mercredi 28 octobre 2020

Le Viêt Nam renonce à accueillir physiquement les sommets ADMM et ADMM+ de décembre (28/10/2020)

Le 28 octobre 2020, le ministère vietnamien de la défense a annoncé qu’il renonçait à organiser en mode présentiel le 14sommet des ministres de la défense de l’ASEAN (ASEAN Defense Ministerial Meeting -ADMM), prolongé par le 7sommet ADMM élargi aux partenaires de l’ASEAN (ADMM+). Ces événements, prévus du 9 au 11 décembre, devaient permettre aux autorités militaires vietnamiennes de clôturer l’année de présidence de l’ASEAN par le Viêt Nam, en étant entourés des ministres de la défense des dix Etats de l’ASEAN et des huit partenaires (Australie, Chine, Corée du sud, Etats-Unis, Inde, Japon, Nouvelle-Zélande, Russie).

Le général de corps d’armée Nguyễn Chí Vịnh, vice-ministre de la défense, chargé des relations internationales, a choisi de privilégier des sessions par visio-conférence, à nouveau en raison de la pandémie de COVID-19 qui continue de peser sur les relations internationales. Comme tous les grands rendez-vous que le Viêt Nam devait accueillir, ce dernier de l’année sera à nouveau réduit à sa plus simple expression, avec des discours très convenus et sans interaction directe entre les participants. 

L’on retiendra surtout de cette annonce la présence aux côtés du général Vịnh du général de corps d’armée Hoàng Xuân Chiến. Cet ancien commandant en chef des garde-frontières a été nommé vice-ministre de la défense le 14 juillet 2020, et promu général de corps d’armée le 14 octobre. Sa présence, pour la première fois à la tête d’une réunion de cette importance est un indice quant à succession attendue du général Vịnh. Un indice doublé d’une nouvelle apparition du général Chiến, cette fois lors de la réception de l’ambassadeur d’Inde à Hanoi, M. Pranay Verma, toujours le 28 octobre. 

Les lignes commencent à bouger peu à peu ; reste à voir si elles se confirmeront en amont du treizième Congrès national du Parti communiste vietnamien.



mardi 27 octobre 2020

Encore deux nouveaux vice-ministres de la défense! (22/10/2020)

A moins de trois mois du treizième Congrès national du Parti communiste vietnamien, les manœuvres de relève de générations dans le sommet de la pyramide militaire se poursuivent par petites touches, ce qui conduit actuellement à une situation de pléthore de vice-ministres de la défense. Ainsi, alors que la loi sur l’organisation de l’Etat (2015) identifie un maximum de six généraux occupant simultanément cette fonction, ils sont onze depuis le 22 octobre 2020, avec la nomination de deux nouveaux généraux. 

Le jeu bien huilé des ascensions vers les postes sommitaux comporte parfois ses surprises

Il en est ainsi de la nomination du nouvellement promu général de corps d’armée Lê Huy Vịnh, ex-commandant en chef de l’armée de l’air et de la défense anti-aérienne, qui occupait depuis moins de dix mois un poste d’adjoint au chef de l’état-major général des armées. Âgé de presque 60 ans, il est d’ores et déjà le plus âgé des « nouveaux » vice-ministres de la défense (quatre nommés en 2020). Il a reçu sa troisième étoile des mains du chef de l'Etat le 16 octobre (photo ci-contre).

Alors qu’il aurait pu achever sa carrière à l’état-major général des armées (EMG), sa promotion résulte peut-être de la volonté du général de corps d’armée Phan Văn Giang, chef de l’EMG et probable successeur du général d’armée Ngô Xuân Lịch au poste de ministre de la défense, de s’entourer d’un de ses proches collaborateurs. 

Le second entrant est plus logique : le général de division Võ Minh Lương, commandant en chef de la 7e Région militaire (état-major à Hồ Chí Minh-Ville) depuis 2015, devient le représentant du Sud dans le comité des vice-ministres. Agé de 57 ans, il présente un parcours de carrière similaire à celui du GCA Trần Đơn (son prédécesseur à la tête de la 7e RM), auquel il succèdera très probablement au sein du comité des vice-ministres de la défense. Il devrait être rapidement promu au grade supérieur. Son successeur en tant que commandant en chef de la 7RM n’est pas encore connu.

Les deux nouveaux vice-ministres sont tous, à l’image des autres membres de ce cercle décisionnel le plus élevé de la hiérarchie militaire, membres du Comité central du Parti et de la commission militaire centrale. Ils seront reconduits dans cette instance au début de l’année prochaine.

L'heure va désormais rapidement sonner pour le retrait des plus anciens adjoints du ministre: les GCA Nguyễn Chí Vịnh, Bế Xuân Trường, Trần Đơn et Lê Chiêm sont le cœur de cible, tandis que le GCA Phan Văn Giang devrait quant à lui logiquement (si tant est que l'on puisse percer le brouillard des arcanes de décision du Parti...) continuer sa progression. Le volume du cénacle des vice-ministres va ainsi mathématiquement retrouver son format règlementaire de six membres.

lundi 26 octobre 2020

Relève de trois officiers déployés sous mandat onusien au Soudan du Sud et en République Centrafricaine (22/10/2020)

 

Le 22 octobre 2020, le général de corps d’armée Nguyễn Chí Vịnh, vice-ministre de la défense et président du groupe de travail chargé de superviser les questions relatives à l’insertion du Viêt Nam dans les opérations de maintien de la paix (OMP) des Nations unies, a remis à trois officiers leur lettre de mission pour être projetés pour un an sous béret bleu en Afrique.

Deux rejoindront la Mission des Nations unies au Soudan du sud (MINUSS) pour y occuper des fonctions d’officiers observateurs : les lieutenants-colonels Nguyễn Bá Hưng et Lý Thanh Tâm. Ce dernier effectuera son second mandat dans ce pays, après un premier séjour de mai 2018 à fin juin 2019. Le troisième, le commandant Đào Duy Tùng, rejoindra la République Centrafricaine, où il occupera un poste d’analyste au sein du bureau renseignement (J2) de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA). Lui aussi avait déjà servi à la MINUSCA de mai 2018 à juin 2019.

A peine un an après la fin de leur premier mandat, le retour de ces deux officiers sur les mêmes théâtres d’opérations peut suggérer que l’armée populaire vietnamienne rencontre des difficultés pour identifier des officiers répondant aux critères exigés par les Nations unies, notamment pour des postes exigeants, mais aussi volontaires pour une nouvelle année d’expatriation, dans des pays aux conditions de travail et de communication avec les populations difficiles.

Treize officiers vietnamiens sont actuellement déployés sur des postes individuels dans ces deux missions (sept en République Centrafricaine et six au Soudan du sud). S’y rajoutent 63 membres du service de santé des armées, qui arment l’hôpital militaire de campagne (Rôle 2) de Bentiu, dans le nord du Soudan du sud. 

Enfin, un officier – le  LCL Lương Trường Vinh - sert désormais au Département des OMP au siège des Nations unies à New York. Ce dernier va être rejoint par un second officier – le LCL Trần Đức Hưởng – qui vient de passer avec succès les tests de sélection et va intégrer, en tant qu’officier planification, le bureau génération de forces du DOMP (annonce des Nations unies, le 06 octobre).

Le commandant Trần Đức Hưởng lors de la remise de sa lettre de mission (novembre 2018)
 puis sur le terrain au Soudan du Sud (2019).

Au bilan, depuis le printemps 2015, ce sont 53 officiers qui auront été projetés individuellement en OMP et 126 au sein du Rôle 2 de Bentiu. Ce volume de personnel déployé demeurera stable (76) jusqu’à ce que le détachement du génie, en cours de formation, soit agréé par les Nations unies et se voit affecter une destination d’engagement. Ce détachement de 177 soldats, mis sur pied à partir des capacités de la Brigade du génie 249, devrait être déployé avec une unité de protection, composée de 63 membres des forces spéciales. Sa destination n’est pas officiellement connue, mais l’effort actuellement placé sur le Soudan du sud pourrait se prolonger.

samedi 24 octobre 2020

Mort de 33 militaires vietnamiens, emportés par des glissements de terrain (13 et 18/10/2020)

L’armée populaire vietnamienne bâtit une partie de son prestige sur une posture de proximité avec la population, ce peuple cité en lettres d’or sur le fond rouge des slogans qui parsèment régulièrement les rues des agglomérations et les casernes : « Do dân, vì dân, cho dân » … « Du peuple, par le peuple, pour le peuple »... Si les détracteurs de Hanoi ont souvent beau jeu de pointer du doigt une armée dont la mission première est d’être le rempart contre toute atteinte à la stabilité du régime mais dont le quotidien est souvent emprunt d’activités lucratives voire affairistes, l’actualité de cet automne vient rappeler, comme cela est chaque année le cas, l’engagement systématique des moyens militaires dans des missions d’assistance aux populations.

Comme chaque année, le Vietnam est frappé, notamment en son Centre, par de très violentes dépressions tropicales. Les abondantes précipitations qui se déversent sur des sols fragiles, dans des régions à très fortes densités humaines et aux infrastructures souvent précaires, et les inondations résultant de la montée rapide des eaux des fleuves provoquent d’importants dégâts matériels, et souvent de nombreuses victimes. L’année 2020, avec déjà plus de 110 tués, tend à s’inscrire comme une année record depuis trente ans.

 

L’armée populaire vietnamienne, agissant en coordination avec le Comité national de lutte contre les catastrophes naturelles, est systématiquement engagée dans les opérations d’assistance aux populations. Plus que ses moyens matériels, souvent disproprtionnés face à l’ampleur des dégâts, ce sont ses hommes qui œuvrent au contact des zones sinistrées et des victimes, jusqu’au péril de leur vie. C’est dans ce contexte qu’une trentaine de militaires viennent de périr en service en moins d’une semaine, victimes de deux glissements de terrain.

Dans la nuit du 12 au 13 octobre 2020, un détachement d’une vingtaine de militaires de la 4Région militaire et du Comité national de lutte contre les catastrophes naturelles, engagé dans une opération de secours suite à un glissement de terrain près de la centrale hydroélectrique Rào Trăng 3 (commune de Phong Xuân, dans la province de Thừa Thiên-Huế), a été emporté par un glissement de terrain (ci-dessus). Onze militaires, dont le général de brigade Nguyễn Văn Man, l’un des commandants en chef adjoints de la 4e RM, et le colonel supérieur Nguyễn Hữu Hùng, adjoint au commandant du Département des opérations de secours du ministère de la défense, ont été tués, ainsi que deux civils. 

Cet événement a causé un choc parmi la population et une vague de sympathie à l’égard des victimes, de leurs familles, et a rappelé combien l’armée, certes parfois pointée du doigt pour son affairisme, demeure au service de la population. Au plus haut niveau de l’Etat, les autorités politiques, civiles et militaires ont multiplié les messages de sympathie et les déplacements sur le terrain, avec notamment le général de corps d’armée Phan Văn Giang, chef de l’état-major général des armées, qui a participé à la cérémonie funéraire du général Man (ci-dessous au premier plan). De même, les militaires décédés - sauf le général Man - ont été promus à titre posthume au grade supérieur, y compris le colonel supérieur Hùng, promu général de brigade, une marque de reconnaissance tout à fait exceptionnelle et inédite dans le Viêt Nam du temps de paix. 

Ce bilan, le plus élevé depuis le crash d’un avion de surveillance maritime CASA C-212 le 16 juin 2016 (neuf militaires tués), a donné lieu à une profonde reconnaissance de tout un pays à ses héros disparus en service. 

Cette émotion s’est encore amplifiée le 18 octobre lorsque, alors même que se déroulaient les funérailles des onze soldats, les autorités ont appris qu’un autre glissement de terrain, à Hướng Phùng dans la province de Quảng Trị, plus au nord, avait dévasté dans la nuit une caserne de la 4e RM et tué 22 militaires servant dans une unité spécialisée dans des activités de mise en valeur de l’économie locale. 

A nouveau, les mêmes scènes de déchirement et de soutien populaire ont jalonné les funérailles de ces « soldats martyrs », le 22 octobre en présence notamment du général d’armée Lương Cường, directeur du Département général politique du ministère de la défense (ci-dessous), et du général de division Nguyễn Tân Cương, vice-ministre de la défense.

Ces pertes exceptionnellement élevées rappellent le poids des conditions climatiques sur les conditions de vie des Vietnamiens, notamment dans ces régions frappées chaque année par les catastrophes naturelles. Les conditions dans lesquelles ces soldats ont péri, et la présence en première ligne d’officiers de haut rang, confortent l’image d’une armée en symbiose avec la société, ce qui est bien le cas dans les zones reculées. Si des critiques ont pu s’élever sur le manque de moyens dont disposent ces unités, force est de constater que face à la puissance des éléments climatiques, le risque zéro n’existe pas, et l’histoire du Viêt Nam le montre chaque année. Dans une actualité qui était marquée par la réception à Hà Nội du premier ministre japonais Yoshihide Suga, les autorités ont su témoigner empathie et proximité avec les victimes, renvoyant ainsi l’image d’une nation soudée. Un message qui sera certainement repris dans les grandes échéances de fin d’année, pour mettre en valeur les nouveaux dirigeants qui sont en train d’être élus et vont former l’ossature dirigeante du pays pour les cinq prochaines années.

samedi 17 octobre 2020

Le président Nguyễn Phú Trọng nomme deux nouveaux généraux de corps d'armée (16/10/2020)

 

Le 16 octobre 2020, le président Nguyễn Phú Trọng a élevé au rang de général de corps d’armée les généraux de division:

  • Hoàng Xuân Chiến (second depuis la gauche, ci-dessus), ex-commandement en chef des garde-frontière, qui a été nommé le 14 juillet 2020 à l’un des postes de vice-ministre de la défense ;
  • Lê Huy Vịnh (second depuis la droite, ci-dessus), ex-commandant en chef de l’armée de l’air et de la défense antiaérienne, qui est depuis fin décembre 2019 l’un des adjoints au chef de l’état-major des armées.

Outre le chef de l’Etat (et secrétaire général du Parti communiste vietnamien - PCVN) les nouveaux promus étaient entourés du général d’armée Lương Cường, directeur du Département général Politique du ministère de la défense et du général de corps d’armée Phan Văn Giang, premier vice-ministre de la défense et chef de l’état-major des armées (CEMG). On aura noté l’absence du général d’armée Ngô Xuân Lịch, ministre de la défense, qui avait placé sa priorité sur la participation au congrès du PCVN de la province de Kiên Giang.

A trois mois du treizième congrès national du PCVN, ces promotions s’inscrivent dans le cycle normal de relève du très haut état-major. Le nombre exceptionnellement très élevé de vice-ministres de la défense (neuf contre un maximum de six prévu par la loi sur l’organisation de l’Etat) et d’adjoints au CEMG (six contre cinq théoriquement autorisés) correspond à cette phase importante de passation de consignes entre partants (trois CEMG-adjoints). Cette phase de relève va se poursuivre en souplesse, dans la discrétion propre à l’armée vietnamienne.

Les nouveaux promus, qui fêteront leur soixantième anniversaire au début 2021, atteignent le sommet de leur carrière dans leurs fonctions et grade. Ces officiers, qui ont intégré le Comité central du PCVN en 2016, seront reconduits dans cette instance en janvier et finiront leur carrière dans leurs postes à l’horizon 2023, lorsqu’une nouvelle alternance à la tête des très hautes instances militaires se dessinera. Ils seront à leur tour remplacés par leurs successeurs à la tête des garde-frontière (général de brigade Lê Đức Thái) et de l’armée de l’air et de la défense antiaérienne (général de division Vũ Văn Kha). 

Un système très bien huilé, où les relèves de génération se préparent très en amont.

jeudi 15 octobre 2020

Seconde escale d'un sous-marin japonais au Viêt Nam (10-11/10/2020)

 

Après plus de six mois sans la moindre escale militaire dans les ports vietnamiens, un groupe naval japonais a soudain fait relâche, les 10 et 11 octobre 2020, à la base navale internationale de Cam Ranh. Un site choisi pour sa sécurité, militaire mais aussi naturelle alors que les côtes du Centre du Viêt Nam sont actuellement frappées par des dépressions tropicales. 

Alors que le dernier bâtiment étranger – le porte-avions américain USS Theodore Roosevelt – avait montré sa puissance à Đà Nẵng, où son équipage avait contracté le COVID-19…, discrétion et sécurité ont été les axes-clés de cette escale « de routine » nippone. Une routine qui tranche avec la nature de ce groupe naval engagé dans un déploiement d’un mois en mer de Chine méridionale, et qui venait de participer à un exercice avec la marine indonésienne près des îles Natuna.

Ce ne sont en effet pas moins de trois bâtiments majeurs des forces navales d’autodéfense japonaises qui ont été reçus dans la principale base navale vietnamienne : 

  • le destroyer lance-missiles de la classe Murasame JS Ikazuchi (DD-107) – 150 mètres de long, déplacement de 4550 tonnes, 162 membres d’équipage ;
Une escale sous bulle anti-COVID-19
  • le destroyer porte-hélicoptères JS Kaga (DDH-184), second porte-hélicoptères de la classe Izumo. Avec son gabarit de 245 mètres pour un déplacement pouvant atteindre 27 000 tonnes, et son équipage de 400 marins, il est avec le JS Izumo (avait effectué sa première escale au Viêt Nam, à Cam Ranh, mi-juin 2019) le bâtiment le plus imposant en service dans la marine japonaise ;
  • et le sous-marin d’attaque JS Shoryu (SS-510), second sous-marin à faire relâche au Viêt Nam après l’escale historique du SS-596 JS Kuroshio, du 17 au 21 septembre 2018. D’un gabarit (84 mètres) légèrement plus important que le JS Kuroshio (de la classe Oyashio), le JS Shoryu est un bâtiment récent (entré en service le 18 mars 2019, et basé à Kure, près d’Hiroshima) et mis en œuvre par un équipage de 74 hommes. Dixième d’une série de quinze bâtiments de la classe Soryu, il se distingue par son système AIP qui lui offre une grande capacité d’action dans la discrétion, un atout particulièrement important même si les eaux peu profondes de la mer de Chine méridionale ne sont guère propices à une longue dilution des sous-marins. 

En cette année quasi vierge sur le plan des interactions navales, il s’agit seulement de la troisième escale au Viêt Nam, la première à Cam Ranh, et la seule de bâtiments japonais. La pandémie de COVID-19 aura donc porté un coup sévère aux espoirs des autorités de la marine vietnamienne, qui misaient beaucoup sur l’organisation, le 7 mai, de leur première revue navale internationale. L’événement, qui aurait eu lieu au large de Nha Trang, aurait permis à la grande base en eau profonde d’accueillir de nombreux bâtiments et de s’affirmer ainsi comme un point de relâche privilégié pour de nombreuses marines croisant en mer « de l’Est ». Pour autant, ce site conserve tous ses atouts, et s’affirme comme un point d’appui – au moins logistique – pour les déploiements des bâtiments japonais. 

L’escale, sur laquelle le secret a été maintenu jusqu’au dernier moment et qui n’a pas donné lieu à une très forte médiatisation (hormis de nombreuses reprises de mêmes propos et photos), au moins pour ne pas irriter Pékin, a certainement été confirmée lors de l’entretien entre le général de corps d’armée Nguyễn Chí Vịnh, vice-ministre de la défense, chargé des relations extérieures, et l’ambassadeur Yamada Takio, le 24 septembre à Hanoi. Elle confirme l’excellence de la relation militaire bilatérale, comme l’illustre aussi l’accueil régulier d’avions de patrouille maritime P3-C Orion japonais sur leur transit depuis Djibouti. Cette dynamique entre militaires devrait être un des motifs de satisfaction qui seront exprimés lors de la visite au Viêt Nam du nouveau premier ministre japonais Yoshihide Suga, prévue avant la fin octobre. Ce dernier réservera au Viêt Nam le privilège d’être le premier pays qu’il visitera depuis son élection, le 16 septembre 2020.



dimanche 11 octobre 2020

Probable annulation du salon international de défense de Hà Nội

Malgré tous ses efforts pour mettre en œuvre une programmation ambitieuse en cette année durant laquelle il préside les instances de l’ASEAN, le Viêt Nam voit s’évanouir petit à petit ses derniers espoirs d’accueillir sur son sol des délégations étrangères. Ceci est particulièrement sensible dans le domaine des relations internationales militaires. 

Même si le ministère de la défense s’en tire avec les honneurs pour ce qui est de l’organisation de ces réunions aséaniennes en visio-conférence, l’année 2020 sera marquée d’une pierre noire pour le rayonnement de l’armée populaire vietnamienne : aucune escale depuis mars, report puis annulation de la revue navale internationale de Nha Trang, et désormais report – et très probable annulation à l’horizon – du salon Vietnam International Defense & Security Exhibition (Triển lãm Quốc tế về Quốc phòng & An ninh Việt Nam) qui devait se tenir du 25 au 27 octobre 2020 sur le site de l’aéroport de Gia Lâm à Hà Nội, tous les grands rendez-vous sont annulés ou repoussés sine die.

Les organisateurs du salon espéraient initialement accueillir quelque 250 exposants et plusieurs milliers de visiteurs, avec comme objectif principal l’acquisition d’une réputation de salon incontournable dans le paysage militaire régional, au même titre que les grands salons organisés par Singapour ou la Malaisie. Ils viennent pourtant d’annoncer le report de cet événement au 10 - 12 décembre, période qui coïncidera avec l’accueil à Hà Nội du sommet des ministres de la défense de l’ASEAN, élargi aux pays partenaires de l’ASEAN (ADMM+). Ce dernier sommet de l’année, qui sera lui aussi marqué par le transfert du témoin entre le Viêt Nam et le sultanat de Brunei, qui présidera l’Association en 2021, est cependant lui aussi fortement menacé par le spectre du COVID-19. Les mesures de prévention en vigueur dans les pays membres de l’ADMM+ ne permettront en effet certainement pas aux délégations attendues de se déplacer jusqu’à Hà Nội. Cette situation devrait sceller le sort de l’édition 2020 de ce salon d’armement, qui aurait pourtant fait du bien à ce rayonnement que l’armée populaire tente de consolider par tous les moyens, et notamment à l’approche des grandes échéances politiques du début 2021. 

Le charme des relations internationales de défense...

L’objectif ne sera pas atteint, certes, mais la perte d’image ne sera pas dramatique. Les militaires, à l’image de toutes les institutions qui auront placé tant d’efforts dans la préparation de cette présidence des grandes instances de l’ASEAN, seront légitimement déçus, de même que le Parti communiste vietnamien qui a perdu de nombreuses occasions de tirer à lui la couverture qu’aurait représenté l’organisation de ces grands sommets régionaux. L’occasion ne se représentera pas avant plusieurs années, mais la place de l’armée dans la société vietnamienne n’est pas égratignée, bien au contraire. En effet, son action dans la lutte contre le COVID-19 (mais aussi contre les inondations qui frappent diverses régions en ce début d’automne) ne peut qu’être saluée, ce qui compte certainement plus aux yeux de la population vietnamienne que l’accueil coûteux de quelques délégations, aussi importantes soient elles.

lundi 5 octobre 2020

Le général de division Thái Đại Ngọc prend le commandement de la 5ème Région militaire (02/10/2020)

Le 02 octobre 2020, le premier ministre Nguyễn Xuân Phúc a nommé le général de division Thái Đại Ngọc au poste de commandant en chef de la 5e Région militaire (RM). Cet officier d’infanterie, né il y a 54 ans ans la province de Quảng Nam (au sud de Đà Nẵng), présente un parcours quasi identique à celui de ses deux prédécesseurs : le général de corps d’armée Lê Chiêm, qui devrait prochainement quitter ses fonctions de vice-ministre de la défense, et le général de division Nguyễn Long Cáng, qui vient d’être admis à la retraite après avoir commandé durant cinq ans cette importante RM, dont l’état-major est à Đà Nẵng. Cependant, le général Ngọc présente un profil plus proche de celui du général Chiêm, et possède un réel potentiel de progression vers de plus hautes responsabilités.Entré en service au milieu des années 1980, il a rapidement connu l’épreuve du feu lors de l’intervention vietnamienne au Cambodge (il y a combattu en 1987). Tout son parcours s’est déroulé dans la 5e RM, dont il a commandé, comme ses prédécesseurs, la 2Division d’infanterie et a gravi tous les échelons. Seule interruption à ce parcours ascensionnel, un poste de chef « opérations » au sein de l’état-major général des armées (fin 2018 à l’été 2020, période comprenant un temps d’auditeur à l’Institut politique Hồ Chí Minh, qui forme les très hauts potentiels) qui lui a permis de cocher la case administration centrale, dans son aspect le plus opérationnel. Promu général de division en juin dernier, son accession à la tête de la 5e RM est dans l’ordre des choses. 

Ayant encore six à huit années de service devant lui, le général Ngọc devrait continuer d’enrichir ses brillants états de service. A l’image de son aîné, le général Chiêm, il devrait en toute logique être élu au Comité central du Parti communiste vietnamien lors du Congrès national de janvier et, à l’horizon 2023-2024, accéder à un poste de vice-ministre de la défense.

Au bilan, alors que l’année touche bientôt à sa fin, la relève des postes les plus importants de l’armée populaire vietnamienne touche bientôt à sa fin. Ainsi, tous les commandants en chef des régions militaires ont été rajeunis depuis 2019, sauf deux : le général de division Võ Minh Lương, 57 ans, à la tête de l’importante 7e RM – Hồ Chí Minh-Ville, et le prometteur GDI Nguyễn Doãn Anh (53 ans), à la tête de la 4e RM depuis déjà deux ans). Du côté des corps d’armée, tous les commandants en chef ont été renouvelés en 2020, à l’exception du 4e CA qui ne devrait pas tarder à suivre ce mouvement.

Enfin, les dernières nominations sommitales devraient intervenir en fin d’année, à l’approche de la fête des forces armées et bien sûr du Congrès du PCVN de janvier.



dimanche 4 octobre 2020

11ème Congrès du PCVN interne à l'armée populaire vietnamienne (27-30/09/2020)

Depuis le début de l’année, malgré la contraintes imposées par la campagne de lutte contre le COVID-19, la Commission militaire centrale du Parti communiste vietnamien (PCVN) a procédé, par l’intermédiaire de son maillage qui innerve et irrigue en profondeur l’ensemble des unités de l’armée populaire vietnamienne, à la sélection de 450 délégués qui, du 27 au 30 septembre 2020, allaient élire les représentants de l’armée au sein du treizième Congrès national du PCVN en janvier prochain, et dont certains seront (ré)élus pour siéger au Comité central du Parti pour la mandature 2021-2026. 

Ce congrès sommital de la structure du Parti au sein de l’armée a conclu un processus de sélection orchestré par le Département général Politique du ministère de la défense et dont les étapes successives ont été, depuis le début de l’année : quelque 28 000 réunions de cellules de base du Parti dans les 63 comités militaires provinciaux et les 44 comités provinciaux des garde-frontières ; puis 287 congrès de niveau intermédiaire, qui ont à leur tour débouché sur 60 congrès relevant de l’échelon central. Ces travaux et (s)élections successives ont résulté en l’identification d’un panel de 430 délégués, auxquels se sont ajoutés les 20 militaires siégeant au Comité central du Parti pour l’actuelle mandature (2016-2020).

Tous se sont retrouvés solennellement à Hà Nội lors de ce onzième Congrès du PCVN de l’armée, présidé par un secrétaire général du PCVN Nguyễn Phú Trọng – et secrétaire de la Commission militaire centrale – visiblement en forme et entouré du premier ministre Nguyễn Xuân Phúc et de la présidente de l’assemblée nationale Nguyễn Thị Kim Ngân. Les travaux, conduits dans la confidentialité propre aux instances du Parti, ont permis de dresser un bilan de l’action de l’armée durant les cinq dernières années et d’établir des priorités pour la nouvelle mandature. Outre les impératifs « traditionnels » (fidélité de l’armée envers le Parti, pureté idéologique de ses membres, exemplarité en matière de lutte contre la corruption, etc.), la modernisation de l’APVN demeurera une ligne force. L’armée de l’air et de la défense antiaérienne, la marine et la police maritime devraient être ainsi les priorités d’un plan de modernisation décennal, auxquelles s’ajoute la jeune composante cyberdéfense (unité 86). 

Le 30 septembre, le Congrès s’est achevé solennellement, par une photo de groupe plus restreinte que celle prise lors de la séance inaugurale, et mettant au premier plan les délégués qui représenteront l’armée lors du Congrès national du Parti, en janvier. Cette délégation comprend 61 membres principaux - les 18 membres actuels du Comité central du Parti (*), auxquels s’ajoutent 43 nouveaux délégués - et trois suppléants. 

La phase ultime de ce processus de sélection se déroulera avant la fin de l’année dans les cercles les plus fermés du Parti et consistera à désigner la vingtaine de militaires qui siégeront au sein du nouveau Comité central. Le départ de la génération 1957-1960, atteinte par sa limite d’âge en service, devrait logiquement donner lieu à un renouvèlement de près de la moitié de cette équipe et permettra à la génération suivante de hauts commandeurs (1961-1966) de progresser dans la hiérarchie du Parti et à quelques jeunes généraux à très fort potentiel d’y faire leur entrée. Les promotions récentes dans le très haut état-major se verront ainsi confirmées dans la structure du Parti. Reste une incertitude, qui se reproduit à chaque Congrès : la répartition entre « opérationnels » et commissaires politiques, et notamment au sommet de la pyramide. Gageons que le PCVN ne restera pas sur une structure figée, comme celle que nous connaissons depuis près de cinq ans avec le poids des commissaires politiques – qui occupent les deux premiers postes du ministère de la défense et siègent au bureau politique du Vomité central du PCVN. Une accession du général de corps d’armée Phan Văn Giang au poste de numéro un, donc de futur ministre, accompagnerait logiquement cette dynamique de modernisation de l’APVN. Mais dans un système aussi opaque que le PCVN, la chape de plomb continuera de s’exercer sur ce subtil jeu d’équilibre et l’incertitude sera de mise jusqu’au jour J. 

Comme de coutume lors d’un événement aussi important, le ministère de la défense a exposé plusieurs de ses matériels majeurs, témoignant ainsi devant l’opinion publique de la modernisation de ses équipements.
L’on note ainsi, au premier plan, deux
 T-90 S de la 201e brigade blindés – dont l’un dans sa version commandement (T-90 SK), un T-54 M, et en arrière plan un T-62 avec un nouveau camouflage.

(*) 22 militaires faisaient initialement partie de la douzième mandature du Comité central, sur un total de 200 titulaires (contre 19 sur les 180 représentants dans la mandature précédente). L’un d’entre eux est décédé dans l’exercice de ses fonctions, tandis que deux ont rejoint l’assemblée nationale dès l’été 2016, ce qui explique ce nombre de 18 militaires du CC PCVN représentés à ce onzième congrès interne à l’armée.

vendredi 2 octobre 2020

Le ministère vietnamien de la défense fait don de matériel de protection contre le COVID-19 aux armées française, hongroise et sud-coréenne

 

En cette période de rebond local de la pandémie mondiale de COVID-19, la diplomatie du masque ne connaît pas de frontières et des « petites » nations - au moins sur le plan du développement économique, en comparaison avec les « grandes puissances » -, se montrent soucieuses d’afficher leur solidarité dans la lutte contre ce mal qui n’épargne aucun pays.

Le Viêt Nam, qui siège en cette année et jusqu’en 2021 au Conseil de sécurité des Nations unies et préside pour encore trois mois l’ASEAN, ne ménage pas ses efforts pour apparaître sur la photo des donateurs. Le ministère de la défense, déjà très investi depuis neuf mois, sur le terrain national dans une véritable campagne militaire visant à détruire le péril COVID-19, se voit aussi confier une place de choix sur la scène internationale au travers de petits événements, bien mis en valeurs par les médias locaux, et qui consistent généralement en des dons de lots de matériel de protection (masques, tenues adaptées, etc.) et de gel hydroalcoolique à des missions de défense étrangères, pour que ce matériel soit ensuite transféré vers les nations bénéficiaires. Les pays européens n’échappent pas à cette diplomatie de la générosité tous azimuts, dont on peut parfois se demander quel est leur intérêt de recevoir une aide dont leurs armées n’ont pas forcément besoin.

C’est dans cette dynamique que, le 1er octobre 2020, le général de division Vũ Chiến Thắng, directeur du Département des relations extérieures du ministère de la défense, a solennellement offert au ministère français des armées et aux ministères sud-coréen et hongrois de la défense, respectivement représentés par leur attaché de défense et un membre de la chancellerie à Hà Nội, un lot de matériel de protection (environ 60 000 masques de divers types et 2 000 flacons de gel hydroalcoolique) produit par des unités du ministère vietnamien de la défense. Cet événement, immédiatement médiatisé, a bien sûr conduit les récipiendaires à saluer la générosité des militaires vietnamiens.

Et la diplomatie ayant souvent ses adeptes du renforcement des relations, ce dont la presse est toujours friande, l’on notera les propos du représentant du ministère français des armées, repris dans le Quân đội Nhân dân, qui a remercié les autorités vietnamiennes en affirmant que « dans l’avenir, le ministère français des armées souhaite renforcer la coopération avec le ministère vietnamien de la défense dans les domaines de la médecine militaire et des opérations de maintien de la paix des Nations unies ». Des propos qui auront été parfaitement reçus par son interlocuteur, et qu’il faudra désormais concrétiser, notamment dans ce domaine fort qu’est la santé. N’oublions pas que le Viêt Nam a éradiqué tous les noms de rues baptisées en français à la fin de la guerre d’Indochine, sauf celles portant le nom de Calmette, Pasteur ou Yersin, trois illustres scientifiques dont les travaux ont sauvé d’innombrables vies de Vietnamiens !

Le lieutenant-colonel Marc Razafindranaly, attaché de défense français,
reçoit la marque symbolique de ce don,
en présence de Mme Cécile Vigneau, premier conseiller de l'ambassade de France.