Quatre jours après la réunion des chefs « opérations » des 10 Etats membres de l’ASEAN, un autre cénacle s’est réuni, toujours en mode « virtuel », depuis Hà Nội. Le 22 septembre 2020, le général de division Phạm Ngọc Hùng, directeur du Département général du renseignement militaire (Tổng cục 2) a rassemblé autour de lui mais sur grand écran des commandeurs dont les apparitions en public sont par essence très discrètes. `
Cette conférence annuelle a abordé les grandes questions de sécurité régionale (situation en mer de Chine méridionale) voire les menaces internationales pouvant peser sur la communauté aséanienne (notamment le terrorisme). Comme à l’accoutumée, les médias – et certainement aussi les participants – ont été très précautionneux sur le fait de ne pas mentionner directelentla Chine, encombrant (militairement) quoique précieux (économiquement) voisin.
Le Viêt Nam, toujours engagé dans une posture qu’il veut proactive, a proposé la création d’une Communauté du renseignement militaire de l’ASEAN (Cộng đồng Tình báo Quốc phòng ASEAN), avec pour objectifs, selon le général Hùng, de renforcer les échanges, le partage et la coopération en matière de renseignement. Cette déclaration d’intention pourrait cependant se limiter à l’effet d’annonce médiatique, tant la sensibilité est grande sur ces questions de renseignement militaire dont le partage et les échanges s’effectuent surtout dans un cadre bilatéral et non dans une vaste assemblée. Si le renseignement est bien « l’affaire de tous », sa mise en commun est une autre affaire, dans laquelle les rapports de puissance entre Etats s’expriment. Il est donc peu probable que cette Communauté, si elle venait à être créée, soit un organisme plus dense que cette conférence des DRM aséaniens. En pratique, la proposition vietnamienne pourrait simplement aboutir à un rebaptême du "sommet" des DRM, qui deviendrait une "Communauté". Le cœur du sujet restera la matière réellement partagée entre les dix membres. Nul doute que le plus petit dénominateur commun ne sera pas très volumineux.
Enfin, tout comme ce fut le cas lors du sommet des chefs « OPS » de l’Association, le 18 septembre, le général Hùng a transmis le témoin symbolique de la présidence de ce groupe de travail à l’attaché de défense du sultanat de Brunei, entérinant ainsi la passation de leadership de cette instance entre le Viêt Nam et Brunei.
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