Depuis le début de l’année, malgré la contraintes imposées par la campagne de lutte contre le COVID-19, la Commission militaire centrale du Parti communiste vietnamien (PCVN) a procédé, par l’intermédiaire de son maillage qui innerve et irrigue en profondeur l’ensemble des unités de l’armée populaire vietnamienne, à la sélection de 450 délégués qui, du 27 au 30 septembre 2020, allaient élire les représentants de l’armée au sein du treizième Congrès national du PCVN en janvier prochain, et dont certains seront (ré)élus pour siéger au Comité central du Parti pour la mandature 2021-2026.
Ce congrès sommital de la structure du Parti au sein de l’armée a conclu un processus de sélection orchestré par le Département général Politique du ministère de la défense et dont les étapes successives ont été, depuis le début de l’année : quelque 28 000 réunions de cellules de base du Parti dans les 63 comités militaires provinciaux et les 44 comités provinciaux des garde-frontières ; puis 287 congrès de niveau intermédiaire, qui ont à leur tour débouché sur 60 congrès relevant de l’échelon central. Ces travaux et (s)élections successives ont résulté en l’identification d’un panel de 430 délégués, auxquels se sont ajoutés les 20 militaires siégeant au Comité central du Parti pour l’actuelle mandature (2016-2020).
Tous se sont retrouvés solennellement à Hà Nội lors de ce onzième Congrès du PCVN de l’armée, présidé par un secrétaire général du PCVN Nguyễn Phú Trọng – et secrétaire de la Commission militaire centrale – visiblement en forme et entouré du premier ministre Nguyễn Xuân Phúc et de la présidente de l’assemblée nationale Nguyễn Thị Kim Ngân. Les travaux, conduits dans la confidentialité propre aux instances du Parti, ont permis de dresser un bilan de l’action de l’armée durant les cinq dernières années et d’établir des priorités pour la nouvelle mandature. Outre les impératifs « traditionnels » (fidélité de l’armée envers le Parti, pureté idéologique de ses membres, exemplarité en matière de lutte contre la corruption, etc.), la modernisation de l’APVN demeurera une ligne force. L’armée de l’air et de la défense antiaérienne, la marine et la police maritime devraient être ainsi les priorités d’un plan de modernisation décennal, auxquelles s’ajoute la jeune composante cyberdéfense (unité 86).
Le 30 septembre, le Congrès s’est achevé solennellement, par une photo de groupe plus restreinte que celle prise lors de la séance inaugurale, et mettant au premier plan les délégués qui représenteront l’armée lors du Congrès national du Parti, en janvier. Cette délégation comprend 61 membres principaux - les 18 membres actuels du Comité central du Parti (*), auxquels s’ajoutent 43 nouveaux délégués - et trois suppléants.
La phase ultime de ce processus de sélection se déroulera avant la fin de l’année dans les cercles les plus fermés du Parti et consistera à désigner la vingtaine de militaires qui siégeront au sein du nouveau Comité central. Le départ de la génération 1957-1960, atteinte par sa limite d’âge en service, devrait logiquement donner lieu à un renouvèlement de près de la moitié de cette équipe et permettra à la génération suivante de hauts commandeurs (1961-1966) de progresser dans la hiérarchie du Parti et à quelques jeunes généraux à très fort potentiel d’y faire leur entrée. Les promotions récentes dans le très haut état-major se verront ainsi confirmées dans la structure du Parti. Reste une incertitude, qui se reproduit à chaque Congrès : la répartition entre « opérationnels » et commissaires politiques, et notamment au sommet de la pyramide. Gageons que le PCVN ne restera pas sur une structure figée, comme celle que nous connaissons depuis près de cinq ans avec le poids des commissaires politiques – qui occupent les deux premiers postes du ministère de la défense et siègent au bureau politique du Vomité central du PCVN. Une accession du général de corps d’armée Phan Văn Giang au poste de numéro un, donc de futur ministre, accompagnerait logiquement cette dynamique de modernisation de l’APVN. Mais dans un système aussi opaque que le PCVN, la chape de plomb continuera de s’exercer sur ce subtil jeu d’équilibre et l’incertitude sera de mise jusqu’au jour J.
(*) 22 militaires faisaient initialement partie de la douzième mandature du Comité central, sur un total de 200 titulaires (contre 19 sur les 180 représentants dans la mandature précédente). L’un d’entre eux est décédé dans l’exercice de ses fonctions, tandis que deux ont rejoint l’assemblée nationale dès l’été 2016, ce qui explique ce nombre de 18 militaires du CC PCVN représentés à ce onzième congrès interne à l’armée.
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