Dans le prolongement de l’élection
de Mme Nguyễn Thị Kim Ngân à
la tête de l’assemblée nationale (31 mars 2016), c’est maintenant au tour du vice-président
Huỳnh Ngọc Sơn –
un ex-général (*) de quitter ses fonctions (02 avril). Le comité permanent de
l’assemblée nationale a soumis, le 04 avril, deux candidatures de nouveaux
vice-présidents de cette instance : M. Phùng Quốc Hiển, président du
comité des finances et du budget de l’assemblée nationale, et un homme de poids
du ministère de la défense : le général d’armée Đỗ Bá Tỵ, vice-ministre de
la défense et chef d’état-major des armées en titre. Evincé le 26 janvier lors du douzième Congrès national du Parti communiste vietnamien (PCVN) de la
course à la succession du général d’armée Phùng Quang Thanh au poste de
ministre de la défense par le général d’armée Ngô Xuân Lịch, directeur du
puissant Département général politique de ce ministère, le général Tỵ voyait
ainsi se fermer définitivement toute opportunité d’accéder au poste suprême.
Pour autant, ses fonctions n’étaient pas directement menacées.
L’état-major des armées va donc devoir rapidement investir un successeur au général Tỵ, que l’on n’imagine pas cumuler ses fonctions à la tête de l’état-major général des armées et à l’assemblée nationale. La progression rapide du général de corps d’armée Bế Xuân Trường en 2014 – 2015 pourrait militer pour son accession à ce poste-clé, même si son âge (59 ans cette année) ne peut lui laisser ambitionner – à l’horizon 2021 – qu’un seul mandat de ministre de la défense.
Le 05 avril, les députés ont
finalement approuvé à une très large majorité (90,49 % des suffrages
exprimés) la candidature du général Tỵ (à droite ci-dessus), qui succède donc à Huỳnh Ngọc Sơn (et endossé aussi à 87,65 %
celle de Phùng Quốc Hiển). Une nomination qui bouleverse le monde très feutré
de la haute hiérarchie militaire, habituée à la progression bien huilée
d’officiers au parcours sans accroc (avec pour principaux critères : être
originaire du Nord du pays, avoir commandé de grandes unités dans le Nord, et avoir
mené en parallèle une progression exemplaire au sein du Parti communiste).
Une sortie du haut de la pyramide du ministère de la défense donc, certes par la grande porte mais en laissant l’impression d’avoir été un CEMG de transition (**). Un homme d’abord ouvert,
qui n’a pas ménagé son investissement personnel dans les efforts d’ouverture de
l’armée populaire vietnamienne (APVN) vers les armées occidentales, y compris
les Etats-Unis. Un chef bien connu des grands partenaires du Vietnam, qui va
donc quitter ses fonctions alors que le (futur) nouveau ministre de la défense
est quasi inconnu de ces armées vers lesquelles Hanoi cherche à nouer des
liens, en commençant par un « plus petit dénominateur commun »,
consistant en la signature de Memoranda
of Understanding (MoU) sur le soutien de l’APVN à l’acquisition de
compétences en matière d’opérations onusiennes de maintien de la paix. Un
capital confiance qui s’estompe et qu’il va falloir que le ministère de la
défense réimpulse, certes toujours avec comme cheville ouvrière le général de
corps d’armée Nguyễn Chí Vịnh – vice-ministre de la défense chargé des
relations internationales, homme de tous les déplacements, mais au passé marqué
par des années de service au sein des renseignements militaires.
A nouveau, l’on est tenté de voir dans le départ du général Tỵ - logique somme toute, pour les raisons
exprimées ci-dessus - un nouveau motif de satisfaction pour Pékin et Moscou,
qui ne peuvent que voir d’un bon oeil la mise en place d’une nouvelle équipe de
dirigeants sur lesquels les occidentaux – Etats-Unis en tête – n’ont pas de
levier d’influence.
L’état-major des armées va donc devoir rapidement investir un successeur au général Tỵ, que l’on n’imagine pas cumuler ses fonctions à la tête de l’état-major général des armées et à l’assemblée nationale. La progression rapide du général de corps d’armée Bế Xuân Trường en 2014 – 2015 pourrait militer pour son accession à ce poste-clé, même si son âge (59 ans cette année) ne peut lui laisser ambitionner – à l’horizon 2021 – qu’un seul mandat de ministre de la défense.
Faire des pronostics semble risqué en cette année où le Congrès du PCVN a
déjà rebattu les cartes. Mais avec les échéances des deux prochains mois
(visite du président Obama en mai, Shangri-La
Dialogue début juin), le jeu devrait être rapidement clarifié.
(*) Agé de 65 ans, le général Sơn a achevé sa carrière militaire
en 2007, alors qu’il commandait (en tant que général de division) la 5e
région militaire. Elu alors parmi les quatre vice-présidents de l’assemblée
nationale, il vient d’achever son second et dernier mandat.
(**) Rappelons que son parcours
s’est accéléré conjoncturellement en 2010, lors du décès du général de corps
d’armée Nguyễn
Khắc Nghiên, alors CEMG et
destiné à succéder au général Phùng Quang Thanh au poste de ministre de la
défense.
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