samedi 30 janvier 2016

Stage de langue anglaise au profit du personnel de l'hôpital militaire 354

Pas à pas, l’armée vietnamienne continue d’acquérir un bagage devant lui permettre de s’insérer dans une opération onusienne de maintien de la paix avec des effectifs plus significatifs que ceux actuellement déployés (pour mémoire : deux officiers au Soudan du Sud et trois autres en République centrafricaine). Cœur des ambitions annoncées depuis plusieurs années par les hauts responsables du ministère de la défense : le déploiement d’une unité médicale de type rôle 2 (hôpital militaire de campagne), puis celui d’une compagnie du génie. A ce jour, ces déclarations ne laissent pas entrevoir de date réelle de déploiement, les autorités vietnamiennes mentionnant régulièrement un calendrier qui glisse de déclaration en déclaration.

Pour autant, les déclarations d’intention se concrétisent sur le plan acquisition de connaissances, au moins linguistiques. En ayant frappé à de très nombreux portes, en l’occurrence celles des principaux pays anglophones, occidentaux et en Asie, les candidats aux opérations extérieures bénéficient de stages de langue, au Viêt Nam mais aussi dans les pays partenaires.
Ainsi, le 28 janvier 2016, quelques membres de l’hôpital militaire 354, situé à Hanoi, ont reçu leurs attestations de réussite à un stage ciblé sur les opérations de maintien de la paix, organisé par l’ambassade des Etats-Unis. Sourires de rigueur, tant du général de brigade Phan Bá Dân, directeur adjoint de Département général logistique du ministère de la défense, que des stagiaires, qui vont donc grossir les rangs du vivier de personnel identifié pour être projeté, dès lors que le deuxième volet de la préparation opérationnelle – l’acquisition des standards techniques pour intégrer une opération onusienne – sera atteint.
Américains et Vietnamiens unis dans un objectif commun
Quoiqu’il en soit, ces formations – au demeurant peu coûteuses mais qui permettent à ceux qui les organisent de pénétrer des organismes jusqu’alors souvent refermés sur eux-mêmes – offrent autant d’atouts aux militaires vietnamiens pour communiquer avec des partenaires toujours plus nombreux à offrir leurs offres de coopération à l’armée populaire, dans un contexte de profonde modernisation de ses capacités et d’ouverture sur l’international. Si l'engagement sous béret bleu n'est pas pour l'immédiat, les connaissances linguistiques acquises sont mises en pratique rapidement, à l'image d'une population hanoienne qui a compris depuis longtemps l'importance de la pratique de la langue anglaise, dans une capitale qui ne cesse de se développer.

vendredi 29 janvier 2016

Acheminement du cinquième sous-marin vietnamien: dernière étape avant Cam Ranh

Quasiment un an après avoir transité par Singapour avec à son bord le sous-marin HQ-184 Hải Phòng  (25 janvier 2015), la barge affrétée Rolldock Star, transportant cette fois le Kilo HQ-186 Đà Nẵng, a entamé le 29 janvier une courte escale à Singapour, plus d’un mois après avoir quitté Saint Petersburg (Russie). Tout comme lors de sa précédente mission, le navire a évité le détroit de Malacca et est entré en mer de Chine méridionale via le détroit de la Sonde (Indonésie).
A l’image des acheminements des quatre premiers sous-marins, toujours par la même compagnie néerlandaise, le Rolldock Star devrait donc atteindre discrètement Cam Ranh à l'horizon du 1er février. Le HQ-186 Đà Nẵng rejoindra donc la brigade sous-marine 189 avant le Tết. Sous la direction de son pacha, le capitaine de corvette Nguyển Thành Vinh, le bâtiment et son équipage seront prêts à découvrir leur nouvel environnement opérationnel.
14 octobre 2015: cérémonie de fin de formation à Saint Petersburg
 

Les attachés de défense étrangers reçus au ministère de la défense

Deux jours après la clôture du douzième congrès national du Parti communiste vietnamien (PCVN), qui a vu la relève de nombreux hauts dirigeants, dont – pour la communauté de la défense – le non renouvèlement au sein du Comité central du général d’armée Phùng Quang Thanh, ministre de la défense, et l’accession du général d’armée Ngô Xuân Lịch au Bureau politique du Comité central, synonyme de succession du général Thanh, le ministère de la défense a accueilli les attachés de défense en poste à Hanoi pour des vœux – quelque peu anticipés – à l’occasion de la nouvelle année (Tết Bính Thân, le 08 février).
Le général de division Vũ Chiến Thắng, chef du bureau affaires extérieures du ministère de la défense, en a profité pour rappeler la posture nationale vis-à-vis des questions de défense, soulignant la volonté du pays de développer ses relations de manière pacifique, sans interférence dans les affaires intérieures des Etats (et exigeant donc le respect de l’intégrité territoriale vietnamienne, déjà mise à mal en ce début d’année en mer de « l’Est » par l’activisme chinois).
Si les résultats du Congrès, et les changements qu’ils impliquent dans la haute hiérarchie militaire, n’ont pas été au cœur des propos du général Chiến Thắng, le doyen des attachés de défense (colonel Mpiwa Kgoiso Abiel, Afrique du Sud) a salué les « succès » de ce rendez-vous clé du début de l’année, une manière très diplomatique de prendre acte de l’investiture d’une nouvelle équipe dirigeante à la tête du Parti, et bientôt de l’Etat après les élections législatives du 22 mai prochain.

mercredi 27 janvier 2016

Terre!

 

Alors que le Parti communiste achève de désigner sa nouvelle équipe dirigeante pour les cinq prochaines années, attirant l’attention de tous les médias nationaux et parfois occidentaux, c’est loin des feux des caméras que le Lê Qúy Đôn, premier voilier école de la marine populaire, a bouclé ce 27 janvier 2016 en milieu d’après-midi son tour du monde. Quatre mois après son départ de Gdansk (Pologne), le 28 septembre 2015, et au terme d’un périple qui l’a conduit à traverser les océans Atlantique et Pacifique via Panama et Tahiti, le trois mâts barque a enfin fait son entrée dans le port de Nha Trang, son nouveau port d’attache et site de l’Ecole navale.

L’équipage vietnamo-polonais a été accueilli par le contre-amiral Nguyễn Văn Ninh, adjoint au commandant en chef de la marine populaire, qui a chaleureusement félicité le lieutenant de vaisseau supérieur Lã Văn Tám, premier pacha du voilier.
Un vent d’espoir et de fierté pour cette marine jeune, qui bénéficie depuis 15 ans d’un effort de tout premier plan pour acquérir un statut de marine moderne et respectée dans la sous-région. Un statut en cours d’acquisition, mais qui n’effarouche pas la puissante et provocante Chine, dont les activités dans cette mer « de l’Est » n’ont pas fini de susciter l’ire de Hanoi.

samedi 23 janvier 2016

Une délégation de l'armée de terre japonaise reçue à Hanoi

Le 19 janvier 2016, le général de division Nguyễn Quốc Khánh, adjoint au chef d’état-major général des armées, a accueilli une délégation de l’armée de terre japonaise, dirigée par le général de brigade Katsuki Takada. Si la couverture de presse a été très discrète, de surcroît dans un contexte où les esprits sont tournés vers les échéances du Parti communiste, avec un œil sur les provocations chinoises en mer de l’Est, le Japon confirme ses ambitions de s’afficher plus fortement comme un partenaire de confiance d’un Viêt Nam à la recherche de soutiens, notamment asiatiques, face à son encombrant voisin.

Depuis les rencontres bilatérales de haut niveau, à l’automne 2015, Tokyo réitère ses intentions de se montrer plus souvent présent sur les rives de la mer « de l’Est », à l’image de la récente annonce du ministère de la défense de faire poser ses avions de patrouille maritime, sur leur trajet retour de leurs missions de lutte anti-piraterie dans le golfe d’Aden, dans les pays d’Asie du sud-est, en particulier au Viêt Nam et aux Philippines. Ces annonces doivent encore se concrétiser, très probablement dès février.

Livraison de deux patrouilleurs à la police maritime

Le 22 janvier 2016, les chantiers navals Hồng Hà (connus aussi sous le nom de Z-173) à Hải Phòng, ont livré à la police maritime vietnamienne deux patrouilleurs côtiers de type TT-400.
La cérémonie a été présidée par le colonel supérieur Phạm Kim Hậu, commandant en chef adjoint et chef de l’état-major de la police maritime, en présence du général de brigade Nguyễn Công Thành, directeur adjoint du Département général technique du ministère de la défense, et des représentants de la première région de police maritime (Hải Phòng), à laquelle les deux patrouilleurs vont être rattachés.
Remise des clés des bâtiments à leurs pachas
Ces bâtiments portent les numéros CSB 4036 et CSB 4037. Ils sont les sixième et septième exemplaires d’une série de TT-400 destinés à renforcer la flotte de la police maritime, lancée dans un vaste programme de renouvèlement et de modernisation de ses bâtiments.
Les deux patrouilleurs dans les bassins du chantier naval, décembre 2015
Construits dans un temps record de 13 mois (contre 20 pour les exemplaires précédents), ces petits bâtiments (54 m de long pour 9,3 m de large, et jaugeant 424 tonnes) sont conçus pour être déployés pour des missions pouvant atteindre 30 jours. Leur armement se compose de deux mitrailleuses antiaériennes de 14,5 mm, d’un canon de 76 mm automatique et d’une tourelle AK 630 comprenant six tubes de 30 mm dont le tir est guidé par radar.

Escale à Singapour de la frégate Đinh Tiên Hoàng

Le 23 janvier 2016, la frégate lance-missiles HQ-011 Đinh Tiên Hoàng a accosté à la base navale de Changi, à Singapour, pour une escale de quatre jours. Selon le capitaine de vaisseau supérieur Lê Xuân Thủy, commandant en chef adjoint de la marine populaire et responsable de ce déploiement, il s’agit de la seconde escale d’un bâtiment vietnamien à Singapour.
Trois jours après avoir quitté son port base (Cam Ranh), le bâtiment s’apprête à prendre la destination de Visakhapatnam (Inde), où il est attendu du 04 au 08 février.
Même si les relations entre marines singapourienne et vietnamienne sont ténues, cette escale est présentée (par les médias vietnamiens) comme un symbole de l’excellence des relations entre les deux Etats, à l’image de ce qui est attendu d’Etats membres de l’ASEAN.
Les relations bilatérales de défense sont cadrées par un accord de coopération, qui date de 2009. Dans le prolongement de cette impulsion, les deux marines ont signé en 2010 un accord sur la mise sur pied d’un groupe de travail conjoint. Depuis, cet organe s’est réuni une fois par an, pour aborder des questions relatives à la sécurité en mer de Chine méridionale, la coopération bilatérale, et des échanges d’expertise.

vendredi 22 janvier 2016

Premier déploiement naval vietnamien en océan Indien

Le 20 janvier en début de matinée, la frégate lance-missile HQ-011 Đinh Tiên Hoàng, l’un des deux fleurons de la brigade navale 162 (subordonnée à la 4e région maritime), a appareillé depuis la base navale de Cam Ranh et entamé un déploiement d’un mois. Contrairement à la dernière campagne du bâtiment, qui l’avait mené – de concert avec la frégate HQ-012 Lý Thái Tổ – dans les marches méridionales de la mer de Chine méridionale (05 novembre au 03 décembre 2014), cette campagne revêt un caractère historique pour la marine populaire. En effet, le Đinh Tiên Hoàng fait route à destination de l’océan Indien, qu’il atteindra dans quelques jours après avoir franchi le détroit de Malacca.

Cette première campagne d’un bâtiment de guerre vietnamien dans ce grand océan, loin de ses bases, a pour double objectif la découverte d’un nouvel environnement et l’approfondissement de compétences opérationnelles, ainsi qu’un volet de diplomatie de défense. En effet, le bâtiment est attendu en Inde, où il participera du 04 au 08 février à l’International Fleet Review (*) aux côtés de navires d’une cinquantaine de pays, à Visakhapatnam, la grande base navale sur la côte Est indienne.

La mission est placée sous le commandement du capitaine de vaisseau supérieur Lê Xuân Thủy, l’un des adjoints au commandant en chef de la marine.
La frégate, qui embarque pour l’occasion son hélicoptère Ka-28, est commandée par le capitaine de frégate Nguyễn Quang Huy. Le contre-amiral Phạm Hoài Nam, commandant en chef de la marine, est quant à lui attendu pour les cérémonies, qui regrouperont de nombreux chefs d’état-major de marines et de hautes personnalités de nombreux partenaires de l’Inde. Outre la parade navale (06 février), l’équipage et son encadrement participeront avec les autres délégations à un grand défilé à terre (07 février), ainsi qu’à diverses activités de cohésion.

Sur son transit aller, le Đinh Tiên Hoàng fera escale à Singapour, là aussi une première pour ce bâtiment.

Enfin, cette campagne revêtira un cachet particulier par le fait que l’équipage fêtera donc le Tết durant un déploiement, contrastant avec la baisse d’activités qui marque traditionnellement cette semaine de fête.

(*) La précédente International Fleet Review avait été organisée en 2001 à Mumbai.  Cliquez ici pour accéder au portail de l’événement de 2016.


 

Provocation chinoise, cette fois dans le golfe du Tonkin

Une accalmie ne dure jamais longtemps, surtout entre voisins chinois et vietnamien… Alors que l’année 2015 avait été placée sous le signe du réchauffement diplomatique entre Hanoi et Pékin, après une année 2014 marquée par de fortes tensions en mer « de l’Est », mais sans que cela ne puisse être pris comme de bon augure pour les mois à venir, force est de constater que 2016 est déjà marqué par un retour de balancier, sciemment distillé par la Chine. Les soudaines activités aériennes sur l’îlot de Fiery Cross Reef, dans les Spratley, ont allumé le feu des tensions dès le 02 janvier, puis ont été attisées le 06 janvier, donnant lieu à des joutes de communiqués, Hanoi condamnant des violations de son espace aérien (revendiqué) et des activités chinoises contraires au droit international, tandis que Pékin se proclamait maître chez lui – y compris dans cette « langue de bœuf » en mer de Chine méridionale.

A peine le temps de laisser les esprits – vietnamiens - s’apaiser, de surcroît au moment où le Parti communiste achevait ses derniers préparatifs avant de se concentrer sur les travaux du douzième Congrès national, temps fort de la vie du pays car synonyme de passation de témoin entre deux générations de dirigeants, qu’un nouvel incident semble s’être fait jour, cette fois dans le golfe du Tonkin.

Circonstance troublante, le 19 janvier, veille d’inauguration des travaux du Congrès, le porte-parole du ministère vietnamien des affaires étrangères, Lê Hải Bình, révélait que, depuis le 16 janvier, une plateforme de forage pétrolière chinoise avait fait mouvement au sud-ouest de Hainan et avait été détectée dans une zone encore non officiellement délimitée, donc interdite à toute activité d’un pays comme de l’autre. La plateforme HD-981, celle-là même qui avait été à l’origine de la vague de tensions à l’été 2014 à l’ouest des Paracel, devenait à nouveau une épine dans des relations très irritées.

Pour autant, le risque que l’événement dégénère en une nouvelle crise semble ténu, Hanoi ne pouvant se détourner de ce temps fort politique qu’est le Congrès du Parti. Cependant, cette nouvelle provocation chinoise n’est pas fortuite, et vise subtilement à perturber le climat de travail des représentants du Parti, repliés sur eux-mêmes durant huit jours. Un message que les cadres du Parti ne peuvent ignorer, et qui appelle une réponse. Mais par-delà la condamnation diplomatique, aucune action ne semble à nouveau possible. La population en sortira à nouveau frustrée de constater que ses dirigeants, qui élèvent les questions de souveraineté territoriale au rang du sacré, sont incapables de faire entendre leurs exigences – souvent fondées il est vrai. Objectif atteint donc pour Pékin, qui sème ainsi le trouble dans la confiance que le peuple vietnamien doit à ses représentants, qui ne cessent de marteler que les intérêts du peuple sont le fondement de toute l’action du Parti. Une confiance bien ébréchée...

samedi 16 janvier 2016

Une délégation de l'Ecole navale indienne reçue à Hanoi


En ce début d’année atone sur le plan des échanges de délégations, militaires mais aussi diplomatiques, en raison de la dernière ligne droite des préparatifs du douzième congrès national du Parti communiste vietnamien (14ème plénum de la 11ème mandature du Comité central du Parti réuni du 11 au 13 janvier), le général de corps d’armée Võ Văn Tuấn, adjoint au chef d’état-major général des armées, a accueilli le 14 janvier une délégation de l'Ecole navale indienne, dirigée par le contre-amiral Vithal Ram Peshwae.

Cette visite s’inscrit dans le prolongement de celles de nombreuses hautes autorités indiennes au Viêt Nam, et s'intègre dans le plan de coopération 2015 - 2020 signé entre les deux partenaires lors de la visite du général Phùng Quang Thanh à New Delhi (23 au 26 mai 2015). (*)
Elle confirme l’étroitesse des relations entre marines des deux pays, mais aussi l’intérêt marqué de New Delhi pour suivre au plus près l’actualité déjà tendue en ce mois de janvier en mer de Chine méridionale.
(*) Le 02 novembre 2015, le général de brigade aérienne Kariat Vaduk Koote Surendran, directeur adjoint de l’Ecole de l'Air indienne (College of Air Warfare, situé à Hyderabad), avait lui aussi été reçu à Hanoi.


samedi 9 janvier 2016

Coup de froid sur les relations entre Hanoi et Pékin

Le 02 janvier 2016, la Chine a fait atterrir pour la première fois un petit jet civil sur la petite île de Fiery Cross Reef, atoll situé dans la partie occidentale de l’archipel des Spratley, en mer de Chine méridionale, et sur lequel Pékin mène depuis plus de deux ans une intense campagne de poldérisation. Outre de nombreuses infrastructures, dont un port en eau profonde, ces travaux ont permis de faire émerger une piste de 3 000 mètres de long, permettant à Fiery Cross Reef (Yongshu pour Pékin) de faire figure de porte-avion chinois à 1 000 km au sud de l’île de Hainan. Un porte-avions jusqu’alors sans avions…
03 septembre 2015
Malgré les protestations officielles immédiates de Hanoi, puis de Manille, un second test – de la piste et des réactions internationales - a rapidement été mené par les Chinois, à un niveau supérieur. Le 06 janvier, deux gros porteurs civils - un Airbus A319 (B-6203) de la compagnie China Southern Airlines et un Boeing 737 (B-5620) de Hainan Airlines – ont décollé de l'aéroport international de Haikou Meilan pour se poser après deux heures de vol sur Fiery Cross Reef (à 10h21 et 10h46). Le temps de célébrer avec faste l’événement, les deux appareils ont redécollé et rejoint Meilan dans l’après-midi.
 
Faisant fi de toutes  les condamnations tant des pays riverains, eux-mêmes revendiquant tout ou partie de cette mer, que des grandes puissances internationales, Etats-Unis en tête, Pékin affiche clairement son intention de développer les activités aériennes de cette île. Si ces posers d’aéronefs sont aisément présentés comme des tests de capacités techniques d’une nouvelle piste (Pékin arguant du fait que tout pilote d’avion en détresse doit pouvoir être amené à poser son appareil sur cette île), personne ne saurait être dupe. Continuant de mettre en œuvre une stratégie des petits pas, alternant provocations, démentis des condamnations régionales et internationales, puis renouvèlement des activités sur un rythme crescendo, Pékin prend adroitement la communauté internationale à la gorge par cette double opération « surprise » mais certainement planifiée de longue date.

Alors que le monde se réveillait du saut dans la nouvelle année, un saut placé sous le signe d’une crise entre l’Iran et l’Arabie saoudite, s’ajoutant à tous les foyers de tensions existant déjà, ce « test » de cette piste est une gifle retentissante – quoique attendue aussi depuis plusieurs mois – pour les riverains de la mer de Chine méridionale, au premier plan desquels le Viêt Nam – et les Philippines. Comme ce blog l’évoquait il y a quelques jours, l’embellie – réelle – des relations diplomatiques entre Hanoi et Pékin en 2015, essentiellement à l’initiative de Hanoi, n’a nullement effacé le profond différend sur la mer « de l’Est », qui voit Hanoi demeurer incapable de contenir cette avide « langue de bœuf » chinoise (*) au cœur même de son espace stratégique oriental. Un coup de sonde en force, qui tranche avec les sourires du président Xi Jinping recevant le président de l’assemblée nationale vietnamienne il y a dix jours.

Sans surprise, l’ambassadeur chinois à Hanoi a été convoqué au ministère vietnamien des affaires étrangères le 02 janvier pour y recevoir un message de condamnation des activités de son pays sur ces terres revendiquées par le Viêt Nam (sous le nom de Đá Chữ Thập). Sans surprise, Pékin a aussitôt contrebattu cette condamnation, mettant en valeur le fait que cette opération concernait une partie intégrante du territoire national chinois.
Le ton est donc donné, à deux semaines de l’ouverture du douzième congrès national du Parti communiste vietnamien (PCVN), et alors que le Comité central du Parti doit se réunir en un dernier plénum le 11 janvier, Pékin confirme son intention de rester en position de force, convaincu que Hanoi ne pourra se lancer dans un bras de fer dans une période sur décisive pour ses dirigeants. Cette secousse en mer de Chine méridionale sonne comme un message d’affirmation de puissance, un message qui attend une réponse concrète de fermeté, mais que Hanoi ne peut délivrer – malgré les déclarations de fermeté de M. Lê Hải Bình, porte-parole du ministère vietnamien des affaires étrangères.

Après la vague de protestations, Pékin devrait continuer de valoriser son point d’appui en mer de Chine méridionale, tel un piercing brillant dans cette « langue de bœuf » ostensiblement tirée à la face de ses voisins, contraints de rire jaune et de trouver les moyens de ne pas perdre la face devant leurs opinions publiques. Un challenge ô combien difficile à relever, même dans un pays aussi strictement contrôlé par le Parti.

(*) Lưỡi bò, espace maritime délimité par les neuf traits correspondant aux revendications chinoises en mer de Chine méridionale.

jeudi 7 janvier 2016

Escale russe à Đà Nẵng

La première escale de l’année au Viêt Nam est donc russe (*). Ce 06 janvier, un groupe naval de la flotte russe du Pacifique, de retour de déploiement en océan Indien, est entré en baie de Đà Nẵng. Placé sous  le commandement du contre-amiral Aleksandr Yurevich Yuldashev, il se compose du Bystry (nmr 715), destroyer de la classe Sovremenny - spécialisé dans la lutte anti-sous-marine, du pétrolier ravitailleur Boris Butoma et du remorqueur Altau. Seul le Bystry a accosté au port militaire de Tiên Sa, ses deux bâtiments d’escorte mouillant dans la baie de Đà Nẵng.
Le contre-amiral Yuldachev et son état-major ont été accueillis par les représentants de l’ambassade et du consulat russes de Hanoi et Đà Nẵng, ainsi que par les autorités civiles et militaires locales (commandement de la 3ème région maritime et de la 5ème région militaire).
La précédente escale russe, toujours à Đà Nẵng, avait eu lieu du 31 juillet au 02 août 2015 (destroyer Amiral Panteleyev, remorqueur SB-522 et ravitailleur Penhega). Alors que Moscou ne cache pas son souhait de bénéficier de facilités d’escales dans la grande base navale de Cam Ranh, Hanoi ne semble pas accéder à cette requête, offrant aux navires russes les mêmes accès que ceux délivrés aux autres nations désireuses de faire relâche au Viêt Nam (une escale annuelle, dans l’un des principaux ports militaires du pays - Hải Phòng, Đà Nẵng ou Hô Chi Minh-Ville).

(*) En 2015, c'est un task group américain qui a avait le premier fait escale au Viêt Nam (06 au 10 avril, toujours dans le port de Tiên Sa).

vendredi 1 janvier 2016

Le courant passe entre militaires vietnamiens et chinois

L’établissement d’une ligne rouge téléphonique entre les ministères vietnamien et chinois de la défense, évoquée depuis les tensions qui ont émaillé les relations bilatérales dans le second semestre 2014, semble être devenu une réalité. En effet, pour clôturer une année dans laquelle les militaires ont été l’un des fers de lance du resserrement des relations bilatérales, le général d’armée Phùng Quang Thanh, ministre de la défense, a appelé directement son homologue chinois, le général d’armée Chang Wanquan, le 31 décembre.
Une initiative qui confirme la volonté du haut état-major vietnamien de maintenir le contact étroit avec Pékin, non seulement dans un contexte diplomatique de vœux (le Tết approchant - 08 février) mais qui s’inscrit aussi dans une tendance qui souligne la promptitude du Viêt Nam à condamner toute atteinte à ses droits sacrés - intégrité territoriale en tout premier lieu - par son puissant voisin, mais aussi sa célérité pour s’afficher en fervent défenseur de relations bilatérales apaisées.
15 mai 2015: rencontre des deux ministres de la défense à Lào Cai
A trois semaines du Congrès national du Parti communiste vietnamien, qui verra certainement Pékin être invité à envoyer des représentants, la médiatisation de cette démarche vise aussi à montrer à l’opinion nationale la position proactive de ses militaires, des militaires qui, comme le veut la tradition, ont reçu l’hommage du président Trương Tấn Sang dans ses vœux à la nation, ce même jour.