Le 21 septembre 2018 en milieu de matinée, le général d’armée Trần Đại Quang, président en exercice de la république socialiste du Viêt Nam, est décédé à l’hôpital militaire 108 de Hanoi. Âgé de 62 ans, il souffrait d’une « maladie rare » selon les autorités vietnamiennes (très probablement un cancer du foie) dont les premiers effets s’étaient fait ressentir peu de temps après son élection à la présidence. Ainsi, depuis juillet 2017, il s’était rendu au moins six fois au Japon pour y être soigné.
Né le 12 octobre 1956 dans la province de Ninh Bình (Nord), Trần Đại Quang était membre du Parti communiste vietnamien (PCVN) depuis 38 ans. Il avait entamé sa carrière au sein de la sécurité publique en 1972. Titulaire d’un doctorat en droit, maîtrisant la langue chinoise, il avait gravi tous les échelons de ce puissant ministère, dont il avait pris la tête en août 2011 avant d’être promu général d’armée en 2012. Sa progression au sein du PCVN a été tout aussi rapide. Membre du comité central depuis 2006 (dixième congrès national), admis en 2011 au sein du bureau politique, sa nouvelle progression dans les hautes instances dirigeantes du Parti en janvier dernier couronnait un parcours sans tache.
Dans le prolongement du douzième Congrès national du PCVN, mi-janvier 2016, durant lequel il avait fait son entrée au bureau politique du comité central du Parti, le général Quang avait été élu (*) le 02 avril 2016 par l’assemblée nationale à la tête de la république socialiste du Viêt Nam, second poste par ordre d’importance après le secrétaire général du PCVN (Nguyễn Phú Trọng). La réalité du pouvoir appartenant essentiellement au secrétaire général du PCVN, le successeur de M. Trương Tấn Sang à la tête de l’Etat a surtout exercé des fonctions de représentation, en accueillant notamment tous les hauts représentants étrangers en visite dans le pays. Sa dernière apparition dans cet exercice diplomatique a été l’accueil du président indonésien, Joko Widodo, le 12 septembre 2018 (ci-dessous).
L’on pourra saluer son abnégation dans ses fonctions, dans lesquelles il a vu son ancien ministère perdre un peu de sa toute puissance, avec plusieurs hauts dirigeants sanctionnés pour avoir commis de « graves lacunes dans leur travail » (implication dans des scandales de corruption). Ainsi, le 08 août 2018, le général de corps d’armée Trần Việt Tân, ex-vice-ministre de la sécurité publique, a été rétrogradé au rang de général de division, tandis que le général de division Bùi Văn Thành, vice-ministre de la sécurité publique, a été démis de ses fonctions et rétrogradé au grade de colonel supérieur.
Les funérailles du président Quang auront lieu le 26 septembre.
Sa dernière lettre restera celle qu'il a signée, le 20 septembre, à l'attention de la jeunesse pour les festivités du Tết de la mi-automne (Tết Trung Thu).
Comme le définit la Constitution, en cas de vacance de la présidence de l’État, les fonctions de chef de l’État sont exercées par intérim par le vice-président de la république jusqu’à l’élection du nouveau président par l’assemblée nationale. Cette fonction appartient désormais à Mme Đặng Thị Ngọc Thịnh (59 ans), une sudiste qui a effectué sa carrière au sein de l’appareil du PCVN de cette région. Pour la première fois, une femme accède donc (temporairement) à la présidence de la république socialiste du Viêt Nam. Le 23 septembre, la présidente de l’assemblée nationale, Mme Nguyễn Thị Kim Ngân, a signé la notification entérinant cette mesure (317/TB-UBTVQH14).
(*) Sur les 483 députés (sur 494) présents lors du vote, 91,50 % avaient voté en faveur du général Quang.
(**) Nous rappellerons que le chef de l’Etat, en matière de défense, est membre permanent de la commission militaire du comité central du PCVN.
En outre, selon la Constitution, ses principales responsabilités sont de :
- Promulguer les lois et décrets ;
- Nommer les ministres de la défense et de la sécurité publique ;
- Nommer - mais aussi révoquer - les officiers généraux ;
- En tant que commandant en chef des forces armées, et président du Conseil de la défense et de la sécurité nationale, nommer, promouvoir et révoquer les officiers généraux ; nommer le chef d’état-major général des armées et le directeur du Département général politique du ministère de la défense ; proclamer la mobilisation générale.
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