mercredi 10 février 2021

Uống bia, nhớ nguồn… de la diplomatie de la bière…

Quand tu bois une bière, pense à tes racines!...

Dans ce combat de tous les jours qu’est celui du patriotisme, qui fait partie des gènes d’un pays dont l’Histoire, ancienne et récente, porte les traces d’une succession de combats contre de puissants occupants - chinois, français, américains -, tous les signes extérieurs d’attachement à son territoire, terrestre et maritime (avec l’espace aérien afférent) sont autant de marques d’union et de cohésion. Drapeau national qui flotte sur les bâtiments, portraits d’Hồ Chí Minh gravés dans la monnaie, philatélie qui met en valeur le patrimoine national et offre une part très importante à la place des armées et des forces de sécurité dans la défense de la patrie, les moyens ne manquent pas pour souder une nation autour de son socle charnel. 

"Condamnation de l'invasion par la Chine  des Paracel (1974) et des Spratley (1988)".
"En mémoire des 74 martyrs des Paracel".  

Si le Viêt Nam maîtrise parfaitement cet art, son puissant voisin le pratique de manière tout aussi professionnelle, donnant lieu parfois à des provocations mesurées, notamment sur la question des revendications des îles et atolls de la mer de Chine méridionale. Face à une Chine qui revendique jusqu’à 80 % de cette mer « de l’Est » (pour les Vietnamiens) et n’hésite pas à faire apparaître ses contours sur les passeports de ses ressortissants, Hà Nội tente de convaincre ses grands partenaires, occidentaux en tête, du bien fondé de ses propres revendications et, à défaut, de l’illégalité des ambitions de son puissant voisin.

Cette cause, défendue à grands coups de déclarations du porte-parole du ministère des affaires étrangères et dans les sphères feutrées de la diplomatie voire des cercles confinés de discussions entre partis communistes, connaît parfois des moyens plus populaires et bien plus visibles de s’exprimer. 


Alors que le Viêt Nam (et la Chine) entre dans l’année du Buffle, l’on verra peut-être sur les tables festives - quoique dans le respect des mesures édictées par la campagne de lutte contre le COVID-19 - apparaître un nouveau vecteur de nationalisme : une bière militante, portant le nom des deux archipels de la mer « de l’Est » revendiqués par le Viêt Nam : les Paracel (Hoàng Sa) et les Spratley (Trường Sa). Mises en circulation le 19 janvier 2021, jour anniversaire de la saisie par la force des Paracel par la Chine en 1974, les Hoang Sa Special et Truong Sa Special (étiquettes écrites sans les accents vietnamiens) sont produites par la société Seefahrer Premium Beer, implantée près d’Hồ Chí Minh-Ville, et dont le directeur a importé bière et bouteilles de Bavière. Même si les premières livraisons ont été modestes, une forte médiatisation a accompagné l’arrivée sur le marché de ces produits, comme on a pu le voir à Hồ Chí Minh-Ville lors d’une soirée de promotion, ce 19 janvier (ci-dessous).

Sans pour autant déclencher une ivresse nationaliste populaire, les deux nouvelles venues sur le marché de la bière vietnamienne ont fait mousser les commentaires dans les médias et la blogosphère nationale. Il est vrai que leurs livrées colorées, qui associent références historiques et ancrage dans le présent, ne peuvent laisser indifférents les amateurs. 


Un beau coup de marketting, qui joue pleinement sur le sentiment national, et qui a bénéficié discrètement du soutien de personnalités de premier plan, y compris du ministère de la défense. Il en est ainsi du vice-amiral d’escadre Phạm Hoài Nam, vice-ministre de la défense (et ex-commandant en chef de la marine populaire), dont le message de félicitations n’a pas échappé aux observateurs de ce baptême inaugural. Des images qui auront aussi été appréciées, peut-être diversement, par la communauté chinoise, elle aussi amatrice de bière mais nourrie à la sève d’un discours nationaliste différent !


Santé et bonne année aux lecteurs de La Rue des Soldats !



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