Plus d’un an après la seconde réunion du Comité conjoint de défense (CCD) - que le ministère vietnamien de la défense appelait Dialogue (de) politique de défense (Đối thoại Chính sách quốc phòng) - entre les ministères français et vietnamien de la défense (10 et 11 janvier 2018 au Viêt Nam), une délégation du ministère vietnamien de la défense s’est rendue à son tour à Paris du 1erau 04 juillet 2019 pour participer non plus à un CCD, mais à un Dialogue franco-vietnamien sur les questions stratégiques et la coopération de défense (DQSCD - Đối thoại Chiến lược và Hợp tác quốc phòng Pháp-Việt), première édition du genre. L’on verra dans cette nouvelle dénomination de cette réunion entre hauts états-majors la volonté – essentiellement vietnamienne – de retranscrire le plus fidèlement possible la teneur de cet exercice annuel, qui fait intervenir côté français la Direction générale de la stratégie et des relations internationales (DGRIS) du ministère des armées, l’état-major des armées et les représentants des trois armées, et la Direction générale de l’armement (DGA), et côté vietnamien le ministère de la défense et ses grands départements.
Emmenée comme de rigueur par le général de corps d’armée Nguyễn Chí Vịnh, vice-ministre de la défense, chargé des relations internationales, la délégation vietnamienne était essentiellement composée de membres du haut état-major, dont les incontournables généraux de division Vũ Chiến Thắng, directeur du Département des relations extérieures du ministère de la défense, et de brigade Hoàng Kim Phụng, le « monsieur opérations de maintien de la paix (OMP) » du ministère. Une délégation dont la couleur d’uniforme était fortement teintée armée de terre, voire interarmées, et dans laquelle l’armée de l’air et la marine brillaient par leur absence, symbole du peu d’interactions entre ces composantes et leurs homologues françaises, et qui laisse douter de l’impact de la mission PEGASE 2018 et des escales régulières que la marine française conduit au Viêt Nam.
Il n’en demeure pas moins que, si le fond des travaux est souvent peu mis en valeur, discrétion oblige, le poids des photos est toujours un effet majeur des déplacements du général Vịnh. Ainsi, l’accueil qui lui a été réservé le 1er juillet par Mme Darrieussecq, secrétaire d’Etat aux anciens combattants, a été très apprécié et a permis d’entrevoir une piste de coopération sur la Mémoire partagée.
En retour, le général Vịnh a logiquement invité son hôte, mais aussi la ministre des armées, à se rendre en visite au Viêt Nam. Cette invitation a été soutenue par le général Phụng, directeur du Département des OMP, qui a mentionné le fait que le Viêt Nam allait organiser à l’automne (très probablement en novembre) un colloque international sur la place des femmes dans les opérations de maintien de la paix des Nations unies. Recevoir à cette occasion la numéro un du ministère français des armées et/ou celle qui est considérée par les militaires vietnamiens comme sa numéro 2 serait ainsi particulièrement valorisant.
Le vice-amiral d’escadre Hervé de Bonnaventure, directeur adjoint de la DGRIS, et le général Vịnh ont co-présidé les entretiens, qui se sont articulés en un point de situation sur les questions de défense régionales, des discussions sur l’implication des deux pays dans les OMP onusiennes mais aussi de l’Union européennes en Afrique, des échanges entre officiels de la DGA et du Département général industries de défense, et bien sûr la revue des activités de coopération pour l’année écoulée et la validation du plan de coopération bilatéral pour l’exercice 2019-2020 - des questions sur lesquels les commentaires sont rares, comme de rigueur dans des domaines aussi sensibles.
Sans surprise, les deux délégations ont conclu leurs travaux sur l’engagement à accroître les échanges et la coopération dans leurs domaines majeurs (formation, notamment en matière d’opérations de maintien de la paix, de médecine militaire et de formation en langue française). La délégation vietnamienne, s’appuyant sur la mise en valeur par Mme Parly, lors du récent Shangri-La Dialogue, fin mai à Singapour, de la stratégie française dans la - vaste - région Indo-Pacifique, a quant à elle invité la marine française à participer à la revue navale internationale qui sera organisée, début mai 2020, au large de Nha Trang, en cette année de présidence de l’ASEAN par le Viêt Nam. Alors que le porte-avions Charles de Gaulle n’a pas poussé plus loin que Singapour lors de sa mission Clémenceau en 2019 - mais que la frégate de défense aérienne Forbin, qui était intégrée au groupe aéronaval, a fait escale à Hồ Chí Minh-Ville du 28 mai au 03 juin -, il est peu probable qu’un bâtiment français de premier rang s’aligne parmi les bâtiments attendus à cet événement. Une frégate de moindre importance pourrait cependant être présente, au moins pour illustrer les propos ministériels sur la présence de deux ou trois bâtiments français chaque année dans les eaux de la mer de Chine méridionale.
Au bilan, satisfecit des deux délégations : celle du général Vịnh pour avoir pu envoyer une quinzaine d’officiers en France s’acculturer dans cet exercice avec un pays qui pèse en Europe et dans les opérations de maintien de la paix en Afrique, au contact direct des quelques officiers vietnamiens qui servent sous béret bleu ; et du côté des officiels français pour avoir réussi à répondre autant que possible aux attentes d’un partenaire qui garde en mémoire les annonces relatives à la stratégie française pour l’Indo-Pacifique et demande une présence française durable à ses côtés, pour accompagner la modernisation de son armée et surtout l’aider à se préparer au mieux à remplir ses engagements internationaux.
Au bilan, satisfecit des deux délégations : celle du général Vịnh pour avoir pu envoyer une quinzaine d’officiers en France s’acculturer dans cet exercice avec un pays qui pèse en Europe et dans les opérations de maintien de la paix en Afrique, au contact direct des quelques officiers vietnamiens qui servent sous béret bleu ; et du côté des officiels français pour avoir réussi à répondre autant que possible aux attentes d’un partenaire qui garde en mémoire les annonces relatives à la stratégie française pour l’Indo-Pacifique et demande une présence française durable à ses côtés, pour accompagner la modernisation de son armée et surtout l’aider à se préparer au mieux à remplir ses engagements internationaux.
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