Le
12 septembre 2017, le général d’armée Ngô Xuân Lịch, ministre de la défense, a
reçu l’ambassadeur de France au Viêt Nam, M. Bertrand Lortholary, en compagnie
de son attaché de défense, le colonel Talon. Un entretien qui offre une occasion privilégiée d’effectuer
un tour d’horizon des questions sécuritaires régionales et de dresser un point
de situation des relations bilatérales de défense.
La
coopération entre Paris et Hanoi est notamment axée sur les formations d’élèves-officiers
(Saint-Cyr notamment) et d’officiers d’état-major (jusqu’à l’Ecole de guerre),
le soutien à l’apprentissage de la langue française pour le petit vivier d’apprenants,
une forte écoute quant aux besoins des militaires vietnamiens en matière de
préparation des projections de personnel isolé et bientôt d’une unité du
service de santé en opérations onusiennes de maintien de la paix, le partage d’expertise
en matière de secours maritime - notamment lors des escales régulières dans les
ports vietnamiens-, et une disponibilité à donner suite aux sollicitations en
matière d’équipement - quoique les équipements de l’armée populaire vietnamienne
restent très largement issus et dépendants du complexe militaro-industriel
russe.
Ce
type d’entretien - qui concerne la plupart des chancelleries - permet essentiellement
au ministre de la défense de maintenir un contact direct avec les ambassades,
et à ces dernières de prendre le pouls des points d’intérêt du général Lịch. Un
dialogue qui s’avère souvent peu fructueux, tant le ministre reste ceint de son
aura d’ex-commissaire politique en chef du ministère de la défense et se montre
peu enclin à s’engager personnellement dans un approfondissement d’un
partenariat. Dans un contexte de concurrence entre grands partenaires - réels
et potentiels - de la défense vietnamienne pour gagner des contrats, le
réalisme idéologique de Hanoi l’emporte donc parfois sur l’ouverture à de
nouveaux partenariats - pourtant porteurs de réel saut qualitatif mais à des
coûts difficilement supportables par un budget de la défense déjà durement
marqué par le très coûteux programme de constitution de la brigade sous-marine
189 et de ses six Kilo.
S’il
est peu probable que les relations vietnamo-françaises de défense, qui ne sont pourtant
plus (beaucoup) alourdies par le poids de l’Histoire, connaissent une brutale
impulsion, l’on n’est cependant jamais à l’abri d’une bonne surprise -
industrielle, fruit de relations patiemment bâties dans l’ombre pour accéder aux
décideurs du ministère de la défense et surtout aux hommes influents du Parti
communiste, actuellement au pouvoir et à la jeune génération qui prendra les rênes
en 2021. Comptons aussi pour ce faire sur l’arrivée dans des postes de
responsabilité, en particulier au sein de la mission de défense vietnamienne à
Paris de jeunes officiers supérieurs, certes parfaitement passés dans le moule
idéologique du Parti, mais aussi très bons connaisseurs de la langue française,
de la culture française et de son outil de défense (cas notamment de quelques
excellents officiers formés à Saint-Cyr) pour relayer auprès de leurs décideurs
tout le bien qu’ils pensent d’un renforcement de ce partenariat avec le pays
qui les a formés. La période qui s’ouvre est à ce titre porteuse d’espoir. A l'image de cette poignée de main souriante, puisse
ce petit vivier d’officiers francophones (et qui sait celui, quasi résiduel, d’officiers
français vietnamisants) concrétiser ces espoirs.
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