Equipage de l'USS Franck Cable à l'accostage |
Le 02 octobre 2016, une journée après avoir quitté Đà Nẵng, le destroyer lance-missiles USS John S. Mc Cain (DDG-56)
a fait escale dans la base navale de Cam Ranh. Le bâtiment, qui avait fait
escale quatre jours dans le grand port du Centre, d’où il avait participé à des
interactions avec la marine populaire, a été rejoint pour l’occasion par le
bâtiment ravitailleur de sous-marins USS
Franck Cable (AS-40), au terme
d’une traversée de la mer de Chine méridionale en provenance de la base navale philippine
de Subic.
L'USS John S. McCain |
L’information, brièvement annoncée
le 03 octobre par le département d’Etat américain, a aussitôt donné lieu à un
emballage médiatique, les agences de presse non-vietnamiennes ne tarissant pas de
dithyrambes sur « le retour américain à Cam Ranh », « la
première escale américaine à Cam Ranh depuis deux décennies », etc., allant
jusqu’à qualifier cette escale de conséquence directe de l’annonce, tout aussi
médiatisée, du président Obama, sur la « levée totale de l’embargo sur les
armes létales » (mai 2016, depuis Hanoi). En écho et plus sobrement, la
presse vietnamienne a - comme souvent - publié de nombreux articles, basés sur
des traductions de ceux des agences internationales. Et au bilan, après que
tant d’encre a coulé, l’on est toujours sans information réelle sur les motifs
de cette escale. En particulier, les autorités militaires vietnamiennes,
fidèles à leur culte du devoir de réserve, n’ont pas accordé d’interview,
laissant ainsi sur leur faim les impatients et les convaincus que la donne
avait subitement changé en mer de Chine méridionale.
Seule voix plus concrète (peut-être
trop concrète ?) dans cet abîme de suppositions, celle de la consule
générale américaine à Hô Chi Minh-Ville, Mme Mary Tarnokwa, qui dès le 03
octobre publiait sur son compte Facebook
quatre photos de cette escale, et confirmait que la présence des deux bâtiments
à Cam Ranh s’inscrivait dans la conclusion de cette semaine d’activités navales
conjointes (Naval Engagement Activity) dans les eaux de la 3e
région maritime. Tout suggère que, à l’image des droits d’accès à la rade de
Cam Ranh dont bénéficie la marine américaine en cas d’impératif technique
(autorisation de relâche pour réparation) – tout comme tout bâtiment confronté
à un incident technique important.
Le sentiment qui prévaut est que
certes la Navy a retrouvé un droit
d’accès lors à Cam Ranh lors d’un déploiement opérationnel, mais pas plus ni
moins que les autres marines croisant dans la région. Depuis son inauguration,
en mars dernier, la « base internationale de Cam Ranh » a ainsi
accueilli des bâtiments singapourien, japonais (deux fois), français, et russe.
Rien d’étonnant à ce que la marine américaine y soit accueillie, sur un pied
d’égalité avec les autres marines. L’on conservera aussi à l’esprit que le
général de corps d’armée Nguyễn Chí Vịnh, vice-ministre de la défense, chargé
des relations internationales, a aussi invité (30 mars 2016) la marine chinoise
à faire relâche à Cam Ranh.
Ainsi, loin de valoir un tel buzz
médiatique – qui a tout aussi rapidement cessé, faute de matière - cet
événement confirme plutôt d’ambition vietnamienne de faire de Cam Ranh le
principal port d’accueil des marines partenaires.
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