parti communiste vietnamien, Nguyễn Phú Trọng, a conclu
ce cycle de rencontres propres aux visites de hauts responsables de
« pays-frères ».
Dans une seconde phase de sa
visite, le général Chang Wanquan se rendra avec son homologue vietnamien dans
le nord-est du pays, où ils participeront du 28 au 31 mars au troisième cycle
de rencontres sur l’ « amitié frontalière », en écho des
activités conjointes menées en mai 2015. Parmi les activités au programme sont notamment prévus un
déplacement sur la frontière entre le Guangxi chinois et la province de Lạng
Sơn et la visite d’un régiment de la 3
e division d’infanterie (1
e
région militaire).