On prend les
mêmes et on recommence ! Trois mois après l’annulation de la quatrième rencontre« d’amitié » sino-vietnamienne (20 juin 2017) - en raison du départ inopiné
du général d’armée Fan Changlong (à droite ci-dessus), vice-président de la commission militaire
centrale du Parti communiste chinois, et de toute sa délégation en raison d’une
brutale montée de tension relative à la souveraineté sur une zone de forage dans
l’extrême sud-est des eaux territoriales vietnamiennes - l’exercice a été rejoué
les 23 et 24 septembre dans la province vietnamienne de Lai Châu (avant que le
même acte soit répété dans la province chinoise du Yunnan).
Devant un
important dispositif médiatique, les mêmes acteurs ont repris place, cette fois
avec les sourires bien en vue et dans un exercice bien répété : accueil du général Fan Changlong par le général de corps d’armée Nguyễn Chí Vịnh,
vice-ministre de la défense, chargé des relations internationales (ci-dessous), drapeaux aux
couleurs des deux pays, enfants des écoles et des jeunesses communistes,
représentants des minorités ethniques de la province de Lai Châu, autorités
civiles et militaires de tout premier plan, y compris le général d’armée Ngô
Xuân Lịch, ministre de la défense, lui aussi tout sourire. Rien ne manquait
pour (re)donner l’impression que le trimestre écoulé n’était qu’une page blanche,
un non événement dans la relation entre Hanoi et Pékin.
Ambiance même "familiale". |
Et pourquoi pas un pas de danse... |
Sans
surprise, la teneur des discours a été à l’harmonie entre voisins, et surtout
entre militaires, toujours aux avant-postes du déminage des tensions
diplomatiques, et prompts à citer les solidarités forgées dans les luttes contre
l’occident.
Oubliés les
mots durs entendus durant l’été, oubliées les menaces d’intervention chinoise
contre les possessions vietnamiennes en mer « de l’Est », oubliés
mais pas effacés des mémoires et surtout de celle d’une population qui n’est
pas dupe et voit derrière les images la dure réalité d’une Chine toujours menaçante
et qui sait jouer avec ses voisins et rivaux dans les différends territoriaux.
A moins de deux mois du sommet de l’APEC à Đà Nẵng (05-11 novembre), il est temps de jeter un
mouchoir sur les sujets de fâcherie, au moins pour ne pas menacer l’harmonie
que ce type de rendez-vous international doit refléter.
Cérémonie
des couleurs à un poste frontière, patrouille conjointe entre gardes-frontières
des deux pays, inauguration d’une maison de la culture chinoise à Lai Châu (ci-dessus), et
un très médiatisé exercice conjoint de lutte anti-terroriste (ci-dessous), tous les
ingrédients étaient cette fois réunis pour célébrer la coopération
transfrontalière et, par là, redonner en second rideau de l’élan aux relations
entre diplomates.
Prise d'otages au poste-frontière |
Unité anti-terroriste vietnamienne |
Félicitations aux participants |
Et photo de fin d'exercice. A noter les boîtes contenant des dons aux deux unités participantes |
Faut-il y
voir une conséquence de ce premier pas réussi, rappelons-le par les militaires,
le 27 septembre, l’ambassade de Chine à Hanoi célébrait - avec un peu d’avance -
la fête nationale chinoise (1er octobre). Là aussi, le discours de l’ambassadeur
Hong Xiaoyong était au satisfecit sur l’approfondissement permanent des
relations bilatérales – une réalité économique, qui se vit effectivement dans
les provinces frontalières.
En cette fin
de saison des typhons, qui traversent régulièrement la mer de Chine méridionale,
gageons que le calme revient entre Hanoi et Pékin. Mais à l’image des dépressions
tropicales, le terreau nationaliste hyper sensible ne saurait rester atone très
longtemps. Passé le sommet de l’APEC, il est probable que Pékin tentera à
nouveau d’avancer ses pions, même loin des postes frontières de Lào Cai ou Lai
Châu, ce qui rallumera les mêches encore fumantes de la frustration.