Une accalmie ne dure jamais
longtemps, surtout entre voisins chinois et vietnamien… Alors que l’année 2015
avait été placée sous le signe du réchauffement diplomatique entre Hanoi et
Pékin, après une année 2014 marquée par de fortes tensions en mer « de l’Est »,
mais sans que cela ne puisse être pris comme de bon augure pour les mois à
venir, force est de constater que 2016 est déjà marqué par un retour de
balancier, sciemment distillé par la Chine. Les soudaines activités aériennes
sur l’îlot de Fiery Cross Reef, dans les Spratley, ont allumé le feu des
tensions dès le 02 janvier, puis ont été attisées le 06 janvier, donnant lieu à
des joutes de communiqués, Hanoi condamnant des violations de son espace aérien
(revendiqué) et des activités chinoises contraires au droit international,
tandis que Pékin se proclamait maître chez lui – y compris dans cette
« langue de bœuf » en mer de Chine méridionale.
A peine le temps de laisser les
esprits – vietnamiens - s’apaiser, de surcroît au moment où le Parti communiste
achevait ses derniers préparatifs avant de se concentrer sur les travaux du
douzième Congrès national, temps fort de la vie du pays car synonyme de
passation de témoin entre deux générations de dirigeants, qu’un nouvel incident
semble s’être fait jour, cette fois dans le golfe du Tonkin.
Circonstance troublante, le 19
janvier, veille d’inauguration des travaux du Congrès, le porte-parole du
ministère vietnamien des affaires étrangères, Lê Hải Bình, révélait que, depuis le 16
janvier, une plateforme de forage pétrolière chinoise avait fait mouvement au sud-ouest de Hainan et avait été détectée dans une zone encore non officiellement
délimitée, donc interdite à toute activité d’un pays comme de l’autre. La
plateforme HD-981, celle-là même qui
avait été à l’origine de la vague de tensions à l’été 2014 à l’ouest des
Paracel, devenait à nouveau une épine dans des relations très irritées.
Pour autant, le risque que
l’événement dégénère en une nouvelle crise semble ténu, Hanoi ne
pouvant se détourner de ce temps fort politique qu’est le Congrès du Parti.
Cependant, cette nouvelle provocation chinoise n’est pas fortuite, et vise subtilement à
perturber le climat de travail des représentants du Parti, repliés sur eux-mêmes
durant huit jours. Un message que les cadres du Parti ne peuvent ignorer,
et qui appelle une réponse. Mais par-delà la condamnation diplomatique, aucune
action ne semble à nouveau possible. La population en sortira à nouveau
frustrée de constater que ses dirigeants, qui élèvent les questions de
souveraineté territoriale au rang du sacré, sont incapables de faire entendre
leurs exigences – souvent fondées il est vrai. Objectif atteint donc pour Pékin, qui
sème ainsi le trouble dans la confiance que le peuple vietnamien doit à ses
représentants, qui ne cessent de marteler que les intérêts du peuple sont le
fondement de toute l’action du Parti. Une confiance bien ébréchée...
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