Du 27 au 29 mai 2019, le général d’armée Wei Fenghe, ministre chinois de la défense, a été reçu à Hanoi. Dans un contexte actuellement apaisé entre les deux pays, et à quelques jours de l’ouverture de la session annuelle du Shangri-La Dialogue (Singapour, du 31 mai au 02 juin), cet événement a permis au ministre chinois et à son homologue vietnamien, le général d’armée Ngô Xuân Lịch, de soigner leur image de dirigeants œuvrant en faveur de la paix et la stabilité régionale.
Comme de coutume, tapis rouge et garde d’honneur ont été déployés pour accueillir cet hôte de marque, qui effectuait sa seconde visite au Viêt Nam depuis sa prise de fonctions, au printemps 2018. Après avoir été accueilli par le général Lịch et une partie de son haut état-major, le général Wei Fenghe a participé à une réunion de travail au cours de laquelle le contexte sécuritaire régional a été passé en revue et les principaux axes de coopération pour l’année à venir ont été discutés. Parmi ceux-ci l’on retiendra notamment les relations entre marines, armées de l’air et défense sol-air, et garde-frontières, les liens entre départements généraux chargés des industries de défense, et les opérations onusiennes de maintien de la paix - avec en corolaire l’approfondissement des relations entre services de santé des armées. En outre, sous l’égide des deux ministres, plusieurs accords ont été signés (formation d’officiers vietnamien en Chine en 2019-2020, partenariat entre les instituts de la défense nationale).
En marge de ces entretiens, le général Wei Fenghe et sa délégation se sont vu proposer un programme d’activités circonscrit à la capitale : l’incontournable cérémonie au mausolée d’Hồ Chí Minh, une visite à l’Institut de la défense nationale et un déplacement à l’hôpital militaire 108. A cette occasion, la délégation chinoise a offert quelques équipements médicaux destinés à être employés dans des opérations de secours d’urgence, notamment en cas de catastrophe naturelle.
Un geste qui s’inscrit dans le prolongement des enseignements que le général Wei Fenghe a pu retirer de sa participation, du 19 au 21 novembre 2018, aux cinquièmes rencontres « d’amitié » sino-vietnamiennes, qui s’étaient déroulées de part et d’autre de la frontière, dans les provinces de Cao Bằng et du Guangxi, et durant lesquelles un exercice conjoint basé sur un scénario de catastrophe naturelle avait été mené.
Enfin, le général Lịch, qui sera de facto en charge de coordonner et d’organiser les événements relevant de l’actualité de défense de l’ASEAN en 2020, année de la présidence de l’Association par le Viêt Nam, a officiellement invité son homologue à participer au prochain sommet des ministres de la défense de l’ASEAN élargie (ADMM+), et à envoyer des bâtiments à la revue navale internationale qui marquera, en mai 2020 au large de Nha Trang, l’anniversaire de la marine populaire vietnamienne.
Autant de signes qui peuvent laisser augurer une période de calme prolongé entre les deux pays, qui célèbreront en 2020 le soixante-dixième anniversaire de leurs relations diplomatiques.
Seule ombre au tableau de cette visite réussie, le ministre chinois de la défense n’a visiblement pas été reçu par le secrétaire général du Parti communiste vietnamien et président de la république Nguyễn Phú Trọng, rencontre pourtant systématique lors de visite d’une autorité de ce rang. La réception du général Wei Fenghe par la seule Mme Nguyễn Thị Kim Ngân, présidente de l’assemblée nationale, a forcément relancé les questionnements sur l’état de santé du numéro 1 du pays, préoccupante depuis la mi-avril. La brève publication de quelques photos dans les médias vietnamiens, suite à la participation (ou une simple apparition, bien mise en scène) de M. Trọng à une réunion du bureau politique du comité central du Parti communiste vietnamien (14 mai, ci-dessous), n’avait pas fait taire les inquiétudes sur la capacité du chef de l’Etat à assumer ses fonctions. Cette situation, sur laquelle ni le Parti ni le porte-parole du gouvernement ne font fait de commentaire, la santé du chef de l’Etat relevant du secret d’Etat, est amenée à perdurer.