Les salons d’armement sont des événements incontournables de ce monde dont tous les dirigeants affirment, avec une conviction qui ne convainc que les marchands d’armes, vouloir apporter leur pierre à la paix internationale. L’Asie du sud-est n’échappe pas à la règle, comme en atteste ce premier grand rendez-vous de l’année qu’est le Singapore Airshow, qui fait tous les deux ans la part belle aux équipements des armées de l’air dans la région et bien au-delà.
En cette année de présidence vietnamienne des instances de l’ASEAN, c’est donc tout naturellement que le général de corps d’armée Nguyễn Chí Vịnh, vice-ministre de la défense, chargé des relations internationales, a fait le déplacement dans la cité-Etat à la tête d’une petite délégation dans laquelle l’on notait la première apparition de l’ex-commandant en chef de l’armée de l’air et de la défense anti-aérienne, le général de division Lê Huy Vịnh, dans son nouvel uniforme d’adjoint au chef de l’état-major général des armées.
Outre les incontournables entretiens protocolaires, durant lesquels les généraux Vịnh ont invité leurs interlocuteurs (le secrétaire permanent à la défense Chan Heng Kee et le secrétaire d'État à la défense Heng Chee How, ainsi que le général de corps d’armée Melvyn Ong, chef d’état-major des armées) à honorer de leur présence les différents rendez-vous de la diplomatie de défense aséanienne qui seront organisés en 2020 au Viêt Nam, la délégation a sillonné les allées du salon au sein duquel les plus grands groupes industriels sont représentés – au bémol de quelques groupes, chinois notamment, contraints de s’abstenir par mesure de prévention sanitaire en raison de la pandémie de coronavirus.
Le général Nguyễn Chí Vịnh, la colonelle supérieure Đỗ Mai Khanh, attachée de défense vietnamienne à Singapour,
et l’ambassadrice du Viêt Nam à Singapour Tào Thị Thanh Hương.
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Si la délégation vietnamienne a été largement photographiée devant le stand d’Airbus, avec notamment son fleuron d’appareil de transport qu’est l’A-400M, bien connu des militaires vietnamiens depuis l’étape hanoienne de la mission PEGASE menée par l’armée de l’air française du 26 au 29 août 2018, aucun indice d’un intérêt plus concret de l’armée de l’air vietnamienne pour ces matériels de haute technologie n’a filtré. Une longue tradition dans ce monde de l’industrie de défense, comme l’illustre l’annonce publiée le 29 janvier dans les médias russes, puis reprise par la presse spécialisée occidentale et en dernier lieu par les médias vietnamiens, de la signature « en 2019» d’un contrat d’achat de 12 chasseurs d’entraînement Yak-130 auprès de la Russie, estimé à 350 millions de dollars. Une annonce qu’aucune autorité du ministère de la défense vietnamien n’a encore confirmée, et qui ne le sera certainement que lorsque les premiers appareils viendront à être livrés par An-124 ou IL-76.
Concentration des moyens humains (délégation bicéphale, avec les deux généraux Vịnh), interactions avec les plus hautes autorités singapouriennes sur fond d’agenda aseanien, contacts avec des grands groupes internationaux, en toute discrétion mais devant les objectifs des médias nationaux, tous les ingrédients d’une mission réussie sont rassemblés. Il ne reste (surtout) plus qu’à voir se concrétiser cette nouvelle étape de la modernisation de l’armée de l’air vietnamienne, avec la livraison des premiers Yak-130.
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