Reprise de contact officiel entre partis communistes chinois et vietnamien

Pour la première fois depuis le mois de mai, date du pic de tension entre les deux grands voisins de la mer de Chine méridionale, suite à l’intrusion de la plateforme de forage pétrolière chinoise HD-981 dans les eaux revendiquées par le Viêt Nam à proximité de l’archipel des Paracel (1), le général d’armée Lê Hồng Anh, ex-ministre de la sécurité intérieure et actuellement numéro 5 du bureau politique du comité central du Parti communiste vietnamien (PCVN), s’est rendu à Pékin les 26 et 27 août en tant qu’envoyé spécial du secrétaire général du PCVN Nguyễn Phú Trọng.

Ce déplacement, que le porte-parole du ministère vietnamien des affaires étrangères a présenté comme une réponse à une invitation de Pékin, constitue un pas important vers une reprise officielle d’un dialogue qui ne s’est vraisemblablement jamais interrompu durant les trois mois de crise. Le général Anh a été reçu par le chef du secrétariat du comité central du Parti communiste chinois, Liu Yunshan, puis par le président Xi Jinping.

Le général Anh (G) accueilli par son homologue Liu Yunshan 

Au cours des entretiens, les délégations se sont accordées pour soutenir une relance des relations entre les deux Partis, en mettant en avant trois points-clés :

- Action directe des deux Partis communistes et des dirigeants des deux pays dans la promotion de relations bilatérales apaisées et stables ;

-  Renforcement du dialogue entre les Partis et les gouvernements ; reprise et renforcement des coopérations sur tous les plans, notamment diplomatique, militaire, sécuritaire, économique et commercial ;

-   Recours à la négociation pour régler les différends maritimes entre les deux pays, sans recours à la force.

Réception par le président Xi Jinping (D)

Cette déclaration d’intention permet in fine au PCVN de sauver officiellement la face dans cette crise sévère, dans laquelle Pékin a prouvé son inflexibilité et sa capacité d’agir sur mer dans la durée, contre un Viêt Nam dont les capacités de contrôle de son espace maritime, bien qu’en plein essor, demanderont encore du temps avant d’être pleinement opérationnelles. Il est donc probable que les résultats de cette rencontre soient moins médiatisés auprès d’une population qui a été piquée au cœur de son patriotisme et n’a pas hésité à prendre,  ponctuellement mais directement, pour cible des intérêts chinois dans une vague de violence difficilement maîtrisée par les autorités locales. Nul doute que cette crise laissera des traces et que les dirigeants du PCVN et de l’Etat se verront rapidement questionnés sur ce rapide réchauffement des relations avec Pékin. L’invitation remise par le général Anh au président Xi Jinping pour se rendre prochainement à Hanoi devrait en être le premier indicateur. Derrière la haie d’honneur et le tapis rouge, le ressentiment de milliers de Vietnamiens devrait rester perceptible.

 

(1) Alors que la China National Offshore Oil Company (CNOOC) avait initialement annoncé une campagne de prospection jusqu'à la mi-août, la plateforme HD-981 a finalement quitté la zone revendiquée par le Viêt Nam le 15 juillet et fait mouvement vers l'île de Hainan. Certains quotidiens vietnamiens ont qualifié ce départ soudain de succès, évoquant l'intense pression diplomatique et sur mer déployée par Hanoi pour faire plier le puissant voisin. La CNOOC a pour sa part évoqué la fin de campagne de forage. Le principe de précaution ne peut quant à lui pas être exclu: le départ de cette importante - et très coûteuse - structure pourrait avoir été décidé en prévention au passage du typhon Ramassun, qui avait traversé les Philippines le 16 juillet et se dirigeait vers le Viêt Nam, dont il a atteint les côtes (notamment des provinces de Hải Phòng, Thái Bình et Nam Định) trois jours plus tard, tuant 27 personnes.

 

Sourire dominical

Un peu de fraîcheur dans une actualité toujours variée.
Bien à vous, amis lecteurs!

 

 

 

Piqûre de rappel d'avant stage à l'étranger

Le 29 août 2014, le département général politique (DGP) du ministère de la défense a accueilli 220 stagiaires sur le point de rejoindre une quinzaine de pays afin d’y suivre diverses formations et scolarités. Le colonel supérieur Lê Đức Mạnh, adjoint au chef du bureau du personnel du DGP, a remis solennellement à chacun d’entre eux un exemplaire du drapeau national, symbole de leur réussite professionnelle, de leur attachement à leur pays, mais aussi de leur devoir d’exemplarité durant leurs scolarités.

 

Dans son allocution, le colonel supérieur Mạnh leur a confirmé toute la confiance que le ministère de la défense plaçait en eux, et les a exhorté à revenir de leurs destinations souvent lointaines avec une expertise technique et une connaissance fine de pays partenaires afin d’apporter leur pierre à l’édification d’une défense résolument ouverte sur l’extérieur.  Dans le même temps, il leur a délivré une « piqûre de rappel » sur leur devoir de fidélité au Parti communiste, à la nation toute entière, et à leur institution, concluant par l’impérieux devoir de ne révéler aucun secret militaire et d’Etat dans leurs contacts avec leurs hôtes, dont on se doute qu’ils cherchent eux aussi, en accueillant des stagiaires de pays partenaires, à mieux connaître l’organisation de leurs armées respectives.

Le journal de l’armée populaire a souligné que, « durant les dernières années », 4 000 militaires vietnamiens avaient été envoyés en formation à l’étranger, dans 300 spécialités différentes. Près des deux tiers d'entre eux seraient revenus de ces stages avec des résultats honorables.

 

 

Vers la formation de pilotes de Su-30 vietnamiens en Inde?

Alors que la première ministre indienne, Mme Sushma Swaraj, achève une visite officielle à Hanoi, la presse vietnamienne a relayé l’information de ses homologues à New Delhi selon laquelle l’Inde et le Viêt Nam s’apprêteraient à finaliser un accord sur la formation en Inde de pilotes de Su-30 vietnamiens. Cet accord pourrait être signé lors de la visite du président Pranab Meukherje à Hanoi au cours du mois de septembre.

25 août 2014: réception de Mme Sushma Swaraj par le premier Nguyễn Tấn Dũng

Partenaires historiques depuis l'époque de Nehru et Hồ Chí Minh, les deux pays entretiennent d’excellentes relations sur le plan militaire. Outre des visites régulières de délégations, ces liens étroits entre deux des trois premiers importateurs d’armement russes (1) se caractérisent actuellement notamment par la formation de sous-mariniers en Inde. Quelque 500 marins, destinés à servir les sous-marins de la classe Kilo en cours d’acquisition par la marine populaire vietnamienne auprès de la Russie, bénéficieraient déjà de l’expertise indienne en la matière, dans l’école des sous-mariniers INS Satavahana à Vishakapatanam.

Un accord sur la formation de pilotes s’inscrirait dans la même logique. Bénéficiant d’une solide expertise sur ce type d’appareil (2), qu'elle a déjà mis à profit en accueillant des pilotes malaisiens, l’Inde s’avèrerait une excellente destination pour les pilotes vietnamiens (3), qui bénéficieraient en outre, à l’image des sous-mariniers, de conditions de vie (notamment aux plans climatique et culturel) plus proches de celles auxquelles ils sont accoutumés.

Su-30MK2 vietnamien

(1) Le 27 août 2014, Igor Korotchenko, directeur du Centre (russe) d’analyse du commerce mondial d’armes (TsAMTO), a confirmé que le Viêt Nam faisait partie des trois principaux clients du marché de l’armement russe pour les années 2013- 2016, derrière l’Inde et l’Iraq, et désormais devant la Chine, l’Algérie et le Venezuela. Ces propos confirment ceux qu'il avait tenus en décembre 2013 pour la période 2012-2015.

(2) L'Inde produit des Su-30MKI sous licence Hindustan Aeronautics Limited.

(3) En août 2013, l'agence russe Interfax avait annoncé lors du salon aérien de Moscou la signature par le Viêt Nam d'un contrat d’achat de 12 Su-30 MK2 auprès de la Russie. Ces appareils devraient être livrés en trois tranches de quatre appareils, en 2014/2015. C’est le troisième contrat d’achat de Su-30 passé par Hanoi auprès de l’agence Rosoboronexport. Les deux premiers contrats portaient sur huit et douze appareils, tous livrés.

 

 

Les gardiens du tombeau du général Giáp

Décédé le 04 octobre 2013, le général Võ Nguyên Giáp continue de drainer les foules. Alors que le cent-troisième anniversaire de sa naissance a été commémoré le 25 août, sa  sépulture, située à Vũng Chùa, dans la province de Quảng Bình, fait ainsi l’objet d’un véritable culte.

 

Pour canaliser le flux de visiteurs, qui faiblit pas (avec un pic de plus de 33 000 personnes les 30 avril et 1^er mai), une unité de gardes-frontière a été dédiée dès 2013 à la sécurisation du site.

Trente hommes du poste de Roòn se relaient ainsi 24 heures sur 24 à la protection du site qui, à l’image du mausolée d’Hô Chi Minh à Hanoi, fait désormais l’objet d’un véritable culte de la part de milliers de visiteurs de tous âges et de toutes provenances.

 

Si la sécurité de la sépulture n’est pas un véritable souci tant l’aura du vainqueur de Điện Biên Phủ est grande dans la conscience nationale, les gardiens du site doivent essentiellement gérer des questions de non respect de l’environnement et de comportements peu respectueux - non à dessein mais par désinvolture – envers le caractère sacré du lieu. Des problèmes somme toute mineurs qui ne ternissent pas la fierté de ces hommes de veiller sur le sommeil du plus célébre soldat du Viêt Nam contemporain qui repose en ce site.

 

Séance de sauts en parachute au centre national d’entraînement au sauvetage par air

Endeuillés le 07 juillet par le crash d’un MI-171 lors d’une séance de sauts d’exercice, les parachutistes de l’armée de l’air continuent de s’entraîner. Pivot de cette formation, le Centre national d’entraînement au sauvetage par air, implanté sur l’aéroport militaire de Hòa Lạc, près de Hanoi, est notamment chargé de l’organisation de ces séances de saut, qui s’effectuent par hélicoptère. Les clichés ci-dessous se rapportent à un entraînement qui s’est déroulé le 22 août.

 

Le colonel Nguyễn Văn Hiệp, directeur adjoint du Centre

Le planning des sauts

Préparation technique, au sol
 

Délimitation du centre de la zone de saut

Faisceaux de parachutes

Echauffement (et non haka vietnamien!)

Vérification des équipements

Embarquement dans le MI-8

La vidéo ci-dessous, qui rend hommage à un instructeur-clé de ce centre, le commandant Đặng Thành Chung, mort en service le 07 juillet dernier, présente plusieurs facettes de l'entraînement et de la mission de ces hommes, sous leur aspect sauvetage par air.

 

 

Visite historique du chef d'état-major des armées américain au Viêt Nam

Du 13 au 16 août 2014, le général d’armée Martin Dempsey, chef d’état-major des armées (CEMA) américain (Chairman of the Joint Chiefs of Staff), a effectué sa première visite officielle au Viêt Nam. Cette visite, qui est intervenue un an après celle du général de corps d’armée Đỗ Bá Tỵ, chef de l’état-major général des armées vietnamiennes, à Washington (17 au 23 juin 2013), a revêtu un caractère historique par le fait qu’il s’agissait du premier déplacement du plus haut responsable militaire américain sur le sol vietnamien depuis 1971. En pleine guerre du Viêt Nam, l’amiral Thomas Moorer avait en effet été le dernier CEMA américain à se rendre dans le pays.

Intervenant quelques jours après un nouveau déplacement à Hanoi du sénateur John Mac Cain, personnalité emblématique du réchauffement des relations bilatérales, cette visite a permis au CEMA américain de réaffirmer l’engagement de Washington à normaliser plus avant ses relations avec l’ennemi d’autrefois.

07 au 10 août 2014: visite du sénateur Mac Cain à Hanoi

Accueilli par son homologue, le général Tỵ, le général Dempsey a notamment rencontré le premier ministre Nguyễn Tấn Dũng et le ministre de la défense, le général d’armée Phùng Quang Thanh.

Retrouvailles avec le général Đỗ Bá Tỵ

Il y a un an, le journal Tuổi Trẻ attribuait maladroitement au général Tỵ le titre de "commandant en chef de l'armée populaire du Viêt Nam", pour saluer sa visite au Pentagone. 

Accueil par le premier ministre Nguyễn Tấn Dũng

Marquée par trois étapes (Hà Nội, Đà Nẵng et Hồ Chí Minh Ville), sa visite a été placée sous le signe de la confiance entre les ennemis d’hier. 

Réception au ministère de la défense

Au cours des entretiens, empreints d’une grande cordialité, le général Dempsey a réaffirmé l’engagement des Etats-Unis à soutenir le Viêt Nam dans plusieurs domaines de coopération : lutte contre les conséquences de la guerre du Viêt Nam, avec un effort tout particulier dans la dépollution des sites contaminés par la dioxine et l’aide au déminage ; formation en langue anglaise ; soutien à la participation de l’armée populaire vietnamienne aux opérations de maintien de la paix sous drapeau des Nations unies.

Ðà Nẵng: depuis 2010, USAID et le ministère vietnamien de la défense coopèrent à la dépollution de la zone de l'aéroport.

Enfin, le général Dempsey a confirmé que Washington étudiait la possibilité de lever l’embargo pesant sur la livraison d’armes létales au Viêt Nam, point sur lequel le sénateur Mac Cain s’était montré optimiste, évoquant un mois de septembre décisif en la matière.

Au bilan, alors que les deux pays s'apprêtent à célébrer le vingtième anniversaire du rétablissement de leurs relations diplomatiques, la multiplication des visites d'autorités militaires des deux côtés du Pacifique confirme l'instauration de relations de confiance entre Washington, dont l'accent est résolument placé sur le renforcement de la présence militaire dans le Pacifique occidental, et Hanoi, conscient qu'un soutien plus fort des Etats-Unis pourrait peser dans le différend qui l'oppose à la Chine en mer "de l'Est".

Début des essais à la mer du quatrième sous-marin de la classe Kilo

Le 21 août 2014, l’agence de presse russe ITAR-TASS a annoncé que le quatrième sous-marin de la classe Kilo commandé par le Viêt Nam aux chantiers navals Admiralty Verfi de Saint Petersburg avait entamé ses essais à la mer.

Mis à l’eau le 28 mars dernier, le HQ-185 Khánh Hòa (*) entre donc dans sa première phase d’essais, menée par le constructeur avec un équipage russe. Avec le HQ-184 Hải Phòng, lui aussi en campagne d’essais mais avec désormais son équipage vietnamien en phase de prise en main du bâtiment, la seconde paire de sous-marins vietnamiens est entrée dans sa phase d'essais opérationnels.

(*) Devant initialement porter le nom de Đà Nẵng, la grande ville portuaire  - au statut de province - du Centre Nord, ce quatrième Kilo semble désormais s’appeler Khánh Hòa, nom de cette province du Centre Viêt Nam qui intègre l’archipel des Spratley dans sa juridiction, tandis que le nom de Đà Nẵng a été attribué au cinquième exemplaire de la série.

Si le processus vérification/essais à la mer/prise en main par l’équipage vietnamien/acheminement jusqu’au port-base de Cam Ranh, tel qu’il a été appliqué aux deux premiers Kilo livrés à la marine populaire est respecté (environ 15 mois entre la mise à l’eau et l’arrivée à Cam Ranh), le Khánh Hòa pourrait donc rejoindre la mer de Chine méridionale à l’été 2015. Pour sa part, le Hải Phòng, dont la presse russe a annoncé le transfert de responsabilité à la marine vietnamienne en novembre prochain, pourrait rejoindre Cam Ranh pour le début janvier 2015.

 

"Au nom de la Loi": Vers un rallongement de la durée du service militaire ?

Dans cette année 2014 qui verra l’armée populaire vietnamienne célébrer le soixantième anniversaire de sa création (22 décembre), le ministère de la défense a ouvert le débat sur une révision de la loi sur le service militaire (Luật Nghĩa vụ quân sự), la cinquième de ce texte dont la première version date du 30 décembre 1981 (après les refontes en 1990, 1994 et 2005). Le comité permanent chargé, au sein de l’assemblée nationale, des questions de défense et de sécurité nationales au sein de l’assemblée nationale, s’est réuni le 06 août sous l’autorité de son président, le général de brigade Nguyễn Kim Khoa (qui est aussi député de Phú Thọ) pour étudier plusieurs projets d'amendements à cette loi.

06/08/2014 Intervention du général Nguyễn Kim Khoa

Au premier plan des pointes d’effort, une rallonge de la durée de service sous les drapeaux et une uniformisation de cette durée de conscription pour tous les appelés, spécialistes ou non, qu’ils soient sous-officiers ou militaires du rang.

Faisant le constat de la montée des tensions dans le proche environnement du pays, en particulier en mer de Chine méridionale, et pointant du doigt le fait que la modernisation de l’armée – à l’image de la montée en puissance de la marine populaire – ne peut souffrir de service militaire « à deux vitesses » (conscription de 18 mois pour les sous-officiers et militaires du rang, pour 24 mois pour les sous-officiers et militaires du rang spécialistes et ceux affectés sur un bâtiment de la marine), le ministère de la défense, sous l’impulsion du général d’armée Phùng Quang Thanh, propose une uniformisation de la durée de conscription à 24 mois, revenant donc sur la réduction de la durée de service militaire telle qu’adoptée en juin 2005. Le général Thanh y voit comme principale conséquence une meilleure formation opérationnelle, surtout pour le personnel servant des matériels de plus en plus complexes. S’y ajouterait une meilleure gestion de ce personnel, tous effectuant la même durée de service.

A contrario, une autre option radicalement opposée est soutenue par certains députés: une réduction significative de la durée de conscription, qui serait uniformisée à 12 mois avec une possible extension pour les sous-officiers investis d'un commandement ou détenteur d'une spécialité rare. Ce projet, auquel aspireraient de nombreux Vietnamiens, notamment parmi les jeunes, s’inscrirait dans un contexte stratégique de paix et de stabilité, ce  que l’actualité des derniers mois dément. Un amendement de la loi et l’adoption d’une telle proposition semble peu réaliste. La faire figurer dans un débat auquel les citoyens ont in fine peu d’influence relève plus de la démocratie participative de façade que d’un réalisme décisionnel.

En outre, le projet de refonte de cette loi se penche sur la question de l’exemption de service militaire. Les nombreuses opportunités qui s’offrent aux jeunes Vietnamiens poursuivant des études pour être exemptés de service militaire (mais non sans avoir été sensibilisés dans la durée aux questions militaires – dans le cadre de l’éducation de défense, matière obligatoire au lycée et dans les universités) résultent bien souvent en l’incorporation des « sans grade » de la jeunesse, essentiellement dans les unités de l’armée de terre.

 

L'heure de la séparation avec les familles a sonné

Si aucune issue des travaux, qui pourraient aboutir avant la fin de l'année, n'est connue, nul doute qu'une rallonge de la durée de conscription ne ravirait pas la jeunesse vietnamienne, quel que soit le bien fondé des raisons qui poussent le ministère de la défense et l'état-major général à soutenir ces mesures fortes - surtout face à une Chine qui pèse toujours plus dans la sous-région. Cependant, le temps des mouvements d'humeur passés, la principale couche de population impactée sera à nouveau la masse des sans diplômes, qui alimente les bataillons de conscrits faute de ne pouvoir faire valoir un motif d'exemption recevable.

 

 

Vers une livraison du HQ-184 Hải Phòng à la marine vietnamienne en novembre

Le 11 août 2014, l’agence de presse russe Interfax-AVN a annoncé que les essais à la mer du HQ-184 Hải Phòng, troisième sous-marin de la classe Kilo construit par la Russie pour la marine populaire vietnamienne, se déroulaient dans de bonnes conditions. Selon des sources au sein des chantiers navals Admiralty Verfi à Saint Petersburg, après une première phase d’essais menée par un équipage russe, le bâtiment vient d’achever une campagne à la mer avec son futur équipage vietnamien. Cette session, qui s’est déroulée du 01 au 20 juillet 2014 près de l’île de Hogland, a notamment compris 57 heures de plongée.

(carte, source Wikipedia) Située dans le golfe de Finlande, à 180 km à l'ouest de Saint Petersburg et 35 km au sud des côtes de Finlande, l'île de Hogland fait partie de l'oblast de Léningrad.

Après trois semaines de vérifications techniques à quai, une nouvelle campagne d’essais à la mer devrait débuter le 20 août pour dix jours. Si ce processus d’essais et de prise en main par l’équipage vietnamien continuent de se dérouler nominalement, le Hải Phòng devrait être remis à la marine vietnamienne en novembre, avant de débuter son transit vers le Viêt Nam, un parcours similaire à celui du premier sous-marin livré à la marine populaire, le HQ-182 Hà Nội.

28 août 2013: mise à l'eau du Hải Phòng

Selon les mêmes sources, le quatrième des six Kilo commandés par Hanoi devrait prochainement débuter ses tests à la mer à Saint Petersburg.

Création de la 302ème flottille de police maritime

Le 07 août 2014, à Ninh Hải, dans la province de Khánh Hòa, la 302^e flottille de police maritime a été officiellement créée lors d’une cérémonie présidée par le général de brigade Nguyễn Văn Tương, commissaire politique du commandement de la police maritime vietnamienne. Cette cérémonie concrétise une phase de montée en puissance lancée le 29 janvier 2013, date de décision de création de cette unité.

 

Allocution du général de brigade Nguyễn Văn Tương

 

Placée sous les ordres du commandant Lê Tiến Châu, l’unité est implantée dans la baie de Vân Phong, dont le site offre un port en eaux profondes.

 

 

 

Sa zone de responsabilité s’étend de la province de Bình Định à celle de Sóc Trăng, et présente la particularité d’inclure les ilots vietnamiens de l’archipel des Spratley.

Eu égard à l’importance stratégique de cette zone, objet de nombreuses convoitises et source de tensions notamment face à la poussée chinoise en mer de Chine méridionale, la 302^e flottille a été équipée du fleuron des patrouilleurs de la police maritime nationale, un bâtiment construit à Hải Phòng par les chantiers navals Z189, en partenariat avec les chantiers navals néerlandais Damen.

Le patrouilleur de haute mer DN-2000, désormais identifié sous le numéro CSB 8001, a vu sa construction initiée le 29 octobre 2009, par la  décision nmr 3978/QĐBQP du ministère de la défense qui en a confié la responsabilité aux chantiers navals Z189 en partenariat avec la société Damen. Un an plus tard (17 décembre 2010), sa quille a été posée. Sa mise à l’eau a été effectuée le 23 octobre 2012.

23 Octobre 2012

Mesurant 90 mètres de long pour 14 de large, il atteint une vitesse de 21 nœuds et possède une autonomie de 5000 miles.

Placé actuellement sous le commandement du capitaine supérieur Phạm Đức Tuyên, son équipage comprend 70 hommes (dont 30 spécialistes dans le sauvetage en mer). Si nécessaire,  120 soldats peuvent être embarqués.

Le capitaine supérieur Phạm Đức Tuyên

Enfin, le bâtiment emporte un hélicoptère de type Kamov-28.

 

 

Escale d'une frégate indienne à Haiphong

Le 05 août 2014, la frégate furtive lance-missiles INS Shivalik (F-47) a accosté au port militaire de Chùa Vẽ, à Hải Phòng, pour une escale de 4 jours.

Partenaire historique du Viêt Nam, l'Inde entretient d'excellentes relations avec ce pays dont elle est un allié de premier plan face à la Chine, notamment dans ces mois de fortes tensions en mer de l'Est (mer de Chine méridionale).

 

Premier bâtiment furtif construit en Inde (à Mumbai, de 2000 à 2004) et entré en service en 2010, l'INS Shivalik (142 mètres de long, équipage de près de 250 hommes) est un bâtiment-clé de la flotte de l'Est indienne. Il avait pris la mer mi-juin en compagnie de deux autres bâtiments (destroyer lance-missiles INS Ranvijay, bâtiment de soutien INS Shakti) pour une campagne en mer de Chine méridionale et dans le nord-ouest du Pacifique. En juillet, tous trois avaient pris part à l'exercice russo-indien Indra 2014 puis, en mer du Japon, à l'exercice Malabar 2014 avec des bâtiments japonais et américains. L'escale au Viêt Nam s'effectue sur leur transit retour vers l'Inde.

 

Cette escale s'inscrit dans un cycle de visites quasi annuel (sixième escale d'un bâtiment indien au Viêt Nam depuis 2008, qui confirme l'accent placé par New Delhi sur ses relations avec l'Extrême-Orient (Look East Policy). L'INS Shivalik avait déjà fait escale à Hải Phòng en 2012 (19 au 23 mai).

Accueil du capitaine de vaisseau Puruvir Das

"Photo de famille" avec les autorités de la marine populaire vietnamienne et de la 3^ème région maritime

 

Du souvenir de la participation des jeunes Vietnamiens à la Grande Guerre

A l’occasion de la commémoration du 100^e anniversaire du début de la première guerre mondiale, quelques médias online vietnamiens viennent de publier un reportage, essentiellement photographique, sur la participation des soldats vietnamiens à la Grande Guerre.

 

En fil guide de ce reportage d’une dizaine de photos, est stigmatisée la contrainte exercée par le colonisateur sur le colonisé dans le cadre de l’effort de guerre. Le soldat vietnamien y est ainsi présenté comme étant le seul Indochinois à avoir été mobilisé et envoyé de force vers le continent européen. La contribution des recrues laotiennes et cambodgiennes est ignorée. Aucun chiffre n’est évoqué, hormis celui de « dizaines de milliers de jeunes Vietnamiens » réquisitionnés de force. Tous sont présentés comme ayant combattu au front, tant dans le nord de la France, mais aussi à Ypres, ainsi que dans les Dardanelles. Aucun bilan de pertes n’est évoqué, pas plus que la nature exacte de leur contribution à cet effort de guerre - et en particulier le fait que plus de la moitié d'entre eux ont été affectés à des travaux logistiques, dans des usines d'armement notamment.

Soldats vietnamiens en Grèce

Ce reportage illustre fort à propos, sur sa forme, le fait que le Viêt Nam, tout en acceptant de célébrer une année de l’amitié franco-vietnamienne (2013/2014), ne saurait gommer les heures sombres de sa relation avec l’ex-puissance colonisatrice, en cette année 2014 qui a vu le pays célébrer avec faste le 60^e anniversaire de la victoire de Điện Biên Phủ (07 mai).

 

Les festivités de circonstance marquant - plus que célébrant - cette relation séculaire sont une chose, le message distillé par le Parti vers toutes les couches de la population demeure axé sur la tradition millénaire de lutte des Vietnamiens contre l’oppresseur, d’où qu’il vienne.

 

L’occasion est donc excellente pour la presse officielle de rappeler que ces recrues ont été embarquées – au propre comme au figuré – dans une guerre qui n’était pas la leur.

1915 - Arrivée à Marseille

 

Cantonnement à Saint Raphaël

Bivouac près d'Ypres (Belgique)

Combattant vietnamien à Ypres

Maintien des traditions, près du front

Cent ans après, le message demeure donc diamétralement opposé à celui proposé par la France. Ainsi, l’ECPAD présente des bilans chiffrés de la participation indochinoise – et non uniquement vietnamienne – au conflit (environ 43000 troupes combattantes et 49000 travailleurs coloniaux), soulignant sans réserve le fait que nombre d’entre eux se sont illustrés au combat, volontaires et non sous la contrainte.

Dans la même veine, celle qui rend hommage à tous les combattants qui, venant de tous les horizons, ont unis leurs forces derrière le seul drapeau tricolore, l'Association des anciens et amis de l'Indochine et du souvenir indochinois (ANAI) conclut un excellent article en soulignant le fait que, "[...] confrontés à une civilisation très différente de la leur, acteurs ou témoins d'événements sanglants, et évoluant à partir de 1917 dans un climat hostile, les Indochinois de 1916 à 1918 ont fait front avec abnégation et courage. Le livre d'or que le gouvernement général d'Indochine avait promis de leur consacrer n'a jamais vu le jour. Mais leurs tombes, telles celles de l'ossuaire de Douaumont ou des cimetières de Géré et d'Udonista (Albanie), attestent leurs sacrifices au cours de la grande guerre".