Prise de fonction d'un nouveau porte-parole de la diplomatie vietnamienne (08/06/2023)

Il est des personnages incontournables à la croisée de la diplomatie et de la communication : les porte-paroles des ministères des affaires étrangères. Dans le cas du Viêt Nam (tout comme en Chine), ce poste de vitrine (ou de mur) du régime qu’est la Voix du ministère est confié à un cadre qui a fait ses gammes sur les bancs universitaires, acquis une solide expérience à l’étranger, est bien sûr membre dévoué du Parti communiste et a gravi durant au moins dix ans les marches au sein du ministère des affaires étrangères. Pour mener ces combats de conviction, Hà Nội choisit d’envoyer au front des femmes, qui y excellent.

Le 08 juin 2023, au terme de près six ans dans cette fonction, Mme Lê Thị Thu Hằng a passé le relai à Mme Phạm Thu Hằng, son adjointe et qui assumait même en solo cette fonction depuis décembre 2022, date de la promotion de Mme Hằng à l’un des quatre postes de vice-ministre des affaires étrangères. 

Mme Phạm Thu Hằng recevant sa charge des mains de M.Hà Kim Ngọc, vice-ministre des affaires étrangères. 

Agée de 47 ans, la nouvelle Voix du ministère des affaires étrangères est un pur produit de cette institution. Alors que le parcours de Mme Hằng avait été marqué par des postes à Moscou et Londres, Mme Ngọc a servi à Washington de 2017 à 2020 en tant que conseillère politique à l’ambassade du Viêt Nam. Portant le même prénom que son aînée - ce qui marque encore plus la continuité dans cette fonction tournée vers l’extérieur - elle est donc tout aussi affûtée que sa prédécesseur pour animer et distiller la communication du régime au profit de la presse nationale et face aux journalistes étrangers accrédités au Viêt Nam. 

Sa première intervention, le jour même de sa nomination, s’est aisément effectuée sur le thème de la souveraineté légitime du Viêt Nam sur les archipels disputés (voire sous contrôle chinois, cas des Paracel) en mer « de l’Est ». Evitant de tacler d’emblée Pékin, elle a préféré marquer le coup en ciblant Taiwan, qu’elle a accusé d’avoir mené le 07 juin un exercice avec tirs près de l’île d’Itu Aba, unique possession taiwanaise dans les Spratley mais revendiquée par Hà Nội sous le nom de Ba Bình. Une joute verbale sans réelle conséquence mais qui, si elle n’avait pas eu lieu, aurait pu laisser croire que Hà Nội baissait sa vigilance dans ses revendications sur le plus important îlot de la mer de Chine méridionale.