En cette fin d’année sans tension majeure entre Pékin et Hanoi, les plus hauts dirigeants des deux armées se sont retrouvés du 19 au 21 novembre 2018 sur la frontière commune à l’occasion des cinquièmes rencontres « d’amitié » sino-vietnamiennes (*). Un exercice réglé comme du papier à musique, avec le général Nguyễn Chí Vịnh (ci-dessous à gauche) qui en avait vérifié les moindres détails, tant ce rendez-vous n’accepte aucune fausse note - contrairement à 2017 (**).
Après Lào Cai en 2017, ce sont les provinces de Cao Bằng et du Guangxi qui ont accueilli les délégations, présidées par les deux ministres de la défense - les généraux d’armée Ngô Xuân Lịch et Wei Fenghe.
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Tout comme l’an passé, le dispositif médiatique était à la hauteur de cet événement, dont l’objectif est de montrer une frontière vivante, symbole du lien entre les deux pays et non un obstacle. De part et d’autre de la frontière, ce ne furent que multitude de drapeaux, populations en costumes traditionnels, enfants des écoles et des jeunesses communistes - les générations futures - sagement alignés pour applaudir ces hautes autorités, militaires réunis autour de bornes frontières, se lançant dans une patrouille conjointe ou participant à un exercice conjoint basé sur un scénario de catastrophe naturelle (et non plus de lutte antiterroriste comme ce fut le cas en 2017), sans oublier un hommage à Hồ Chí Minh dans ces terres dans lesquelles la résistance vietnamienne avait son bastion.
La séquence s’est achevée sur une embrassade des deux ministres, symbole bien calibré pour illustrer - vers les opinions nationales - une année qui, si elle n’a pas vu les ambitions chinoises en mer « de l’Est » diminuer, a donné lieu à quelques interactions entre forces armées des deux pays, sur terre comme sur mer. Certes, les dirigeants vietnamiens sont conscients de l’imprévisibilité des actions que Pékin peut déclencher, dans ces eaux disputées de la mer de Chine méridionale notamment, mais sont tout aussi conscients de la nécessité pour les hautes instances du Parti communiste et de l’Etat de disposer d’un contexte apaisé avec son grand voisin au moment où elles vont se mettre en ordre de marche à défaut de bataille pour préparer le treizième Congrès national du Parti, début 2021.
Plantation d'un arbre de l'amitié. |
(*) La première rencontre de ce type avait eu lieu en 2014 à Móng Cái (Viêt Nam) et Dong Xing (Chine), la seconde à Lao Cai (2015), la troisième à Lạng Sơn (2016) et le quatrième à Lai Châu (2017).
(**) Initialement prévu mi-juin, ce rendez-vous avait été annulé le 20 juin 2017 en raison du départ inopiné du général d’armée Fan Changlong, vice-président de la commission militaire centrale du Parti communiste chinois, et de toute sa délégation en raison d’une brutale montée de tension relative à la souveraineté sur une zone de forage dans l’extrême sud-est des eaux territoriales vietnamiennes. Il avait fallu trois mois de patience pour voir l’exercice être rejoué, les 23 et 24 septembre, dans la province vietnamienne de Lai Châu (avant que le même acte soit répété dans la province chinoise du Yunnan).