Depuis l’élection du général Ngô
Xuân Lịch au poste de ministre de la défense, la fréquence des visites de
délégations militaires occidentales à Hanoi demeure très basse. L’on y verra un
signe de la difficulté des Etats aspirant à s’imposer comme partenaires de la
modernisation de l’armée vietnamienne pour identifier les réelles ambitions du
nouveau ministre, homme de l’ombre soudainement propulsé sur le devant de la
scène de la diplomatie de défense, et ne recherchant guère le contact avec ses
homologues, rompant avec une décennie d’ouverture menée par le général Phùng
Quang Thanh.
Les Etats-Unis n’échappent pas à
ce contexte. Absent lors de la visite d’Etat du président Obama (fin mai), le général Lịch
ne s’est d’ailleurs pas exprimé sur la décision américaine de lever totalement
l’embargo sur la livraison d’armes létales au Viêt Nam. Si la presse
vietnamienne spécialisée n’a pas hésité à dresser rapidement un catalogue des
matériels que l’armée populaire pourrait espérer acquérir auprès des Etats-Unis
(notamment des avions de patrouille maritime), ces articles ne reçoivent pas
d’écho de la part de la haute hiérarchie militaire. Seul en pointe dans le
domaine des relations internationales de défense, le général de corps d’armée
Nguyễn Chí Vịnh, vice-ministre de la défense, reçoit les délégations de passage
à Hanoi et se déplace peu hors de la sous-région, un rythme qui tranche avec
ses nombreux voyages dans les mois qui ont précédé la tenue du douzième Congrès
national du Parti communiste vietnamien, mi-janvier.
Le 07 juillet 2016, il a reçu M.
Thomas Ross, assistant adjoint au
secrétaire américain à la défense, responsable de la coopération de sécurité
des Etats-Unis. Sans surprise ni réelle saveur, le communiqué de presse
relatant cette rencontre s’est montré satisfait de la teneur des relations
bilatérales, mais n’a cité aucun axe de partenariat novateur (*). Là aussi,
l’annonce de la levée de l’embargo sur les ventes d’armes ne semble pas se
matérialiser. Ce manque d’enthousiasme cache probablement l’incapacité du Viêt
Nam à s’offrir des matériels certes sophistiqués et performants, mais trop
coûteux pour son budget actuellement déjà largement consacré à la constitution
d’une composante sous-marine moderne, mais reflète aussi la très grande
dépendance des élites militaires vietnamiennes vis-à-vis de Moscou, seule capitale avec laquelle
le général Lịch a immédiatement établi un contact étroit dès son élection.
(*) Le général Vịnh a fait mention du souhait du Viêt Nam de voir
se prolonger l’aide américaine en matière de dépollution des zones contaminées
durant la guerre par l’agent orange, la neutralisation des bombes et des
mines, l’aide humanitaire, et le partage d’expertise relative au sauvetage des
victimes de catastrophes naturelles. Ces thèmes sont invariablement cités lors
des comptes-rendus d’échanges bilatéraux.
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