dimanche 15 mars 2015

Nuage passager dans le ciel des relations américano-vietnamiennes

Le 11 mars 2015, le général d’armée Vincent Brooks, commandant les forces terrestres américaines dans le Pacifique (USARPAC), a demandé au Viêt Nam de cesser d’autoriser les avions ravitailleurs russes à se poser sur la base aérienne de Cam Ranh, afin d’y ravitailler puis d’en redécoller pour ravitailler les bombardiers stratégiques russes engagés dans des missions à long rayon d’action. Il a notamment mentionné que ces ravitaillements avaient permis aux bombardiers russes de s’approcher de l’île de Guam, position stratégique des forces américaines dans le Pacifique. Pour autant, le général Brooks, premier haut responsable militaire américain reçu à Hanoi en 2015, n’a pas produit - à la presse - de preuves de ces posers de ravitailleurs russes à Cam Ranh.
19 janvier 2015, réception par le GCA Đỗ Bá Tỵ, chef de l'état-major général des armées
Le 04 janvier, le ministère russe de la défense avait annoncé que les activités de ses Tu-95 Bear et Tu-160 Blackjack s’étaient intensifiées en 2014, et avait mentionné que les ravitailleurs en vol IL-78 s’étaient posé sur plusieurs aéroports afin d’y avitailler, y compris - et pour la première fois selon cette source - sur la base aéronavale vietnamienne de Cam Ranh. Interviewé par les médias locaux, le général de division Võ Văn Tuấn, adjoint au chef d’état-major général des armées, avait confirmé qu’un IL-78 s’était bien posé à Cam Ranh « en 2014 », sans en préciser la date. Il avait justifié cet événement par l’existence d’un accord de soutien logistique entre les deux pays.

La requête du général Brooks, peu étayée mais s’appuyant vraisemblablement sur d’excellents renseignements, tranche avec la chaleur des propos tenus depuis le début de l’année par les autorités américaines en visite à Hanoi ou depuis Washington.

Sans surprise, ni le ministère vietnamien de la défense ni l’état-major général des armées n’ont (à ce jour) réagi officiellement, attestant de leur volonté de conserver ce différend à un bas niveau de visibilité, et de ne pas céder aux pressions américaines. Même si l’année est placée sous le signe du renforcement (encore plus visible) des relations bilatérales avec Washington, Hanoi ne saurait faire une entorse à son partenariat avec Moscou, qui demeure particulièrement solide sur le plan militaire.
 
Le 12 mars, seul un responsable de l’Institut (vietnamien) de stratégie militaire a sobrement qualifié les propos du général Brooks d’ « ingérence » dans les affaires internes du Viêt Nam.

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