dimanche 29 juin 2014

Entrée en service de deux corvettes lance-missiles Molniya

Le 27 juin, à Hô Chi Minh-Ville, le général de corps d’armée Trương Quang Khánh, vice-ministre de la défense, a présidé la cérémonie de remise officielle à la marine populaire de la première paire de corvettes lance-missiles Molniya construites au Viêt Nam.

Outre les personnalités civiles de la ville, assistaient à la cérémonie le contre-amiral Nguyễn Văn Ninh, adjoint au commandant en chef de la marine, ainsi que des représentants de la 7e région militaire.

Ces corvettes, de type Molniya 1241.8, portent les numéros HQ-377 et HQ-378.
Le capitaine de corvette Phạm Tiến Dũng, pacha de la corvette HQ 378
Elles font partie d’un lot de huit bâtiments commandés par le Viêt Nam à la Russie. Les deux premières ont été construites en Russie et livrées en 2007. Les six autres sont construites sous licence russe au Viêt Nam, dans les chantiers navals Ba Son, qui appartiennent au département général des industries de défense.
 
Les deux premières corvettes (HQ-375 et HQ-376), construites en Russie, avaient été remises à la marine populaire en 2007.

La corvette lance-missile HQ-376 peu après son entrée en service
Version la plus moderne des Molniya (nom de code OTAN Tarentul), le projet 1241.8 est comme ses aînés, réalisé en partenariat avec le bureau de conception Almaz DesignBureau, implanté à Saint Petersburg) et les chantiers naval JSC VympelShipbuilding Plant, localisés à Rybinsk).

Chaque corvette (longueur : 57 mètres ; 54 membres d’équipage ; autonomie 10 jours, 2 400 milles) emporte 16 missiles mer-mer Kh-35 Uran E (nom de code OTAN : SS-N-25 Switchblade) d’une portée de 130 km, un canon AK176M de 76 mm et deux canons de 30 mm АК-630М1-2 à haute cadence de tir.
 
Alors que les précédentes corvettes étaient produites en Russie, la construction de ces bâtiments directement au Viêt Nam permet notamment à l’armée vietnamienne de s’imprégner directement de la technologie russe et évite l’envoi d’équipages prendre en main leur nouveau bâtiment durant de longs mois sur les bords de la Baltique. Dans le même temps, Moscou peut conforter sa présence, au travers de ses techniciens, directement au Viêt Nam, pays où la Russie cherche à reprendre pied.

Cette livraison est une nouvelle étape dans la modernisation des forces navales vietnamiennes, dans le contexte actuel de très fortes tensions en mer de Chine méridionale. Si l’aspiration de tout un peuple est de voir les provocations chinoises cesser, l’effet de l’entrée en service de ces nombreux bâtiments modernes ne portera son plein effet que lorsque équipages et états-majors seront passés maîtres dans leur emploi combinés. Ceci requerra en effet encore du temps, au risque de faire de ces bâtiments des cibles de choix pour une marine chinoise particulièrement forte numériquement dans ces eaux au statut mal défini.

vendredi 27 juin 2014

Entrée au service actif de l'escadrille d'hydravions DHC-6

Le 17 juin 2014, à Cam Ranh (province de Khánh Hòa), l’état-major de la marine a transféré le commandement de l’escadre de Twin Otter DHC-6 à la brigade aérienne 954.
 
Allocution du contre-amiral Lê Minh Thành
S’inscrivant dans le cadre de la modernisation des capacités de contrôle du vaste espace territorial maritime vietnamien, le développement d’une composante aérienne au sein de la marine s’effectue en parallèle à l’acquisition des six sous-marins Kilo 636, dont les deux premiers ont rejoint Cam Ranh en janvier et mars derniers.
Hanoi est allé chercher cette expertise au Canada. En mai 2010, six hydravions DHC-6 Twin Otter 400 ont ainsi été commandés à la société Viking Air.
Ces appareils, pilotés par un équipage de deux hommes et pouvant emporter 19 passagers, présentent des performances qui doivent leur permettre d’opérer dans les Spratley et Paracel, archipels contestés en mer de Chine méridionale (décollage sur très courte distance - environ 360 mètres ; vitesse moyenne 266 km/h; distance franchissable 1 690 km).
Créée le 05 septembre 2013 sur l’aéroport de Cam Ranh, l’escadrille est commandée par le capitaine supérieur Vương Đăng Nam. Elle a accueilli son premier hydravion fin octobre 2013 (VNT-777). A terme, trois de ces appareils devraient servir au transport d’autorités, les trois autres étant destinés à des missions de patrouille maritime.
L’escadrille vient d’achever une série de 48 missions d’entraînement mais aussi opérationnelles. Elle s’est ainsi récemment distinguée par son engagement dans les recherches du vol MH-370 de la Malaysian Airlines (09 mars), le transport d’une délégation du ministère de la défense jusque sur l’île de Trường Sa Lớn, principale possession vietnamienne dans les Spratley (13 mars), ainsi que la participation à des entraînements dans cet archipel et en mer. Au plan symbolique, elle a pris part au défilé aérien qui avait rehaussé le prestige de  la cérémonie de remise de fanions aux sous-marins Hanoi et Hô Chi Minh-Ville à Cam Ranh (03 avril).
 
Lors de la cérémonie inaugurale, le contre-amiral Lê Minh Thành, adjoint au commandant en chef de la marine, a affirmé que l’admission des hydravions au service actif offre un accroissement significatif des capacités opérationnelles de la marine vietnamienne. Derrière ces mots porteurs d’espoir, il n’en demeure pas moins que, dans la crise qui oppose depuis près de deux mois le Viêt Nam à son pesant voisin chinois dans les eaux des Paracel, l’état-major de Hanoi n’a pas – encore – décidé d’engager ses avions de patrouille maritime – DHC-6 et Casa-212 – pour surveiller l’évolution du dispositif naval chinois, pas plus que les frégates lance-missiles Đinh Tiên Hoàng et Lý Thái Tổ.
 
Volonté d’afficher un profil non agressif ou crainte que ses matériels les plus modernes, encore en phase de montée en puissance, ne se montrent pas décisifs face à l’inflexibilité de Pékin ? Après avoir appelé durant de nombreuses années à la modernisation de sa marine, l’état-major général voit ses vœux se réaliser mais réalise que ces composantes, en surface, dans les profondeurs et dans les airs demanderont encore plusieurs années avant d’être pleinement opérationnelles et complémentaires. C’est ce vide que Pékin devrait continuer d’exploiter, dans cette mer « de l’Est » dans laquelle ses poussées ne rencontrent à ce jour que des condamnations fermes mais sans réel effet des pays riverains.
 
La brigade aéromaritime 954 a été créée le 03 juillet 2013 à Đà Nẵng. En application d’un décret signé le 22 mai 2013 par le général d’armée Phùng Quang Thanh, ministre de la défense, le 954e régiment des forces aériennes, unité appartenant à la 372e division aérienne, a été élevé au rang de brigade aérienne et transféré de la force aérienne et de défense sol-air à la marine populaire vietnamienne.
Ses missions concernent la lutte anti-sous-marine, le transport militaire, la reconnaissance aérienne, le sauvetage de victimes en mer et sur terre et la participation aux opérations de secours suite aux passages de typhons.
 

dimanche 22 juin 2014

Eurosatory - Intérêt du Viêt Nam pour les technologies françaises

A l’occasion de l’ouverture du salon international de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres Eurosatory, durant lequel des délégations de quelque 87 pays et deux organisations internationales (OTAN et UE) étaient accueillies du 16 au 20 juin au parc des expositions de Paris Villepinte, la presse vietnamienne s’est fait l’écho de l’intérêt que représente le Viêt Nam pour les exportateurs d’armement français. Elle a ainsi cité en exemple la société Nexter Robotics qui, selon IHS Jane’s, chercherait à vendre dix exemplaires de son robot téléguidé Nerva à l’armée populaire vietnamienne.

Sans se prononcer sur l’avancée des discussions entre la société et l’éventuel acquéreur, le journal Đất Việt a souligné - chose peu fréquente tant les liens entre Hanoi et Moscou restent forts - le fait que le Viêt Nam cherche à s’ouvrir sur d’autres fournisseurs que la Russie afin de diminuer sa dépendance envers son principal fournisseur d’armes. Sans se tourner vers un contrepoids unique dans le monde occidental, Hanoi a identifié, toujours selon Đất Việt, trois partenaires d’intérêt majeur, tous experts en technologie militaire de pointe : Israël, la France et les Pays-Bas.
Expertise en matière de constructions navales pour les Pays-Bas (chantiers navals Damen pour la construction de bâtiments de police maritime, transport par barge des sous-marins HQ-182 et HQ-183 depuis Saint Petersburg jusqu’à Cam Ranh), dans le domaine des drones et des armes individuelles du côté de Tel Aviv, la concurrence est sévère pour prendre des parts de marché dans ce pays résolument décidé à investir les dividendes de sa croissance économique dans la modernisation de sa défense.
Si la Russie semble toujours conserver le gros des marchés de renouvèlement de la flotte de combat vietnamienne, comme en atteste la livraison des deux frégates Gepard (2011) et celle, en cours, des six sous-marins Kilo, ainsi que du parc aérien, des niches existent, dans lesquelles ces pays sont particulièrement bien placés – tout au moins tant que la normalisation des relations entre Hanoi et Washington n’aboutit pas à la levée de l’embargo sur les armes létales en direction du Viêt Nam.

samedi 14 juin 2014

Déblocage de crédits exceptionnels pour les pêcheries vietnamiennes

Les tensions relatives à la présence de la plateforme de forage chinoise HD-981 dans une zone maritime considérée par Hanoi comme appartenant à sa zone économique exclusive restent vives, tant sur mer qu'au niveau diplomatique.
Cette situation résulte du maintien par la Chine d'un important dispositif naval autour de cette plateforme, comprenant selon Hanoi plusieurs bâtiments de la marine, de la poursuite des actions d'intimidation contre les bateaux de pêche, de gardes côtes et de surveillance des pêches vietnamiens, et surtout de la présentation par les autorités vietnamiennes d'une video montrant comment un bateau de pêche chinois a délibérement provoqué le naufrage d'un chalutier vietnamien (26 mai).
 

Grâce à la présence d'autres bateaux de pêche sur le site, les dix membres d'équipage ont pu être sauvés et le bateau remorqué jusqu'à Danang où, le 02 juin, il a pu être hâlé hors de l'eau pour être réparé.
 
Tandis que le soutien populaire ne faiblit pas, tant vis-à-vis des pêcheurs que des forces de sécurité maritimes, l’assemblée nationale vietnamienne a ordonné par décret, le 09 juin, le déblocage de 16 milliards de dongs (750 millions de dollars) pour aider les pêcheurs à construire des bateaux de pêche hauturière et des navires pour la police maritime et la surveillance des pêches.

Le même jour, la banque nationale du Viêt Nam s'est engagée à offrir des prêts d’un montant total de 10 milliards de dongs (510 millions USD) à des taux d’intérêt très bas (3 % par an) pour soutenir cette construction de bateaux de pêche de grande taille, adaptés à des campagnes de pêche au large. Cet important effort ne semble en revanche pas destiné à indemniser les pêcheurs qui ont été victimes des heurts avec les bateaux chinois. Cependant, il confirme l'effort engagé depuis de longs mois par le gouvernement pour améliorer les capacités de la police maritime et des unités de surveillance des pêches.
L'annonce est intervenue la veille du lancement du KN-781, le plus gros bâtiment de surveillance des pêches jamais construit au Viêt Nam, depuis les chantiers navals de Hạ Long (10 juin).
10 juin 2014: essais à la mer du KN-781

 
 
 
 

vendredi 13 juin 2014

Première visite d'un officier vietnamien sur le navire amiral de la 7ème Flotte US

Le 26 mai 2014, le colonel supérieur Phùng Quang Tạo, attaché de défense vietnamien en Indonésie, a été invité à visiter l’USS Blue Ridge (LCC-19), navire-amiral de la 7e flotte américaine, en escale à Jakarta.

(De G à D) Vice-amiral E Robert L. Thomas, commandant la 7e Flotte - Colonel supérieur Phùng Quang Tạo ; Capitaine de vaisseau Paul Stader, chef d’état-major de la 7e Flotte.
 
Derrière l’aspect protocolaire propre à ce type d’escale dans une grande capitale, cette invitation a été l’occasion pour l’état-major américain d’approcher à nouveau un haut responsable militaire vietnamien sur le sujet sensible des escales dans les ports militaires vietnamiens. Derrière des propos soulignant – à juste titre – leur satisfaction de voir le réchauffement des relations bilatérales se confirmer, les Américains ont exprimé leur souhait d’accroître la fréquence des escales de leurs bâtiments au Viêt Nam. Amenés à croiser régulièrement en mer de Chine méridionale, région propice à l’exacerbation de tensions territoriales avec comme acteur majeur la Chine, les bâtiments américains ne sont autorisés à effectuer qu’une escale par an dans un port vietnamien, avec un maximum de trois bâtiments. Ainsi, l'USS Blue Ridge avait fait escale au port militaire de Tiên Sa (Danang) le 24 avril 2012.
Avril 2012 - Arrivée du Blue Ridge à Danang
Proposant à nouveau aux Vietnamiens de participer à des entraînements commun avec des bâtiments de la 7e flotte, et jouant sur la corde sensible que représente pour Hanoi la recherche de soutiens de poids dans son bras de fer contre Pékin, actuellement exacerbé par les activités d’une plateforme de forage pétrolière dans les eaux proches de l’archipel des Paracel, les Américains n’hésitent pas à aborder la question des escales même dans leurs rencontres avec des autorités militaires vietnamiennes servant loin de Hanoi. Parfaitement conscients que la politique de Hanoi est de refuser toute alliance militaire, toute base étrangère sur le territoire vietnamien, Washington et ses relais – diplomatiques et militaires – continuent d’offrir leur coopération ponctuelle, au demeurant peu coûteuse pour leurs unités, en échange d’un accès plus durable aux bases navales vietnamiennes.
Tout aussi parfaitement informés des axes d’efforts de modernisation de l’armée populaire vietnamienne, avec au premier plan la modernisation de sa marine, les interlocuteurs du colonel supérieur Tạo ont logiquement porté sur le devant des entretiens la question du secours à un sous-marin en difficulté. Nul doute que l’offre d’un partage d’expertise sur ce thème particulièrement important au moment où la marine vietnamienne vient d’accueillir à Cam Ranh ses deux premiers Kilo, apporte du poids à la demande américaine. Il est fort probable que ce thème soit inscrit à l’ordre du jour des prochains entretiens entre hauts responsables militaires des deux pays.
 

lundi 9 juin 2014

Première rencontre de militaires vietnamiens et philippins sur l’île Song Tử Tây (Spratley)

Le 08 juin 2014, une délégation de marins philippins a été accueillie pour la première fois à Song Tử Tây, seconde plus importante île sous contrôle vietnamien dans l’archipel des Spratley (12 ha), et connue par les Philippines sous le nom de Parola.
Cette rencontre concrétise un accord bilatéral, signé 12 mars 2012, et qui prévoit un échange annuel entre les garnisons des îles Song Tử Tây et de Pugad (connu sous le nom de Song Tử Đông par les Vietnamiens), distantes de seulement 2,8 km et longtemps objet de rivalités entre Manille et Hanoi.
Accueil de la délégation philippine
Initialement prévue le 20 novembre 2013, la visite avait été reportée en raison des dégâts causés aux Philippines par le typhon Haiyan.
Dans un contexte de fortes tensions en mer de Chine méridionale, et dans laquelle les deux pays partagent les mêmes préoccupations face à la poussée chinoise, le Viêt Nam au nord (dans les Paracel), les Philippines à proximité immédiate de leurs côtes, les deux pays trouvent une bonne opportunité pour médiatiser leur rapprochement circonstanciel.
Bien que n’ayant qu’une portée limitée et essentiellement symbolique, ces échanges ont été salués comme un événement « historique » par les deux chefs de délégation, le capitaine de vaisseau supérieur Lê Xuân Thủy, adjoint au commandant de la 4ème région maritime vietnamienne, et le capitaine de vaisseau Carlito Barizo, commandant en chef adjoint de la région maritime ouest des Philippines. Ils ont par ailleurs fait l’objet d’une couverture médiatique immédiate dans les deux pays.
Allocution du capitaine de vaisseau supérieur Lê Xuân Thủy, commandant adjoint de la 4ème région maritime
Le capitaine de vaisseau Barizo dans la pagode de l'île
En pratique, ces rencontres de l’amitié entre marins consistent en l’accueil alternatif par les garnisons vietnamienne de Song Tử Tây et philippine de Pugad d’une quarantaine de marins. Au programme de la rencontre du 08 juin, tournoi sportif pour les soldats et entretiens entre les chefs de délégation, centrés sur le sauvetage en mer, la sécurité maritime, l’alerte face aux typhons. Les débats se sont clos sur la définition du programme de la visite prochaine d’une délégation vietnamienne sur l’île de Pugad et sur la photo souvenir de cette rencontre, placée sous le regard immortel de l’empereur Trần Hưng Đạo.
 
Ci-dessous un clip sur cette journée "historique"

samedi 7 juin 2014

Modernisation de la flotte de surveillance des pêches

Le 04 juin 2014, le premier ministre Nguyễn Tấn Dũng s’est rendu à Hạ Long (province de Quảng Ninh) pour y visiter le chantier naval Hạ Long, d’où le fleuron de la composante surveillance des pêches vietnamiennes, le KN-781, devrait être officiellement lancé avant la fin du mois.
 
 
 
 
 
 
 


Au centre, le premier ministre Nguyễn Tấn Dũng
Construit en étroite coopération avec les chantiers navals Damen (Pays-Bas), ce navire de 2 000 tonneaux possède une coque en acier renforcée et est équipé d’armes sonores à longue portée et de deux puissants canons à eau.
 
 

Essai des canons à eau
D’une puissance de 2 000 chevaux, il peut atteindre une vitesse de 21 nœuds et possède une autonomie de 5 000 milles. Il est en outre équipé d’une aire de poser d’hélicoptère sur sa plage arrière et un atelier de maintenance pour hélicoptère.
A côté du KN-781, un navire similaire, le KN-782, devrait être lancé le 30 juin et entrer en service le 15 juillet.
 
Le coût de chacun de ces navires est estimé à 700 milliards de dôngs (# 23 millions d’€uros).
Dans son allocution devant le personnel du chantier naval, le premier ministre a annoncé que quatre autres navires similaires au KN-781 seront construits, ce qui devrait permettre la flotte de surveillance des pêches de disposer de six navires de plus de 2 000 tonneaux. M. Dũng a souligné que le Viêt Nam se doterait de 15 autres navires de taille moyenne. Ces mesures devraient permettre au pays de disposer – à un horizon encore non précisé - d’une cinquantaine de navires modernes de surveillance des pêches.
 
Résumé de cette visite du premier ministre

Outre la construction de ces navires de surveillance des pêches, les chantiers navals Hạ Long sont aussi chargés de la construction de chalutiers à coque en acier. Sur six bateaux commandés, trois sont déjà entrés en service en 2014. Malgré un prix 60 % supérieur à celui d’un navire traditionnel, à la coque en bois, ces navires offrent une meilleure endurance à la mer et des conditions de travail bien meilleures au plan de la sécurité des pêcheurs embarqués.

Dans un contexte de tensions récurrentes avec des navires de pêche chinois, en mer de Chine méridionale, notamment en raison de revendications des même zones de pêche, la modernisation de la flotte vietnamienne devrait accroître le sentiment de sécurité des pêcheurs vietnamiens. Cependant, face à l'important dispositif de protection entourant certaines campagnes de pêche chinoises, l'entrée en service de ces super patrouilleurs ne devrait pas contribuer à l'apaisement des esprits sur mer.

Le coin du linguiste :
KN : abréviation de kiểm ngư – surveillance des pêches.
Tàu kiểm ngư : navire de surveillance des pêches.
Tàu đánh cá : bateau de pêche.




L’épopée du Trường Sa

Alors que la marine populaire vietnamienne a réceptionné au début de l’année à la base navale de Cam Ranh ses deux premiers sous-marins de la classe Kilo, achetés auprès de la Russie (HQ-182 Nội en janvier, HQ-183 Thành phố Hồ Chí Minh en mars - voir mon post précédent), la presse vietnamienne se fait régulièrement l’écho, depuis un an, de la construction d’un sous-marin de poche par un ingénieux chef d’entreprise de Thái Bình.
Cette véritable épopée, née en 2012, a commencé à prendre forme à l’été 2013 avec la présentation d’un prototype en cale sèche, puis au printemps 2014 avec son premier essai sur un plan d’eau de Thái Bình. Enfin, le 30 mai 2014, ce petit sous-marin, baptisé Trường Sa (Spratley) 01, a effectué sa première sortie à la mer, avec en fond de tableau les tensions sino-vietnamiennes en mer de Chine méridionale.

Agé de 56 ans, Nguyễn Quốc Hòa est le directeur de l’entreprise de construction mécanique Quốc Hòa, implantée dans la zone industrielle Phong Phú à Thái Bình.

Alors qu’il était jeune étudiant, il s’est expatrié durant quatre ans (1976-1980) en Allemagne de l’Est pour y suivre une spécialisation en génie mécanique. A son retour au Viêt Nam, il a intégré une usine de construction mécanique spécialisée dans les machines pour les industries électrique et plastique.
En 1992, à 36 ans, il a créé une usine de fabrication de papier et de plastique à Thái Bình. En 2000, souhaitant retourner à sa première spécialité, il a donné une nouvelle orientation à sa carrière, transformant sa société en entreprise de construction mécanique Quốc Hòa.

En marge de ses activités professionnelles, en 2012, M. Hoà a commencé à réunir les documents techniques relatifs à la construction d’un sous-marin de poche, s’appuyant notamment sur Internet. S’entourant d’une équipe de fidèles, il a été rejoint par cinq chercheurs de l’université polytechnique de Hanoi spécialistes en électronique et mécanique.
 A l’été 2013, il a présenté son projet à la presse, qui s’est prise d’intérêt pour ce passionné de marine. Le Trường Sa 01 se présente sous la forme d’un mini sous-marin dont les caractéristiques (théoriques) sont les suivantes :
- Longueur : 8,80 mètres, soit près de neuf fois plus petit qu’un Kilo 
 - Hauteur : 3 m ;
- Largeur : 2,80 m.
- Epaisseur de la coque : 15 mm.
- Résistance à une pression de 12 tonnes en plongée ; profondeur maxi en plongée : 50 m.
- Vitesse 20 nœuds (37 km/h), équivalente à celle des « grands frères » en cours d’acquisition par la marine populaire.
- Durée de plongée de 1 h à 15 h selon le mode de propulsion.
- Equipement du bâtiment avec un système de production d’oxygène et de recyclage du CO2.

Pour effectuer ses premiers tests en eau, M. Hoà a construit dans son entreprise un bassin de 10 m de long sur 4 de large et 5 de profondeur.

 
 
Le 24 mars 2014, pour conclure la phase d’essai en bassin, M. Hoà a accueilli une délégation de la l’institut de recherches navales de l’armée, emmenée par son directeur, le colonel supérieur Đào Ngọc Thạch. Ce dernier a confirmé que le ministère de la défense, séduit par la persévérance de l’ingénieur et les progrès de ses travaux, avait décidé de soutenir le projet en lui apportant un appui  technique. Ce soutien officiel de l’armée vietnamienne, toujours à l’affût d’initiatives individuelles, confère désormais une nouvelle légitimité à ce projet.

A droite, le colonel supérieur Đào Ngọc Thạch

Le 25 mars 2014, le Trường Sa a connu son premier test en milieu naturel, dans un lac de Thái Bình, de très faible profondeur (3 mètres). Evoluant en surface, le bâtiment piloté par son créateur a effectué devant une foule de badaux et les caméras de télévision cinq tours du lac.

 

 

Pour aborder une nouvelle étape dans ces tests, le sous-marin, qui désormais arbore une peinture digne de ses grands frères, a été conduit au port de Diêm Điền, à 30 km de la ville de Thái Bình, où il a été mis à l’eau le 29 mai 2014.
 
Las, dans cette opération, et en prenant les commandes du petit bâtiment, M. Hoà a heurté un bateau de transport, ce qui a endommagé l’hélice du sous-marin.

Bien que conscient du risque pour le test grandeur nature, M. Hoà n’a pas reporté les essais. Le 30 mai 2014, alors que les autorités locales avaient refusé d’autoriser cette expérimentation, en raison de leur impossibilité de garantir un environnement sécuritaire optimal, M. Hoà a pris les commandes de son sous-marin durant quatre heures. Cependant, des conditions de mer difficiles en raison d’un fort vent du large, mais aussi les conséquences de l’incident de la veille, ont confirmé les problèmes de gouvernabilité du bâtiment, qui a été contraint de rester en surface et mis un terme prématuré au test.
 

Réaliste, M. Hoà a reconnu ne pas avoir atteint ses objectifs, non seulement en raison de cette avarie mais aussi du manque de fiabilité du moteur, rendant incertaine une plongée. Il a cependant souligné que la coque du Trường Sa pouvait supporter une plongée par 20 mètres de fond. Toujours optimiste, il a estimé pouvoir procéder à un nouvel essai dans un mois, après avoir notamment doté son navire d’un moteur plus performant.

La route sera encore longue jusqu’au jour où M. Hoà conclura avec succès la certification de son premier prototype. Ce passionné rêve à voix haute de voir son prototype être rejoint à moyen terme par plusieurs autres Trường Sa, qu’il ambitionne être utilisés pour la surveillance des ressources halieutiques, des campagnes touristiques, mais aussi dans des missions de surveillance de l’espace maritime national.
Même s’il reconnaît que son protype est l’aboutissement d’une vie de travail et que les jeunes générations devraient reprendre son flambeau pour prolonger ses recherches dans le développement des successeurs du Trường Sa 01, l’expérience acquise au travers de ces mois de recherche et de développement, et l’intérêt appuyé de l’armée pour un projet qui pourrait s’avérer complémentaire de l’acquisition des six Kilo, devrait permettre au projet Trường Sa de se poursuivre.
 



vendredi 6 juin 2014

Lancement officiel de la construction du sous-marin Bà Rịa - Vũng Tàu

Le 25 mai 2014, la construction du HQ-187 Bà Rịa - Vũng Tàu, dernier d’une commande de six sous-marins de la classe Varshavyanka / Kilo - selon la dénomination OTAN (Projet 636.1) - passée par le Viêt Nam auprès de la Russie fin 2009, a été officiellement inaugurée lors d’une cérémonie organisée au sein de l’atelier n°12 des chantiers navals Admiralty Verfy à Saint Petersburg.

Lancement officiel de la construction du Bà Rịa - Vũng Tàu, en présence d'un représentant de la marine populaire vietnamienne et des dirigeants du chantier naval Admiralty Verfy.
Instant solennel et festif
 
Séquence Action!
A cette occasion, la presse a publié les premières photos de la coque du bâtiment, dont la construction semble bien lancée. Fin septembre 2013, la presse vietnamienne soulignait déjà dans quelques entrefilets que tous les Kilo étaient soit en phase d’essais, soit en cours d’assemblage. Selon les chantiers navals, les premiers essais du système de propulsion devraient se dérouler en juillet.

                                                         Premiers pas dans la coque nue.
 
 
 
Composante majeure de la marine populaire vietnamienne à l’horizon de la fin de la décennie, ces six bâtiments ont tous été baptisés de noms de grandes villes, avec un équilibre des noms des deux côtés de la « palanche »   vietnamienne (trois au Nord, trois au Sud).
A tout seigneur tout honneur, le premier de la série (HQ-182) porte le nom de la capitale, Nội. Effet miroir, le second (HQ-183) a reçu le nom de la grande métropole du sud, TP. Hồ Chí Minh. Tous deux ont rejoint, chacun à bord d’une barge affrétée auprès d’une compagnie néerlandaise, leur port-base de Cam Ranh au début 2014 : le Hà Nội le 1er janvier 2014, le TP. Hồ Chí Minh le 19 mars.
Fiertés nationales, ils ont reçu leur fanion des mains du premier ministre Nguyễn Tấn Dũng lors d’une grande cérémonie, le 03 avril à la base navale de Cam Ranh, avec notamment les deux frégates Gepard en toile de fond et le survol d'une patrouille de Su-27 (voir vidéo ci-dessous).
 
 
Les troisième et quatrième bâtiments sont les HQ-184 Hải Phòng, en phase de prise en main par son équipage dans la Baltique, et le HQ-185 Khánh Hoà, dont les essais à la mer devraient débuter en juin. Enfin, le cinquième – HQ-186 Đà Nẵng – est en fin de construction.
Le coin du linguiste.
Les deux lettres HQ, qui figurent en tête des numéros de coque des bâtiments vietnamiens, signifient Hải quân, pour Marine. Alors que la plupart de ces bateaux ne portent qu’un nom de code, la Marine a décidé d’attribuer des noms de baptème aux fleurons de la flotte. Ainsi, avant l’acquisition des six Kilo, deux frégates lance-missiles (tàu hộ vệ tên lửa) de type Gepard, elles aussi achetées à la Russie, ont été baptisées de noms de célèbres empereurs vietnamiens : les HQ-011 Đinh Tiên Hoàng et HQ-012 Lý Thái Tổ.
Le TP dans TP. Hồ Chí Minh est l’abréviation de Thành Ph, qui signifie (grande) ville.
Tàu ngầm : sous-marin (littéralement : « le bateau qui plonge »)