Le 16 novembre 2020, le général d’armée Ngô Xuân Lịch, ministre vietnamien de la défense, s’est entretenu par visioconférence avec son nouvel homologue japonais, Nobuo Kishi, qui a succédé en septembre dernier à Takeshi Iwaya. Cet événement exceptionnel, tant le général Lịch est peu coutumier des échanges directs avec le partenaire nippon (il ne s’est jamais rendu au Japon depuis le début de son mandat, en mai 2016), relève certainement de la volonté de M. Kishi de nouer des contacts avec tous ses homologues de la région, et notamment avec le général Lịch, à moins d’un mois du sommet (lui aussi en visioconférence) des ministres de la défense de l’ASEAN élargi aux grands partenaires de l’Association (ADMM+).
C’est entouré de quelques grands adjoints, parmi lesquels l’on a vu à nouveau au premier plan le général de corps d’armée Hoàng Xuân Chiến, qui a visiblement commencé à remplacer l’emblématique GCA Nguyễn Chí Vịnh à la tête des relations extérieures du ministère de la défense, que le général Lịch s’est prêté à l’exercice. Par-delà le sourire indispensable sous le portrait d’Hồ Chí Minh, le rôle de l’interprète a dû s’avérer capital !
La présence près du général Lịch du général de division Nguyễn Văn Sơn, commandant en chef de la police maritime, a confirmé l’importance de cette composante dans la relation bilatérale. C’est en effet la grande bénéficiaire du soutien que Tokyo apporte au renforcement des capacités vietnamiennes de contrôle de son vaste espace maritime, grâce à des dons de bâtiments retirés du service actif mais aussi, plus récemment, l’engagement du Japon à construire six patrouilleurs de 1 500 tonnes pour la police maritime.
Pour autant, cette relation n’est pas circonscrite au seul volet maritime (*), comme en attestent les visites régulières au Viêt Nam des plus hautes autorités nippones. Le prédécesseur de M. Kishi s’est en effet rendu à Hà Nội en mai 2019, l’amiral Yamamura Hiroshi (commandant les forces maritimes) en octobre 2019, le chef d’état-major des armées (général d’armée Yamazaki Koji) le 02 mars 2020, et plus récemment le premier ministre Suga du 18 au 20 octobre. Le GCA Phan Văn Giang, chef de l’état-major général des armées, s’est quant à lui rendu à Tokyo il y a plus d’un an et demi (mars 2019).
Au bilan, cet entretien a surtout permis au ministre japonais de la défense d’établir un premier contact direct avec le haut état-major vietnamien, en amont des rendez-vous aséaniens de fin d’année, mais aussi aux proches collaborateurs du général Ngô Xuân Lịch, et notamment à quelques nouvelles personnalités, de se faire connaître d’un partenaire de tout premier plan dans la modernisation des armées vietnamiennes. Cette relation, maintenue à haut niveau malgré le contexte de pandémie de COVID-19, devrait reprendre un rythme normal de visites croisées dès l’amélioration de la situation sanitaire régionale, et surtout dès la fin de la relève des postes clés du ministère vietnamien de la défense, en amont du treizième Congrès national du Parti communiste vietnamien (janvier 2021).
(*) Participation aux travaux de dépollution des zones encore contaminées par les défoliants et les bombes durant la guerre du Viêt Nam, soutien à la montée en puissance des détachements se préparant à être projetés en opérations de maintien de la paix sous béret bleu, relation en matière d’industrie de défense, cyberdéfense, et bien sûr solidarité dans les instances régionales et internationales.