Le 07 juin 2019, le Viêt Nam a été élu membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU) pour l’exercice 2020-2021. Il succèdera au Koweit, qui siège depuis janvier 2018. La candidature vietnamienne, qui avait déjà été soutenue par le groupe des pays de la zone Asie et Pacifique siégeant à l’assemblée générale des Nations unies (AGNU), a obtenu une majorité des votes écrasante, digne d’un scrutin vietnamien : 192 des 193 membres de l’AGNU se sont en effet exprimés en faveur du retour du Viêt Nam au CSNU, douze ans après un premier mandat (2008-2009) qui scellait la réintégration du pays au sein des plus hautes instances de la communauté internationale.
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Le vice-ministre des affaires étrangères Lê Hoài Trung (dte), chef de la délégation vietnamienne à la session de l'AGNU. |
Cette victoire, car c’en est une pour le régime de Hanoi, au moins vis-à-vis de son opinion nationale, permettra au Viêt Nam de bénéficier d’une année 2020 riche sur le plan diplomatique, avec en outre la présidence – pour un an – de l’ASEAN. Les dirigeants vietnamiens ne manqueront pas de trouver dans l’accession à ces hautes responsabilités un moyen de justifier la légitimité du régime communiste, qui sera engagé dans cette année dans les travaux terminaux de la préparation du treizième congrès national du Parti communiste vietnamien (PCVN), exercice méticuleux de passage au crible d’une mandature de cinq ans et d’identification d’une nouvelle génération de dirigeants, capable de prendre le relais en 2021 de celle qui, atteinte par sa limite d’âge d’exercice des hautes responsabilités, s’effacera du devant de la scène nationale.
Ainsi, les médias vietnamiens se sont fait rapidement l’écho de la diffusion d’un message de félicitation attribué au secrétaire général du PCVN et président de la république Nguyễn Phú Trọng, dont l’absence depuis près de deux mois de la scène nationale et internationale ne cesse d’inquiéter sur son état de santé. Un message d’une quinzaine de lignes, dont on ne peut réellement confirmer qu’il émane bien du numéro un vietnamien, et au contenu très convenu, sans réelle personnalité hormis celle du régime de Hanoi : derrière la fierté de retrouver un siège de membre non-permanent au CSNU, l’on voit surtout le PCVN réaffirmer la justesse de sa ligne directrice, que ce soit sur la scène internationale mais aussi intérieure.


En outre, le ministère de la défense n’hésite pas à se montrer volontariste quant au respect des grandes causes défendues par les Nations unies, et en particulier le souhait d’accroître la représentation féminine des troupes de maintien de la paix. Un objectif déjà atteint par le contingent vietnamien - dix femmes servent au sein du Rôle 2 de Bentiu, et leur nombre sera encore plus important dans le détachement qui se prépare à prendre la relève, fin 2019, du premier contingent déployé au sein de la Mission des Nations unies au Soudan du sud – MINUSS).
Enfin, le retour du Viêt Nam au CSNU sera certainement vu avec intérêt par la Russie et la Chine, qui peuvent compter sur leur proximité historique avec Hanoi pour faire pencher la voix vietnamienne du CSNU en leur faveur sur des dossiers sur lesquels ils auront à se prononcer.
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