Il y a parfois un poids et deux mesures dans la
communication diplomatique.
Alors que l’escale de l’USS
Carl Vinson à Đà Nẵng, premier porte-avions américain à être accueilli au Viêt
Nam (05 au 09 mars 2018) depuis la fin de la guerre, a suscité un enthousiasme
sans précédent dans la communication officielle américaine, symbolisée par un flot de messages postés par les deux têtes de la diplomatie américaine au
Viêt Nam - l’ambassadeur Dan Kritenbrink et la consule générale à Hồ Chí
Minh-Ville Mary Tarnowka - qui n’ont pas
ménagé les superlatifs pour saluer l’amitié entre les deux peuples et l’investissement
américain auprès des victimes du conflit, tout en se faisant photographier à
tous les avant-postes de la vietnamophilie, le silence brutal de ces mêmes
autorités le 16 mars, cinquantième anniversaire du massacre de la population du
hameau de Mỹ Lai, dans la province de Quảng Ngãi (Centre), par la compagnie du lieutenant
William Calley (16 mars 1968 [*]) interpelle.
Si certains seront
prompts à y voir une marque de respect du passé, d’autres, coutumiers des
photos de ces deux autorités s’inclinant devant les caméras dans les pagodes qu’ils
visitent dans l’exercice de leurs fonctions, s’interrogeront et regretteront
cette absence et ce mutisme absolu.
Alors que l’ex-président
de la république Trương Tấn Sang présidait la cérémonie en présence de
familles de victimes et d’anciens combattants américains, dont le photographe
militaire Ronald Haeberle, qui appartenait à la compagnie Charlie du lieutenant Calley et dont les photos attestant du
massacre ont fait le tour du monde, la présence du numéro 1 de la diplomatie
américaine dans le pays eût été appréciée, concrétisant physiquement ses nombreuses
déclarations sur l’amitié entre deux peuples désormais résolument tournés vers
un avenir commun, dans le respect d’une Histoire commune, quoique certes douloureuse.
Des mots de pardon qui ont bien été prononcés par les autorités vietnamiennes lors
de la cérémonie, mais qui n’auront donc pas touché directement les hauts
représentants de Washington, absents non excusés des rangs.
A droite, Ronald Haeberle. |
L’on saura garder en
mémoire cette tache sur la communication jusqu’alors particulièrement réussie de
Dan Kritenbrink, depuis sa prise de fonctions en novembre dernier.
(*) 504 civils (182 femmes, 173 enfants et 60
personnes âgées) massacrés. Seule l’intervention d’un GI, Hugh Thompson (15
janvier 1943 – 06 janvier 2006) et de deux membres de son équipage d’hélicoptère,
qui se sont opposés à cette vague de violence meurtrière, a permis de sauver 12 personnes
d’une exécution assurée.
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