Alternance à la tête des instances aséaniennes: le Viêt Nam passe la main au sultanat de Brunei |
Le 24 septembre 2020, les commandants en chef des armées des dix pays membres de l’ASEAN se sont réunis en sommet annuel, organisé pour la première fois en visioconférence en raison des effets de la pandémie de COVID-19. Ce dix-septième sommet a été animé depuis Hà Nội, qui préside les instances de l’ASEAN jusqu’à la fin de l’année. Il s’est inscrit dans le prolongement de deux autres réunions en mode « virtuel », celle des chefs « opérations » et celle des directeurs du renseignement militaire des Etats membres.
Outre les présidents des deux instances précitées, le général de corps d’armée Phan Văn Giang, chef de l’état-major général des armées, avait tenu à s’entourer des ambassadeurs et des attachés de défense aséaniens, tandis que ses homologues participaient depuis leurs capitales respectives. Un mode de communication que la crise liée au COVID-19 a permis de généraliser durant cette année exceptionnelle, et dans l’exercice duquel les différents grands services du ministère vietnamien de la défense semblent désormais bien accoutumés.
Sans réelle surprise dans cette instance qui fait la part belle au principe de consensus, les intervenants se sont accordés pour saluer la présidence vietnamienne de cette instance malgré le contexte sanitaire incertain, et souligner la persistance des risques pesant sur la stabilité régionale, tant sur mer (différends territoriaux, même si la Chine n’a pas été nominativement citée pour ne pas froisser directement l’obligeant voisin) que de manière générale avec des menaces terroristes toujours présentes. De cet état des lieux, les chefs d’état-major des armées de l’ASEAN ont adopté un plan d’activités pour la période 2020-2022, dont le contenu n’a pas été médiatisé mais dont l'on note une volonté (exprimée par le Viêt Nam) de voir désormais le drapeau de l'ASEAN flotter sur les théâtres d'opérations onusiens sur lesquels des soldats de l'un ou plusieurs Etats membres de l'Association sont engagés. De là à percevoir les prémisses de déploiements sous bannière aséanienne, il y a un pas que nous ne franchirons pas encore.la suite des travaux sera désormais portée par le sultanat de Brunei, dont l'attaché de défense en poste au Viêt Nam, le LCL Zainolhizad bin Haji Muhammad Zain, a reçu des mains du général Giang le drapeau du comité des chefs d'état-major des armées aséaniennes.
Cette « formalité » étant achevée, le haut commandement vietnamien peut désormais mettre entre courte parenthèse ses activités internationales et « entrer en conclave » : du 27 au 30 septembre, 450 représentants militaires du Parti communiste vietnamien (PCVN), dont 430 ont été élus durant les travaux qui ont été menés depuis le début de l’année - les 20 autres siégeant déjà au Comité central du Parti -, se réuniront à Hà Nội afin de dresser le bilan de l’action des armées durant la mandature 2016-2020, s’accorder sur les termes du volet militaire qui sera intégré au rapport du comité central lors du treizième Congrès national du Parti, en janvier prochain, et surtout élire leurs représentants au sein de la prochaine mandature. La génération du GAR Ngô Xuân Lịch (66 ans), ministre de la défense, atteint en effet sa limite d’âge en service et va passer la main à la jeune génération, née au début voire au milieu des années 1960, à l’image du GDI Nguyễn Tân Cương (56 ans) voire du contre-amiral Trần Thanh Nghiêm (50 ans). L’on devrait donc voir s’effacer plusieurs vice-ministres de la défense, même si l’incertitude entoure encore l’avenir de l’incontournable GCA Nguyễn Chí Vịnh (63 ans). Comme de rigueur dans ces travaux de succession, les débats seront menés dans la plus grande confidentialité, sous la houlette du général Lịch et surtout du Département général politique, puis endossés par le secrétaire général du PCVN Nguyễn Phú Trọng qui sera lors de cet événement dans son rôle de secrétaire de la Commission militaire centrale du Parti plus que dans celui de chef de l’Etat.