Le 15 novembre 2016, le site Asia Maritime Transparency Initiative a
publié une photo satellite de l’île Trường Sa (ou Trường Sa Lớn) / Spratley (8°38′30″N 111°55′55″E), principale
possession vietnamienne dans l’archipel éponyme, dans le sud de la mer de Chine
méridionale, faisant apparaître une nette extension de la piste d’aviation qui
la traverse sur toute sa longueur.
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Avril 2014: premier poser d'un DHC-6 sur l'île Spratley |
Ces travaux de poldérisation,
discrets et patients, portent la longueur de l’unique piste vietnamienne dans
cet archipel d’une longueur de 600 mètres (qui permettait déjà aux DHC-6 de l’aéronavale vietnamienne -
appartenant à la brigade aéronavale 954, basée à Cam Ranh – d’effectuer des liaisons depuis
le continent) à près de 1 100 mètres, puis très prochainement à quelque
1 300 mètres.
Si cette longueur ne semble pas propice au déploiement
d’avions de combat (contrairement aux infrastructures construites par la Chine
sur l’île de Fiery Cross), elle permettra en revanche aux avions de transport
militaire Casa C-295 et aux appareils
de surveillance maritime Casa C-212 et
M-28 d’effectuer des liaisons
régulières vers cette base au milieu de l’archipel contesté, notamment pour des
missions logistiques. Elle renforcera la position stratégique de cette île - distante
de Cam Ranh d’environ
470 km, et de plus de
500 km de Vũng Tàu
- en accroissant de facto les
capacités de surveillance maritime des appareils qui y seront déployés,
temporairement ou pour des missions de présence de plus longue durée. En effet,
le cliché publié fait apparaître des travaux d’édification de ce qui ressemble
à deux hangars de grande taille, très vraisemblablement l’esquisse
d’infrastructures destinées à accueillir un voire deux appareils militaires, et
de les protéger des intempéries.
Sans surprise, les autorités
vietnamiennes n’ont formulé aucun commentaire sur ces travaux, tandis que le
porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères a aussitôt rappelé
« les droits indiscutables de la Chine sur les Spratley », condamné
« les activités illégales » des pays tiers dans cet archipel, et les
a appelés « à respecter l’intégrité territoriale chinoise, à cesser
l’occupation et les constructions illégales, et à retirer des Spratley leur
personnel et toute infrastructure ».
Des exigences qui n’ont aucune chance
d’aboutir, d’autant plus que l’ampleur des travaux menés par le Viêt Nam dans
ses possessions ne souffrent pas la comparaison avec la véritable noria que
Pékin déploie pour étendre et durcir ses infrastructures sur ses possessions
dans cette région, en faisant de véritables points d’appui d’une politique de
prise de contrôle progressive de près de 90 % de la mer de Chine
méridionale.
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La philatélie, vecteur de revendications
Hoàng Sa, Trường Sa là của Việt Nam ("Paracel et Spratley sont vietnamiennes") |
Enfin, ces déclarations d’immuable fermeté diplomatique ne
devraient pas entacher le réchauffement indéniable des relations entre Hanoi et
Pékin, observé depuis l’élection de la nouvelle équipe dirigeante vietnamienne au
printemps dernier (*), la Chine étant bien consciente de sa puissance
disproportionnée sur ce terrain maritime. Pour autant, il n’en reste pas moins
que Pékin, qui se félicite du revirement estival de posture des Philippines du président
Duterte (apaisement sur le dossier des Scarborough malgré le rendu du Tribunal
permanent d’arbitrage de la Haye, le 12 juillet, en faveur des exigences de
Manille), doit se sentir irritée par cette épine vietnamienne dans l’extrémité
de sa « langue de bœuf » en mer « de l’Est ».
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La poldérisation de la principale possession vietnamienne en mer "de l'Est" |
(*) Ainsi, en marge du sommet de l'APEC, à Lima (Pérou), le président Trần Đại Quang a eu un entretien le 19 novembre avec son homologue chinois, Xi Jinping.