Le 09 septembre 2014, lendemain de la fête du Tết de la mi-automne (Tết Trung Thu), quelque
2000 jeunes Hanoïens ont été incorporés sous les drapeaux alors d’une cérémonie
largement commentée dans la presse locale et nationale, dans un soudain élan de
patriotisme et de propagande proportionnellement inverse au nombre de recrues
qui ont quitté leurs foyers.
Depuis le début de la semaine, des cérémonies similaires étaient organisées dans l’ensemble des
provinces. Mise en scène soignée, cérémonie d’allumage de flamme, solennité du
roulement de tambour, participation des plus hautes autorités militaires et
civiles, coiffées pour l’occasion du casque traditionnel, adieux des familles
des jeunes conscrits sous l’œil des caméras, tout était rassemblé pour donner à
cet événement un très fort retentissement national.
Derrière les sourires de
rigueur devant les médias, il n’en demeure pas moins que cette incorporation
n’a concerné qu’une faible partie d’une classe d’âge. Ainsi, dans la grande
métropole du Sud, le nombre de recrues s’est – selon les médias locaux – aussi
élevé à quelque 2000 jeunes.
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Le secrétaire du comité populaire
de la capitale, Phạm Quang Nghị, entouré de quelques recrues.
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Cette incorporation est la seconde et dernière de l’année, la
première vague étant intervenue en février, après le nouvel an, avec un
contingent du même volume pour Hanoi.
Alors que des réflexions sont en
cours au sein des instances dirigeantes du Parti et de l’armée pour amender la
loi sur le service militaire, avec une tendance pro-uniformisation de la durée
de service à 24 mois, et une autre tendance opposée prônant sa réduction, les
dirigeants vietnamiens continuent d’attacher une attention toute particulière à
la médiatisation de ces incorporations, tentant de fédérer la nation entière
derrière ces volontaires (souvent par défaut de profession et/ou d’avenir
universitaire) qui vont se consacrer à la défense de la patrie, noble mission
mais ô combien laissée aux sans grades d’une jeunesse qui se bat plus pour
accéder au pouvoir de la consommation.
Néanmoins, ces élus – souvent
malgré eux – de la conscription ne sont pas les arbres qui cachent la misère du
désintérêt total d’un peuple pour sa défense. Sensibilisés dès leur plus jeune
âge au devoir de mémoire puis instruits et formés durant leur scolarité afin
d’être prêts, si nécessaire, à prendre les armes pour défendre leur patrie, les
jeunes Vietnamien(ne)s ne sont en effet pas étrangers à ces militaires qu’ils
continuent de côtoyer dans la vie de tous les jours, même si nombre d’entre eux
effectuent leur devoir dans des zones reculées, loin de leurs familles et
proches (régions montagneuses, marches frontalières, îlots en mer de l’Est).
Dans une société qui continue se
tourner vers un monde de consommation, ces incorporations permettent à toutes
les couches familiales et dirigeantes d’apparaître unies derrière ces jeunes
qui vont renforcer durant de longs mois le pilier sécuritaire du pays. Un
enthousiasme, même de façade, qui n’a pas d’égal dans nos Etats occidentaux…