Escale indienne à Hồ Chí Minh-Ville (30/11 - 02/12/2022)

Du 30 novembre au 02 décembre 2022, un groupe naval indien de la flotte de l’Est, composé de la frégate lance-missiles INS Shavalik et de la corvette de lutte anti-sous-marine INS Kamorta, a fait escale au port de Nhà Rồng (Hồ Chí Minh-Ville). 

Outre les visites aux autorités locales (comité populaire de Hồ Chí Minh-Ville, 2^e Région maritime) et les activités de cohésion propres à toute escale (visite touristique, rencontre sportive), les officiers ont pu échanger avec le commandement de la Brigade maritime 125 avant de conclure l’escale par un petit exercice à la mer en partenariat avec la corvette lance-missiles (type Molniya) 379.   

Cette escale est la seconde menée par la marine indienne au Viêt Nam en 2022. Du 24 au 26 juin, la frégate INS Sahyadriet la corvette de lutte anti sous-marine INS Kadmatt y avaient fait relâche, déjà à Hồ Chí Minh-Ville. Elle conclut une année 2022 qui était placée sous le signe du cinquantième anniversaire des relations diplomatiques entre Hanoi et New Delhi, et qui notamment a vu le ministre indien de la défense Rajnath Singh se rendre à Hanoi du 8 au 10 juin.

Il s’est agi de la huitième escale de l’année au Viêt Nam, et de la quatrième à Hồ Chí Minh-Ville.

En cette année de reprise des échanges directs dans un contexte d'assouplissement des conditions sanitaires liées à la pandémie de Covid-19, force est de constater que les ports vietnamiens n'ont guère attiré les marines étrangères. Si l'on excepte les partenaires régionaux, les grandes marines - notamment occidentales - n'ont pas fait du Viêt Nam un de leurs objectifs pour 2022. Cela s'explique par le contexte de guerre en Europe, de tensions dans la péninsule coréenne qui ont mobilisé les moyens américains, mais aussi certainement par la compréhension par les états-majors occidentaux de l'aspect superficiel des interactions avec la marine populaire vietnamienne, toujours réticente à accepter des exercices plus denses par crainte de froisser son pesant voisin chinois. 

Le général de brigade Hà Thọ Bình, nouveau commandant en chef de la 4ème Région militaire (29/11/2022)

Le 29 novembre 2022, le général de brigade Hà Thọ Bình a succédé au général de division Nguyễn Doãn Anh à la tête de la 4^e Région militaire (RM). Il a reçu sa charge des mains du général de corps d’armée Nguyễn Tân Cương, chef de l’état-major général des armées, qui avait fait le déplacement à Vinh.

Né en décembre 1968 dans la province de Thanh Hóa, le général Bình a effectué toute sa carrière dans la 4^e RM. Engagé comme soldat en 1985 dans un contexte d’intervention vietnamienne au Cambodge, il a participé à des combats à la frontière avec le Cambodge (Mặt trận Biên giới Tây Nam) avant d’entamer sa formation d’officier. Il a gravi tous les échelons de commandement au sein de la Division 968 (basée dans la province de Quảng Trị), qu’il a commandée de 2014 à 2018, avant de poursuivre son parcours vers les hautes responsabilités comme adjoint au commandant en chef de cette 4^e RM. 

A ce titre, il a été confronté à la gestion de plusieurs catastrophes naturelles, dont celles qui, dans la nuit du 12 au 13 octobre puis le 18 octobre 2020, ont coûté la vie de plus de 30 militaires engagés dans des opérations de secours suite à des glissements de terrain.Possédant une grande maîtrise des questions relatives à cette région militaire importante, à la croisée des questions de défense terrestre (longue frontière avec le Laos, impact des catastrophes climatiques) et maritime (vaste façade ouvrant sur la mer de Chine méridionale), le général Bình sera un relai solide des directives de l’état-major général. Son ancrage dans cette région s’est en outre conforté, sur le plan politique, par son élection comme député de sa province natale en mai 2021, pour la mandature 2021-2026. 

Pour autant, son potentiel de progression est plus incertain que celui de son prédécesseur. Le général Anh avait en effet pris le commandement de cette RM à 51 ans (contre 54 pour le général Bình), mais il avait déjà exercé un commandement similaire précédemment, et non des moindres (la région militaire de Hà Nội). En outre, il est peu probable que le général Bình fasse son entrée au Comité central du Parti communiste vietnamien en 2026, deux ans avant d’atteindre sa limite d’âge en service. Il est donc plus plausible qu’il conserve son excellent ancrage régional durant plusieurs années. 

Le général de division Nguyễn Doãn Anh nommé adjoint au chef de l'état-major général des armées (20/11/2022)

 

Le 20 novembre 2022, le président Nguyễn Xuân Phúc a signé la décision par laquelle il nomme le général de division Nguyễn Doãn Anh à un poste d’adjoint au chef de l’état-major général des armées (CEMGA).

Originaire de Hanoi, le général Anh a effectué tout son début de carrière dans la Région militaire Capitale. En juillet 2015, à 47 ans, il a été promu général et a pris le commandement de cette région stratégique, centre de toutes les instances de décision de l’armée populaire. Il a succédé au GDI Phí Quốc Tuấn, qui commandait cette RM depuis sept ans, et qui a été admis à la retraite.

A la différence de son prédécesseur, son parcours ne s’est pas figé : après un temps de commandement de trois ans, il a été nommé le 14 novembre 2018 à la tête de la 4^e RM (Centre), succédant au général Nguyễn Tân Cương dont le parcours s’accélérait (intégration du comité des adjoints au CEMGA). Il a été officiellement accueilli au sein de l’état-major général des armées le 25 novembre par le général d’armée Phan Văn Giang, ministre de la défense (ci-dessous).

Membre du Comité central du Parti communiste vietnamien depuis le 12^e Congrès national de cette instance (janvier 2016), le général Anh confirme son fort potentiel de progression. Sa proximité avec le général Cương, CEMG et probable futur ministre de la défense, lui permet d’aspirer à un poste supérieur à moyen terme.

Le successeur du général Anh à la tête de la 4^e RM n’a pas encore été annoncé. Dans l’intervalle, la fonction est tenue par le général de brigade Nguyễn Ngọc Hà, chef de l’état-major de cette grande formation. 

Le général Huỳnh Chiến Thắng élevé au rang de général de corps d’armée (20/11/2022)

Le 20 novembre 2022, le président Nguyễn Xuân Phúc a élevé le général Huỳnh Chiến Thắng au rang de général de corps d’armée. Agé de 57 ans, cet officier de l’armée de terre possède un double profil opérationnel et comme commissaire politique. Le général Chiến Thắng (La Victoire) a effectué toute sa carrière opérationnelle dans la 9^e Région militaire (RM), qui contrôle le delta du Mékong. Il s’inscrit dans une tradition familiale : il a en effet commandé la Division d’infanterie 330, dont son père (Huỳnh Xuân Quang) avait été le premier commissaire politique, et que son fils aîné, Huỳnh Chiến Công, a aussi commandée (août 2018 à mars 2020 ; il est depuis fin décembre 2021 l’un des adjoints au commandant en chef de la 9^e RM).

Après avoir effectué sa première partie de carrière dans la voie opérationnelle, il a entamé un parcours de commissaire politique en 2014. Promu au grade de général de brigade puis de division jeune (50 puis 54 ans), il a logiquement fait son entrée au comité central du Parti communiste vietnamien lors du 12^e congrès national de cette instance (26 janvier 2016). 

Le 06 novembre 2020, après cinq années dans ses fonctions de commissaire politique, il a rejoint le collège des adjoints au chef de l’état-major général des armées, à 54 ans. dans le prolongement de cette nomination, il a très logiquement été reconduit au Comité central du Parti lors du 13^e congrès national (31 janvier 2021). Trois ans plus tard, son potentiel de progression est à nouveau reconnu par sa promotion au rang de général de corps d’armée (à 57 ans). Un portefeuille de vice-ministre de la défense pourrait couronner sa fin de carrière.

De nouvelles modifications au sein de la pyramide sommitale de l'armée vietnamienne devraient intervenir rapidement. En effet, six généraux occupent actuellement un poste de CEMG adjoint, ce qui est supérieur aux effectifs officiellement alloués (cinq). Un septième, le général de cours d'armée Ngô Minh Tiến, a  quitté l'institution militaire le 01 novembre 2022, atteint par sa limite d'âge en service.

Relations internationales militaires, en avant toute!

La faible activité de La Rue des Soldats ces derniers mois ne reflète celle du paysage politico-militaire vietnamien. L’approche de la fin de l’année, l’accoutumance à un contexte sanitaire toujours empreint du spectre du Covid-19, et la volonté des responsables militaires de marquer à nouveau le paysage régionale des relations militaires se sont traduits par une reprise d’activités d’intérêt.

Ainsi, les deux mois écoulés ont été jalonnés par plusieurs déplacements et rencontres militaires de haut niveau, visant d’une part à rétablir des contacts directs entre hautes autorités après quasiment deux années de stagnation en raison de la pandémie de Covid, d’autre part à promouvoir le salon d’armement que le ministère vietnamien de la défense organisera à Hà Nội du 08 au 10 décembre. Après les annulations de la revue navale internationale de Nha Trang, qui devait être un des événements phares de la présidence vietnamienne de l’ASEAN en 2020, et durant deux ans du salon d’armement de Hà Nội, les hautes autorités militaires vietnamiennes font le forcing pour battre le rappel afin que leurs homologues fassent le déplacement à Gia Lâm dans deux semaines.

Ces déplacements ont mobilisé les plus hautes autorités, à l’exception toutefois du général d’armée Phan Văn Giang, ministre de la défense qui est visiblement resté en second rideau de ce front diplomatique.

Le plus important déplacement, sur la scène politico-diplomatique (mais aussi pour son volet défense), a été celui effectué par le secrétaire général du Parti communiste vietnamien (PCVN) Nguyễn Phú Trọng à Pékin, du 30 octobre au 1^ernovembre. 

Une semaine après la clôture du 20^e congrès national du Parti communiste chinois (PCC), M. Trọng a été le premier dirigeant étranger reçu par Xi Jinping depuis sa reconduction à la tête du PCC (23 octobre). Ce déplacement non seulement confirme l’étroitesse des liens entre PCC et PCVN et entre leurs secrétaires généraux, mais semble aussi donner le ton d’une période de cohabitation polie entre les deux voisins malgré l’inquiétude permanente de Hà Nội vis-à-vis de l’extension de puissance chinoise en mer de Chine méridionale. 

Ainsi, il s’est agi du premier déplacement de Nguyễn Phú Trọng à Pékin en cinq ans. Ce dernier avait fait le voyage du 12 au 15 janvier 2017 dans le prolongement de sa réélection à la tête du PCVN, après le 12^e Congrès national. Etat de santé fragile, puis période de Covid, mais aussi crispation sur les questions de mer de Chine méridionale avaient conduit le numéro un vietnamien à ne pas se déplacer en Chine. Il en a été de même pour Xi Jinping, dont seuls deux déplacements au Viêt Nam ont été à l’agenda en sept ans : les 05 et 06 novembre 2015 (visite d’Etat) puis du 10 au 13 novembre 2017 (participation au sommet de l’APEC à Đà Nẵng (10 et 11 novembre) puis visite d’Etat les 12 et 13 novembre), pour ce qui a représenté sa première visite à l'étranger après le 19^e Congrès national du PCC (18-24 octobre). 

Cette visite a été largement couverte par les médias vietnamiens, qui l’ont comme de rigueur placée sous l’angle de l’amitié historique entre les deux partis-frères, elle-même illustrée par un événement d’exception : la remise par Xi Jinping de l’ordre de l’Amitié à Nguyễn Phú Trọng. Créée en 2015 pour témoigner la reconnaissance par Pékin de personnalités qui se sont tout particulièrement investies dans la promotion de la Chine sur la scène internationale, cette décoration n’avait jusqu’à présent été décernée qu’à neuf personnes, dont le président Poutine (1^er récipiendaire en 2018). 

La longue déclaration conjointe diffusée en clôture de cette visite a dépeint une relation sans écueil, portée par le partage de valeurs idéologiques communes et nourrie du souvenir des solidarités nouées dans les conflits contre les agresseurs occidentaux (lutte contre les colonialistes puis les deux partis communistes et leurs dirigeants sur les liens historiques entre partis et voisins de toujours. Le court paragraphe consacré à la relation de défense a souligné son rôle de « pilier » de la relation bilatérale. Les deux dirigeants se sont sobrement accordés à poursuivre les principales activités existant déjà : « renforcer les contacts de haut niveau entre les militaires ; poursuivre les échanges (rencontres entre unités voisines sur la frontière ; dialogue stratégique ; patrouilles maritimes conjointes dans le golfe ; maintien d’une hotline entre les deux ministères de la défense ; approfondissement de la coopération entre gardes-frontières) ». Aucun point de tension relatif à la mer de Chine méridionale n’a été mentionné, les deux signataires se limitant à rappeler leur engagement à régler de manière pacifique tout différend pouvant survenir. 

Avantage Pékin donc, sans surprise. Logiquement, aucune mention à la Russie n’a été faite, la visite ayant été placée sous le seul signe visible de la relation entre partis-frères, et ces derniers n’ayant pas coutume d’égratigner Moscou, dans une tradition de solidarité idéologique forgée au fil de la faucille et du marteau.

Au bilan, les poignées de main et l’enrubannage du numéro un vietnamien, devant ses plus proches conseillers, restaurent aux yeux des observateurs vietnamiens et régionaux (ASEAN) une relation que ces mêmes observateurs régionaux et grands acteurs de l’Indopacifique (Etats-Unis) pouvait penser s’être fissurée. Même si la vigilance reste de mise à Hanoi, force est de constater que le lien sino-vietnamien s’est raffermi, au grand dam de Washington.

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Sur la scène militaro-diplomatique, le général de corps d’armée Hoàng Xuân Chiến, vice-ministre de la défense, chargé des relations internationales, s’est déplacé :

- pour la première fois en Abiyé (18 au 21 octobre), où il a rencontré le détachement du génie déployé sur cette terre africaine sous mandat de la Force intérimaire de sécurité des Nations unies pour Abiyé (FISNA) depuis fin avril 2022. 

Pour son premier déplacement au contact de cette opération, le général Chiến, dont le portefeuille comprend la supervision des activités liées à l’insertion des militaires vietnamiens dans les opérations onusiennes de maintien de la paix, a été accompagné d’une large délégation comprenant notamment : le général de division Lê Quốc Hùng, vice-ministre de la sécurité publique, qui venait lui aussi au contact des premiers policiers vietnamiens projetés sur un théâtre d’opérations onusien ; le général de brigade Hoàng Kim Phụng, emblématique directeur du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) du ministère de la défense ; et du récemment promu général de brigade Vũ Thành Văn (ci-dessus à droite), directeur des relations extérieures du ministère de la défense, visiblement ravi d’arborer sa première étoile sur un théâtre d’opérations. Accueilli par le colonel supérieur Mạc Đức Trọng, l’un des piliers du DOMP et désormais commandant le détachement vietnamien en Abiyé, le général Chiến a pu se rendre compte des conditions de vie et de travail des soldats vietnamiens, visiblement très appréciés par le général de brigade bangladais Abu Syed Mohammod Bakir, adjoint au commandant de la FISNUA (ci-dessous)

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- puis à Singapour, où il a co-présidé le 04 novembre avec M. Chan Heng Kee, secrétaire permanent du ministère singapourien de la défense, le 13^se Dialogue bilatéral de politique de défense ;

- enfin, à Bangkok, du 16 au 19 novembre, dans la délégation dirigée par le président Nguyễn Xuân Phúc à l’occasion du 29^e sommet de la Coopération économique de l’Asie Pacifique (APEC). Outre des rencontres protocolaires, il a co-présidé avec le général d’armée Sanitchanok Sangkachan, secrétaire permanent du ministère thaïlandais de la défense, le quatrième Dialogue bilatéral de coopération de défense. Les questions de sécurité maritime ont été un point de convergence entre les deux partenaires, qui ont exprimé leur souhait de renforcer leurs relations entre polices maritimes / garde-côtes et marines. Une délégation du Thai Maritime Enforcement Coordination Centre (Thai MECC) est ainsi attendue à Hà Nội en décembre pour des échanges sur la sécurité maritime.

Pour sa part, le général de corps d’armée Nguyễn Tân Cương, chef de l’état-major général des armées, s’est rendu au sultanat de Brunei (04 et 05 novembre) où il a été reçu par son homologue (le général de division Dato Paduka Seri HajiMuhammad Haszaimi Bin Bol Hassan) puis par le sultan Sultan Haji Hassanal Bolkiah en personne. La présence dans la délégation vietnamienne du général de brigade Lê Quang Đạo, commandant en chef de la police maritime, suggère que les questions de sécurité maritime dans le sud de la mer de Chine méridionale ont été à l’ordre du jour.

Enfin, deux salons d’armement régionaux ont suscité de déplacement d’autorités : 

- le général Phùng Sĩ Tấn, l’un des adjoints du chef de l’état-major général des armées (et élevé en septembre au rang de général de corps d’armée), s’est rendu en Thaïlande du 29 au 31 août à l’occasion du salon Sécurité et défense organisé à Bangkok.  

Réception par le général d'armée Chalermphon Srisawasdi,
chef d'état-major des armées thaïlandaises.

- tandis qu’une délégation du Département général des industries de défense emmenée par le colonel supérieur Lê Quang Tuyến, l’un des adjoints du directeur de ce département, s’est rendue à Jakarta le 02 novembre à l’occasion de l’inauguration du salon d’armement Indo Defense 2022).

Enfin, l’on n’oubliera pas, au tableau des vecteurs de rayonnement, la campagne menée en mer de Chine méridionale par le voilier-école Lê Quý Đôn (numéro d’immatriculation 286) qui, après deux ans sans déploiement majeur en raison de la pandémie de Covid, a mis les voiles du 24 septembre au 18 octobre avec à son bord la 65^e promotion d’élèves officiers de l’Ecole navale. 

Le navire a sillonné sur plus de 2 000 milles nautiques les eaux du sud de la mer de Chine méridionale, avec une escale à Lumut (Malaisie) du 05 au 08 octobre, sa première dans ce pays. Il s’agit de la cinquième campagne du trois-mâts barque basé à Nha Trang depuis son admission au service actif, le 10 mars 2016. 

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Place désormais aux grands rendez-vous de décembre! : salon d’armement de Hà Nội préparé de longue date, anniversaire de l’armée populaire vietnamienne et bien sûr les promotions de fin d’année. 

Celles-ci ont déjà débuté, avec la nomination par le président Nguyễn Xuân Phúc du général de division Nguyễn Doãn Anh, jusqu’alors commandant en chef de la 4^e Région militaire, à un poste d’adjoint au chef de l’état-major des armées et l’élévation au rang de général de corps d’armée d’un autre membre de ce collège, le général Huỳnh Chiến Thắng.

Le Viêt Nam entamera en 2023 un nouveau mandat au sein du Conseil des droits de l'Homme des Nations unies...

Le 11 octobre 2022, l’assemblée générale des Nations unies a élu 14 pays, dont le Viêt Nam, comme nouveaux membres du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies pour l’exercice 2023-2025. Le Viêt Nam refera donc son entrée dans cette instance, six ans après y avoir achevé un premier mandat (2014-2016). La candidature de Hà Nội, qui faisait face à six autres dossiers, avait été unanimement soutenue par les membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).

La presse locale n’a pas manqué de mettre en exergue « la reconnaissance de la communauté internationale pour les politiques, les efforts et les réalisations du pays pour garantir de mieux en mieux les droits des habitants dans tous les domaines », se faisant ainsi l’écho des propos du vice-ministre des affaires étrangères Phạm Quang Hiệu, qui a fait l’éloge de l’ensemble de l’appareil d’Etat, mais aussi des médias nationaux, en faveur de la garantie du respect des droits de l’Homme dans le pays et sur la scène internationale. Des propos dont il faut prendre acte en gardant à l’esprit l’attachement de Hà Nội à la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats. 

Il est donc probable que son action au sein de cette instance ne sera pas marquée par un engagement à condamner les pays dans lesquels les libertés fondamentales sont profondément ignorées par les dirigeants suprêmes. Comble de l’incongruité, l’on n’oubliera pas que, suite à l’agression russe contre l’Ukraine (24 février 2022), le Viêt Nam avait été l’un des 24 pays sur 193 qui, lors d'une réunion de l'Assemblée générale des Nations unies le 07 avril, avaient voté contre l’exclusion de la Russie de ce même Conseil des droits de l’Homme des Nations unies.

Le général Phùng Sĩ Tấn élevé au rang de général de corps d'armée

Trois ans après avoir été nommé adjoint au chef d’état-major général des armées (15 septembre 2019), le général de division Phùng Sĩ Tấn a été élevé au rang de général de corps d’armée le 12 septembre 2022 par le président Nguyễn Xuân Phúc.  

Cette nomination confirme à nouveau le remarquable parcours du général Tấn (voir mon post d'octobre 2019) qui, à 56 ans, est désormais le second plus jeune général de corps d’armée de l’état-major général des armées, devancé seulement de six mois par le général Nguyễn Tân Cương, numéro un de cette instance et logique favori pour accéder à la fonction ministérielle à l’horizon 2026. 

Nonobstant ses états de service (il est actuellement en charge du portefeuille formation (écoles) et entraînement des forces, le général Tấn ne présente donc qu’un faible potentiel de progression dans la hiérarchie terminale, de niveau vice-ministre de la défense. N’étant pas membre du Comité central du Parti communiste vietnamien, il est irréaliste qu’il y accède, de surcroît l’année de sa fin de carrière (il aura 60 ans en 2026).  

Retour d'un aviateur dans le comité des adjoints au chef de l'état-major général des armées (21/08/2022)

Le 21 août 2022, sur décision du premier ministre Phạm Minh Chính, le général de brigade aérienne Phạm Trường Sơn, l’un des commandants en chef adjoints de l’armée de l’air et de la défense antiaérienne (AA/DA), a été nommé adjoint au chef de l’état-major général des armées.

Entré en service en 1985 dans l’armée de l’air (découplée à l’époque de la composante défense antiaérienne), ce pilote formé en ex-URSS a effectué sa quasi-totalité de sa carrière dans le Sud, au sein de la division 370 (état-major à Hồ Chí Minh-Ville) et notamment du régiment 937, basé à Phan Rang et équipé de Su-22M4. Commandant de cette unité de 2009 à 2011, il a poursuivi son parcours dans l’état-major de la Division 370, formation qu’il a commandée avant d’être nommé adjoint au chef de l'état-major de ’armée de l’air et de la défense antiaérienne puis à l’un des postes d’adjoint au commandant en chef de cette composante.

En intégrant le comité des adjoints au général de corps d’armée Nguyễn Tân Cương, le général Trường Sơn permet à l’armée de l’air et de la défense antiaérienne de faire son retour au sein de cette instance. Son dernier représentant, de 2019 à 2020, était en effet le général Lê Huy Vịnh. Cet artilleur, qui commandait l’AA/DA depuis déjà quatre ans, avait intégré l’état-major général des armées durant quelques mois avant d’être nommé à l’un des postes de vice-ministre de la défense fin 2020 dans le cadre de la relève quinquennale de générations de très hauts commandeurs. 

Âgé de 55 ans, le général Trường Sơn a un potentiel de progression bien inférieur à celui qu’affichait le général Vịnh en 2019. D’une part le poids des artilleurs sol-air par rapport aux pilotes de chasse reste en effet très fort dans l’armée vietnamienne (héritage de la guerre contre les Américains) ; d’autre part le général Trường Sơn n’est pas membre du Comité central du Parti communiste vietnamien, et il est peu probable qu’il y fasse son entrée lors du prochain congrès national de cette instance, en 2026 (il sera déjà un peu âgé - 59 ans). Il est cependant député de la province de Thừa Thiên Huế au sein de la quinzième législature (juillet 2021-2026). Il devrait être rapidement élevé au rang de général de division.

Escale française à Cam Ranh (01-05/03/2022)

 

Du 1^er au 05 mars 2022, la frégate française Vendémiaire (F-734) a fait escale à la base internationale de Cam Ranh. Le bâtiment, dont le port d’attache est à Nouméa (Nouvelle-Calédonie), est engagé dans un déploiement de trois mois dans le Pacifique occidental et notamment en mer de Chine méridionale (escales à Singapour, Batam (Indonésie), Kota Kinabalu (Malaisie), Cam Ranh puis Manille (Philippines)). 

Le capitaine de frégate Alain Gaborit, pacha du bâtiment, a été accueilli par les autorités militaires et civiles locales, en présence du capitaine de vaisseau Frédéric Daumas, attaché de défense français à Hanoi. Tandis que l’équipage se voyait offrir la possibilité de mettre pied à terre dans le respect des mesures de prévention de la pandémie de Covid-19, toujours présente dans le pays, le pacha du Vendémiaire a été reçu au comité populaire de la province de Khánh Hòa ; un geste là aussi très positif après l’ère du sans contact qui a marqué les deux dernières années.

 

Le 05 mars, le Vendémiaire a repris la mer et participé à un court exercice (PASSEX) avec la frégate lance-missiles de classe Gepard 015 - Trần Hưng Đạo, l’un des quatre fleurons de la brigade 162. L’interaction a consisté en plusieurs séquences, axées sur la communication, le ravitaillement à la mer et la familiarisation à la mise en œuvre du Code de conduite en cas de rencontre inattendue en mer (Code for Unplanned Encounters at Sea – CUES) avant que le Trần Hưng Đạo salue le Vendémiaire qui a pris la direction des Philippines (atteintes le 09 mars).

Le Vendémiaire vu du Trần Hưng Đạo

et la vision inverse.

Un an après la dernière escale d’une frégate française dans la grande base navale de la 4^e Région maritime (*), cette nouvelle visite atteste de l’engagement de la France à contribuer à la hauteur de ses moyens à la stabilité régionale, comme cela est défini dans sa stratégie indo-pacifique. Elle demeure à ce jour le seul pays européen présent chaque année dans ces eaux cruciales pour les flux économiques internationaux et qui voient se confronter les ambitions des deux grands de l’Indo-Pacifique, la Chine et les Etats-Unis, auxquels s’ajoutent l’Australie et le Japon dont les bâtiments croisent aussi régulièrement en mer de Chine méridionale. La conduite d’un exercice avec une des deux frégates les plus modernes de la flotte vietnamienne est une première, la marine populaire étant plus coutumière de l’engagement de bâtiments de petit gabarit, sans ampleur particulière. Si les thématiques du PASSEX sont restées élémentaires, le passage du Vendémiaire au Viêt Nam a obtenu un fort écho dans les médias vietnamiens mais aussi dans la communication de l’ambassade de France à Hanoi et dans celle des forces de souveraineté françaises, jusqu’à Tahiti.

 

Une séquence réussie, qui en appelle d’autres, pour autant que la France puisse densifier sa présence dans la région. 

Depuis le début de l’année, il s’agit de la troisième escale au Viêt Nam, la première à Cam Ranh.

 

(*) Du 09 au 12 mars 2021, la frégate de surveillance Prairial (basée à Tahiti) avait été le premier bâtiment à faire relâche au Viêt Nam, toujours à Cam Ranh. 

Escale japonaise à Đà Nẵng (24-26 février 2022)

Du 24 au 26 février 2021, un groupe naval japonais, comprenant le navire-école JS Hatakaze (ci-dessus à gauche) et le bâtiment de soutien JS Inazuma (à droite ci-dessus), a fait escale à Tiên Sa, le port militaire de Đà Nẵng.

Le capitaine de vaisseau Massaki, commandant le groupe naval, a été accueilli à terre par un petit détachement comprenant des autorités de la 3^e Région maritime, de la 5^e Région militaire, et de la grande ville du Centre, accompagnées d’officiels japonais (le consul général à Đà Nẵng Yakabe Yoshinori et son adjoint, ainsi que le lieutenant-colonel Hamamoto Michinori, adjoint de l’attaché de défense à Hà Nội). La courte cérémonie d’accueil protocolaire sans contact direct, a été suivie d’échanges en visioconférence. 

Le capitaine de vaisseau supérieur Nguyễn Quốc Quảng, l’un des adjoints au commandant en chef de la 3^e RM, a ainsi salué le renforcement de la relation entre marines et remercié le Japon pour l’assistance qu’il fournit au Viêt Nam en matière de déminage sous la mer et de médecine sous-marine. L’escale s’est poursuivie dans son expression minimaliste, les autorités vietnamiennes refusant tout contact entre équipages et Vietnamiens. Pas de visites, pas de traditionnelles rencontres sportives, l’armée vietnamienne restant très vigilante dans la prévention de la pandémie de Covid-19. Cela n’empêche pas les deux partenaires de planter un nouveau jalon dans leur relation, avec l’état-major de la marine vietnamienne qui voit avec satisfaction la fréquentation des eaux de la mer « de l’Est » par un partenaire de choix et compétiteur régional avec la Chine.

Les deux bâtiments et leurs 480 marins avaient quitté le Japon le 09 février pour un déploiement dans le Pacifique ouest. Après le Viêt Nam, ils ont repris la mer à destination des Palaos puis de Guam. Leur retour au Japon est prévu le 19 mars.

Cette escale a été la seconde accueillie depuis le début de l’année par le Viêt Nam, après celle de la frégate allemande Bayern du 06 au 09 janvier à Hồ Chí Minh-Ville (première escale d’un bâtiment allemand dans ce pays; la couverture de presse a largement surpassé la faible densité de cet événement, lui aussi contraint par les mesures anti-Covid mais pâtissant aussi de l’absence de relation entre militaires allemands et vietnamiens). 

La précédente escale nippone au Viêt Nam avait eu lieu en novembre 2021 à Cam Ranh (porte-hélicoptères Kaga et destroyer Murasame).

Coup d'oeil dans le rétroviseur de l'année 2021 et du Buffle, au moment d'entrer dans l'année du Tigre

Une nouvelle année s’achève dans La Rue des Soldats. Dans le prolongement des bilans dressés depuis 2016, je garderai du millésime 2021, ou plutôt de cette année du Buffle de Métal (năm Tân Sửu) huit événements, présentés ci-après en fonction de leur impact en faveur de l’image de l’armée dans la vie du pays. Un choix comme toujours forcément subjectif, mais qui donne un coup d’éclairage sur des faits importants, qui continueront de façonner l’actualité de défense du pays.

1 – Une armée qui demeure en première ligne dans la lutte contre la pandémie de COVID-19 

Deux ans après l’irruption du virus au Viêt Nam (janvier 2020), la guerre menée par les autorités vietnamiennes contre ce fléau invisible se poursuit. Les ambitions de juguler les contaminations au prix de mesures draconiennes se sont heurtées à la résilience du virus, mais aussi à la difficulté de mettre « sous cloche » une population qui vient de dépasser la barre des 100 millions d’individus, vivant encore souvent dans des conditions de promiscuité peu propices à une prévention hermétique du virus. Avec désormais plus de 2 millions de cas détectés (en deux ans) et plus de 36 000 décès, le bilan de cette campagne de lutte apparaît toujours très positif au regard de la situation en vigueur dans bon nombre de pays, y compris les plus développés. Sous l’impulsion du comité national de lutte contre la pandémie (Ban Chỉ đạo Quốc gia phòng, chống dịch COVID-19), dont sont membres les ministres de la défense et de la sécurité intérieure, les forces de défense et de sécurité continuent d’être mises à forte contribution dans tous les actes de cette lutte de longue haleine, qui va se poursuivre. 

2. Relève de génération de hauts dirigeants de l’armée à l’issue du 13^ème Congrès national du Parti communiste vietnamien. 

Selon un cycle immuable et parfaitement organisé, le PCVN a organisé son 13^ème Congrès national du 25 janvier au 1^erfévrier 2021. 

Quelques jours avant l’entrée dans la nouvelle année, les 180 membres du nouveau Comité central, dont 23 militaires, ont réélu M. Nguyễn Phú Trọng, secrétaire général du PCVN depuis janvier 2011 et qui cumulait depuis le 23 octobre 2018 ses fonctions avec celles de président de la république – suite au décès du général d’armée Trần Đại Quang (21 septembre 2018). Oubliés les ennuis du santé, disparues les déclarations de l’intéressé en janvier 2016 sur son intention de n’effectuer qu’un demi second mandat à la tête du Parti, la réélection de M. Trọng pour un troisième mandat a eu raison de toutes les ambitions. Dans le même temps, un « retour à la norme » a été opéré avec le redécouplage de la fonction présidentielle, confiée à l’ex-premier ministre Nguyễn Xuân Phúc, tandis que le général de division Phạm Minh Chính, ex-vice-ministre de la sécurité intérieure (Công An), était élu au poste de Premier ministre et M. Vương Đình Huệ à celui de président de l’assemblée nationale. 

La logique s’est imposée à la tête des armées : le général d’armée Ngô Xuân Lịch a passé le témoin au GAR Phan Văn Giang, chef de l’état-major général des armées (08 avril), lui-même remplacé tout aussi logiquement par son premier adjoint, le général de corps d’armée Nguyễn Tân Cương (31 mai). Toute la génération de commandeurs née en fin des années 1950 s’est retirée des hautes responsabilités, dont l’emblématique GCA Nguyễn Chí Vịnh, qui dirigeait les relations internationales du ministère de la défense depuis 10 ans après avoir commandé les puissants services de renseignement de l’armée.

Cérémonie de départ à la retraite du GAR Đỗ Bá Tỵ (ex-CEMG puis vice-président de l’assemblée nationale) et des GCA Nguyễn Chí Vịnh, Trần Đơn, Bế Xuân Trường, Lê Chiêm (vice-ministres de la défense) et Nguyễn Phương Nam(adjoint au CEMG).

Ces grandes figures du ministère ont passé le témoin à une génération de chefs qui, nés dans un Viêt Nam en guerre, ont débuté leur carrière dans un pays qui pansait ses plaies et entrait à nouveau dans une longue période de confrontation au voisinage pesant de la Chine et découvrait les défis de la nécessaire ouverture sur l’international. Seule véritable exception à ce tableau : le général Giang, qui fait désormais figure de dernier grand vétéran en service. Entré en service en août 1978 au sein du commandement militaire de la province de Thái Nguyên, il avait en effet aussitôt participé aux combats contre l’armée chinoise dans le nord du pays (région de Cao Bằng) en 1979.  

Voeux du général Giang aux armées (1er février 2022): Chúc các đồng chí cùng gia đình năm mới Nhâm Dần 2022 luôn mạnh khỏe, hạnh phúc, thành công và không ngừng tiến bộ. Chào thân ái và quyết thắng!
Voir le lien vers une présentation des armées en marche dans en vers la modernité.

L’on n’oubliera pas non plus, parmi les disparitions de la scène militaire, celle du GAR Phùng Quang Thanh, ministre de la défense d’avril 2006 à avril 2016, décédé d’un cancer le 11 septembre à 72 ans. Entré en service durant la guerre contre les Américains, ce chef très apprécié de ses hommes restera dans la mémoire collective comme étant celui qui a vraiment conduit la modernisation de l’APVN.

3 - Préparation de l’avenir du haut état-major : quelques parcours à suivre. 

Si les fonctions sommitales semblent stables, les prochains ajustements pourraient concerner avant la fin 2022 les régions militaires (les huit commandants en chef de ces unités ont en effet été nommés de novembre 2018 à novembre 2020). Il est cependant encore trop tôt pour identifier les futurs grands commandeurs, et ce d’autant plus que plus aucun jeune officier général n’a débuté sa carrière en temps de conflit. Il devient donc de plus en plus difficile pour la Commission militaire centrale d’identifier les profils les plus emblématiques, capables d’incarner une continuité entre le passé combattant de l’APVN et son rôle en temps de paix, même fragile.

Reste cependant une arme dans laquelle les lignes se dessinent plus aisément : la marine, et notamment sa jeune composante sous-marine, voit de jeunes chefs progresser dans l’échelle des responsabilités. Ainsi, le vice-amiral Phạm Hoài Nam, ex-commandant en chef de la marine, est désormais vice-ministre de la défense avec rang de général de corps d’armée. Son successeur à la tête de cette composante est le jeune contre-amiral Trần Thanh Nghiêm, premier commandant en chef de la brigade sous-marine 189 (2012-2016, dans sa phase de réception des premiers Kilo) à accéder à ce poste, à 40 ans. Et se profile déjà à un horizon moyen un autre sous-marinier de talent promis à de très hautes responsabilités : le désormais capitaine de vaisseau supérieur Nguyễn Văn Quán, premier pacha du Kilo HQ-182 Hà Nội, qui vient de prendre le commandement de la brigade sous-marine 189.

A un niveau moins médiatique mais particulièrement sensible, l’on notera la nomination, le 24 janvier 2022, d’un nouveau commandant de la cyberdéfense (Bộ Tư lệnh Tác chiến không gian mạng) : le colonel supérieur Lê Dũng, jusqu’alors commandant en chef adjoint et chef de l’état-major de l’arme des transmissions, a succédé au général de division Đinh Thế Cường, qui commandait cette unité (aussi connue sous le terme de Commandement 86 - Bộ Tư lệnh 86) depuis sa création, en janvier 2018.

4 – Une année sans frictions majeures en Mer de l’Est...

Si les positions déclaratoires ne changent pas, Hà Nội étant toujours très réactif pour dénoncer les activités chinoises dans ses eaux revendiquées, aucune lame de fond n’a secoué la relation entre voisins. Après une année 2020 marquée par des provocations chinoises jusque dans les eaux vietnamiennes, comme cela semble être le cas chaque fois que le PCVN prépare son congrès national, certainement afin de faire pression sur la haute hiérarchie du Parti pour qu’elle investisse une équipe partisane d’une relation feutrée avec son voisin, aucun incident naval sérieux n’a été détecté. Une situation qui relève plus d’un report des axes d’effort chinois, notamment vers les eaux philippines, l’archipel là aussi un an avant des élections présidentielles (prévues le 8 mai 2022) qui verront le président Rodrigo Duterte quitter ses fonctions. Un contexte idéal pour faire monter la pression parmi la classe politique locale… Et dans le même temps, le dispositif chinois en mer de Chine méridionale ne montre aucun signe de faiblesse, avec des points d’appui au cœur de la « langue de bœuf » (zone en neuf traits), des capacités d’intimidation et de provocation des marines transitant dans ces eaux, sans oublier un arsenal de communication affûté et toujours sur les avant-postes de la guerre (dés)informationnelle.

5 – ... mais la police maritime décapitée par un scandale.

Seconde composante clé chargée de contribuer au respect de la souveraineté vietnamienne sur son vaste espace maritime dans la mer « de l’Est », la police maritime fait l’objet d’une modernisation régulière de son parc grâce aux chantiers navals nationaux mais aussi aux dons de bâtiments que des partenaires (Corée du sud, Japon, Etats-Unis) retirent de leur ordre de bataille après plusieurs décennies de service. Il en est ainsi du patrouilleur de haute mer des garde-côtes américains USCGC John Midgett (WHEC-726), désarmé en 2020 après 40 ans de service et qui arbore désormais les couleurs vietnamiennes et le numéro de coque CSB-8021. 

Le bâtiment a rallié fin juillet la 3^e Région de police maritime (Bà Rịa Vũng Tàu) où il a rejoint l’ex-USCG Morgenthau (WHEC-722) qui y opère depuis décembre 2017 sous l’immatriculation CSB-8020. Plus grands bâtiments de la police maritime (115 mètres de long pour 13 mètres de large et un déplacement de 3 250 tonnes), ils accroissent nettement malgré leur grand âge la capacité opérationnelle de cette composante dans le sud de la mer de Chine méridionale et notamment jusque dans les Spratley. 

Cette dynamique positive, très médiatisée jusque dans la philatélie nationale, n’a pas empêché la police maritime d’entrer dans l’œil du cyclone à la fin de l’été, ébranlée par une affaire de corruption qui a touché le volet de la logistique et notamment le très sensible domaine des carburants. Le 1^er octobre, la Commission centrale de contrôle du PCVN a radié du Parti les généraux de brigade Lê Xuân Thanh et Lê Văn Minh, respectivement commandants en chef des 3^ème et 4^èmeRégions de police maritime, et démis de leurs fonctions au sein du Parti plusieurs généraux occupant des postes sommitaux : le général de division Nguyễn Văn Sơn, commandant en chef de la Police maritime, et les GBR Doãn Bảo Quyết (commissaire politique adjoint), Phạm Kim Hậu (commandant en chef adjoint et chef de l'état-major), Trần Văn Nam (commandant en chef adjoint) et Đào Hồng Nghiệp (commandant en chef de la 2^ème Région de police maritime).  

Pour enfoncer le clou, leurs successeurs n’ont pas été choisis dans le sérail mais dans le corps des garde-frontières et dans la marine. Ainsi, le GBR Lê Quang Đạo, commandant en chef adjoint et chef de l’état-major des gardes-frontières, a été nommé commandant en chef de la Police maritime. Son nouveau chef d’état-major est le capitaine de vaisseau Lê Đình Cường, précédemment l’un des commandants en chef adjoints de la marine.

Une seule haute autorité a finalement échappé à la purge : le GBR Bùi Quốc Oai, commissaire politique en chef de la Police maritime depuis mai 2020. Très proche de l’ex-ministre Ngô Xuân Lịch, il a probablement été celui a décidé de porter, avec l’appui de son puissant mentor, un coup d’arrêt à des malversations institutionnalisées. Son maintien en fonctions devrait être une garantie d’un retour à une normalité dans la gestion de cette composante qui a gagné son autonomie par rapport à la marine qu’en 2013. 

Cette affaire qui illustre l’engagement du secrétaire général du PCVN Nguyễn Phú Trọng dans la lutte contre la corruption, n’est pas sans rappeler la mise au ban du Parti et de l’armée de l’homme qui avait initié la modernisation de la marine populaire au début des années 2000 et notamment lancé le programme (coûteux mais qui porte ses fruits) d’acquisition d’une composante sous-marine. En mai 2019, la commission centrale d’enquête, se prononçant sur une affaire de détournement de terres appartenant au ministère de la défense à Hồ Chí Minh-Ville, avait recommandé au Bureau politique du Parti de sanctionner l’ex-commandant en chef de la marine pour ses défaillances dans l’exercice de ses responsabilités. Un mois plus tard (21 juin) Nguyễn Văn Hiến avait été révoqué de toutes les fonctions qu’il avait occupées au sein du PCVN - membre de la Commission militaire centrale de 2005 à 2010 ; membre du comité exécutif du comité du Parti de la Marine pour la même période - et demandé aux autorités compétentes de prendre des sanctions disciplinaires à son encontre. Cette demande avait été suivie par la décision du Premier ministre Nguyễn Xuân Phúc, le 3 septembre, de révoquer l’amiral Hiến de ses fonctions d'ancien commandant en chef de la marine et de vice-ministre de la défense. Une sanction très lourde mais aussi lourde de sens, dans un pays où l’armée continue de porter haut les valeurs de sacrifice et de dévouement au service du peuple, qui ne saurait donc voir sa confiance bafouée. A bon entendeur, salut…

6 – Le drapeau vietnamien continue de flotter dans les opérations de maintien de la paix (OMP) onusiennes en Afrique. 

Sous la houlette du général de brigade Hoàng Kim Phụng, emblématique commandant du Département des OMP (Cục Gìn giữ hòa bình Việt Nam) / Centre vietnamien de préparation aux OMP (VNPKC), l’APVN poursuit son œuvre au service de la paix sur les théâtres d’opérations africains, essentiellement francophones : l’hôpital de campagne de type Rôle 2 armé par le Service de santé des armées à Bentiu (Soudan du sud) devrait être prochainement relevé pour un quatrième mandat d’un an, tandis que les officiers insérés dans les états-majors onusiens implantés à Bangui (MINUSCA) et à Juba (MINUSS) continuent de remplir leur mission et reviennent au VNPKC à l’issue de leur mandat forts d’une expérience qu’ils partagent avec les officiers qui se préparent à être projetés en opération – pour certains pour un second mandat. Année après année, un vivier de spécialistes en OMP s’est constitué, bénéficiant de la grande stabilité de ces officiers au sein du VNPKC, véritable creuset des OMP vietnamiennes. Le général Phụng est désormais entouré d’adjoints possédant une réelle expérience du terrain et du milieu international. 

Il en est ainsi du colonel supérieur Mạc Đức Trọng, premier Vietnamien projeté en OMP en 2014 au Soudan du sud, et désormais l’un des quatre adjoints du général Phụng. Homme de terrain et parfait connaisseur du parcours qu’a gravi l’APVN pour s’insérer à la hauteur de ses moyens dans le monde des OMP onusiennes, il devrait prendre la tête du premier détachement du génie qui a été certifié par les Nations unies pour être projeté en Afrique, à la frontière entre le Soudan et le Soudan du sud au sein de la Force intérimaire de sécurité des Nations unies pour Abiyé (FISNUA). Ce contingent, fort de 203 soldats dont 21 femmes, deviendra le second plus important de cette Mission (largement derrière les Ethiopiens, qui y engagent plus de 3 000 soldats).

Alors que le Viêt Nam achevait son mandat de deux ans comme membre non-permanent au Conseil de sécurité des Nations unies (2020-2021), les succès obtenus par le DOMP auront cependant été ternis par le premier décès d’un officier vietnamien en opération onusienne. Le commandant Đỗ Anh (né en 1983 dans la province de Nam Định et en poste au Département OMP à Hà Nội) avait rejoint la MINUSCA à Bangui en novembre 2021 en tant qu’officier observateur. Selon les autorités vietnamiennes, il est décédé le 6 janvier dans un hôpital militaire à Kampala (Ouganda) où il avait été transféré. Les causes de son décès n’ont pas été détaillées. La MINUSCA n’ayant pas fait état d’un Casque bleu décédé lors d’une opération, l’on peut supputer un problème de santé soudain. Ceci expliquerait en partie l’important délai (dix jours) avant la communication vers les médias nationaux (16 janvier), au lendemain du rapatriement du corps au Viêt Nam. 

Tout comme c’est le cas lors des décès particulièrement marquants de militaires en service, des funérailles officielles ont été organisées, mettant en valeur le sacrifice (hy sinh) de l’officier, qui a été promu à titre posthume au grade de lieutenant-colonel. Fait exceptionnel, lié à la mission que remplissait le LCL Anh au service de la paix internationale, plusieurs attachés de défense (américain, australien, britannique, français et japonais) en poste à Hà Nội ont été conviés à la cérémonie d’hommage. Une présence qui a ajouté à l’intensité solennelle de l’événement.

7 – Poursuite de la modernisation du parc aérien. 

L’armée de l’air termine cette année avec une double satisfaction : ne pas avoir subi de crash d’aéronef durant un an, et entamer la relève de ses vieux chasseurs d’entraînement L-39 tchèques par des Yak-130 russes. Dix ans après les premiers indices sur l’intérêt de l’APVN pour cet appareil (février 2012), et deux ans après la signature d’un contrat d’achat de 12 appareils auprès de la Russie (valeur 350 millions de dollars), un premier lot de six appareils a été discrètement livré le 13 novembre 2021 sur l’aéroport de Phù Cát (province de Bình Định). Ces appareils, dont deux exemplaires ont été aperçus en vol en décembre, pourraient être intégrés au Régiment école 940 parallèlement à la mise sur pied d’un cours dédié à la spécialisation des jeunes pilotes sur cet appareil. Ce régiment pourrait compléter les trois autres unités support de l’Ecole de l’air : les Régiments 910 (formation sur L-39), 915 (formation sur hélicoptères) et 920 (formation sur Yak-52). 

Ainsi, le 20 décembre 2021, le colonel supérieur Ngô Vĩnh Phúc, directeur de l’Ecole de l’air, a officialisé la constitution de cette filière en annonçant la création d’une unité comprenant 74 spécialistes de tous types (instruction, maintenance, etc.), avec pour premier objectif d’avoir un cursus de formation opérationnel pour le mois de mai 2022.

8 – Bons résultats des équipes vietnamiennes engagées dans les Army Games 2021

Du 22 août au 4 septembre 2021, l’APVN a de nouveau participé à ces véritables Jeux Olympiques militaires, organisés par la Russie mais avec des épreuves décentralisées dans une quinzaine de pays, dont le Viêt Nam qui s’est porté volontaire pour accueillir la compétition des tireurs d’élite et celle de sauvetage au combat et secourisme. Un véritable challenge en lui-même tant la situation sanitaire internationale liée à la pandémie de Covid-19 demeurait complexe, mais un challenge qui a été relevé avec succès. Quatre ans après sa première participation aux Army Games (2018), le Viêt Nam est ainsi le seul pays d’Asie du sud-est auquel la Russie a placé sa confiance pour organiser des épreuves, une confiance méritée et qui confirme si besoin est encore l’excellence de la relation entre armées de ces « régimes-frères ».

Après des performances modestes en 2020 (4^e place au tir de précision, 3^e place dans l’épreuve de secourisme au combat, tout comme en 2019), l’espoir était permis aux équipes vietnamiennes de faire mieux que participer. Le résultat semble avoir été à la hauteur des attentes, aidé aussi un peu par la modeste mobilisation des pays invités (95) en raison des contraintes liées au Covid-19. La délégation de l’APVN s’est haussée à la septième place du classement général sur 42 pays participants. Outre le maintien de l’équipe engagée dans le tank biathlon dans le groupe « élite », l’on notera les très bons résultats obtenus par l’engagement pour la première fois de deux frégates Gepard de la Brigade 162 (015-Trần Hưng Đạo, 016-Quang Trung) dans les épreuves navales (médaille de bronze) où elles se sont notamment confrontées à des équipages chinois, et une médaille d’or remportée par les tireurs d’élite (sur sept nations engagées). Ces résultats très positifs augurent d’une nouvelle participation d’un important contingent vietnamien à l’édition 2022 des Army Games. 

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Alors que le pays entre dans un nouveau cycle, plusieurs milliers de jeunes Vietnamiens vont s'apprêter à quitter leurs familles pour être appelés, pour deux ans, sous les drapeaux. Cycle immuable, qui illustre certes imparfaitement vu le très grand nombre d'exemptions et de passe-droits le lien entre la nation et son armées. La Rue des Soldats, fidèle à son engagement de s’appuyer sur l'étude des sources en vietnamien, poursuivra quant à elle autant que possible ses efforts pour percer le brouillard de l'actualité de défense vietnamienne, dans l'étude des sources en langue vietnamiennes. Puisse cette démarche continuer de plaire aux lecteurs qui poussent la porte de cette ruelle, et encore plus à ceux qui s’y arrêtent plus longuement !