L’automne
est traditionnellement une période dense sur le plan des relations
diplomatiques à Hanoi, y compris de défense. La fin de la saison des typhons
est propice à de nombreux déplacements de délégations, qui joignent souvent
utilité des discussions à une courte excursion vers les eaux de la baie de Hạ
Long…
L’exception
vient parfois des visites de délégations américaines, dont les agendas sont
riches en symboles à défaut de déboucher sur la signature de contrats – et ce
malgré la levée « totale » de l’embargo sur les armes létales par le président
Obama, lors sa sa visite à Hanoi le 23 mai 2016. L’on a ainsi récemment vu
l’amiral Scott Swift, commandant les forces navales du Pacifique, se rendre en
compagnie de l’ambassadeur Ted Osius sur le site de la bataille de Bạch Đằng et
y brûler quelques bâtonnets d’encens (06 octobre 2017).
Le
24 octobre, un nouveau déplacement de l’ambassadeur Osius, cette fois accompagné
de la consule générale à Hồ Chí Minh-Ville Mary Tarnowka, à Biên Hoà (province
de Bình Dương, sud), a donné lieu à la même image de recueillement dans le
cimetière militaire de la ville, image qui a été largement diffusée sur les
sites Internet des deux diplomates
américains et a été accompagné d’un message fort tourné vers l’avenir des
relations entre les deux peuples :
Hoa Kỳ và Việt Nam có
thể hướng đến tương lai từ quá khứ, tăng cường quan hệ giữa nhân dân hai nước
và xây dựng một tương lai tốt đẹp hơn cho tất cả mọi người (les États-Unis et le Vietnam peuvent se tourner du passé vers le futur,
renforcer la relation entre leurs deux peuples et construire un meilleur avenir
pour tous).
Le
poids des photos et la douceur des mots… Une communication efficace, largement utilisée
par l’ambassadeur Osius, dans le contexte doublement particulier de la présence
attendue du président Trump au sommet de l’Asia-Pacific
Economic Cooperation (APEC) à Đà Nẵng
début novembre puis à Hanoi, et de la relève du chef de la diplomatie
américaine à Hanoi.
En effet, Ted Osius – qui avait été nommé par le
président Obama en mai 2014 – achèvera avant la fin de l’année son mandat à
Hanoi. Il a confirmé ce 27 octobre sur son site Internet l’acceptation par le sénat américain de la désignation par
le président Trump (27 juillet) de Daniel J. Kritenbrink, diplomate expert du
monde asiatique (cliquer ici pour accéder à l'audition de ce dernier devant le sénat), et lui a aussitôt souhaité la bienvenue sur les bords du Petit
Lac.
Dans le même temps, M. Osius a annoncé la fin de sa carrière de diplomate
et laissé entendre qu’il restera au Viêt Nam, en tant que « simple
citoyen », à l’issue de sa passation de responsabilités. Un message qui a
forcément été très écouté à Hanoi, et qui place Ted Osius en maillon fort du
rapprochement entre Hanoi et Washington.
Hyper activité, et surtout hyper communication, deux
facteurs de succès, y compris en matière de relations de défense. Nulle
surprise donc à ce que la presse vietnamienne publie régulièrement de longues
interviews du général de corps d’armée Nguyễn Chí Vịnh, l’homme des relations internationales
au sein du ministère vietnamien de la défense, pour dresser le bilan de la
relation avec l’ennemi d’hier. Aucun autre pays, même la Russie - pourtant LE
partenaire incontesté de Hanoi sur le plan des équipements de défense - ne
bénéficie d’un tel traitement médiatique.
Ainsi, le 25 octobre, jour où le général Ngô
Xuân Lịch rencontrait visiblement tout sourire - chose rare pour l’ex-commissaire
politique en chef de l’armée populaire - le secrétaire d’Etat à la défense
James Mattis aux Philippines lors de la quatrième édition de l’ASEAN Defense Ministerial Meeting + (ci-dessus), le
général Vịnh a bénéficié d’une longue tribune dans laquelle il dressait un nouveau
bilan très positif des relations avec les Etats-Unis et appelait à leur pérennisation (ci-dessous).
L’on perçoit donc une volonté commune, tant à
Washington qu’à Hanoi, d’afficher actuellement une
relation apaisée, confiante, dans le respect des différences et surtout – mais sans
trop le médiatiser – solidaire dans la vigilance face au grand voisin chinois,
où le président Xi Jinping vient de sortir renforcé dans ses fonctions lors du
dix-neuvième congrès du Parti communiste chinois.
A l’approche de la visite au Viêt Nam du président américain, le
terrain est donc prêt pour un accueil cordial, pour peu que Donald Trump ne délivre
pas une surprise déclaratoire dont il a le secret, qui pourrait crisper les
sourires de tous ceux qui, de part et d’autre du Pacifique, oeuvrent depuis des
mois à renforcer la confiance entre partenaires du présent et du futur, et non
adversaires du passé.
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